mardi 12 novembre 2013

DECEMBRE - Livre préconisé par Anny

LES FUNERAILLES CELESTES  de  XINRAN

J’ai bien aimé ce petit livre d’une chinoise amoureuse qui se rend au Tibet pour retrouver son mari mort à 29 ans « au combat » pendant les années 50 dans le cadre de la «  Libération de ce pays ».

Sa vie sera courte avec lui, Kejun, mais non moins intense : elle  s’émancipe en faisant des études de médecine, de dermatologue et se marie librement en choisissant son compagnon: le pays changeait et se libérait de certaines coutumes aussi. Lui est très apprécié par sa gentillesse et son éthique et totalement dévoué au « Parti ». Cela étant, ils restent tous les deux très attachés comme tous leurs compatriotes à cette époque à leur « Mère Patrie » et lui à une raison que vous découvrirez à payer sa dette en partant pour ce pays inconnu. On est dans les années 50 et la guerre est très violente  entre la CHINE et le TIBET.

C’est dans le même état d’esprit un peu militaire qu’elle revêt, elle aussi, son uniforme  pour aller soigner les soldats et « libérer » le TIBET : un peu naïvement je trouve mais libérer de quoi ? On retrouve là  l’état d’esprit et le discours de tout colonisateur et de leur ambivalence.
Toute à son admiration pour lui, elle veut le retrouver, le voir de prés, le toucher pour y croire et comprendre sa mort et les circonstances de ce décès.

Shu Wen  vivra ainsi trente ans dans ce souvenir et dans ce pays  où tout lui est étranger mais qu’elle acceptera, comme enfermée dans ces tentes sur les montagnes : intriguée par ses occupants  puis envoûtée ensuite par leur mode de vie. Elle supportera toutes ces épreuves au détriment de ses sentiments pour sa famille qu’elle quitte. On se laisse envoûter avec elle par ces régions arides. Mais elle aura  à apprivoiser cette  vie de nomade si particulière.

C’est sans doute la spiritualité omniprésente à travers les prières , les mantras qui habitent ces hommes et ces femmes qui aura raison de sa ténacité ,vous me direz si vous êtes d’accord .Comment ces tibétains s’occupent de leur Yaks ,et ramassent des herbes médicinales , comment ils se couchent et dorment , leur relation affective(il y a une jolie anecdote là dessus ) , comment ils mangent , boivent du thé au beurre salé , comment ils s’habillent , et se parent de colliers somptueux , comment ils se regardent , et la regardent elle : les enfants et les adultes surprise de leur sérénité…Alors elle oublie sans doute au vu de leur accueil chaleureux qu’on lui réserve que les tibétains décrits comme des hommes violents à la guerre sont si paisibles au quotidien.

Sa rencontre avec Zhuoma, une Tibétaine amoureuse de la Chine et de son valet Tienanmen sera déterminante dans son périple, elle sera comme une sorte de sœur sans doute : s’épaulant l’une l’autre, chacune aidant l’autre à se comprendre (« effet miroir ? » n’est ce pas Geneviève ?).Elle sera sa  traductrice et  "sa conseillère en communication" ! Des actes et des échangent verbaux des habitants.

On ne peut lire ce livre sans être accompagné « des esprits » qui l’animent et ou de ce qu’on appellerait la foi, des forces occultes à travers la présence des Lamas qui sont dans les monastères et où les enfants séjournent jeunes. « Le Tibet est un grand Monastère » alors qu’en Chine la religion est « un code moral géré par des Laïcs ».

Cette façon de penser et de vivre va beaucoup aider Wen à affronter la famille de Gela et Ge’er sans savoir aucun mot de tibétain, cette vie de recluse et d’étrangère, dehors sur les chevaux puis sous la tente (comme dans une bulle, comme un bébé dans  le ventre de sa mère ?!!) où chacun a sa place et vaque à ses occupations en souriant comme Saierbao.

