LES AVEUGLES, de Bi Feiyu
Mon
souhait initial était de vous faire découvrir une écrivaine
thaïlandaise... pays et manières des gens, qui m’ont beaucoup surprise,
émue.
Je ne suis pas arrivée à trouver une auteure, un livre …
Toutefois,
il m’est revenu ce souvenir : A Chiang Maï, grande ville du nord de la
Thaïlande, se trouvent incarcérées des femmes. Un atelier de réinsertion
y fonctionne : les détenues reçoivent dans un petit bâtiment à l’écart
de la prison les touristes ou les habitants « ordinaires » venant là se
faire masser.
Personnellement
je n’ai pas expérimenté, retenue par la réputation des massages, très
efficaces mais insuffisamment « confortables » pour nos habitudes
françaises.
Lorsque j’ai eu « Les aveugles » entre les mains, je me suis dit que ce livre là, pourrait vous plaire.
Aller
à la rencontre de ces non voyant-es chinois-es spécialisé-es en tuina,
découvrir cette communauté dont nous ne savons rien…Comment le handicap
devient talent pour quelques un-es… Comment se vit le rapport au corps…Comment cohabitent les 2 communautés, aveugles et voyant-es…
Vous allez découvrir une autre Chine que celle que nous avons côtoyée cette année.
Vous allez découvrir aussi un style : direct, parfois trivial.
Vous allez sans doute découvrir quantité de choses que je n’ai pas vues.
Et, je l’espère, vous laisser toucher.
Les aveugles de Feiyu BI
RépondreSupprimerFévrier 2014
Je me lance et je suis désolée de dire que ce n’est pas pour le meilleur.
Ce livre me tombe des mains, je n’arrive pas à m’y intéresser.
Je le trouve brouillon, s’appesantissant sur des saynètes sans intérêt pour moi, narrant des histoires d’amour ou d’amitié sans grâce. Naviguant entre plusieurs villes chinoises de sorte que je n’y comprends plus rien.
Et alors que je m’attendais, après avoir compris qu’il s’agissait de masseurs aveugles, à quelque chose de très fin, très subtil, justement à cause de la cécité dont je pensais qu’elle faisait naître chez ceux qui en sont atteints une espèce de sixième sens, très aiguisé, très en alerte pour pouvoir survivre ; et bien non, je trouve que les gens de ce livre sont balourds, empêtrés dans leur machination, et pas très sympathiques ou pas très malins. Voire même un peu sadiques.
Et je voudrais pouvoir mettre sur le compte de la traduction le style de l’écriture, mais je crois hélas que c’est dans cette langue peu méritante qu’il a été écrit.
Bon, je n’aime pas, mais suis curieuse de lire tout le bon que vous en avez pensé.
Et bien sûr, que Marie-Anne ne se sente pas ennuyée par mon commentaire très dur.
Oh là, pas de souci pour moi! Tu as le droit de ne pas aimer...
SupprimerCeci dit, ton commentaire attire l'attention sur un point : Quand une personne est aveugle, masseur.e qui plus est, attendons nous d'elle une "grâce" compensatrice de sa cécité? Cordialement,
MAnne
J'ai comme l'impression que cette question que tu poses Marie-Anne est exactement posée en ces termes dans le livre...
SupprimerPour qu'Alberte ne soit pas toute seule, je commence à donner un premier point de vue, bien que n'ayant pas terminé de lire.
RépondreSupprimerMoi, aussi j'ai du mal à le lire. Deux raisons je pense. D'une part la difficulté à me souvenir des noms chinois... mais je m'habitue en fin de compte, et aussi je trouve la traduction, par moments, je ne sais comment dire, "lourde", "pas naturelle"... il y a quelque chose qui sonne bizarre.
Mais. Mais à part cela je trouve l'idée très originale. J'ai côtoyé des aveugles quand j'étais jeune et jamais ne me suis posé de questions comme celles qu'évoque l'auteur. Eh oui, que connait de la beauté un aveugle ? Alberte, je t'invite à relire, si tu en as le courage, les pages 171, 172 et début de 173. Tu diras ce que tu en penses.
Je t'invite aussi à regarder la description de Xiao Ma, monsieur Tictac "le temps était dans son corps", pages 193 et suivantes.
