La rivière et son secret de Zhu XIAO-MEI

Zhu Xiao-mei est née en 1949. Douée très tôt pour la musique, elle va entrer au conservatoire. Elle ne pourra pas suivre ses études à cause de la révolution culturelle qui va faire du conservatoire un lieu sans musique, sans enseignement.
Les manipulations psychologiques, les lavages de cerveau, vont l’amener en camp de rééducation pendant cinq ans. Le parcours de cette femme m’a beaucoup touchée, elle m’a passionnée quand elle nous raconte ses leçons de piano avec ses maîtres chinois et occidentaux, les liens qu’elle tisse entre ces deux cultures et la manière dont elle s’en sert dans la pratique du piano. Enfin, comment elle va chercher dans le tao, à travers la méditation, sa place d’interprète.
Cette femme dont l’expression naturelle est la musique se révèle auteur d’un grand livre.
La rivière et son secret de Zhu Xiao-Mei
RépondreSupprimerJuin 2013
J’avoue m’être totalement laissée prendre par ce livre.
Par le parcours de cette jeune fille, de cette femme.
Voilà, on a beau savoir des choses sur la Révolution Culturelle chinoise, en avoir lu déjà des témoignages, des documents, des articles, chaque fois c’est une nouvelle histoire, un nouveau choc pour moi, et une désespérance rétrospective (bien vaine, certes !) pour ce peuple martyrisé.
En lisant, j’ai été à l’affût de la progression de cette jeune fille à l’intérieur de cet endoctrinement, me surprenant à espérer son revirement. D’autant plus qu’elle était une des victimes expiatoires. Mais non ! même auprès d’une belle âme, d’un être exceptionnellement doué, d’une énergie imbattable , ce foutu Mao a fait des dégâts.
Bon, je m’égare.
La suite du parcours est d’autant plus étonnante.
Le livre refermé, cette personnalité me suit, j’y pense encore, j’en parle autour de moi.
La toile m’a permis d’entendre cette pianiste hors paire et c’est formidable.
Non seulement j’ai eu envie d’écouter Bach, Schuman, Schubert et Beethoven (le fameux opus 111), mais elle m’a donné envie de revisiter Lao Tseu, si décoiffant, si dépouillant.
Sa mise en valeur des différences entre Etats Unis et France m’a donné aussi à penser puisque je me trouve pile en train de faire le grand écart entre les uns et l’autre.
En fait, si je reprends le livre entre les mains, j’ai envie de parler en détail de chaque épisode.
Restons plus modeste. Cette lecture m’a surprise en bien, comme dirait nos amis suisses chez qui je n’ai plus de compte en banque depuis belle lurette.
Je vais faire lire ce livre à d’autres personnes si elles veulent bien.
Merci à Marie-Pierre.
C'est en ouvrant le blog pour déposer mon commentaire, que je découvre qu'Alberte a déja écrit le sien...
RépondreSupprimerJ’écris ce commentaire en écoutant « Les variations Golberg de JS Bach», par Zhu Xiao-Mei, sur Youtube… dans son interprétation à la Folle journée de Nantes le 1er février 2009. Oui, elle a de petites mains, elle ferme les yeux, on la croirait en prière, son corps se balance légèrement… calme, sérénité….
Pourquoi j’écris cela ? c’est pour dire que ce livre « La rivière et son secret » m’a ouvert tout un tas de perspectives… sa lecture est pour moi une réelle aventure de vie. Un peu comme le livre de Bachelard « La flamme d’une chandelle » que nous avons lu il y a quelques temps. Ils sont pour moi source de réflexion et d’expérience.
La première partie avec l’enfance l’adolescence, puis le camp de rééducation, est poignante. Très intéressante car elle nous montre cette jeune fille qui fait tout pour être une bonne révolutionnaire et le chemin par lequel elle est conduite à passer : le reniement de ses maîtres qu’elle adore, et dénonciation de son père. Je n’en dis pas plus pour l’instant.
