dimanche 7 octobre 2012

Ru de Kim THUY. Préconisé par Geneviève.


Je vous propose la lecture de RU, que j’ai aimé pour le trajet de cette femme, mais aussi pour les questions qu’elle pose concernant l’abandon d’une langue maternelle pour une ou deux autres langues qui demandent beaucoup plus que seulement parler avec des nouveaux mots ;
   Alors qu’elle est arrivée en Amérique après avoir quitté le Viêt-Nam à l’âge de dix ans dans un boat-people, puis  subi un internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, un femme nous fait part de toute cette aventure et la façon dont elle a à remettre un tas de choses en questions quand elle découvre enfin le climat canadien.
  Elle nous fait partager à la fois ses souvenirs, ses impressions face à la peur, la misère, son vécu où l’avenir se dessine comme problématique.
  Elle faisait partie du Viêt-Nam du Sud, issue d’une famille assez aisée, qui a vu les soldats du nord occuper une partie de la maison, puis la maison toute entière , ce qui a rendu la fuite nécessaire.
   Ce livre est écrit par petits  fragments, d’une demi-page à deux pages, et est écrit après pas mal d’années vécues au Canada.
  Se donne à lire un récit où se tressent des souvenirs,  des impressions du moment où elle écrit, l’approche d’objets qui viennent faire lien entre son histoire et son identité, qui s’est modifiée par l’enrichissement qu’à permis l’approche de plusieurs cultures.
  C’est aussi un livre où se pose la question des mots et de leur écriture.
  C’est ainsi que l’on apprend que le mot AIMER n’existe pas dans sa langue maternelle, ce qui lui pose un problème avec la nouvelle langue qu’elle doit s’approprier : en vietnamien, aimer se conjugue de façon relative : le mot diffère selon ce que l’on veut désigner comme « aimé ».
   C’est écrit avec beaucoup de subtilité, de finesse, de poésie.
   RU veut dire le vide et le trop-plein, l’égarement et la beauté.
   On découvre un grand écrivain, qui a pris une assise lui permettant de nous parler de plusieurs points de vue et nous fait approcher le Viêt-Nam d’hier et celui d’aujourd’hui.

Geneviève