Conte d'amour un soir de pluie - Huy Thiep NGUYEN

Il m’a transmis le virus.
Puissiez-vous aussi
partager cette envie.
On hésite entre, succomber
à la beauté de la simplicité, ou se fourrer la tête dans un pot de miel. Les
apparences sont souvent trompeuses dit-on ; c’est le cas ici. Je ne fais
pas de résumé complet, d’abord parce que c’est des nouvelles, ensuite parce que
je n’en n’ai pas envie. Par contre, je vais parler d’une ou deux nouvelles
particulièrement intéressantes.
Nguyên Huy Thiêp est,
dit-on, un écrivain ayant participé à la renaissance littéraire du Viêt-Nam
dans les années 1980. Renaissance effectivement, les pages de l’histoire du
pays ne cessèrent de brûler sous le napalm et autres fioritures, dont les
Américains et les Français gardent jalousement le secret, qu’à partir de 1975.
On sent dans ces nouvelles
le désir aussi bien de renouer que de reconstruire, une histoire poétique d’un
pays qui s’en est pris plein la gueule. On trouve alors une force à l’œuvre
dans ces pages, belle de mélancolie et puissante arborescence, qui croît dans
le cœur et l’esprit du lecteur pour y déposer une sincérité poignante et crue.
Dans cette poétique historique s’avance aussi un constat social, celui de la
pauvreté, de la violence conjugale, de l’exploitation au travail, ce qui donne
assez souvent au lecteur d’être pris dans les brisures du texte, balloté de
l’un à l’autre en un sentiment de folie réaliste et très figurative.
Une voix qui raconte sans
trémolos et sans apitoiement les meurtrissures du cœur, les incertitudes de
l'âme, où s'exhalent tour à tour la plainte de la solitude et l'impatience du
désir ; une voix pleine, sans cesse sur le point de se briser telle une eau
dans un récipient trop étroit, une voix d'où les mots tombent comme du miel.
NB : C’est drôle comme
souvent on parle de miel et de douceur quand on parle du style de cet auteur.
J’ai trouvé cela à plusieurs reprises dans mes voyages internet…
Allez je vous laisse à
votre lecture…
Je vous promets de réagir à
vos commentaires. Ce sera pour moi une façon de m’impliquer davantage en ce
mois de juin à nos lectures communes.
Conte d’amour une soir de pluie de Nguyên Huy Thiêp
RépondreSupprimerJuin 2014
Quelques mots à propos de ce livre qui rassemble des nouvelles de cet auteur.
Il y a un certain temps déjà que je l’ai lu et mes notes sont très succinctes. Je m’en excuse.
Le moins qu’on puisse dire c’est que ces nouvelles ne sont pas de la même veine, de la même eau non plus et que cela rend la lecture de ce livre assez déconcertante.
Il me semble pour le coup avoir eu à faire avec un texte à qui le passage en français n’a pas rendu justice. Il y a là toute une culture de la poésie insérée, des traditions, du glissement vers le fantastique des vieilles légendes qui ne fait pas écho pour moi.
Doublé d’un contexte politique et social qui m’est complètement étranger.
Par exemple dans conte d’amour un soir de pluie et n’est-ce pas beau la vie ? c’est exactement le cas. D’où viennent ces personnages, de quelle vie, de quel contexte ? Je ne situe pas du tout ces histoires. Et le misérabilisme de la seconde citée m’a été très pénible.
Le cœur d’une mère et cri déchirant de l’aigrette qui s’enfuit m’ont un peu consolée, quoique la fillette qui y perd ses jambes, ce n’est pas terrible non plus.
La fille du génie des eaux la plus longue des nouvelles se traîne en longueur dès la deuxième partie .
Enfin ma préférée, celle que je trouve la plus délicate, la plus réussie, y compris dans le choix des mots, des situations c’est Nguyên Thi Lo . Je ne sais pas si c’est le recul dans un temps historique dépassé, mais l’auteur y parle de choses graves avec légèreté. La persistance de l’amour, l’engagement.
Bon, je crois qu’après je me suis un peu perdue sous la pluie et je suis rentrée me mettre à l’abri sans finir ma lecture….
Olaf, je n'ai lu ta préconisation qu'après avoir posté mon propre commentaire. Et j'en fus très surprise tellement il semble que nous ne parlions pas du même auteur, en un sens.
SupprimerMais je ne crois pas que , l'ayant lu d'abord, mon avis aurait été différent.
