mardi 4 août 2015

Août 2015 - Livre proposé par Véronique

Le livre de Dina - Herbjorg Wassmo

 
Affiche Le livre de Dina

Le livre de Dina est une saga en trois volumes qui s’ouvre sur « Les limons vides », suivi de « Les vivants" et enfin « Mon bien aimé est à moi ». Le récit se déroule au nord de la Norvège au XIX siècle. 
Dina, jeune femme farouche et indomptable a été marquée par le décès précoce de sa mère et s’est élevée seule, préférant la présence de son cheval Lucifer et de son violoncelle à celle de ses semblables. Prématurément veuve, Dina  prend en charge les affaires du domaine familial, et gère efficacement la boutique de son défunt mari. Son sens du commerce combiné à une grande intelligence et à un pouvoir de séduction envers la gente masculine, en fait un personnage qui peut être intraitable, se moquant des convenances de l’époque. Pourtant, son humanité se manifeste, entre autres, à travers la musique. En effet, quand elle joue du violoncelle, elle fait corps avec son instrument qu’elle considère alors comme un être humain.
Au-delà de ce portrait haut en couleurs de cette femme qui va se transformer au cours des années et aussi  grâce à la rencontre d’un homme, l’histoire se déroule dans une zone rurale isolée du nord de la Norvège, entre mer et montagne, monde de glace et de vent. On découvre aussi une société avec ses habitudes et ses règles et on plonge dans la vie quotidienne au goût des mures jaunes, du vin et des repas pour des grandes tablées.

8 commentaires:

  1. Mon coup de cœur de cette année !
    Je m'étonne que personne ne m'ait conseillé plus tôt de lire cette saga, merci Véronique.
    J'ai été totalement enthousiasmée par la lecture de ces trois volumes qui m’ont tenu en haleine.
    Ah cette Dina, femme aux multiples visages, quel cas !!
    Impossible de la décrire en quelques mots : femme-enfant, femme sauvage, furie incontrôlable, monstre d’intelligence et de liberté, écorchée vive à l’énergie débordante, femme entière, passionnée, totalement indomptable, fascinante, courageuse, solide, (je n’ai pas cru me remettre de la scène de sa fausse couche !), sensible, effrayante, enragée, imprévisible, ébouriffée, incroyablement lucide, voluptueuse. Cette manière qu’elle a d’envoyer balader les conventions, cette insolence ! Rarement (jamais ?) je n’ai rencontré une héroïne aussi libre, aussi excessive dans le pire et le meilleur.
    J’ai ADORE cette femme atypique, complexe (folle?) mais incroyablement fascinante et magnifique.
    J’ai été bouleversée par les relations que Dina entretient avec son violoncelle, par le du génial précepteur qui l’apprivoise et la sauve de la folie totale (de l’inaptitude à vivre en société) et de l’animalité (oui elle est tout de même folle mais elle est borderline et compose superbement avec cette folie). Et puis il y a aussi son cheval qui la rend humaine comme le violoncelle et le piano. Ce précepteur et Jacob d’une autre manière seront ses tuteurs de développement et lui permettront une forme de résilience (incomplète certes car au 19è siècle dans ce coin de la Norvège la prise en charge des problèmes psychologiques devait être un peu radicale ou inexistante, du moins je l’imagine…si Dina était née un siècle plus tard comment s’en serait –elle sortie ? Aurait-elle eu un accompagnement suite au décès tragique de sa mère ? Comment aurait elle trouvé l’équilibre ? désolée pour ces longues digressions…)
    Son rapport aux chiffres et son sens du commerce sont aussi tout à fait étonnants, et lui permettent de s’ancrer dans le réel, de s’accrocher à du tangible.
    Cette manière qu’a Dina de parler d’elle a la troisième personne (sauf dans les courtes interventions commençant par « je suis Dina » qui ponctuent le récit m’a intriguée et renforce l’impression d’un personnage psychologiquement dérangé, hors d’elle-même, à moins que ce ne soit lié à la langue/aux conventions Norvégiennes…Si quelqu’un peut m’éclairer
    Les personnages secondaires sont aussi très intéressants. Mention spéciale à Mère Karen, et à Stine la Lapone qui occupent toutes les deux une place essentielle.
    Quel parcours ! De la mort tragique de sa mère, en passant par l’abandon du père, la vie avec Jacob et la prise en main de son destin au mépris des convenances et des sentiments d'autrui, elle fonce, elle séduit, elle manipule, sans aucune culpabilité apparente car il faut qu’elle survive coûte que coûte ! Sa souffrance transparaît à chaque page du roman, on sent sa grande fragilité mais aussi cette force de vie inouïe et si bien décrite.
    La mort est omniprésente dans la vie de la jeune norvégienne c'est rien de le dire et en plus elle doit "composer" avec quelques fantômes envahissants : ceux de sa mère Hjertrud et de son mari Jacob, qui la regardent vivre et jugent ses actes.
    Par sa grande liberté, son courage elle m’a souvent évoqué George Sand ou une Scarlett O'Hara déguisé en garçon manqué
    L’arrière plan de la vie de Dina : l'aspect historique et la description de la société norvégienne du 19ème sicle sont aussi pleins d'intérêt (je suis allée voir sur le net des informations et photos de l'eider et de son duvet et des mûres jaunes !).
    Je trouve que l’auteure réussit à dresser un portrait tragique et passionnant où se mêlent folie, douleur en nous amenant parfois à la frontière du fantastique mais jamais du côté de la compassion.
    Ce roman m’est apparu aussi comme une formidable « étude psychologique ».
    Ah Dina ! Un personnage étonnant, attachant, un caractère atypique, un cri, un coup de poing dans l’estomac !