Bon je n'en dis pas plus... c'était seulement pour te donner envie d'y retourner !
merci Claire, moi aussi je retourne lire les pages citées...
SupprimerMAnne
Je n'ai pas fini, j'ai encore quelque 200 pages. Mais j'adore le style, l'humour de l'auteur et même si moi aussi j'ai un peu de mal à me repérer, je marche à l'aveugle, et me laisse porter par l'écriture. J'ai adoré certaines scènes, de vrais morceaux d'anthologie, et je trouve très touchant ces scènes de vie. Moi, j'aime beaucoup, c'est très senti, très humain.
RépondreSupprimerA plus tard.
Je l'ai beaucoup aimé d'une part pour le psychisme si bien décrit des aveugles (je le suppose) et cet humour décapant entre non-voyants et voyants et j'ai adoré le côté massages je m'y suis beaucoup retrouvé .
RépondreSupprimerD'accord avec le côté brouillon et la difficulté à se souvenir des noms féminins et ou masculins et la dernière partie est en effte longue j'ai un peu zappé
biz
D'accord avec vous, j'ai parfois eu du mal à m'y retrouver dans les protagonistes et la construction est "déroutante". Ce n'est pas l'un des points forts de ce livre...
SupprimerMAnne
Je n'ai pas fini complètement de lire le livre mais la lecture de vos commentaires me donne envie d'y mettre mon grain de sel. Le côté agréable du livre est cette découverte du monde de la cécité dont j'ignore tout et je rejoins Claire dans cette extraordinaire description du temps par Monsieur Tic Tac. C'est vrai que la traduction est quelque fois maladroite et un peu lourde, ce qui, je pense, peut donner un côté pesant à l'histoire. La suite prochainement...
RépondreSupprimerOuf!
RépondreSupprimerJe ne suis donc pas la seule à me perdre dans ce livre!
Ceci dit, j'ai accepté de ne pas me rappeler les noms de chacun, et du coup, j'ai apprécié des passages entiers du récit, sans le mettre dans le contexte:
Bien sur, celui sur la beauté.
Celui aussi qui montre la différence entre les aveugles de naissance et ceux qui ont eu une maladie ou un accident..Les distinctions et l'histoire de chacun étant données, la description de leur façon de réagir est très juste..La façon de penser avoir à "réparer" du Dr Wang , du fait d'être né comme cela m'a touchée.Bien sur, la solution trouvée , pour ne pas avoir à payer la dette du frère est un peu excessive,c'est un euphémisme! Mais je pense qu' il faut le voir dans le contexte culturel.Ces gens sont issus de la campagne, moulés dans des traditions qui ne sont pas les notres.
La questions de l'argent est posée de façon exigente car ils n'ont rien et ne peuvent compter que sur eux-mêmes.Ceci dit , certains livres précédents, avaient aussi donné à rencontrer des personnages un peu lourds, qui se sortaient de leur misère avec des solutions glauques ou surprenantes, pouvant aller jusqu'à l'horreur:l'istoire du sang vendu et des cercueils!.
De même que la question de la beauté, chez les non- voyants, il y a la question du silence, que j'ai trouvée très pertinente:p82.
J'ai apprécié aussi ce qui est dit à propos de l'insertion de Tailai à Shangaï .Cette question posée pare l'accent m'a bien plu, et j'ai apprécié que si "loin" et dans des conditions si différentes, je puisse m'y retrouver!
J'ai aussi aimé, la relation entre les deux filles, qui au début ne s'aimaient pas puis qui deviennent amies et se font des confidences!p389/90.
Moi aussi, je pensais que des aveugles pourraient parler de la façon don le massage pratiqué par eux peut être très différente du fait du développement du toucher chez eux.Ce n'est tout de même pas un hasard s'ils travaillent dans ce domaine.J'ai donc été un peu déçue, en comprenant vite que là n'était pas l'essentiel.
Je dois dire que j'ai été plus accrochée au bout de 200pages, ce qui demande du mérite!
Il y a une phrase très forte à propos des malvoyants, et de la dimension qui fait penser au déni, ,mais qui, je pense, n'en n'est pas un.P379
"Les non -voyants ont tous leurs aversions..."
Mais c'est tout de même un livre long à lire..
