Pas facile de
voler des chevaux de Per
Petterson (Norvège)
Chez
Folio, 304 pages
Il s’agit
d’un homme à la retraite, qui s’installe dans un coin un peu retiré de la
Norvège car il souhaite s’isoler. Mais ce nouveau lieu ressemble étrangement au
chalet d’alpage où son père l’emmenait en vacances dans son adolescence.
Il revit
en mémoire l’été 1948 qui fut si particulier. Et il nous le raconte. Mais en
même temps on assiste à son installation dans sa nouvelle vie.
Récit
simple, sans fioriture, allant à l’essentiel.
Juste des
situations, des observations, des actions.
Et puis
tous les non-dits, tous les mystères que l’on croise sur sa route quand on est
tout jeune, dont certains trouveront une réponse, d’autres pas.
C’est par
cette simplicité de ton que ce livre m’a touchée.
Le
narrateur se souvient juste de l’été où pour lui tout bascula.
Mais
j’aime aussi la netteté de son présent : le rapport qu’il entretient avec
son chien par exemple.
Et puis
le fait que ce récit touche à des questions essentielles, l’amitié, le lien
entre parents et enfants, le rapport aux femmes, la vieillesse qui se pointe
avec la retraite, et on comprend que, au fond, rien n’a été tout à fait résolu.
C’est
étrange que ce livre, qui est par ailleurs truffé d’histoires plutôt tristes,
dures, ce que j’en retiens c’est sa tonicité, sa chanson d’inoubliable
jeunesse. Oui, c’est un livre qui compte beaucoup pour moi.
À vous de
me dire.
Anny le 9 mars 2015 Je viens juste de finir ce petit livre qui nous plonge d’emblée dans une solitude douce de cet homme qui a décidé de s’éloigner du monde de la ville et de ces turpitudes. Il choisit sa petite maison prés de la forêt et d’un lac, qu’il se promet donc de réparer tranquillement .J’ai beaucoup aimé ce rythme lent de ses journées et comment elles sont décrites, avec beaucoup de précision mais je ne me suis pas ennuyée dut tout. Il n’est pas prétentieux dans cette démarche, on l’en sent pas non plus aigri de la ville. Il n’y a pas d’angoisse véritable sous jacente malgré ce qu’il a vécu enfant sauf quand il a peur de ne pas avoir assez de bois ou qu’il devra déneiger son chemin avec sa gentille chienne LYRA à ses côtés … Il y a de jolies descriptions des arbres qui l’entourent et du soleil couchant .la rencontre entre LARS et TROND ne peut être que typiquement masculin (si je puis me permettre …) en demies teintes comme en « demi-mots » … L’amitié à travers le vol de chevaux est bien décrite avec toute la hardiesse voulue et les yeux d’enfant de TROND qui découvre la force avec son ami John. Le drame qui s’en suit ne suscite pas d’interprétation psychologique du moins TROND n’en donne pas et ne serait pas nécessaire dans ce contexte …Cette vie à deux avec ce père extravagant mais très proche de son fiston est joyeuse et à l’image d’une initiation à la vie à la campagne et à la vie tout court sans fioritures .Ce père qui tente de faire amarrer son bois alors que les autochtones sont réticents amène à une grande admiration du fils .J’ai juste un peu lâché à ce moment quand les détails étaient de trop pour moi , une fille de la ville !! Même quand ce dernier les laisse « en plan » à travers une simple lettre est époustouflante de lâcheté et on est quand même surpris qu’il n’y a pas de révolte de TROND comme s’il pardonné tous ces été idylliques passés avec lui. On est surpris longtemps qu’il ne fasse pas mention ou si peu de sa famille, et on comprend qu’elle n’a rien à y faire, les filles et la mère en sont exclues ou se sont exclues elles-mêmes.
RépondreSupprimerJ’ai apprécié ses moments où TROND refait les gestes de son père automatiquement, se met à sa place et réussi non sans avoir quand même bien réfléchi avant …
Son éveil à la sexualité à travers la laitière est simplement décrit comme le baiser de son paternel avec la mère de John pas de quoi s’extasier vraiment .On est pas chez HOUELLEBECQ !!!
