Cité de la Poussière Rouge - Qiu Xialong
Ne cherchez pas une histoire continue dans ce livre. La fin n’est pas plus intéressante que le début... C’est l’histoire du temps qui passe dans un ensemble de maisons traditionnelles à Shanghai. On parle entre voisins et l’on commente l’actualité...Sauf que cette actualité elle dure de 1949 pour aller jusqu’en 2005...et chaque année commence par le « bulletin d’information de la Poussière Rouge pour l’année.... »
Recommandé par un libraire rennais à qui je demandais conseil pour nos lectures, je me suis jeté sur la lecture de ce livre, sans doute avec l’idée qu’un récit va se développer, que les pages suivantes vont apporter du nouveau...Il m’a fallu changer de rythme (d’où mon conseil de ce début de préconisation). Prenez votre temps.
Vous ne regretterez pas de suivre les péripéties belles ou féroces de petites gens dans un pays que l’on découvre ainsi par la vie quotidienne du peuple.
Il y a des pensées jetées au fil des pages, des proverbes qu’il faut relire deux fois par peur de ne pas comprendre, il y a des histoires qu’on n’imaginerait pas dans notre civilisation, il y a enfin, la découverte d’un pays par le petit « bout de la lorgnette », mais qu’importe, regarder par le trou de la serrure rend le spectacle encore plus beau !
Bonne lecture
Marie-Anne
RépondreSupprimerIncroyable… serais je la première à poster un commentaire ? Il faut dire que la Cité m’a aidée à affronter la sécheresse des plaines du Hunan…
J’ai adoré ce livre, lu dans l’ordre ou le désordre, osant les sauts dans le temps avec Bao ou les prisonniers. L’auteur me semble porter un regard tendre, saupoudré d’une bonne pincée d’humour, sur les habitants de la cité.
Nous les voyons en parcourir les ruelles, s’attarder dans la cour près du tableau noir, en aménager les logements. Pour un peu, me viendrait l’envie de dessiner les plans de cette cité de la poussière rouge, d’y installer les habitants. Le livre vient aussi réveiller ma gourmandise. Je peux vous assurer que j’ai dégusté certaines recettes directement inspirées, telle cette carpe nappée d’une sauce au piment doux et gingembre que je me suis cuisinée en cours de lecture. J’ai une passion pour les romans où fourmillent les aliments, les recettes. Ici, j’accorde une mention spéciale pour le diner de crabes et le tofu.
Bien sûr, les bulletins d’information vantant les grandes victoires de la Révolution culturelle donnent une perspective quelque peu grinçante au tableau. Mais comme le dit le dicton « Les crevettes se moquent d’un dragon échoué dans l’eau peu profonde »
Bai Ji et Xue : 2 retours de camp. Une lecture croisée illustre l’art incertain de l’à propos. Bien choisir son moment pour revenir, à l’une, loyale, la flétrissure de la défiance, à l’autre, exilé richissime, les honneurs. Mais, il faut regarder devant, pas derrière selon le mot d’ordre du parti.
L’écriture de certains passages m’a paru assez prodigieuse, telle :
En ce temps de révolution et de construction du socialisme si riche en prodiges, même un morceau de tofu peut être miraculeux. Vs avez devant vous un poète ouvrier du tofu. … il venait de moins, en moins à nos conversations du soir à l’entrée de la cité. Quand il le faisait, il se mettait à parler comme un homme de lettres, lâchant des expressions telles que « réalisme révolutionnaire » et « romantisme révolutionnaire »qui brillaient autant que sa nouvelle dent en argent.
Le fond n’est pas très drôle, mais quand même, qu’est ce que j’ai ri.
Finalement, même si certains ont pour objectif prioritaire de devenir des « gros sous », l’auteur semble indiquer aussi qu’il s’agit d’utiliser le système et ses failles à bon escient, et de permettre à Ding le masseur, par exemple, de ne pas perdre la face. Sur ce plan, l’inventivité -volontaire ou non !- des habitants de la cité de la poussière rouge m’a laissée pantoise.
Au fil des pages, un florilège d’expressions à découvrir, comme le bol de riz en fer. Effet d’exotisme de la langue peut être un peu facile, mais je dois dire que cela me plait bien.
Très belle fin de mois d’aout à chacun-e
Je viens de terminer ce livre, et je peux dire qu'il m'a beaucoup plu.
RépondreSupprimerD'abord parce que ces petits chapitres sont écrits de façon chronologique et cela permet de visiter ,rapidement bien sûr, une histoire de la Chine en datant les évènements essentiels.
Ensuite,parce que c'est écrit de façon très alerte et ironique, et cela permet d'avoir un plaisir supplémentaire pour un thème qui pourrait être indigeste.
Et puis, je rebondis sur ce que tu as dit qui me revient avec le dernier adjectif que je viens d' écrire, oui Marie Anne, il n'y a aucun effet d'indigestion mais bien un curiosité et un plaisir de la lecture gérés sur des modes gustatifs, pas pour tout, mais souvent, qui donnent du piment à une histoire qui est pourtant très sombre. Comme quoi, en activant sa gourmandise ,on peut s'approprier un tas de choses, sans pour cela être quelqu'un à qui on fait tout gober!