Je n'ai pas retrouvé ton passage sur le silence (p82 ?) et justement, le fait que tu en parles me fait me souvenir que j'ai au contraire trouvé ce petit monde bien bavard, bien bruyant, bien remuant.... Impression qui m'en reste. Et que cela a participé à ma gêne.
Supprimermerci de tous ces commentaires... n'hésitez pas à recopier les citations dont vous parlez, car nous n'avons pas tous la même édition... par exemple pour la page 379 chez moi, je n'ai pas cette phrase...
Supprimermerci
L’illustration de couverture est intrigante et un peu inquiétante aussi : je n’aime pas qu’on me touche les yeux… Qui, d’ailleurs ?
RépondreSupprimerC’est avec ce sentiment que j’ai abordé ce livre : un monde de masseurs aveugles, c’est quelque chose que je n’imaginais pas. Donc, sur le plan du document : leur vie, leur « technique » (si l’on peut dire, car elle n’a pas l’air si pointue que ça), leur communauté…, ce livre m’a beaucoup intéressée. Mais le plus surprenant, c’est leur rapport à ce qu’ils ne voient pas, ne perçoivent pas avec les yeux et néanmoins se représentent : la beauté, par exemple. Et puis, le rapport avec les voyants est aussi sans concession.
On voit aussi que rivalités, mesquineries, compétition sont aussi présentes que dans le nôtre…, mais aussi certaines formes d’entraide…
Par contre, j’ai souvent été gênée par l’écriture, qui m’a paru assez lourde, voire indigeste dans certains détails. Et je me suis souvenue que j’avais – nous avions – déjà fait ce constat dans d’autres lecture chinoises, Mo Yan notamment… mais d’autres aussi. Il y avait eu une tendance à incriminer la traduction. Peut-être… mais je crois surtout que les Chinois (d’une manière générale les Asiatiques, et aussi bien d’autres personnes) pensent très différemment de nous et que, dans leur culture, parler crument des pets, du fric, du sexe, ça ne gêne pas. Et même je commence à croire que c’est, pour eux, un ressort comique, ou, du moins de comédie… Parce que nous faire rire ou sourire à propos d’aveugles en galère, c’est inattendu. Qu’en pensez-vous ?
Là où je te rejoints Odile, c'est qu'il y a sans doute dans ce livre des effets de culture propres aux Chinois et que je ne suis pas sûre que nous captions. Et qui sont peut-être des ressorts humoristiques ou autres (par exemple le surnom de belle-soeur donné à Xiao Kong par Xiao Ma en est un que je n'ai pas compris). Mais peut-être aussi certains auteurs ont un côté rabelaisien et illustrent leurs écrits de blagues potaches que nous ne prisons pas beaucoup.
SupprimerEnfin moi, les aveugles en galère, ça ne m'a pas fait rire ...désolée.
Pourquoi parlez-vous de rire?C'était annoncé comme une comédie?
SupprimerEn attendant de vous lire sur ce sujet, j'ai aimé également le passage de la rencontre érotique/amoureuse de Yaya et Xiao ma.
Enfait depuis que nous conversons je me suis remise à trouver ce livre vraiment bien, et ce qu'il se passe dans les 200dernières pages m'amène à relire ce qui est dit pour certains personnages, et j'y trouve vraiment beaucoup de choses assez subtiles et humaines,malgré le style parfois lourd.Ce qui est sûr, c'est que les métaphores chinoises ne sont pas les notres, mais la façon de décrire le plaisir chez une femme m'a paru bien trouvé:comparer le corps de celle-ci à des fils de soie qui s'éparpillent, c'est pas mal du tout!p443
j'ai bien lu l'élimination et je m'excuse de n'avoir pas su écrire un commentaire sur ce livre. Je l'ai lu en plusieurs temps assez difficilement je dois le dire.
RépondreSupprimerAlors "les aveugles" après ça m'enchantent!!! C'est plutôt léger, frais.
Merci Marie-Anne pour ce changement de thème.
D'une certaine manière, l'entrecoupement de toutes ces histoires d'amour me fait penser à la construction du feuilleton la croisière s'amuse.
On quitte une histoire, on en retrouve une autre puis on revient à la première et tout évolue doucement. C'est plutôt plaisant mais pas niait ce que pourrait laisser penser ma comparaison au feuilleton.