J’ai quitté ce petit roman avec regret j’avais envie d’une tasse de café au coin du feu avec LYRA …Bonne lecture
Un sacré petit livre ! Il est léger dans la main. Juste 300pages. La première page écrite avec des phrases brèves, informatives. Et voilà le cadre posé, en lieu et en temps. Un homme parle. Et il nous installe chez lui, chez lui et dans son histoire. J’ai aimé cette façon d’introduire les choses. Il s’adresse au lecteur, et par cette manière de donner des images très précises. On croit être proche de lui, mais tout le récit nous fera comprendre qu’il n’en n’est rien. Nous sommes suspendus à son ignorance, à ses découvertes, au récit qui peu à peu nait d’un moment créé par son trajet dans ce lieu nouveau pour lui et vers des gens qu’il ne connait pas, et font naitre, par association, une ouverture sur son passé. Le passé qui revient alors, prend une autre allure, et contribue à lui faire découvrir ce qui l’entoure, autrement. Et nous assistons-là à une histoire d’amour : il a l’air très lié à son père, ce garçon qui s’installe avec ce dernier dans un lieu lui aussi inconnu. Mais nous sommes loin d’imaginer ce qui les lie ! Va émerger toute une histoire qui nous fera saisir l’importance d’être entre montagne et eau, ce que reproduit notre narrateur, dans ce lieu où tout est encore à construire. L’eau apparait ici sous forme de lac, avant c’était par la présence d’une rivière . J’ai beaucoup aimé la façon de faire naitre par la nature les émotions qui naissent au cours de cette histoire. « Le monde n’était plus qu’une masse grise et liquide » « Le soleil me cuisait et mon père rigolait » « les brefs éclats de lumière m’éblouissaient …je sentais une chaleur rouge se répandre sous mes paupières, j’entendais la rivière bruire »…Serait-ce une caractéristique chez les auteurs d'Europe du Nord.Christin,puis plus tard les marins..
RépondreSupprimerL’histoire ici,va peu à peu prendre place, obligeant le lecteur à jongler avec les époques, les personnages. Puis le récit prend de l’ampleur, nous faisant traverser des moments terribles, mais en même temps partager une force d’une douceur incroyable...
Les gestes qui sont nécessaire pour accomplir les actes de la vie quotidienne sont précis au point de faire naitre des images.S'ajoutent
fois la description du lieu sous une forme qui fait penser à des listes, pour dire tout ce qui était-là et va parfois rester en suspens au moment de l’instant de ce qui va faire basculer l’histoire, comme s’il fallait donner du poids au réel, pour que ce qu’il va advenir soit crédible…Crédible pour qui ? Car les enfants aussi ont cette façon de dire les choses en disant : Il y avait et aussi, et aussi…et ils y croient,parfois en interrogeant l'adulte du regard ,comme pour se convaincre que c'est bien cela qu'il s'est passé.
Et l’histoire s’écrit, croisant la grande histoire, chaque fois plus étonnante. Inutile de dire plus que ça : vous comprenez bien que j’ai beaucoup aimé ce livre, à propos duquel j’aurais encore beaucoup à dire. Mais je ne veux rien dévoiler pour celles qui ne l’auraient pas encore lu !...Allez –y, ce livre est magnifique !
fois la description du lieu sous une forme qui fait penser à des listes, pour dire tout ce qui était-là et va parfois rester en suspens au moment de l’instant de ce qui va faire basculer l’histoire, comme s’il fallait donner du poids au réel, pour que ce qu’il va se advenir soit crédible…Crédible pour qui ? Car les enfants aussi ont cette façon de dire les choses en disant : Il y avait et aussi, et aussi… »
Et l’histoire s’écrit, croisant la grande histoire, chaque fois plus étonnante. Inutile de dire plus que ça : vous comprenez bien que j’ai beaucoup aimé ce livre, à propos duquel j’aurais encore beaucoup à dire. Mais je ne veux rien dévoiler pour celles qui ne l’auraient pas encore lu !...Allez –y, ce livre est magnifique !
Pas facile de voler les chevaux ou pas facile de voler le bonheur !
RépondreSupprimerJe sors très émue de cette lecture, tout au long du livre j'ai été touchée par la terrible solitude du narrateur, par la profondeur de sa tristesse.
Il nous dit à deux reprises qu'il a eu de la chance dans sa vie ! Mais que de malheurs entre les absences de son père lorsqu'il était enfant, les accidents ou morts de lui même ou de ses proches, le départ définitif du père et la tristesse terrible de sa mère je me demande où est sa chance ?
Il donne la sensation de n'avoir vraiment connu le goût de la vie que lors de ce bel été et encore par moments, ces moments magiques de partage avec le père, de proximité idéalisée.
Ce père qu'il regarde avec toute l'admiration de l'enfant, ce héros qui semble avoir bien du mal à trouver son chemin, le laisse seul sans explication, une rupture d'autant plus dure qu'elle suit des journées de grande complicité et tendresse.
