Cochon d'allemand de Knud Romer
Roman autobiographique relatant le vécu du fils d'une allemande dans une petite ville danoise juste quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'histoire de sa famille et de ses parents devient prétexte à une suite de brèves séquences qui font défiler les personnages dans l'Allemagne des années 1930 et durant la guerre.
(Résumé d'une bibliothèque municipale)
Anny Le 17/04 avril 2015
RépondreSupprimerJ’ai tout de suite aimé l’humour du début de ce livre , avec la description des personnages et de cet enfant juste un peu caricaturale et sur un ton presque joyeux et beaucoup regretté de ne pas être germaniste pour la traduction des mots .
Son oncle Helmut qui lui donne des débris d’obus comme une relique et son admiration pour lui . Et le papa Schneider est si pittoresque dans sa dureté , et ses manies si rigides on est souvent à rire de ces comportement , ses obsessions , car le ton est léger celui de l’enfant peut être mais si lucide aussi .
Puis c‘est assez vite plus gai du tout car cette mère est si décalée si rejetée étant allemande que ça donne froid dans le dos et cela m’a renvoyé sans arrêt à ma propre histoire de ce décalage culturel et qui passe au dehors par la langue et comment cela peut nous exclure totalement des autres ..
Et son grand malheur aussi c’est qu’elle était belle en plus d’être allemande et non légitime mais qui démontre tout ce rejet autour d’elle. Intelligente elle a su y faire : plaire et se faire sa place mais au prix de nombreux sacrifices .
Le passage sur la découverte du sexe par l’enfant est sympathique à la bibliothèque et donc travers les livres est gouleyant tant autour de lui il y a tellement d’interdits .On est sans arrêt ailleurs avec ses aller et retours en Allemagne chez la grand-mère ,on en oublie le pays ou il vit tant il ne peut oublier la vie de sa mère exilée …C’est juste un peu le reproche que je pourrait faire sur ce livre même s’il ya des descriptions de sa petite ville où l’enfant vit .
Cette mère si courageuse finalement qu’il doit sans cesse recadrer comme on dirait maintenant et dont il a honte parfois tant ces rites culturels dénotent dans cette petite ville .Mais dont l’enfant a tellement besoin aussi une façon d’être ancré dans cette famille .j’ai adoré la perspicacité de ses descriptions des attitudes voir des manies de son père et de sa mère entre autres , comme elle allume son cigarillo…Ce que l’on remarque enfant en effet ,qui nous ravit ou nous irrite mais que l’on ne peut pas verbaliser .
La mère m’a interloqué sur son opiniâtreté à récupérer après l’enterrement de son beau père les meubles , les tapis etc. .. J’y ai retrouvé cette ténacité des femmes meurtries profondément par les guerres et qui a choisi un bel homme « qui avait des bras et des jambes »…
Et c’est si mignon son état amoureux pour Dolores .. On pourrait s’y retrouver et on se dit qu’on moins il oublie sa honte de sa mère dans cette petite ville qu’on ne peut en sortir et comme sa mère qui ne veut pas sortir dehors par honte qu’on l’humilie…Et qui doit lui aussi rester à l’école tranquille pour qu’on l’oublie lui le petit allemand si mal , le lot de tout les exilés ….Heureusement qu’il a ses cailloux et ses timbres poste pour rêver d’un ailleurs (dommage que je ne l’ai pas connu je lui aurait donné ceux de mon père dont je n’arrive pas à me débarrasser et à vider l’appartement !!!) Quand vers la fin du livre il dit son doute sur sa mère peut être nazie ou adhère à ce doute ,on le comprend tout à fait , et qu’elle belle découverte qu’elle organisait des évasions d’ailleurs on l’imagine tout à fait vu son opiniâtreté ; ; ; ; la fin de cette mère que l’on aurait dit fantasque est émouvante par la façon dont son fils l’accompagne ,moi je lui aurait bien tenue la main aussi et ce besoin de raviver ses souvenirs qui ne l’a pas fait pour un mourant ; ; ;et les erreurs de nom sur la tombe cette honte encore une fois présente …
J’ai suivi ce garçon avec plaisir tout au long de son enfance , assez vite j’ai oublié cette petite ville étriquée du Danemark pour ne retenir que l’histoire de ce trio mère-fils-père .
biz
Un livre qui m'a intéressée, malgré le fait qu'au démarrage, j'ai eu beaucoup de mal à resituer les différents personnages au sein des branches maternelle et paternelle de l'auteur. Et ainsi, au bout de soixante pages, j'ai pris un papier et un crayon pour faire l'arbre généalogique de Knud ! Je m'y suis mieux retrouvée après...