Il y a de beaux passages que vous avez soulignés, ce qui me plaît c'est l'évolution de chaque histoire : comment le Dr Wang va résoudre son problème de dette, que va t'il advenir de Xio Ma ... Je suis entrée dans ce livre et le finis tranquillement avec plaisir.
Je poursuis mon commentaire commencé le 28 février pour encourager Alberte à ramasser son livre, qui lui était tombé des mains !!! …
RépondreSupprimerEh bien les difficultés rencontrées au début de la lecture se sont estompées, et je me suis bien réjouie devant tous ces caractères si bien plantés. Je ne regrette pas d’être voyante, et d’avoir ce sens de la vue qui m’est si précieux. Ah le non-verbal ! je me souviens des séances de dynamique de groupe dans lesquelles on s’attachait à cet aspect de la communication. D’ailleurs on « voit » bien dans notre groupe qu’on est à certains moments, comme des aveugles, dépourvu(e)s de notre sens de la vue, pour nous comprendre les uns les autres…
Mais je regrette de ne pas mieux connaître la Chine et les chinois, la langue chinoise, l’histoire chinoise, la littérature chinoise, car c’est ce qui me gêne dans cette lecture. Feiju Bi fait constamment des allusions que je ne peux pas comprendre.
Mais son analyse qu’on devine au travers des caractères de ses personnages, voyants, non-voyants de naissance, non-voyants qui le sont devenus par maladie ou accident, est vraiment originale. Pour répondre à Odile, sur le comique, moi je le vois en particulier dans des situations. Au début la manière de se "draguer", sur le lits de massage... Il y en a une aussi que j’adore. C’est quand deux amoureux qui ont fini leur travail un peu plus tôt, partent théoriquement pour discuter d’un sujet important qui leur tient à cœur, et qui finalement font l’amour « en vitesse » sur le lit superposé de je ne sais plus lequel… et la fille ne peut être totalement à son affaire car elle se souvient qu’ils se sont déshabillés très vite et n’ont pas plié convenablement leurs vêtements pour pouvoir se rhabiller vite et bien avant de retourner au salon de massage. Le pliage des habits est essentiel pour les aveugles, bien sûr ! Il y comme ça beaucoup de situations cocasses, drôles et émouvantes à la fois. Mais je suis d’accord avec Odile, en général nous apprécions, je crois, les textes moins réalistes, où les choses sont dites de façon moins crue. Nous aimons la parabole, les métaphores, les symboles, la suggestion… par contre je ne saurai dire si c’est un trait de littérature déterminant dans la littérature chinoise. Je n’en connais pas assez.
Il y a aussi du pittoresque. Vous reconnaissez le bruit de la farine ? Vous distinguez quand on visse, dévisse ou revisse le couvercle d’un pot de confiture ? (p. 296). Et l’homme qui dans une pièce, écoute une « voix chaude » et a l’intuition qu’une autre personne est présente, sans pour autant l’entendre …c’est bien senti ça aussi.
Les traits de caractère propres aux non-voyants : le doute, le manque de confiance en soi et dans les autres, la dépendance physique qui se double d’une dépendance psychologique, affective. Je connais bien ça.
Je tire mon chapeau devant le travail exceptionnel de Bi Feiyu pour tenter de comprendre comment fonctionnent ces non-voyants, leur univers, leur perception de l’univers, de leur entourage, de l’espace, du temps. Il est, à ce qu'on dit, un des plus grands auteurs contemporains de Chine. Nous sommes dans « l’actualité du Livre » ... pas mal pour un blog de lecture ! On entendra parler de lui, il est invité au Salon lu Livre fin mars à Paris avec quelques autres auteurs chinois contemporains. Certains d’entre vous ne seront pas d’accord avec moi, et c’est normal, mais j’aime bien penser que notre petite confrérie de lecteurs français polarisée sur la littérature asiatique en 2012-2014 se rapproche « un peu » de l’actualité des lectures des chinois.
Les aveugles
RépondreSupprimerBi Feiyu
Olaf
J’applique, avec plaisir, la proposition de faire une première réaction même si l’on est pas arrivé à la fin du livre…
Ce livre est prodigieux. Entrer dans le monde des aveugles est proprement hallucinant… Une seule expérience m’avait permis de mieux les comprendre : un repas dans le noir complet, servi par des aveugles, dans lequel les voyants (comme moi) sont totalement perdus, tandis que les « serveurs » s’y retrouvent bien.