Tout cela  n’empêchera pas Wen  de sombrer dans une dépression profonde en désespérant d’atteindre son but dans ce désert montagneux et  n’ayant  plus de notion du temps (il n’y avait pas de calendriers) , ces hommes ne pensaient que deux saisons : hiver et été …Puis vous verrez comment elle sort de son mutisme et de cette situation, sans doute portée par la compassion de cette famille, et comment elle va à la rencontre de Qiangba l’ermite dans les  Montagnes Sacrées où l’on inscrit un vœu pour qu’il se réalise et  « Quand on met les doigts sur les mots on sent la présence des divinités » .

Avec cette histoire on traverse ces 30 ans avec elle, isolée de tout et isolée de la marche du monde : la révolution culturelle de 1970 avec MAO ZETONG et de la fuite du DALAI  LAMA entre autres. Le monde a tourné vite et sans elle.

Vous découvrirez comment  à travers cette phrase somme toute magique tout se noue et se dénoue « Om mani pedme hum », on a envie avec elle d’admirer les bannières de petits drapeaux à LHASSA et les lamas qui jouent de leurs grosses trompes et la foule qui s’y presse.
Et comment avec son humanisme son mari « se sacrifiera » avec ce rituel « en-vautour-ante » (à vous de comprendre)  et aussi forts et cruels que « ces funérailles célestes » qui le conduit à l’irréparable mais avec en âme et sa conscience de pur soldat chinois soldat. Certaines scènes auraient  pu être plus développées notamment celles de ce sacrifice.

Puis la fin de ce long parcours d’espérance de Shu Wen, d’abnégation de soi, de sacrifice fait réfléchir. On peut néanmoins s’interroger sur cet enfermement qui l’a empêché de revoir les siens plus tôt mais cela n’est qu’une projection de ma part, en avait-elle envie et elle n’était pas à l’aire d’Internet  !!! Et comme dirait notre amie Geneviève, elle s’est construite psychiquement autour de la symbolisation de cet amour pour ne pas mourir.

L’écriture y est un peu rapide, parfois on aurait aimé plus d’approfondissement, d’explications.

On ne peut s’empêcher de penser à Alexandra David Niels qui elle est partie elle, volontairement dans ce pays, aidée financièrement par son mari (très critiquée à ce sujet) déguisée en homme pour se cacher et être libre d’appréhender les mœurs et mieux comprendre les tibétains  ….. Allez voir ce joli musée à DIGNES qui résume sa vie.

Bonne lecture.

19 commentaires:

  1. Ce n'est pas un commentaire du livre, mais celui de la préconisation.
    Superbe Anny!
    Et même si tu n'avais pas parlé de moi (et même un peu trop à mon avis) je dirais que j'ai très envie de rentrer dans ce livre!

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  2. Je suis assez mitigée sur ce livre. J’étais très intéressée par l’aspect documentaire : savoir comment vivaient les Tibétains, de l’intérieur, avec quelqu’un qui les découvre. Mais je ne suis pas très à l’aise avec la position de l’auteur : je trouve ce livre ambigu dans son genre. Réalité ou fiction ? Ce n’est pas son histoire. Elle nous la transmet à partir d’une rencontre (réelle ? Il semble, cette femme étant journaliste) mais, dans le récit, des choses me paraissent incroyables : d’abord les trente ans passés au Tibet. Vu comme c’est raconté, ça me donne l’impression d’un an ou deux. Je n’arrive pas à croire qu’en trente ans quelqu’un de cultivé comme cette femme-médecin n’ait pas plus appris la langue… Je ne vois pas bien comment le temps passe.
    Je lis au dos qu’elle découvre la spiritualité au Tibet, opposée au matérialisme de la Chine, je trouve que la vie décrite est assez matérielle.
    Les rencontres sont incroyables, bizarres, les rendez-vous au-dessus des montagnes extrêmement romantiques dans ce monde assez brutal, c’est très intéressant, ça ouvre un peu sur cette culture, mais un peu seulement. Peut-être est-elle tellement loin de nous que c’est difficile d’aller plus loin. Et puis c’est un point de vue de Chinoises (l’auteur et la narratrice) sur le Tibet, alors ça introduit un degré de complication supplémentaire.
    L’histoire d’amour ne m’a pas paru si terrible que ça : cette femme est partie, et après elle a continué…