Moi je n'ai ressenti à peu près que l'âpreté de son verbe, de ses thèmes quand toi tu as su les resituer dans l'Histoire de ce pays, y voir de la vigueur, de l'envie de renaître des dégâts causés. C'est bien aussi, mais je n'y suis pas parvenue.
Et même mon passage au Vietnam et ce que j'y ai vu ne m'ont pas aidée dans cette lecture.
Pas de miel pour Miss Mouriès donc !.... Tant pis. Ce sera pour une autre fois. Et le témoignage des autres lectrices va peut-être m'aider à relativiser.
Je voulais dire que j'ai pourtant bien aimé lire ta présentation.
C'était comme autre chose.
Merci de cette mise au point. C'est bien de voir des positions différentes...Ce que tu as vu, a sans doute influé sur toi, mais tant mieux et moi je n'ai pas vu, et même pas bien connu tous cette période plus que trouble
SupprimerJe trouve intéressant ces deux approches si différentes. Ta connaissance du pays y est importante tandis que de mon coté, je n'ai jamais était dans cette partie du monde. Y aurait-il un miel amère ?... je vais me replonger dans certains passage. Merci de cette participation
RépondreSupprimerAnny
RépondreSupprimerTa préconisation à moi aussi m'a bien plus mais malheureusement n'a pas été à la hauteur de mon plaisir à lire ce petit livre!! Je l'ai trouvé tristounet et pas intéressant , A force d'être dans une certaine simplicité de cette vie asiatique et à part les poèmes déclinés à chaque page de la première nouvelle ... .Seule la nouvelle sur La fille du génie des eaux m'a renvoyé à un joli petit conte .On ne peut pas aimé tous les livres préconisés n'est ce pas ?
Biz
Tous les goûts sont dans la nature et tu n'es pas la seule à ne pas avoir aimé...
SupprimerDésolé pour la faute d'orthographe !!! pas aimer !!!!
RépondreSupprimerRebiz Anny
Moi, j'ai bien retrouvé les sensations d'Olaf.
RépondreSupprimerCe que j'ai d'abord aimé dans cette lecture – ces lectures – c'est son étrangeté, son décalage - dans la forme et dans le fond - par rapport aux autres livres du monde asiatique que nous avons déjà lus. Il a été difficile pour moi de rentrer dans l'univers de cet auteur, il m'a fallu une certaine disposition d'esprit, du calme, dans un certain sens, une forme de volonté pour « être » dans l'histoire de chaque nouvelle.
Au fur et à mesure, j'ai de plus en plus apprécié – jusqu'à relire certaines nouvelles - ce mélange d'âpreté et de douceur que l'auteur arrive à faire passer par son écriture, sa manière de relater une histoire. Chaque nouvelle est une composition sur la vie d'une personne, de sa famille, d'un peuple, et le tout nous renvoie à l'histoire – mythologique et réelle - d'un pays.
Cet univers littéraire très personnel me plaît, et l'auteur nous fait entrevoir de manière magnifique, les blessures liées à l'histoire nationale et coloniale, et les difficultés liées à la dureté d'une nature qui n'est pas favorable à l'homme, avec une tendresse, une douceur qui affleurent dans chaque nouvelle.
J'aime beaucoup ce regard sur la vie, résumé à mon sens dans cette citation que l'auteur emprunte à Aragon : « je n'ai à vous offrir que cette sombre lumière » . Son univers poétique y renvoie sublimement.
C'est vraiment l'objet central, vital, de toutes ces nouvelles.
merci pour la citation d'Aragon... je la trouve très belle... et la note.
SupprimerBon, je me console de vos commentaires qui me donnent l'espoir de terminer ce petit livre!
RépondreSupprimerBien sûr, on sent que ces nouvelles viennent du fond du cœur et de l'écriture de quelqu'un immergé là-bas.
Comme Alberte, je me suis dit qu'il doit y avoir des problèmes de traduction, mais tout de même, je m'en veux de ne pas pouvoir me laisser flotter suffisamment pour me satisfaire de cette lecture.
Ne serait-ce que par le fait que pas mal de termes ne sont pas traduits, dès le début: les "jeunes filles Xa" par exemple. Qui a trouvé ce dont il s'agit?
Alors, quand les choses commencent ainsi, je ne suis pas très fière de moi, car j'ai tendance à avoir une attitude de refus, avec le sentiment que le narrateur ne fait pas d’effort pour ne me prend pas en compte, (l’éditeur ou l’interprète non plus) et j’arrête ma lecture, ce qui ne le mérite peut-être pas.