Dans un premier temps la seconde partie du livre m’a paru difficile à lire avec les aspects techniques relatifs à la musique, et surtout lorsqu’elle aborde le taoisme. Heureusement je connaissais une grande partie des œuvres qu’elle joue (et du coup je les réécoute en faisant le lien avec elle). Mais c’est la première fois que j’étais confrontée à un écrit philosophique sur le taoisme. J’ai très envie d’en connaître plus. Une rencontre avec un calligraphe chinois il y a quelques jours, m’a permis de constater que son discours est très proche de celui de Xiao-Mei. Le geste, le mouvement de l’écriture du calligraphe étant comme celui du musicien, comme celui d’une rivière. D’ailleurs elle écrit « l’école de musique chinoise privilégie souplesse, légèreté, fluidité, un sens calligraphique de la ligne mélodique, distance aux émotions, contrôle », contrairement à l’école russe etc… ». On (notre club) se demandait ces derniers temps ce qui pourrait caractériser la littérature chinoise, on trouverait peut être dans ce livre un début de réponse ? On pourrait en parler en septembre, car maintenant ça serait trop long !
J’imagine que pour écrire le livre elle a été très aidée, donc on ne peut pas je pense déclarer si elle est une bonne écrivain. Elle a eu le courage d’écrire alorsqu’elle n’en avait pas très envie, il me semble.
Mais ce que je peux dire c’est que je suis heureuse de connaître grâce à ce livre, une grande musicienne, et une belle personne. Sur cette femme je retiens dans ce qu’elle dit, c’est la façon dont la rééducation en camp l’a rendue hésitante, peu sûre d’elle (c’est évidemment les ravages de ce qu’on appelait le lavage de cerveau), et sa souffrance maintenant, de ne pas pouvoir réparer. Mais il y a du positif (à mes yeux bien sûr !) qui ressort de cette période, c’est cette attitude à l’égard de l’argent, à l’égard du capitalisme forcené. Elle le dit bien à la fin.
Bon j’aurais encore beaucoup de choses à dire, mais on a dit qu’on n’écrivait pas des commentaires trop longs … donc.
Oui, j'ai aimé ce livre.
RépondreSupprimerParceque c'est un témoignage fort, parceque on sent que cette écriture est une réappropriation d'une histoire terrible,en faisant traverser ce récit par la sagesse chinoise.En écrivant ce livre cette femme fait une chemin personnel qui lui permettra de vivre avec ce traumatisme.
Elle est venue à Dijon au cours du trimestre fin 2012.
Ce sont des amis qui étaient allés l'écouter qui m'ont parlé de ce livre.Ils m'avaient tellement présenté cette femme comme une pianiste ayant vécu quelque chose de tragique,que j'avais oublié qu'elle avait écrit un livre!Puis, un peu avant que Marie-Pierre ne le préconise, on m'avait passé le bouquin.
On peut dire des tas de choses à propos de ce qui est raconté dans ce récit.
Ce que j'ai retenu après cette lecture, c'est la bascule dans l'absurde du totalitarisme, qui se résume dans le projet de "faire un concervatoire sans musique"...après, tout est permis!
Ceci dit, le "sans musique " signifiais "sans musique européenne".
Pourquoi des pays comme La Chine ont-ils à s'européanniser à ce point? C'est d'ailleurs un question plus générale, peut-être naïve.
Heureusement le trajet de cette femme se poursuit en s'appuyant sur une philosophie chinoise magnifiquement transmise, qui fait faire un pas de plus au lecteur, en dehors du témoignage de l'histoire.
Moi aussi j'ai acheté les disques et écouté Bach en relisant certains passages du livre.Merci Marie-Pierre!
Juste en réaction à vos commentaires dithyrambiques ,vous dire que quant à moi, j'ai du mal... j'en suis quand elle est en Amérique, dans la famille à Boston avec le chien, mais je ne sais pas pourquoi, je n'accroche pas. Sa vie, son parcours, sa ténacité, méritent d'être connus, mais je trouve que c'est mal écrit, laborieux pour ma lecture, et j'ai du mal à reprendre le bouquin.
RépondreSupprimerAvec un peu de mauvaise conscience, parce que quand même, comme le dites, quelle femme !
Ce que je trouve le plus intéressant pour le moment, c'est son amour pour la musique occidentale, et de comprendre que c'est cela qui l'a fait tenir au fond d'elle même (enfin, c'est moi qui dis cela)
Voilà quelques petites lignes de réaction à chaud.