Enfin, les personnages sont très bien croqués, sympathiques ou pas du tout, gais ou tristes, le récit les met en place et nous avec!
Je ne m'étendrai pas dans les détails, ils sont nombreux, je les ai notés, mais je ne suis pas encore en mesure de vous les donner. Et puis, bravo à celle qui a eu l'énergie d'écrire la première, je n'aime pas donner une liste d'éléments quand je commence d'écrire et que peu m'ont précédée.
Et si on se faisait de la cuisine chinoise quand nous nous rencontrerons? Je vous préviens, je ne sais pas faire grand 'chose. Se lancer dans un carpe au gingembre nappée au piment doux et gingembre ne sera jamais une de mes spécialités!
Et bien je prolonge,vu que la plupart n'ont rien mis.On se voit demain, mais tout de même!
RépondreSupprimerJe tiens à relever une citation qui est p.14 du livre, donc assez tôt, dans le récit, mais qui en dit long sur ce que nous allons lire, mais qui est aussi à retenir pour nos autres lectures, et les commentaires que nous enfaisons.
:"Vous pensez mettre un terme à votre récit un soir comme une dernière page, mais dans quelques années surviendra un évènement ou un virage inattendu dans l'histoire réelle...une comédie devient une tragédie,ou inversement.Nous le savons.Parfois nous jouons aussi un rôle, aussi involontaire et insignifiant soit-il, dans la vie des personnages qui nous affecte à son tour.Regardez ce jeune homme..
..Il lit les livres comme s'il avalait un jujube , sans s'inquiéter du noyau.Comme on dit,"l'eau n'a pas besoin d'être profonde, elle restera fraiche tant qu'il y aura un dragon dedans"
Les bonnes lectrices que vous êtes vont dire qu'il ne s'agit pas d'un écrit mais d'un récit, dans ce livre,qui se fait le soir près du tableau noir,avec les voisins.Et que le récit est un récit d'évènement!
Mais tout de même.Si nous en faisions une métaphore?
J'ai gardé ce passage en réfléchissant à ce que j'attends des commentaires du blog.
Faire du copier-coller, oui, ça fait terminé, pensé,analysé, avec une dimension de "définitif".Et c'est ce définitif qui me gêne.Je peux lire au moins deux fois les livres que je lis, quand ils m'interessent, et ceux pour le blog m'interessent toujours ,seulement par le fait que c'est quelqu'un qui les a préconisés et qu'à ma lecture il me semble que je dois essayer d'y mettre la lecture de celui ou celle qui l'a donné à lire, pour en faire 'mon miel'...ce qui n'est pas toujours facile.
En plus, au cours de la lecture, me viennent des réflexions, comme celle-ci, nées d'une phrase et qui pourront venir hors écrit du commentaire.
Car l'écrit que je fais pour moi est une lecture du texte de façon que je retrouve un jour la dimension à garder car elle peut m'interesser encore, et il faut que je retrouve vite de quoi il s'agit dans le livre , car je peux avoir oublié.
Alors vous n'avez pas souvent ce que j'ai écrit placé dans un dossier!Ceci a évolué au cours des années, bien sûr, mais tout de même!
Et, malgré tout, il me semble que ce que j'écrivais avec beaucoup de difficultés au début,souvent en direct(oh!lhorreur des écrits récupérés de l'ancien blog, comme vous avez du souffrir à me lire!)a enfin changé sans que je fasse pour ça un écrit sur Word...
N'est-il pas important que nous "partagions" les réflexions de chacun(e)?Avec des réactions après lecture de celle qui a écrit déjà?Car si c'est trop "lêché", c'est pas facile de rebondir!Mais est-ce pour vous c'est le principal?
Ca éviterait des commentaires qui arrivent avec presque ou plus, d'un mois de retard.Ils peuvent arriver plus tard mais au moins des réacions à la lecture "animerait" le blog qui attend la fin des travaux de certaines!A réfléchir...
Geneviève ce que tu dis là, correspond bien à ce qu'on disait en Bourgogne... on peut faire des commentaires en plusieurs fois... revenir sur notre premier écrit, bien ou mal "léché" selon les fois !
SupprimerSi j'avais parlé de "copier-coller" c'était seulement pour des raisons techniques. Moi, si je fais ainsi, cela ne veut pas forcément dire que mon texte est ferme et définitif.
OK!
SupprimerEn plus je découvre ce petit système pour répondre qui se met à la bonne place, c'est très bien!
J'ai beaucoup aimé ce livre, la manière dont il est construit et sa lecture aisée et divertissante.
RépondreSupprimerVoilà un livre qui, tout en nous parlant de choses graves, le fait de telle sorte que nous pouvons les affronter.
Le rappel, avant chaque histoire, de la situation politique de la République Socialiste de Chine, est agréable aussi car cela nous permet de voir l'évolution ou la stagnation ou le recul de la politique du Parti.
C'est un peu comme si c'était un précis de l'Histoire contemporaine de la Chine avec illustration par des exemples.