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  3. Bon, Odile vient me chercher alors que je viens de lire son commentaire, et je réagis à chaud
    J'en mettrai plus une autre fois.moi,car j'ai aimé ce livre, que j'ai lu dans une période assez mouvementée de ma vie:il m'attendait le soir et me permettait de m'évader, avec tous ces personnages qui vivaient"si loin de tout", dirait quelqu'un comme nous, mais "tout", pour eux, est -il ailleurs?
    Tu as raison, Odile, de poser ces questions, je ne me les suis pas posées sauf, le fait, qu'étant militaire, cette jeune femme quitte le...bataillon, je ne sais comment désigner le groupe de soldats avec lesquels elle était, et personne ne la cherche et elle ne semble même pas se poser la question! Ca, c'était curieux.mais ça ne m'a pas empêchée d'aimer ce récit et ces personnages auxquels je me suis tour à tour identifiée, à propos des femmes.A bientôt!

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  4. Je m'y mets aussi, car j'ai le même ressenti qu'Odile, et j'étais assez perplexe sur mon commentaire. Donc Odile, merci...
    En plus, pour essayer d'avancer dans mes réflexions, je suis allée voir sur Internet les commentaires, et en général, c'est très élogieux sur cette femme merveilleuse, sur cette histoire vraie, sur le Tibet religieux, et tout et tout. Moi du coup je vais peut-être lire d'autres choses sur le Tibet, parce que ces lhamas me laissent sur ma faim (à l'occasion j'ai appris qu'il y avait un autre dalaï lhama au sud, que j'ignorais). C'est vrai que la description de la famille nomade m'a intéressée, mais le livre ne rend pas compte de cette durée incroyable, 30 ans ! c'est pas rien. Et ce mélange témoignage d'après les dires d'une femme qui disparaît ensuite (avec l'appel incroyable que l'auteure fait dans le bouquin), fictions...me laisse une bizarre impression. C'est vraiment un drôle de livre...
    Le passage de la femme dans sa Chine qu'elle ne reconnaît plus, son village rasé m'a aussi plu, mais c'est trop court, de même les discussions qu'elle a avec les Chinois, trop succinct, on ne sait pas si c'est volontaire (elle ne veut pas en parler) ou si c'est parce qu'elle n'a reccueilli que peu d'éléments et qu'elle ne veut pas broder autour;
    donc, pour faire bref, je suis perplexe...