Revenons au livre. Il nous fait rentrer dans ce monde de manière bien différente et plus profonde. Décrire le monde sans le voir, le comprendre à partir des seules impressions. Je lis et relis avec une joie formidable cette scène où, le soir de Noël, le Dr Wang et Xiao Kong montent tout les deux au premier étage… et petit à petit, après de longs silences, leur corps se rapprochent. Je cite : « la signification de cette phrase embaume, répand un parfum encore plus délectable que s’il avait dit « oui, j’ai bien réfléchi » Aussitôt, sa respiration s’accélère. Très vite, son corps brûle…. Chacun laisse son regard se déverser sur les doigts de l’autre…(fin de citation)
Des mots pour dire ce que l’on ne voit pas. Des images qui naissent de l’obscurité. Des actes qui se font dans la nuit, un temps qui passe sans que jour et nuit se succèdent. Ce livre est une découverte. Merci Marie Anne.
Anny P
RépondreSupprimerPour faire suite je me suis demandée si l'auteur n'était pas aveugle lui même (je charries !!!) tellement ce monde de non voyants est si bien décrit et ce qui m'a surprise c'est que ce noir , ce trou noir cette absence de vue n'est , me semble t 'il a aucun moment décrit comme terrifiant comme on pourrait nous les voyants le penser et n'empêche en aucun cas de ressentir la beauté du monde sans la voir et d'être serein , joyeux, et d'avoir de l'humour !!! J'ai beaucoup offert ce livre depuis ma lecture , sa profondeur comme OLAF m'a transportée !!
biz
biz
Anny Pau point de signer 2 fois !!
RépondreSupprimeralors une troisième !!!
Biz
J'ai plusiers fois pensé que l'auteur avait été au moins une fois dans sa vie privé de la vue, ou quelqu'un de vraiment très proche...les exemples sont tellement nombreux!
RépondreSupprimerEt puis il y a de très belles choses d'écrites à propos du regard des aveugles, et même parfois un peu trop, comme si vraiment cette cause à défendre était quelque chose de trop fort pour que l'auteur puisse vraiment prendre du recu quant à la cause qui est la sienne!Oui, c'est vraiment une "cause" par moment, et plus un objet qui le fait écrire,et à ce moment-là, ça m'a gênée.
C'est cela qui pour moi, n'en fait pas un livre qui m'a vraiment enchantée:je viens de le terminer, et vraiment, je ne veux pas gêner la lecture des autres mais c'est étonnant et finalement un peu "trop" cette succession dévènements dans les dernières pages...mais je reste avec l'idée, que ce livre est un livre qui va vraiment compter pour moi!
De nombreuses raisons m’ont tout de suite fait aimer ce livre et son originalité : les protagonistes sont des aveugles, il parle du Tuina (j’adore les massages Tuina et j’ai la chance d’avoir une sœur qui s’est formée à cette technique de médecine traditionnelle chinoise qui prend en compte les méridiens et les points d’acupuncture). Ce sont des massages d’une grande efficacité et qui demandent de la part du thérapeute une écoute très fine du corps du patient (Pour Odile : la technique du Tuina est complexe, complète et pointue ! mais il est vrai que dans le livre on a parfois l’impression que ce n’est pas très « sérieux »). J’avais encore une autre bonne raison de me précipiter sur ce livre : j’ai fait très récemment une intervention auprès d’étudiant-e-s non voyant-e-s (ou mal voyant-e-s) en école de kiné. Voir et parler sans être vue était une expérience étonnante, troublantes. Les repères habituels sont bousculés et on prend conscience que notre vocabulaire passe beaucoup par des allusions à la vue et en particulier par l’utilisation du verbe voir à toutes les sauces : « vous voyez ? », « comme vous pourrez voir dans l’article », etc., ce qui m’a mise mal à l’aise par moment…
RépondreSupprimerCe livre a le grand mérite de décrire de l’intérieur le monde de ces aveugles, j’étais passionnée pendant les ¾ du livre mais je l’avoue, je me suis lassée ensuite j’ai du faire un effort sans doute à cause d’un certain aspect répétitif, une forme d’ennui qui s’installe au fil des pages. Oui moi aussi je me suis perdue dans les prénoms, j’ai renoncé à suivre, me suis laissée portée mais je le redis ce livre je l’ai trouvé long (bon je pense que j’ai un problème avec les livres [et avec les commentaires !] longs …, vous l’avez remarqué, c’est mon problème, j’en parlerai à l’occasion à un-e spécialiste !). Est-ce la longueur qui a provoqué l’ennui ? Ou la structure du livre ? Ou ce milieu dans lequel on se sent un peu enfermé-e au fil des pages sans pouvoir découvrir la Chine d’ailleurs.