Donc, tout de bon, décidément, à commencer par l'humour instillé dans ces pages.
Malheureusement pour moi, je ne sais si c'est parce que c'est le premier livre que je lis sur une tablette, ou si c'est parce que je l'ai lu dans un perpétuel mouvement, mais je n'ai pas pu fixer dans ma mémoire ces différentes histoires, il m'en reste très peu de souvenir. Et je le regrette beaucoup.
Ne pas garder non plus l'objet-livre comme témoin de sa lecture est assez troublant. Savoir qu'il est dans la bibliothèque de ma tablette ne me suffit pas encore. J'ai des progrès à faire.
Merci tout de même pour cette lecture préconisée par Olaf.
Ce sont les commentaires de Marie-Anne et Geneviève qui m’ont poussée à aller jusqu’au bout de ce livre que j’avais commencé au début de l’été. Je m’étais arrêtée en cours de route. Peut-être l’avais je parcouru seulement, sans me laisser vraiment toucher. Leur investissement à toutes les deux m’a comme imposé d’aller jusqu’au bout et d’écrire un commentaire. Et je ne le regrette pas.
RépondreSupprimerSans elle je n’aurais pas lu l’histoire de Bai Jie emprisonnée pendant la guerre de Corée. Revenue discrètement à la Cité. Vieillissant dans l’anonymat, ses voisins se demandant si elle souffre de troubles mentaux ou si elle cherche simplement à se faire oublier.
J’aime surtout la façon dont est écrite cette simple histoire. Toute en nuances, en interrogations, en petits détails de la vie quotidienne, comme on les fait surgir quand on se raconte une histoire le soir sur un banc à la nuit tombante entre voisins, ou quand entre vieux amis on évoque des souvenirs du temps passé. Ce sont des détails, des émotions, des sensations, des comparaisons, des supputations, des images qui vont faire rire l’auditoire, ou pleurer, ou laisser penseur.
Je pourrais en dire autant du récit de la visite de Nixon. Le conteur ne se souvient que du fait d’avoir été enfermé dans une pièce obscure, où on a fini par étouffer, car il fallait cacher la misère chinoise aux occidentaux. Incroyable ce Xialong Qiu ! Quelle imagination pour raconter la visite du président américain sous cet angle là !
Je pourrais les énumérer. L’histoire de l’attribution d’un appartement. Le bol en fer, le poète et le tofu…
Comment appelle-t-on cela ? de la sociologie du quotidien ? je ne sais. En tous cas cette forme d’écriture me plait bien. D’habitude je n’aime pas trop les nouvelles, mais ici, l’unité de lieu est intéressante. Cela donne un ensemble cohérent.
Très intéressant aussi cette inscription de la « petite histoire » dans la « Grande Histoire » du pays. Il y a du relief, on perçoit des contrastes.
Ce livre nous en dit long sur l’évolution du pays. Evolution politique, évolution des relations internationales (j’ai été me documenter sur la Guerre de Corée) , évolution des techniques, des façons de vivre, des conditions d’habitat.. J’étais née quand commence le livre ! Les Bulletins d’information m’ont rappelé des tas de souvenirs. Ces nouvelles donnent de la « chair » à ces nouvelles que nous lisions, entendions, à ces articles de journaux et à ces analyses sur le passage de la Révolution culturelle au capitalisme à la chinoise, que nous parcourons à des milliers de kilomètres du théâtre de la vie en Chine.
Voila encore un livre qui ne me fait pas regretter le choix de la littérature asiatique !
J'ai découvert cet auteur en lisant ses romans policiers, qui outre son intrigue, racontait la vie quotidienne de ses protagonistes. En lisant Cité de Poussière Rouge, j'ai retrouvé ces narrations sur les instants de vie que j'ai trouvé intéressant. Odeurs, couleurs, dialogues, je les percevais en lisant. J'ai aussi apprécié l'ordre chronologique qui permet à la fois de faire un voyage dans le temps politique avec des repères. Ces derniers facilitent la compréhension de la lecture et par conséquent, j'ai pu me plonger dans ces différentes atmosphères avec facilité et un certain bonheur.
RépondreSupprimerDernier jour de septembre, je ne ferai qu'un petit commentaire. Juste pour dire que cette lecture était bien agréable pendant la période de rédaction de mon mémoire. Petites histoires courtes pour décompresser et changer de l'ambiance studieuse, petites histoires au ton souvent léger mais qui traitent de grands sujets. Cette convivialité de la cité m'a fait du bien, cette galerie de portraits m'a séduite. C'est souvent fou, parfois grinçant mais toujours plein de lucidité et de tendresse. On y découvre la débrouille, la magouille, l'absurdité d'un système, des petites joies du quotidien. J'ai eu l'eau à la bouche avec les descriptions culinaires, j'ai souri souvent mais à chaque fin de chapitre la première page du suivant me ramenait à moins de légèreté avec ce poids du régime politique pesant sur chacun, sur chaque décision. J'ai parfois sauté cette première page pour rester liée aux personnages et à l'atmosphère, et oublier la lourdeur historique. Catherine
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