Bien sûr Evelyne.Je suis d'accord pour la forme.J'ai eu un peu à me pousser à lire la deuxième partie, mais je suis passée outre parceque je voulais savoir jusqu'au bout où allait aller cette femme,et comment.
RépondreSupprimerJ'ai considéré que c'était un témoignage, de l'écriture qui est le support d'une traversée chez quelq'un qui, je suppose, n'écrira plus rien.Je viens de reprendre la deuxième partie, elle n'est pas évidente.Mais la force du témoignage éfface l'effort que parfois on a mis à le lire,et on n'en garde qu'un bon souvenir.
Merci Geneviève, je continue.
RépondreSupprimerIl est difficile de trouver le ton adapté pour parler de ce livre. Ce n’est pas un roman, c’est une biographie, un témoignage, un itinéraire personnel…
RépondreSupprimerJe l’ai terminé depuis un bon moment et j’étais perplexe : c’est le genre de livre et d’itinéraire tellement exemplaire dont il est mal venu de dire du mal. Je n’ai pas franchement envie d’être dans ce registre. Je suis admiratrice de cette femme tellement en dehors du commun. Des amis l’ont vue à Dijon en tant que concertiste et m’ont rapporté leur admiration devant son attitude, sa modestie, sa concentration devant la musique. Bien ! Tout cela est bel et bon !
Mais… j’ai lu avec beaucoup d’intérêt le début jusqu’aux camps, l’embrigadement et c’est cela qui m’intéressait : comment une personne aussi cultivée et – surtout – aussi passionnée a-t-elle pu abandonner sa manière de penser ? Et comment l’a-t-elle retrouvée ? C’est cela pour moi l’essentiel et le reste n’est plus que péripétie même si j’admire sa carrière et son courage. Le livre aurait pu s’arrêter là. Mais, comme quand on lit les textes ou ce qui se dit, ou ne se dit pas de la shoah, ouh la la …
Ce sont les réflexions d’Evelyne qui m’ont fait réagir, puisque je n’avais toujours rien dit : oui, le passage aux Etats-Unis est un peu casse-pieds, la suite aussi : ce sont tous les détails événementiels du retour à la carrière qui aurait dû être la sienne et qui va le devenir. Est-il intéressant de suivre toutes les péripéties de la reconquête de sa vie par cette femme exemplaire, ces succès, bravo ! bien sûr mais… le pauvre lecteur banal ne peut que se dire – comme moi – qu’il n’aurait pas grand-chose pour résister devant pareil appareil !
Tout cela me ramène à ce que j’aime et n’aime pas dans la littérature : j’ai du mal avec les autobiographies et pourtant vous savez combien j’aime Proust, mais voilà ceci nous renvoie à la question de l’autobiographie qui si elle veut être honnête désire s’appuyer sur des faits , et nous y voilà événementielle ?
Bon, bref, je m’embrouille aussi avec ce livre parce que j’en ai lu plusieurs autres dont nous parlerons prochainement sur cette époque…. Et on en reparle le mois prochain !
je viens de lire vos commentaires et j'en partage certains. Mais cela est difficile d'en écrire quelque chose car l'auteur de ce livre est une amie de ma famille et j'ai passé de longs moments avec elle... A la sortie du livre, j'avais trouvé intéressant sa manière de parler de toutes ces années dans un camp car j'avais beau avoir lu plusieurs ouvrages sur la répression en Chine, son témoignage m'avait "secoué", peut être car nous en avions déjà parlé de vive voix.J'ai eu la même réaction avec un autre livre qui dénonce les "horreurs" du Cambodge (le piège khmer rouge de L. Picq) Je connais tout cela mais parce que je côtoie la personne, cela me fait prendre toute la dimension des faits racontés. Peut être que partageant aussi la vie de ces personnes avec leurs maintes difficultés suite à ces années si particulières, je suis plus profondément touchée. Maintenant, c'est vrai, ce livre n'est pas une oeuvre littéraire. Mais, je crois que cela n'en est pas le but.Il a le mérite d'exister pour ce qu'il dénonce. La question de certaines est comment cette femme se laisse déposséder de sa pensée. Question que je me suis plusieurs fois posée et qui n'a pas de réponse pour moi, pour l'instant. En effet, que ce soit dans ce livre ou celui que j'ai lu sur les khmers rouges, c'est le même processus. L'objectivité disparaît et le processus de penser avec. Ayant pu parler avec L.Picq de sa vie au Cambodge,elle répond qu'au départ, elle n'avait pas tout mesuré et qu'elle s'était laissée embrigadée par les idées politico philosophiques. C'est après qu'elle a réagi et compris. Je me permets de vous parler aussi de cet autre livre car je les trouve tellement identique sur leur envie de témoigner pour que personne n'oublie. Ces auteurs n'écriront jamais rien d'autre. C'est en cela que leur bibliographie n'est pas une oeuvre littéraire. Elle ont écrit pour tenter de se délivrer d'un passé...et chacune mène sa vie, le plus paisiblement possible. Mais qu'importe, ce sont ces lectures qui me permettent de relativiser et de prendre conscience des "horreurs" du monde.