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  5. Oui, je ne connais pas Xinran comme écrivain et peut-être s’est-elle fait une spécificité d’écrire des témoignages, puis- qu’elle est issue du journalisme, mais son récit n’est pas convainquant.
    Ce n’est pas qu’on n’y croit pas ! c’est qu’elle s’y prend d’une manière maladroite pour le raconter.
    Comme le dit Odile, le temps qui passe, trente ans tout de même, on ne sent pas, on ne voit pas comment il passe. Elle aurait mieux fait d’utiliser un procédé de film muet et encore utilisé maintenant quand on voit écrit sur l’écran : « 10 ans plus tard » ou tout autre indication sur le temps.
    Cette armée chinoise qui apparaît comme une armée fantôme. On dirait que ses chefs ne savent pas où ils vont, qu’ils éparpillent leurs soldats comme ça au fil de la pérégrination, qu’ils n’ont aucune idée de quoi faire…. C’est invraisemblable quand on sait de quelle répression sanglante elle a fait preuve pour museler ce peuple.
    Donc Xinran a l’air de prendre des pincettes pour parler de tout ça et c’est très énervant. Le passage à Lhassa auprès des gentils cadres de l’armée chinoise est particulièrement invraisemblable.
    Enfin, reste l’histoire de cette Wen et de son Kejun. C’est beau l’amour. Je dis ça sans sarcasme. J’ai marché à fond. Mais pourquoi Wen laisse-t-elle passer des années avant de se mettre en route, de se renseigner, de soulever le problème ? Après tout, cette famille l’accueille, ils se doutent bien qu’elle ne tombe pas du ciel comme ça sans une problématique ? !
    Enfin bref, du coup le livre perd en puissance. Je ne sais pas, il y a un truc qui ne prend pas.
    Quand on lit des témoignages directs comme ceux d’Alexandra David Neel ou de Heinrich Harrer (sept ans d’aventures au Tibet) on palpe beaucoup mieux la réalité tibétaine : les températures extrêmes, la rusticité extrême aussi des habitants, mais aussi cette sorte de magie planante et sans limite.
    Ici, c’est dit et en même temps édulcoré… Donc on reste sur une note insatisfaite. Dommage. C’était une belle histoire !



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    1. C'est vrai que ne comprends pas pourquoi elle est restée si longtemps dans cette famille tibétaine, si son but c'était de retrouver son mari... ou alors elle le savait mort...

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  6. et bien ,si je peux me permettre encore une fois, c'est parce que le temps psychique pour faire le deuil ou pour le retrouver cet amour d'adolescente a été tellement sublimé qu'il a duré 30 ans et n'a rien à voir avec le temps réel donc il serait crédible comme une femme de marin attend son homme ou son mari soldat à la guerre .
    Et elle n'avait pas Facebook et internet pour avoir de ces nouvelles !!!
    Biz et Bonnes fêtes à vous tous .

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  7. Je n'ai plus envie de mettre mon commentaire, car lorsque les choses partent comme ça, il n'y a plus la place pour rien.
    "Qui est cette écrivaine qui n'en est peut-être pas une?"
    Mais je m'en fiche! Je verrai bien après!
    Dand un livre, ce qui compte, ce n'est pas la valeur officielle de l'écrivain , je ne cherche d'ailleurs jamais rien sur internet, tant que je n'ai pas lu un livre et fait quelque chose de l'après-coup!
    Oui, les amies, je ne peux que découvrir que j'ai la même analyse qu'Anny:cette femme a fait de l'immobilisme, dans une "sublimation" de la mort de son mari qu'elle ne voulait pas savoir.et tout y concourt : Xinran nous dit d'ailleurs qu'elle a compris ce que voulait dire la femme dont elle a raconté l'histoire, que lorsqu'elle est arrivée dans ce 'pays' "ou même le vent ne se voit pas".Désolée, je ne retrouve pas la citation, j'espère qu'elle est juste.
    , Cette rencontre avec cette vieille femme, qui n'a duré que deux nuits.
    Cette vieille femme qui n'a vécu que pour une chose, dans un pays où on peut ne rien savoir du monde.
    Cette vielle femme toute repliée sur elle même et qui s'en va après son récit, rajoutant ainsi quelque chose à sa dimension de fantôme .
    Cette vieille femme qui ne veut toujours rien savoir, parceque c'est ainsi que ça tient debout pour elle, et dont, pour ma part,j'ai expliqué la disparition après sa rencontre avec Xian,comme causée par le fait qu'elle a déjà trop parlé,et qu'en dire plus ouvrirait surement une douleur immense,et c'est ça l'histoire de ce livre!
    Avec la dimension du paysage, tellement immobile qu'elle risque de vous clouer sur place,ou vous entrainer à devenir moine dans ce monastère!
    Cela n'a rien de péjoratif de ma part,si nous n'étions pas sur internet je vous dirais ce que représente pour moi le Tibet.
    Cette femme Wen, n'a pas sublimé la mort de son mari, car pour moi, quand il y a sublimation, il y a possibilité de repartir après un immense choc, mais c'est ainsi.la dimension de mélancolie que cela fait deviner s'est aussi peut-être installée parce que là-bas, dans ces conditions il ne faut que survivre, comme cela est dit?
    Je préfère ouvrir des questions?