    RépondreSupprimer
  2. Anny Tout à fait d'accord avec toi ,cette femme un brin sauvage mais aussi très ancrée dans la réalité m'a fascinée ,moi qui lit peu de romans romanesques.;... Les hommes sont tous très attachants aussi avec leurs travers et le lien qu'ils entretiennent avec elle . Sa force pour gérer tout son monde est d'une grande rigueur , d'ailleurs sa rigueur en effet pour les comptes et les chiffres est un peu déroutante au vu du personnage mais on accepte ! La lapone est très attachante aussi.Je ne me suis pas ennuyée à aucun moment et lu ce livre d'une traite comme toi je suppose et je l'ai fermé à regret ! Re-merci à Véro d'ailleurs pour celles qui l'a connaissent notre Véro elle lui ressemble juste un peu .... Biz et à bientôt pour en parler de vive voix

    RépondreSupprimer
  3. Vous me donnez vraiment envie de lire cette saga, malheureusement la bibliothèque de Guéret ne me l'a pas encore envoyée. Donc, j'attends encore un peu avant de l'acheter...
    Evelyne

    RépondreSupprimer
  4. J’ai aimé moi aussi cette ambiance, ce personnage central hors du commun, son histoire, son indomptabilité, sa mauvaise foi, son flottement dans un monde qui lui est propre…
    J’ai apprécié les rôles secondaires, bien campés, dans des caractères différents.
    J’ai été curieuse jusqu’au bout de la tournure des évènements.
    Lu ce livre avec avidité, j’en ai été captivée.
    J’ai même regardé sur un atlas les voyages de Dina et me suis aperçu qu’elle partait loin, vraiment loin .
    J’ai aussi goûté la langue romanesque, tendue, dense, riche dans laquelle le livre est écrit.

    J’ai moins apprécié que l’auteur fasse parler le personnage de Dina dans une langue populaire de cuisine. Ça ne se justifie pas à mes yeux et ça enlève pour moi de l’orgueil, de la prestance au personnage. Si elle a appris par cœur la Bible, si elle s’est soumise à la lecture de partitions musicales afin de jouer piano et violoncelle, alors elle aurait pu parler correctement.
    Même chose évidement pour le fils Benjamin. Je n’ai pas compris que Dina le laisse grandir comme un petit sauvageon.
    Même si de toute évidence le lien de la parentalité a été mis à mal chez elle.
    Et enfin, j’ai détesté l’issue cruelle de ce livre. Pour le coup, si Dina réussissait à rester sur le bord de l’humanité, pour moi, à cet instant, elle plonge dans la folie et ça m’est pénible.
    D’ailleurs il faut que ce personnage nous ait envoûtées pour qu’on passe sous silence le nombre de fois où Dina est directement responsable d’une mort. Bon, pour sa mère on va dire que c’est une terrible maladresse dont elle est somme toute innocente.
    Mais ensuite, elle précipite son mari du haut de la falaise, elle fait en sorte que son beau-frère se suicide et elle tue son amant remarquable, le seul à lui résister…. Elle règle bougrement ses affaires sur terre, d’une manière assez expéditive. Elle se prend pour Dieu.
    Et malgré ça j’ai beaucoup aimé ce personnage. Peut-être qu’il correspond à ce que nous n’osons pas être ? (enfin, je devrais parler pour moi mais ça m’arrange d’employer ce « nous » collectif, vous comprenez ?)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai lu avec intérêt ton commentaire car j'avais totalement occulté que Dina pouvait utiliser une langue populaire, comme tu le dis tant j'ai été estomaqué par son culot et sa puissance de vie. Cette vie qui côtoie la mort...