RépondreSupprimerEn dehors du récit un peu trop confus à mon goût, qui mélange les diverses périodes de l'histoire de ces parents et de son enfance, j'ai trouvé cette autobiographie prenante : les caractères de ses parents, grands-parents, tantes et oncles sont au fil des pages bien cernés, et les personnages prennent dramatiquement de l'épaisseur. Le récit est plein d'anecdotes qui enrichissent petit à petit la compréhension de cet univers familial à la fois très singulier, et très universel. Pauvre père tout étriqué, pauvre mère toute en fierté souvent mal à propos,et pauvre fils, dans quel univers fermé et dans quel environnement hostile il vit(ou survit ?) ! c'est à pleurer, et la fin (le dernier paragraphe) est une délivrance pas seulement pour lui, mais aussi pour la lectrice que je fus : enfin, il réagit, car jusque-là, ce n'était qu'une victime qui encaissait, encaissait...
C'est vrai aussi que le livre fait réfléchir sur les raccourcis qui peuvent s'opérer face à "l'étranger" : ici l'allemand = nazi. Quand on pense que l'auteur est né 15 ans après la fin de la guerre, ça me laisse rêveuse. On dirait que ces 15 ans n'ont pas existé.
Moi aussi, j’ai été intéressée par ce « Cochon d’Allemand » mais je trouve que c’est un livre éprouvant. Les humiliations, le rejet que subit l’enfant et sa famille, bien sûr essentiellement la mère allemande sont émouvants, prenants, bien décrits : ça fait froid dans le dos ! La cruauté est omniprésente, avec brimades, vandalisme, méchancetés en tous genres.
RépondreSupprimerMais je me suis perdue dans les personnages et les allers-retours dans les époques, les lieux, les membres de la famille danoise ou allemande et j’ai été complètement embrouillée par moments. Je n’ai pas eu l’idée, comme Evelyne, de faire un arbre généalogique : oui, ça doit aider ; mais, d’un autre côté, j’étais ainsi un peu dans une certaine confusion sur les rapports, les liens de parenté, comme le narrateur semble l’être par moments.
On pourrait se dire que c’est un choix d’écriture qui met le lecteur dans le même genre de labyrinthe que l’enfant narrateur ?
J’étais curieuse de cet auteur dont cela semble être le seul livre à l’heure actuelle, ou le seul traduit. J’ai peu trouvé de renseignements, sinon qu’il est (ou a été) publicitaire et a tourné (occasionnellement dit-on) dans un film de Lars von Trier : côté cruauté et histoires de famille, ils sont effectivement bien du même type !
effectivement, maintenant que tu le formules, je pense que c’est une volonté de l'auteur, mais j'ai la sale manie de vouloir comprendre en lisant qui est qui, j'ai du mal à rester dans la confusion, je ne pense jamais que cela peut être volontaire !! enfant, il devait être difficile pour lui de comprendre les lignées familiales, et même il devait n'en avoir rien à faire, c'est un truc d'adulte.
SupprimerAnny tout à fait d'accord avec vous c'était pas gai gai cette histoire mais cela nous replonge dans l'humiliation au quotidien.On a toutes vécues je suppose ces moments où l'on rabaisse là où ça fait mal quand on est différent par sa culture et son mode de vie ...
RépondreSupprimerbisous à toutes
A dire vrai le livre m'a un peu agacé au début.
RépondreSupprimerUne multitude de personnages, une profusion de situations, je ne parvenais pas à saisir le sens de ce récit.
Puis peu à peu l'auteur raconte la solitude, l'humiliation, l'injustice imposés à ce petit garçon.
Alors, le livre a pris un autre sens .
J'ai aimé cette distance que prend toujours l'auteur pour décrire ces scènes du quotidien, scènes si dures, si injustes.
Quelle tendresse au fil des pages pour ces personnages victimes de l'histoire , brimés par des lâches.
Evidemment en ce mois de décembre 2015, après les évènements de Corse contre les arabes ou ceux de Marseille contre les roms auparavant, on ne peut qu'aimer cette dénonciation de la petitesse humaine.
J'ai aimé ce livre qui m'emmenait entre tendresse et colère .
drôle de bouquin en effet.
RépondreSupprimerj'ai aimé que, nous racontant cela, cet enfer, il ne tombe pas dans le pathos.
j'ai apprécié aussi la gradation, il garde le pire, la fréquence des scènes difficiles pour la fin.
alors c'est vrai qu'au début, j'ai ressenti comme vous une certaine difficulté à suivre ces épisodes de vie familiale détachés, confus, sans suite...