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    1. Ton début de commentaire est difficile à avaler, parce que tout avis a sa place, et qu'il y a toujours de la place, en rebondissant, en n'étant pas d'accord... !!
      Sans rancune

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  8. Bien sûr, que tout avis a sa place et le tien témoigne d'une lecture approfondie et n'est pas fait pour m'irriter;.Et bien sûr que non tu ne me fâches pas en réagissant, je préfère même, c'est pour cela que mes réactions sont parfois brutes de décoffrage,car j'aime la discussion!
    Mais ,oui, la brièveté de ce livre laisse un gout d'en vouloir plus, mais justement, ça m'a fait réfléchir à "pourquoi est-ce ainsi?" et j'ai débouché sur l'idée que l'objet du livre a pour moteur la force émotionnelle de l'écivain(e) avec cette chinoise devenue tibétaine, donc le choc de cette rencontre,
    La façon de cette femme autrefois médecin,qui après trente ans, se décide à retourner en Chine est ce qui montre à quel point elle n'est plus du tout en phase avec la réalité.Et c'est cet aspect des choses qui surtout m'a touchée.
    J'ai déjà eu cette sorte de question à la suite de documentaires à propos de ces familles qui vivent quasimment en autarcie et qui n'ont pas de point fixe.On y décrit tout ce qui est évoqué-là des gestes du quotidien, et brusquement arrive un gamin qui revient de l'école et il est vétu d' un tee-shirt et une casquette avec la visière sur la nuque!
    Alos se pose pour moi à chaque fois cette question:comment va se résoudre le croisement entre les données d'une vie encestrale, et la modernité qui vit non loin?
    Là, la réponse est terrifiante:il peut être impossible de passer d'un état à l'autre, mêle s'il y a un évènement qui avait amené à vivre de cette façon.On peut aussi entendre que ce sont les enfants qui feront s'écrouler l'organisation, mais là, en plus, leur projet est d'entrer au monastère!
    Et cette question se pose pour tous les groupes qui sont encore nomades, c'est quelque chose qui touche beaucoup.

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    1. J'ai voulu écrire:
      L'objet du livre est ce qu'a provoqué cette rencontre chez l'auteur.G

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    2. Oh là là, on s’emballe……
      Bon, peut-être faudrait-il réaffirmer qu’une lecture peut se faire de différents points de vue et que c’est justement cela la richesse de nos échanges.
      Ce que les uns n’avaient pas perçu, d’autres l’énoncent et lycée de Versailles. Mais c’est précisément ce « vice versa » qui est important, qu’il ne faut pas piétiner, mésestimer.
      Geneviève, moi j’aime bien l’éclairage très particulier que toi et ta consoeur Anny vous apportez aux lectures. Ne changez rien.
      Mais d’autres vont lire ce livre d’un point de vue politique peut-être, d’autres encore d’un point de vue littéraire, ou un mélange de plusieurs points de vue et ce sera intéressant aussi.
      C’est vrai qu’à mettre mes pas dans ceux d’A. David Neel j’avais senti un Tibet plus vrai, avec sa crasse, ses croyances qui passent au dessus des nuages, ses difficultés climatiques, ses adversités, son organisation politique et sociale si particulière, etc. C’était comme un bon whisky tourbeux, fort et honnête.
      A côté, les Funérailles Célestes m’est apparu comme un Beaumes de Venise. Une boisson pas mauvaise en soi mais trop douce par rapport au whisky. Tu comprends ce que je veux dire ?
      Tu ne peux pas nous empêcher d’avoir un ressenti sur la manière dont un livre est écrit, dont il restitue ou fait passer une histoire, un récit. Ce n’est pas l’histoire elle-même qui est mise en doute, mais c’est sa force, sa puissance, ce qu’elle nous apporte d’émotion, de facilité d’identification.
      Je peux affirmer que j’ai marché aux côtés d’A. David Neel (excuse de citer toujours la même), j’ai eu froid, faim, peur avec elle, j’ai dormi à la dure, je me suis déguisée comme elle, pas peigné comme elle, barbouillé le visage de saletés pour ressembler à un tibétain et entrer dans Lhassa, alors que je n’ai pas pu, à aucun moment, me glisser dans la peau de Shu Wen ou de Saierbao ou de Zhuoma. J’ai lu cette histoire avec beaucoup de distanciation et du coup j’en suis venue à me poser des questions sur le comment elle était écrite, par qui, qu’est-ce qui la faisait marcher à cloche-pied …
      C’est quand même bizarre qu’on soit trois à se demander comment le temps est passé, non ?
      Enfin, attendons de voir ce qu’en disent les autres lecteurs.