Pourtant j'ai commencé à me laisser porter par les poèmes, qui traversent celui ou celle des personnages qui les disent comme pris dans un chagrin et une mélancolie qui frisent le désespoir. Ceci dans la première nouvelles. J’y ai senti une façon de sortir de l'impasse, par ce chant même qui n'a pas pour objet autre chose que de parler d'une désespérance.
Et cela continue, même avec les histoires concernant Mère Ca, qui nous mettent devant un personnage qui permet de gérer les peurs de ces contrées, qui nous sont peu accessibles, les peurs comme les contrées. Mère Ca c’est ce qui est à craindre, comme dans toutes les cultures, il y a un personnage qui met la personne en situation de moins subir, tout en courant le risque de rester aliéné à ces croyances.
Et puis, cette nouvelle « N’est-ce pas beau, la vie ? ».Terrible ! Cette histoire d’un enfant qui est enfermé chez lui pendant que sa mère va au marché. Il a peur, de plus en plus, et ce qui lui fait peur, c’est la confusion entre la réalité et l’imaginaire de sa peur. On ne sait pas pourquoi, au début, bien que la relation de la mère et de l’homme annonce la couleur, sans aller assez loin. On apprend aussi qu’il est enfermé :il ne sait pas ce qu’est un « village » !Mais la fin nous éclaire : la mère de ce petit est violentée par un homme qui peut dans la foulée, la blesser physiquement en partir en chantant : « Ma bien aimée, mon amour… ».
Ce texte m’a bouleversée .Il est habile, car il nous met dans un état de flou, avec un récit minimaliste pour poser le cadre. Puis il y a la nuit pendant laquelle on se demande si l’enfant rêve ou non, et l’enfant se pose la même question puisqu’il se pince la cuisse, pour constater que cela lui fait mal ! Et enfin, on comprend pourquoi cet enfant est dans un tel malaise.(suite au prochain commentaire)!
Je me réponds à moi-même pour dire que j'ai au moins quatre fautes!G
SupprimerAlors, j’ai sauté les nouvelles auxquelles je résistais.J’aibeaucoup plus accroché à la page112 où il nous est dit, entre autres:
RépondreSupprimer"La grande obsession de l'homme, celle qui surpasse toutes les autres, y compris la religion et la politique, c’est le sexe .Mais vous les hommes, vous en avez peur. Vous avez de la passion. C’est pour cela que votre ordre est un ordre patriarcal, cruel, mensonger et obscène. Vous l’avez instauré non pour rendre service à l’humanité, mais pour faire obstacle à votre propre sexualité. »
Bien sûr, nous nous trouvons alors devant un discours tout à fait universel, qui est adressé ici au sexe mâle, mais qui peut devenir une généralité pour tous les systèmes totalitaires. Et les mauvaises langues diront même qu’il y a même, juste avant, le terme de « libido » ! Mais ce n’est pas pour me satisfaire. Car d’abord cette dimension est effectivement commune à pas mal de textes que nous avons lus sur l’Asie, comme une force qui donne un ton aux récits.
Il y a alors dans cette page de quoi ouvrir une discussion sur un sujet général mais qui peut nous faire sortir de ce que ces nouvelles tiennent à faire partager : une immersion dans une culture qui, pour ma part m’échappe, la culture dont témoigne le texte.
J’ai pourtant fait partie d’une association qui était centrée sur le Viêt-Nam et qui accueillait de jeune étudiantes qui étaient en thèse de Français .Et ce qui m’étonnait, c’était le peu d’échanges culturels « intellectuels »au niveau de la lecture. Mais de suite et avec chacune il n’était pas possible de parler seulement, de façon simple, de l’histoire récente qui a croisé nos deux pays…sans que je sente que je touchais à ce passé trop récent , je mettais mon interlocutrice en difficulté par le fait pour elle de ne pas pouvoir conjuguer un souvenir surement violent, même si on ne lui avait jamais rien dit, ce qui était leur argument pour chacune, et « devoir » être ouverte positivement à ses habitants, chez qui elle était accueillie…Enfin, c’est mon interprétation, je vous la soumets et me réjouirai de vos réactions.
Par contre, de façon tout à fait implicite, nous avons senti un lien bouleversant qui se tissait par le biais de repas, de musiques ou d’œuvres de peintures caractérisant nos pays respectif. Bouleversant, car étonnant pour moi n’ayant partagé que des choses qui ne m’avaient pas appris grand-chose sur leur vie personnelles, au point de me mettre à pleurer à leur départ, elles aussi, et sans avoir ensuite de nouvelles si je ne me rappelais pas à elles. .
