
L'histoire est celle d'un homme
au passé plus que trouble, qui s'engage comme ouvrier sur un chantier pour
construire un barrage dans une montagne très isolée. Or, il y a un village dans
la vallée qui va être englouti. C'est donc le contact – ou plus exactement les
difficultés de contact - entre l'équipe de travail et les habitants, qui fait
l'objet du roman.
Le côté très sombre de cet auteur m'apparaît vertigineux et
me crée un grand trouble.
Au fur et à mesure du texte, les contrastes se révèlent de
manière très violente : la splendeur de la nature, entre eau et
brouillard, et son abominable érosion par l'homme, la souffrance individuelle
et collective, la bêtise et l'intelligence, la vie et la mort. La manière dont
l'auteur nous fait petit à petit comprendre les réactions de ces habitants de
ce village si spécial, est magnifique.
C'est écrit au couteau, mais avec infiniment de nuances, et
la mort peut être tragique, ou vengeresse, ou libératoire, en étant incarnée par un
squelette éternellement suspendu à un arbre, ou dans un petit sac au fond d'une
poche, ou dans un ruisseau.
J'aime beaucoup ce héros anti héros, qui se déteste. Le voir
plonger dans un monde qui pourrait aussi
bien être qualifié de très réaliste que relevant du registre du mythe éternel, m'a séduite.
J'aime beaucoup l'intemporalité de cette histoire et de
cette écriture.
Pour moi, un texte fort.