Si au début du livre, j'aimais son rapport à sa maison, à ce lieu choisi pour y vieillir, peu à peu cette maison m'apparaît froide, inhospitalière, sans cette paix qu'elle semblait dégager au début.
De même les descriptions de la nature mêlent à la fois des moments de grande beauté et sérénité et des moments de grande froideur et hostilité.
Essayant d'échapper à sa vie antérieure, il se retrouve dans une maison qui rappelle beaucoup celle de l'été de ses 15 ans. Mais le père n'y est plus et donc la joie aussi n'y est plus.
Bien sûr il y a aussi la vieillesse, le fantôme de la mort qui pèse à travers ses malaises mais il y a surtout la difficulté à se vivre heureux avec lui même.
Même sans la présence de Lars on a la sensation que son passé de toute façon l'aurait envahi dans cette retraite qu'il a choisie. Cette question lancinante de savoir s'il a bien « été le héros de sa vie »
le tenaille toujours, sa place a-t-elle été prise ? Et cette question l'empêche sans doute d'accéder à la sérénité dont il rêve. Se retirer du monde n'évite pas d'être face à ses angoisse, et la beauté des paysages ne peut suffire.
L'écriture de Per Petterson est belle, minutieuse, ses descriptions en particulier de la nature , mais aussi des gestes des hommes et des femmes, du travail sont justes, précises, lumineuses, pleine de délicatesse.
Un très beau livre !
Nicole
J'ai lu ce livre un peu à l'envers de toi ; je dis un peu, pas tout à fait tout te fois.
SupprimerOui, j'ai senti que cet homme était touché à vie par les évènements de son enfance, ça n'a pas du être simple pour lui, et la seule visite de sa fille à la fin nous le montre.....
Mais, étrangement, ce rapport au père qui finit en queue de poisson burlesque, lui a apporté beaucoup aussi. quand tu dis que dans la dernière maison ce qu'il manque c'est le père, je le trouve au contraire omni-présent. Il a donné à son fils le goût de l'ordre, de la méthode, le courage de l'entreprise aussi risquée soit-elle, le rapport très naturel avec la nature. Pendant cette étape d'appropriation d'un lieu, d'une maison, d'un paysage, et le climat qui va avec, c'est toute sa jeunesse formatrice qui se retrouve. Seul le poids des ans et de la vie rend les choses mélancoliques et tristes. Mais dessous court encore la vivacité, l'acidité de la jeunesse. Et le chien l'aide à être au cœur des choses.
Oui, ce livre est magnifique parce qu'il décline les deux volets
de la vie : l'éclat intense et inconscient des désirs, la pesanteur des douleurs. Et c'est entremêlé constamment.
Merci d'avoir apprécié, toutes trois cette lecture.
Je partage une partie de ton commentaire, j'apprécie même ce regard plus doux sur le père , et sur l'influence jouée sur son fils malgré l'absence.
RépondreSupprimerMais cette tristesse du narrateur, ce déni de sa faiblesse, ses malaises qui laissent la mort si présente, cette impossibilité de tendresse avec sa fille m’ont laissé percevoir plus de souffrance, de blessures que de douceur.
il me semble que si le père avait laissé un signe à son fils lors de son départ, il aurait pu y avoir cette transmission , cette appropriation du temps de cet été que tu évoques. Mais le silence questionne ce qui a été vécu. A- t-il été seul à vivre ces émotions, cette complicité? Toujours cette question de Dickens: a-t-il été le héros de sa vie? Où était sa place?
Comme c'est intéressant ces échanges que nous avons sur nos lectures!
Je suis plutôt de l'avis d'Alberte,car à une première lecture ce livre ne m'a pas paru triste!
SupprimerPourtant tu verras que j'ai souvent le dada de chercher de ce qui peut se gratter sous l'apparence évidente!..mais, c'est que rien n'est évident dans cette histoire et tu as raison aussi: cet homme n'est pas gai! Mais pourtant ,il me semble avoir reçu beaucoup de son père, beaucoup plus que les autres enfants, et c'est ce qu'il a reçu qui fait qu'il est dans une certaine paix des choses et peut nous dire tous ces gestes justes, et a pu choisir un tel lieu pour sa beauté.Mais l'aspect répétitif ne m'a pas paru comme quelque chose en panne par rapport au passé, mais plutôt le fait d'avoir appris de son père les valeurs sûres...