Je me suis aussi beaucoup interrogée sur ce que je ferais sans la vue, qu’est ce que cela changerait dans ma relation aux autres ? Terrible d’y penser et très intéressant dans ce livre d’appréhender la différence entre les aveugles nés, ceux qui le sont devenus et les voyants.
J’avais lu il y a quelques années que l’artiste Sophie Calle s’était intéressée aux aveugles (elle a écrit un livre Aveugles chez Actes Sud), le connaissez-vous ?
Catherine
Anny P
RépondreSupprimerchère Catherine , comme toi les massages si largement décrits m'ont fortement intéressés ayant une masseuse copine qui me fait des massages TUINA aussi qui m'enchantent !!et si je reste perso moi qui suis dans la parole (des fois un peu trop d'ailleurs !!) je découvre mon corps : cet objet inconnu!!
Et la question de la nuit du non voyant est une autre question qui moi aussi me perturbe beaucoup comme l'adaptation à son handicap de nature que ce soit , comment ferais-je ?? Aurais assez de ressources psychiques pour l'affronter ?
Donc en fin de compte je laisse mes post- it de côtés vous avez lu tous le livre comme moi !!
biz
Comme vous avez dit beaucoup de choses, je rajouterai simplement que je le trouve trop long, comme certaines d'entre vous, et c'est dommage car il est formidable. Concernant le style que vous avez déploré lourd, moi je trouve au contraire qu'il contribue à l'humour du texte, enfin c'est comme ça que je l'ai vécu, Lécriture nous met intimement dans la peau des personnages, participe à la compréhension de leur pensée et de leur ressenti. J'ai bien aimé cet aspect du livre.
RépondreSupprimerIntressant, Catherine , ton témoignage.Et ce que tu dis sur les massages Tuina.Anny, si tu connais une adresse je suis preneuse:j'ai fait un tas de choses, mais pas ça!
RépondreSupprimerJe reviens sur ce que j'avais écrit à propos de mon commentaire ou je disais que j'avais au début été "mise devant le fait" que ce ne serait pas les massages qui seraient mis en avant...j'ai tout faux.Il me semble maintenant que , en fait, il est très souvent question de cela, mais pas comme je l'attendais!Il se passe un tas de choses entre ceux qui viennent se faire masser, et ceux qui massent, il faut le discripter au cours du livre.
Et puis j'ai finalement l'impression qu'il est tellemnt évident que les personnes aveugles font ça comme travail, qu'il n'est même pas question de parler d'un choix!Il n'y a qu'à voir les conséquences de l'accident qui a fait perdre le pouce à...DuHong.Il s'agit en fait de son identité même!
En plus, j'ai eu aussi l'impression que ce travail est vraiment quelque chose qui change quelqu'un parce qu'il entraine la séparation de la famille, et inscrit la personne dans une nouvelle vie.Je n'ai pas eu le sentiment, que les femmes qui "reviennent" chez elles pensent garder leur travail.Il y a comme une impossiblilité, sauf si elles épousent un homme qui fait comme elles.Sans doute parceque les hommes avec qui elles sont censées se marier n'habitent pas dans un lieu où se trouve un endroit pour exercer...Mais les chose ne me paraissent pas se décliner de la même façon pour les hommes?Qu'en pensez -vous?
ce livre est de plus en plus interessant!
J'ai terminé ce magnifique livre, après avoir mis mon premier commentaire... Je n'ai pas grand chose à rajouter...Je reste sous le charme... Que dire de plus. Et je savoure vos différentes appréciations...A bientot pour le prochain livre...
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