RépondreSupprimerUn destin de femme qui m'a impressionnée et c'est rien de le dire.
RépondreSupprimerJ'ai suivi ce parcours incroyable avec passion, peu m'importait que ce ne soit pas un monument littéraire (ce n'est pas du tout l'objet de ce livre d'ailleurs, c'est donc un peu étrange de faire ce reproche et j'ai trouvé du coup qu'Odile et Évelyne étaient un peu dures voire ...injustes). Pour moi ce témoignage est un formidable document(aire) sur la dictature de la Chine maoïste, la folie de la révolution culturelle et sur la force inouïe de l'amour de la musique. Ce processus de déshumanisation et de perte de la conscience individuelle, cet endoctrinement dans lequel entre Zhu Xiao-Mei , on peut s'en étonner mais comment faire face à une telle machine à broyer ? comment en sortir, comment aurions-nous fait nous ?
Sans être écrivaine, que cette musicienne se soit autorisée à écrire pour nous faire connaître son enfer et son long parcours vers la renaissance m'a beaucoup touchée (il ya un album-jeunesse écrit par André Leblanc aux éditions Sorbier qui s'inspire de son histoire, je l'ai vu sur internet)
L'énergie de cette femme est telle qu'elle est toujours du côté de la vie et de sa passion et qu'on ne tombe pas dans le mélodrame.
La musique présente tout au long du récit en est, pour moi, le "personnage" principal et comme Claire et Alberte j'ai éprouvé l'envie de me plonger dans les interprétations de BACH (mais aussi de Beethoven, Schubert, etc.) par Zhu Xiao-Mei. Je ne me souviens pas d'avoir lu un livre qui donne autant de sens à l'art musical, qui montre à ce point comment la musique, la beauté peut "nous" sauver. J'en ai été bouleversée et j'ai depuis du mal à lâcher ses disques qui tournent en boucle sur mon lecteur cd ou sur mon ordi. Troublant pour moi d'écouter ses interprétations musicales en sachant ce qu'elle à traversé. Finalement pour moi c'est avant tout un livre sur la musique, musique-bouée de sauvetage, musique-résilience, musique -moteur, musique-dépassement de soi...
Geneviève quand tu parles du passage sur "faire un conservatoire sans musique"...cela signifiait effectivement "sans musique européenne" mais il me semble que, si mes souvenirs sont bons (j'ai rendu le livre à la bibliothèque et ne peux vérifier), ce fut après un conservatoire réellement sans musique du tout.
Il me reste en ayant fermé le livre un désir aigu d'entendre cette femme en concert (voir son programme pour l'été sur http://www.agendaculturel.fr/zhu-xiao-mei), de témoigner de son histoire (mais j'ai déjà commencé auprès de mes ami-e-s) et de fouiller cette phrase écrite dans son livre «Bach et Lao Tseu sont des génies si proches » qui paraît (et je ne sais comment l'expliquer) à la fois mystérieuse et ...limpide.
Un grand merci à Marie-Pierre.
PS : J'ai repensé en lisant "la rivière et son secret" à un livre de Nacy Huston qui s'appelle.... "les variations Goldberg" !! (éditions Babel), avec 30 chapitres et 30 personnes, une "suite narrative adaptée à la structure des Variations Goldberg et qui pour bien d'autres raisons que "la rivière et son secret" donne envie d'écouter Bach encore et encore.