Mais je suis d'accord avec toi , la peur de la mort est-là, mais surtout, et nous le découvrons que tard, la rencontre du voisin qui est en fait, le frère qui a eu la vie sauve, dans l'autre famille, est omniprésente, et court tout au long dans ce texte ;et cela m'a paru donner le ton pesant par moment d'un danger que l'on ne cerne pas,à ce moment de vie, mais qui est en fait ce qui doit être rendu au passé..Mais avec, m'a -t-il semblé un futur qui se devine et qui lui fera traverser les inquiétudes du début de son installation...Il faut que je retourne au texte pour comprendre pourquoi j'ai pensé cela .Je chercherai par la même occasion cette disparition du père et comment elle est racontée, car tu as raison, cela mérite que l'on s'y arrête et j'ai dû lire ce livre trop rapidement et je suis restée sur le plaisir de cette lecture que j'ai peut-être confondu avec la teneur réelle de ce qui est dit;merci pour tes remarques qui relancent l'intéret de retourner au livre!
Je suis un peu perplexe après la lecture de ce livre : j’ai beaucoup aimé le thème, les sujets traités, mais pas du tout certains modes d’écriture…
RépondreSupprimerJe m’explique. Ce qui m’a intéressé, ce sont ces pistes qui n’aboutissent pas, ces secrets plus ou moins mis à jour, plutôt pas complètement : Jon ? sa mère ?... Que s’est-il vraiment passé entre certains personnages ? Et le héros, Trond, par exemple est-il malade (à deux reprises, dans sa jeunesse et dans sa vieillesse) ou se raconte-t-il des histoires ? Tout cela est flou, ambigu, peut-être interprété de plusieurs manières et cela correspond bien pour moi au flou de la vie.
Mais ce que je ne comprends pas, ce sont deux partis pris d’écriture. D’une part, les allers et retours permanents passé-présent conduits d’une manière un peu artificielle. Je suis bien l’introspection du héros dans sa vieillesse à qui revient des éléments du passé (la manière de travailler et d’être de son père, par exemple), mais je trouve que cela tient un peu du procédé quand, lorsqu’on arrive à un moment crucial de l’histoire du passé dans l’adolescence de ce personnage, hop, on saute dans la vieillesse et le quotidien de la vie. Je trouve que ça fait un peu recette de petit polar.
D’autre part, je ne comprends pas non plus l’intérêt de nous décrire les faits et gestes par le menu, du genre (ce n’est pas une citation) : il se lève, met tel vêtement, puis tel autre (bien détaillé), prend ses chaussures, les lace… avec tous les détails de toutes les opérations fastidieuses, sans aucune ellipse, sans aucun sentiment, de manière complètement factuelle… qui m’a semblé extrêmement lassante. D’accord, ça fait une opposition avec le passé, mais, pour me rapprocher de Nicole, je dirais que ce n’est vraiment pas fun la vieillesse. Petit, petit…
Toutes ces remarques n’enlèvent rien au fait que cela ramène au fait que l’on peut retrouver dans la vieillesse des questions de sa jeunesse non élucidées… et que, ça, je trouve que c’est un thème troublant et intéressant !
J’ai aimé le ton de ce roman. Une mélancolie profonde, liée à ce qu’on fait de sa vie, et aussi à son passé qui marque à jamais. Beaucoup de non dits mettent du coup en relief le sentiment d’être seul, sentiment ressenti par Trond à tous les âges.
RépondreSupprimerJ’ai bien aimé cette façon de décider de prendre sa vie en main une dernière fois à la soixantaine, ou au moins d’essayer. Les retours en arrière sur cet été 48 si particulier pour lui, les renvois à l’histoire de l’occupation allemande en filigrane, la Suède ce voisin tout proche mais très différent à ses yeux,
J’ai bien aimé aussi les portraits du père et de la mère de Trond, mais j’ai trouvé que ceux de Franz, de Jon et de Lars, et de leurs parents étaient trop vite évoqués - ou peut-être éludés quand je lis le commentaire d’Odile - pour bien se fixer dans ma mémoire. Quelques passages que j'ai trouvé particulièrement intenses : le comportement du père au moment de la mort de son fils Odd, est assez fort en intensité dramatique, de même que le passage où le père de Trond et le père de Jon rivalisent à coup de grumes.
Quand je relis le texte d’Alberte, je ne vois quant à moi, pas beaucoup d’allégresse dans la jeunesse qu’il décrit.. mais beaucoup de solitude. Pour moi, c'est le côté "dur" de la vie qui ressort de ce livre, livre que j'ai bien apprécié.
Entre mon ressenti et ce que disent Odile et Evelyne, qui toutes deux ne disent pas la même chose, je ne trouve pas qu'il y ait opposition, mais d'autres nuances apportées qui sont intéressantes aussi. Les détails qui ont exaspéré Odile, moi je les ai trouvés vivants, La vieillesse qu'Evelyne suppose la marche avant le tombeau, j'ai trouvé qu'elle était active avec l'ardeur et la force de la jeunesse en moins. Et oui, tous ces replis de la vie, ce père disparu, l'ami aussi, la mère si triste, l'approche de l'amour des femmes....tant de secrets à vaincre, à dépasser. Et puis, à la toute fin, l'émergence de sa fille qui peut nous faire croire qu'il ne sera sans doute pas si irrémédiablement seul.