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  9. Je suis tout à fait d'accord avec toi Alberte , la distance affective au monde qui l'entoure finalement de Shum, elle est surprenante ou décrite comme telle , j'ai eu moi aussi des moments de grand doute sur son enfermement psychologique , comme une sorte d'aveuglement , on aurait eu envie de la secouer un peu , on l'aurait fait n'est ce pas ? comme pour une copine qui ne voit rien de son amour envolé!! Allez excusez moi je me répète peut être mais la carapace se craquèle un peu car elle va tomber dans une grande dépression . On change de sujet ? Je sais vous n'aimez pas trop :essayer de ne pas craquer pour les courses de cadeaux de Noël ça va aller !!! Je charries !! Bisous à toutes

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  10. Après avoir fait mon texte de préconisation pour "les belles endormies", j'ai voulu prendre de l'avance sur les lectures du blog, afin d'avoir de la distance et du temps de rédaction, si bien que j'avais fini la lecture de ce livre avant de lire le texte de préconisation d'Anny.
    A sa lecture, Je me suis rendu compte que j'étais loin d'avoir saisi tout ce qu'Anny avait pu voir dans ce livre...
    Le destin de cette femme recherchant son mari ne m'a pas intéressée, je n'ai pas compris pourquoi elle est restée si longtemps dans cette famille et puis finalement pourquoi elle se décide à retourner chez elle, j'ai du mal avec l'histoire du mari qui se tire une balle dans la tête;n'y avait-il pas une autre solution? Une discussion possible, étant donné qu'il venait de se marier avec une femme qu'il aimait. De plus, il a quand même sauvé la vie d'un homme.
    Après avoir cherché son mari pendant 30 ans, j'ai l'impression qu'elle va se lancer dans la recherche de sa sœur et l'histoire de ses parents.
    Dans la suite, j'ai entamé une deuxième lecture sous l'angle plutôt du documentaire sur la vie tibétaine qui est intéressante, j'ai aimé découvrir le rôle de la spiritualité dans leur vie quotidienne. Cependant, l'idée des funérailles célestes reste pour moi effrayante, mais la lecture de ce livre a été finalement intéressant sous cet angle.

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  11. J'ai aimé ce livre pour son côté documentaire sur la vie quotidienne des Tibétains. J'ai lu d'autres récits écrits par des voyageurs et j'ai retrouvé le même quotidien, les mêmes rites et le même côté âpre de la vie.Par contre, je me suis interrogée sur plusieurs points: je n'ai pas senti que trente années s'étaient déroulées entre le moment où elle est recueillie par la famille et son retour à Lhassa; je l'ai découvert car cela était écrit mais je n'ai pas eu d'indices me l'indiquant. Puis, comment se fait -il que cette femme ait mis autant de temps pour apprendre la langue et s'intégrer à ce microcosme. Pour moi, je pense qu'elle a eu une dépression quand elle a compris que son mari était introuvable, ce qui expliquerait peut être cette difficulté pour s'intégrer dans cette société tibétaine.
    Malgré toutes ces questions, j'ai pris du plaisir à livre ce livre car je suis sensible à ces peuples de l'Himalaya et espère un jour voyager dans ces contrées. Véronique