Je n’ai pas encore terminé ce livre.
Je le garde en réserve pour l’aborder dans des moments brefs, pour donner à chaque nouvelles son sens le plus profond ;Je me demande s’il n’i aura pas une progression autour justement de la question indicible et je ne veux pas manquer ça. Mais cela demande du temps pour traverser cela.
Merci Olaf, d’avoir fait l’effort de nous donner un peu d’air pour soutenir notre lecture.
Ce blog n'accepte pas les commentaires"longs" !
Tu nous emmène très loin dans tes commentaires et une relecture est nécessaire pour moi afin d'aborder ce point de vue. Je me suis laissé "bercer" par le texte, ses aspérités, ses contradictions aussi et avoue ne pas avoir été au delà de ce "sensible". Merci de m'ouvrir des horizons différents...
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJe n’ai pas été enchantée par ce livre, pourtant la préconisation d’Olaf était fort prometteuse. Je ne sais si c’est le format « nouvelles » ou le fait que finalement je les ai trouvées assez « homogènes » (est-ce les poèmes récurrents qui sont à l’origine de ce ressenti ?) mais j’ai été souvent saisie par une forme d’ennui ou de désintérêt. Certes les histoires sont différentes mais on retrouve les mêmes thèmes, la même ambiance. Ce que j’ai vraiment apprécié c’est à certains moments le regard sans complaisance posé sur le Vietnam et les Vietnamiens mais dans l’ensemble ce livre a glissé sur moi et je n’ai pas grand-chose à en dire. Par contre vos avis exprimés sont tellement contrastés que je suis sûre qu’il y a plusieurs lectures et finalement je crois que ce livre mériterait que je le relise à la lumière de ce que vous écrivez. Catherine
RépondreSupprimerJe peux tout à fait comprendre que ce livre ne puisse pas susciter l'enthousiasme... et qu'il glisse comme l'eau sur une toile cirée... (catherine, loin de moi l'idée que tu en sois une !)... la différence d'appréciation est inintéressante et tu l'explique bien. Meme thème e même ambiance sans doute, mais ce sont les variantes de ces thèmes et les ambiances un peu différentes qui m'ont bien plu... un peu comme on chante un psaume... ou du gregorien...la répetition est source de reflexion....
RépondreSupprimerLe titre de ce livre m'avait fait rêvé...mais j'ai eu de la peine à apprécier ces différentes nouvelles. J'ai eu la sensation de ne pas les comprendre, de ne pas m'être laissée charmer par l'écriture, par les différentes ambiances, par les personnages. Je suis surement passée à côté de quelque chose, mais je ne sais pas quoi...Peut être quans vous écoutant en parler, je les relirai...
RépondreSupprimerJ’ai lu tous vos commentaires et commentaires de commentaires avant d’ajouter le mien, puisque j’arrive cette fois bonne dernière… et je suis surprise de voir combien les avis sont divergents et, bien souvent globaux. En ce qui me concerne, j’ai apprécié diversement ces nouvelles et je trouve, comme Olaf nous l’annonçait, qu’elles donnent une image du pays : nous rentrons dans l’histoire, la mythologie, les coutumes, la culture… et je trouve ça fort intéressant.
RépondreSupprimerComme Véronique, j’ai bien aimé le titre, mais pour moi ce titre annonce une ambiance un peu désenchantée, nostalgique… que le livre confirme, notamment dans les histoires d’amour. J’ai beaucoup aimé la première nouvelle qui donne son titre au livre, avec ce décalage dans les aspirations des personnages qui finit par les séparer…
Les considérations sur le poète et la poésie m’ont amusée dans le « Cri déchirant de l’aigrette », je n’ai pas beaucoup aimé l’ambiance d’insultes dans « N’est-ce pas beau la vie ? » mais c’est une image des échanges hommes-femmes vietnamiens…
Une autre image des rapports hommes-femmes, c’est celle de « Nguyen Thi Lo » et, même si c’est une histoire ancienne, elle paraît intemporelle et les rapports entre les deux personnages sont extrêmement touchants. On y voit aussi des modes de vie, des types d’échanges dans la douceur et l’écoute…
Des nouvelles, des contrastes… Je m’arrête là, la lecture de ces nouvelles doit être loin pour beaucoup !
J'ai commencé à lire ce livre... puis j'ai été obligée de le rendre à la bibliothèque avant de partir en voyage... je le terminerai plus tard. Peut être en parlerons-nous de vive voix ?
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