      Supprimer
  5. Bon,les amies j'ai triché.Car j'ai lu vos commentaires avant d'écrire.Et bien, votre enthousiasme m'a ramenée à cette lecture, car je n'aurais pas su dire si quelque chose m'avait arrêtée au cours de cette lecture, , ni si quelque chose m'a plu dans ce livre. Je me suis trouvée dans un drôle d'état :un peu sonnée ! Il faut dire que je l'ai lu par grande canicule .Mais je l'ai lu sans difficultés mais je ne savais pas que penser de cette histoire..Sauf que je suis allée acheter le tome 2 puisque je n'avais que le tome 1 au début car je trouvais que ça faisait un peu court et je voulais en savoir un peu plus...toujours cette même impression de gêne.
    Alors, à la relecture, oui je remarque l'écriture:brève, précise, efficace.Assez plaisante au fond.:"La lune ressemblait à un pâle fantôme.Un avorton de jour essayait sans succès de percer vers le nord et vers l'ouest.Mais les vitres restaient noires"(p28)..façon de nous faire balader dehors et dedans.Et cela arrive souvent, ce qui m'a fatiguée vu l'état d'apathie dans laquelle me laissait.la canicule!.
    Oui, cette femme est étonnante de culot et d'imagination. Puis je me suis arrêtée sur ce passage qui montre la finesse et le malheur de cette femme qui semble taillée à la serpe : la scène où elle entend de la musique pour la première fois ,page 45:"Elle criait.Les mots étaient réels.Elle pouvait les dire.Ils étaient en elle ;Elle était".Ce passage nous montre à quel point la petite fille qui a assisté à la mort de sa mère et que l'on n'a pas écoutée a pu être atteinte dans son être même.Et tout ce que nous aimons ensuite comme une façon d'oser qui nous ravit ,est le comportement de quelqu'un qui a été très malmené et qui s'en sort avec ce qui lui reste:un formidable besoin de vivre, aussi fort que la rage et la douleur,non dites quand son père l'a maltraitée...alors, sympathique ce personnage?oui, mais...
    Il y a bien sûr un parti pris de l'auteur, bien agréable pour relever les gestes critiquable à l'égard des femmes:"Le commissaire avait des principes bien établis pour traiter les domestiques et les femmes:on devait leur parler comme à des chiens intelligents"!
    Je suis ressortie de ce livre en en gardant l' ambiance:la grande maison, le violoncelle, et le rôle de l'eau au dehors.Tout se fait par bateau, et des bains nocturnes peu courants peuvent avoir lieu!.
    Pour réponde à Alberte, je ne sais pas si le discours de Dina devrait être autre:elle est fine et intelligente, mais elle tient à avoir un quant à elle qui la démarque.Elle a certes lu, mais elle a grandi dans l'écurie qui paraissait le seul endroit où elle pouvait grandir plus jeune ; alors j'ai considéré que la faire parler ainsi ajoute au côté décalé , et ça lui va bien.
    Voilà .AU bout du compte ce livre m'a plu, et m'a touchée sur un mode auquel vous avez peut-être échappé.Non, je n'aimerais pas être cette femme ; Elle paye trop chez son apparente insouciance.

    RépondreSupprimer
  6. Bon, je lis vos commentaires élogieux, dithyrambiques, et j’essaie de retrouver mes impressions de lecture, malheureusement bien anciennes et je perds mes idées. J’ai les trois volumes, ça veut dire que j’ai voulu savoir comment ça continuait, que j’ai été prise par l’histoire.
    Mais… ce qui me revient c’est, quand je les reprends, deux mots en « ique » aussi : romantique, mélodramatique… Sûr, ça ne va pas vous plaire, du moins à celles qui ont déjà écrit avec toute leur adhésion, leur admiration. Mais, franchement, ce n’est pas une vraie femme. C’est le concentré du rêve de toutes les femmes, de manière un peu simplette quand même : libre et sauvage, mais femme d’affaires habile…
    Une bonne histoire, bien ficelée, pour séduire…, une écriture efficace sans plus… Je m’attends à vos colères, et tant mieux à partir de vendredi prochain.

    RépondreSupprimer
  7. Ce livre m'a touchée,en deuxième lecture,et je ne l'aurais pas lu s'il n'y av ait pas eu notre club...Je l''avais sorti en septembre dernier, et je m'étais arrêtée aux premières pages.Bien sûr, je n'avais pas eu la clé de l'histoire,mais je n'avais pas envie de lire un texte qui me paraissait séducteur mais pas séduisant.Au fond, nous lisons des livres qui ont fait leur chemin.Alors à la deuxième lecture,on peut trouver quelque chose, bien sûr, Moi aussi, j'assume!

    RépondreSupprimer