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  12. Et bien ces funérailles célestes font couler beaucoup d’encre chez les pisteuses/teurs…ne serait-ce que la préconisation très détaillée, trop à mon sens (désolée Anny) et qui du coup dévoile un peu trop largement ce qui nous attend. Mais tout ça ne m’a finalement pas empêchée de me plonger dans l’histoire, d’être happée par ces destins hors du commun et de lire sans trop de recul critique juste comme un plongeon dans une histoire vraie qui décrit une quête d’amour exceptionnelle et des figures de femmes incroyables. Les rebondissements sont certes à peine croyables et on se dit que oui l’auteure a sans doute brodé à partir de ce qui lui a été raconté mais elle nous offre un témoignage unique. Elle décrit bien cette histoire bouleversante, même si on peut s’étonner du peu de détail sur l’état psychologique des personnages. J’ai beaucoup aimé la description de la vie de la famille de nomades tibétains.
    Ce point de départ : l’émission de radio qui va déclencher le récit m’a plu. J’ai été sensible à la volonté de l’auteure de témoigner et de rendre hommage au destin exceptionnel de cette chinoise, on y sent toute son admiration pour la détermination inébranlable et à peine croyable de Wen de connaître la vérité sur le sort de son mari.
    Je l’ai lu sans préjugé je dirais même sans discernement (je ne connais pas le Tibet) et même si l’auteure a une approche un peu teintée de colonialisme elle nous offre une histoire romanesque à souhait (bien qu’elle soit tirée d’une histoire vraie). J’ai trouvé difficile de décrocher de ce récit et franchement j’aime ça un récit qui me tient en haleine du début jusqu’à la fin. En lisant vos commentaires et vos interrogations (lues après ma lecture) j’ai été étonnée mais contente de m’être laissée embarquée par cette histoire sans trop de regard critique. Catherine

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  13. Que dire après tous vos commentaires ? le livre m’a intéressée, oui. Mais c’est la postface de Claude B Levenson qui finalement a attiré mon attention. Après l’avoir lue, je suis revenue au début du livre et aux conditions de rencontre de Xinran avec Wen. Je suis allée voir qui est cette Claude Levenson. J’ai découvert comme vous je suppose que c’est une spécialiste du Tibet. Ses 5 pages ne sont pas inutiles. Elles permettent au lecteur que nous sommes de prendre un peu de recul par rapport à cette histoire singulière, émouvante, exceptionnelle. Je trouve également intéressant son point de sur le conflit tibéto-chinois. A mon avis on ne peut pas commenter ce livre sans s’interroger sur l’auteur, ses préjugés, l’effet que produit sur elle sa rencontre avec Wen, alors que depuis longtemps elle a un fort « désir de Tibet ».

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  14. J’ai lu ce livre sans avidité, mais intéressée par l’aspect documentaire de la vie des Tibétains, leur rythme et leur nomadisme, leurs coutumes. Je n’ai pas été gênée par les « 30 années » qui ne paraissent pas s’écouler, je pense comme Anny que la sublimation a un temps non mesurable, de nombreuses histoires humaines nous le disent d’une manière ou d’une autre. Quelques semaines plus tard, il ne m’en reste que des images, mon imaginaire bien sur, de grands espaces magnifiques, une lutte pour la survie quotidienne en harmonie avec la nature et d’une époque ancestrale, des repas préparés avec amour et des moments de partage intenses, de longues marches… de belles sensations d’un autre monde !
    Marie

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