Bonjour,
RépondreSupprimerD’abord, dire qu’une fois le livre refermé, je me suis empressée de le confier à mon amie qui a eu sa période maoïste dans les années 70… Quelques débats ont fait suite, et je dois en l’écoutant indiquer mon vacillement. Ce regard très critique sur la révolution culturelle chinoise, je ne peux que le partager… mais aussi relever que bien des révolutions connaissent ces régimes de terreur, la notre, celle de 1789 n’y a pas échappé. Et puis, me reviennent aussi les romans ou témoignages qui parlent de l’avant Mao. Edifiant. Le colonialisme, l’opium, les « déportations » de travailleurs chinois pour construire le chemin de fer des Etats unis. Enfin, cet écriteau dans les lieux publics « interdit aux chinois et aux chiens ». Bref.
Ce n’est pas la partie du livre qui m’a le plus touchée néanmoins.
Car ce lent travail de reconstruction par la musique à nouveau accessible, reconquise même, jusque dans le camp… et puis l’exil, les duretés de celui-ci. Mais aussi la ténacité de croire quand même à la possibilité de la carrière de concertiste, le travail acharné… lent travail de résilience, dont la force transparait. Enfin, immersion dans la philosophie de Lao Tseu, redevenir calligraphe alors, et aussi ouvrir mes sens à ces répertoires de la musique classique qui me sont presqu’étrangers.
Alors oui, ce livre me plait.
M-Anne
Littérature:
RépondreSupprimer"Ensemble des oeuvres écrites auxquelles on reconnait une finalité esthétique"Larousse
Esthétique:
"qui a un rapport avec le sentiment du beau"
Beau":
"qui sucite un plaisir esthétique (visuel, auditif, ect)"
Définitions trouvées dans le Larousse.
Ca veut dire quoi:"Ce n'est pas de la littérature?".Ce n'est pas la première fois que cette question se pose entre nous! Je m'en souviens parcequ'Olaf avait dit ça de "Hiroshima mon amour".
Mais c'est quoi le but de notre partage?
N'est-ce pas avant tout de partager le plaisir que l'une d'entre nous a pris avec un bouquin, et d'essayer de le partager, ou, du moins, de dire comment ce bouquin a tracé une chemin chez nous.Agréable à parcourir, ou dur à escalader!
Oui, Marie-Pierre a raison,la question de la "grandeur" d'une oeuvre, c'est une question à partager!
J'avais déjà indiqué que j'ai eu du mal à lire ce témoignage jusqu'au bout, mais je m'y suis tenue eu égard à la personnalité de l'auteure. Je dirai que sur le fond politique, il y a de multiples écrits, et que cette tragédie à l'échelle individuelle et collective de vies sacrifiées, c'est malheureusement une facette qu'on retrouve sur toute la planète, et de tous temps.
RépondreSupprimerL'originalité, c'est sa survie en partie par sa volonté hors norme, en partie par la musique qui l'a tenue pendant ses périodes de grande désespérance. Vous l'avez déjà évoqué, et bien. Je ne dois pas être très mélomane, en tous les cas de musique classique, mais j'aurais bien voulu savoir pourquoi une personne de culture orientale adhère autant à la musique occidentale : ses origines familiales, l'attrait de son père pour l'occident, le rejet de la musique asiatique (elle n'en parle pas). Pourquoi cette fascination pour le piano, et pour "son piano".
Je rajouterai que ce qui m'a finalement le plus touchée, c'est une forme de maladresse dans la relation des faits événementiels, dans un effort – c'est comme cela maintenant que je le ressens, ça n'a pas dû être facile pour elle d'écrire - de témoigner sur ce qui s'est passé pour elle, et qui est manifestement contraire à sa philosophie. « On ne laisse pas de trace ». C'est cela aussi que j'ai essayé de comprendre. L'écriture, c'est une trace manifeste.
C'est certainement pour elle qu'elle a écrit – une sorte de repentance de ce qu'elle considère comme des mauvaises actions de sa part, par exemple avec sa grand-mère - , mais bien plus pour ceux qui n'ont pu le faire, parce que morts, ou anéantis. En cela, cet effort est méritant.
Ce qui l'amène parfois à avoir une vision très naïve à mes yeux, avec des bons et des méchants, une philosophie bonne et une autre mauvaise...il me semble que tout est beaucoup plus complexe.