Alors on a l'impression d'une vraie famille qui se rencontre souvent; d'une vie où tout est action, dynamisme, mouvement. Si bien que lorsqu'on en vient à la description de cette vie monotone et repliée, de cette vie-prison en quelque sorte, on est surpris, c'est poignant.
J'ai aimé la fin, la grenade reconstituée, remplie du pire et balancée au loin, oreilles bouchées. Quelle belle métaphore de cette volonté d'en finir avec tout ça !
Oui, ce livre, dans la dignité de son récit, ce non apitoiement et l'opportunité du rejet dont le garçon se sert pour se construire, ce livre apporte quelque chose de précieux.
Le personnage de la mère n'est pas toujours sympathique ou plutôt je l'ai trouvé double donc trouble. Pas vous ?
je rebondis sur ton dernier propos, avec le souvenir que j'ai de cette mère.
SupprimerIl faudrait pour bien faire, reprendre ses faits et gestes quand elle s'installe au Danemark,et aussi son attitude avec sa famille. Il faut lui reconnaître que les affres de la guerre n'ont pas épargné ses parents, ni elle, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle ne fait rien non plus pour dévoiler son passé de résistante (et son mari non plus du reste). Aussi, quand elle campe sur ses positions, sur son "quant à soi", le fossé devient de plus en plus grand, et leur isolement prend des proportions abyssales. Dans le texte il est dit p154 : "la Seconde guerre mondiale ne prit jamais fin pour ce qui concernait mes parents et notre famille, Nykobing demeurait une ville occupée."
Elle ne considère son intégration dans la société danoise que comme une possibilité d'ascension sociale, une sorte de revanche devant l'hostilité de tous face à elle, "l'allemande", ascension qu'elle n'obtient que par l'intermédiaire de son mari. Pour moi, elle est plutôt poignante, c'est un personnage de tragédie pure.
Ce livre m'a bien plu. Toute cette histoire est pathétique oui, mais dite de façon tellement drôle. Les histoires des ancêtres sont racontées avec les mots d'un enfant qui imagine, interprète, rêve à partir des récits de sa mère. Tout le décor de sa vie quotidienne meubles anciens, tableaux accrochés aux murs,la langue parlée à la maison et dans l'intimité... tout lui parle de ses origines différentes de celles de son village danois, de ses camarades de classe. Même les vacances se passent de l'autre côté de la frontière !
RépondreSupprimerLe désordre dans le temps, le saut d'une famille à l'autre, d'un pays à l'autre, d'une génération à une autre, du passé lointain au présent... est un peu gênant pour le lecteur, mais il ne me surprend pas, car pour ma part j'ai l'impression d'avoir connu ainsi de façon décousue l'histoire de ma famille, de mes familles devrai-je dire. J'ai la chance de ne pas avoir vécu de telles humiliations étant enfant, mais je peux comprendre !
Je partage votre avis sur la mère allemande, une caricature ! Grande, belle, hautaine, ne se laissant pas impressionner par l'entourage agressif. Forte de son secret. Je ressens que son attitude favorise grandement le malaise du jeune garçon.
Un livre à faire connaître.
Voilà un livre que j'ai aimé, sans me demander pourquoi.Je me suis mise dans cette lecture avec ce plaisir qui donne envie de poursuivre.J'ai aimé l'histoire de ce garçon.Son lien à chacun de ses parents avec ce qui le relie à sa mère à la fin.Oui, cette mère est haute en couleurs et cela donne du piment au texte.Ce texte qui se dit sur un mode qui est drôle.Enfin, ce genre d'humour qui évite le ton du malheur, comme le savent bien faire les enfants.
RépondreSupprimerEn plus j'ai trouvé que l'on était bien dans le pays et dans l'époque;Et cette histoire qui se passe au Danemark mais qui nous plonge en Allemagne m'a accrochée justement à cause de ce décalage entre les deux pays, avec cette haine de l'étranger qui ne cesse jamais.Et les aller-retour entre les deux familles et dans les générations sont très bien vus.
Mais il faut dire qu'être allemand à cette époque devait être encore plus difficile que d'avoir à supporter seulement le rejet qui nait parfois face à n'importe qui d' étranger.La guerre se grave dans les mémoires et empêche de penser ;cette histoire nous le rappelle.Mais j'ai aimé justement que cette mère soit suffisamment fière d'elle pour faire front.Superbe cette fin!