Bien sûr Evelyne, le monde est bien plus complexe!
RépondreSupprimerJe suis contente que toi aussi tu poses la question de la priorité donnée à la musique européenne.Les parents avaient sans doute donné un "bain" culturel à leurs enfants qui la comprenait?Mais n'importe comment, elle serait la seule à pouvoir en dire quelque chose.
A propos de l'effort, pour écrire, et de la trace.Je ne retrouve pas ce que tu cites à ce propos.Mais ce terme est tellement multiple, dans ses significations!Il ma semble que cette trace de l'écriture est ce qui reste du travail qui s'est opéré chez elle au-delà des évènements de sa vie.Un "travail" pour sortir du traumatisme qu'a été cette vie où elle était prisonnière, et privée de musique.Si elle parle de "pas de trace" cela ne doit pas être à propos de l'écriture, sans doute.
C'est pour cela que je suis ,pour ma part, indulgente, avec la maladresse de l'écrit, car j'estime que toute production est oeuvre d'art, quand elle est un moyen de dépasser quelque chose de difficile.
Certains écrivains le font mieux, ils deviennent écrivains, elle, avait à devenir pianiste!
Et puis, "mieux" c'est quoi? toujours la même question!
Mieux en qualité esthétique peut-être, qui donne alors plus de plaisir au lecteur.C'est de ça que tu veux parler, Odile?.
Comme ce livre nous fait échanger!
Oui moi je partage ce que tu dis Velyne sur la repentance. Il me semble même qu'à la fin du livre, elle dit qu'elle a recherché quelqu'un (un ami je crois) pour demander pardon, et que ne l'ayant pas retrouvé, elle espère qu'il lira le livre.
RépondreSupprimerJe m'interroge aussi sur l'attrait de certains "orientaux" pour la musique classique "européenne" dirons-nous.
Quant à fascination pour le piano, je me demande si finalement ce n'est pas un peu une construction, après coup. Comme si, pour la compréhension de son histoire par ses lecteurs, il fallait qu'elle "idéalise" un peu son attrait pour cet objet... sa passion d'enfant pur un piano, la ferait un peu ressembler à Mozart... mais je me trompe peut être...
D'ailleurs à propos du piano, j'ai trouvé incroyable l'histoire du transport du piano vers le camp...
La rivière et son secret :
RépondreSupprimerDevinez ce que j’écoute en rédigeant ce texte ?
Mais oui, bien sûr ! Les variations de Goldberg.
Un immense merci pour la découverte de ce livre. Oui, quand je m’y suis mis, je ne l’ai plus quitté…
Il m’a posé trois questions : Comment peut-on se faire à ce point « embrigader » et y croire aussi fort ? Comment peut-on un jour s’en sortir ? Enfin, comment peut-on prendre tant de recul ?
Chercher des réponses est sans doute inutile puisque tout s’entremêle dans ce récit et l’on ne sait pas toujours si il est réaliste, mystique ou symbolique. Et du coup, la lecture du livre permet de glaner quelques belles sentences et réflexions sur la vie, comme celle-ci : « c’est en creusant longtemps un sujet précis et limité que non seulement on fait les découvertes les plus importantes, mais aussi qu’on développe une méthode qui permettra de travailler ensuite tous les sujets ». Ou bien cette conversation avec Fu la nuit, lorsque Fu lui demande : «Combien de couleurs vois-tu, dans le ciel ? » Je regarde attentivement, fronce les yeux : je n’en vois qu’une. Il le scrute à son tour : « Moi, j’en vois sept… » Il lui donne alors le conseil qui va lui servir toute la vie « Tous les soirs, lève les yeux, observe et tu finirais toi aussi par voir les sept couleurs du ciel ».
ET au fur et à mesure de la lecture de ce livre, Zhu Xiao-Mei semble trouver la paix et plus de sérénité et l’on est tenté de la suivre sur ce chemin… La méditation qu’elle pratique quotidiennement nous la ferions bien nôtre.
Je rentre d’un festival de musique au Havre. Elle est venue jouer l’an dernier. Elle a eu un succès extraordinaire. Un rapprochement qui fait chaud au cœur…
Rennes, 22 juillet