SupprimerEnfin, je ne sais pas pourquoi j'aime tant ce livre, pourquoi il me fait tant d'effet, qu'est-ce qui résonne en moi de cette histoire ? Mais je sais qu'il me procure plus qu'un plaisir de lecture (et du coup, c'est vrai Odile, je passe sur ces allers-retours pas toujours habiles, j'en conviens et qui nous prennent au dépourvu) , il me dit quelque chose de vivant, de sauvage que j'aime .
Zut!J'avais réagi au commentaire d'Odile et d’Évelyne, et comme je n'ai pas su "prouver" que "je ne suis pas un robot",le blog s'est fermé!
RépondreSupprimerJe n'ai pas le temps de recommencer.
Je disais simplement que je n'ai pas pensé à une forme d’écriture pour se sortir de cette histoire! Au contraire, oui, il y a pour moi,un poids des gestes et des choses pour cet homme qui ne peut faire autrement .Il se retrouve profondément seul pour cette tranche de vie où il prend place avec une certaine force qui combine le passé avec le présent.Comme lorsqu'on agit avec une forme de méditation qui donne de la valeur au quotidien le plus basique...
J’ai beaucoup aimé ce livre. J’ai apprécié la description des paysages, l’ambiance qui s’en dégageait et la tranquillité des lieux, que cela soit dans la ferma à restaurer quand Trond est plus âgé que dans la cabane restaurée du père malgré. Les personnes peuvent vivre solitaires mais je n’ai pas ressenti que cela était trop pesant. L’écriture très descriptive par moments m’a permis de me couler dans le personnage et de vivre ses faits et gestes et de goûter l’immensité des paysages.
RépondreSupprimerLa relation du père envers son fils est celle d’un guide bienveillant, laissant l’adolescent s’essayer à la vie. Cela en fait il un modèle que Trond n’ose pas bousculer pour n’avoir jamais cherché à savoir ce que son père était devenu ? Là est ma question après la lecture du livre.
La place des femmes est portion congrue dans ce texte. Mais, elles sont évoquées avec tendresse. La description, entre autres, des émois de Trond adolescent avec la laitière est très bien rendue.
Beau livre qui m’a permis de re-rencontrer cet auteur. En effet, j’avais lu « Maudit soit le fleuve du temps » que je n’avais pas aimé. Compte tenu des jours pluvieux, cela me semble un bon plan !!!
J’ai beaucoup aimé ce livre, tellement d'ailleurs que j'ai essayé de ne pas lire trop en détails vos commentaires (j'avoue j'ai un peu regardé en diagonal !) pour ne pas être influencée et garder intacte le plaisir que m'a procuré ce livre. Je trouve que cette découverte par touches successives du passé et du présent apporte un ton très singulier et une vision quasi cinématographique de la vie de Trond. Pour moi ce texte, à travers les souvenirs de Trond, répond à cette grande question : comment se construit un homme ? Que lui transmet son père ? Comment un été va-t-il influencer toute sa vie ? Que va-t-il faire de l’emprise de son ami et de celle de son père ? Comment va-t-il grandir avec le souvenir des traumatismes (l’oisillon écrasé, l’enfant fusillé, le mystère de la relation de son père avec la mère de son ami, etc.). Comment aussi devient-il à son tour un père « abandonnique » comme l’a été son propre père (les pages où sa fille vient le voir sont poignantes) ? Un livre sur les souvenirs et sur la place qu’ils prennent à l’heure de la vieillesse, un livre sur la solitude aussi, sur la place de la nature, sur celle de l’Histoire (la seconde guerre mondiale) et de toutes les histoires vécues par cet adolescent. Histoires tragiques ou d’apparence insignifiantes (comme le voyage en train avec sa mère). J’ai été très impressionnée par les pages sur le flottage du bois, sur ce fils qui malgré la douleur de son genou veut être à la hauteur, passage poignant où l’on sent que se construit physiquement et mentalement un futur adulte. J’ai eu mal au genou avec Trond (ah tiens une petite réflexion : genou = je-nous, transition pour Trond du « nous » de l’adolescence (nous de l’amitié, nous du rapport père-fils, au « je » de l’adulte qui s’assume et doit faire des choix ! mais je délire là !). Au départ je n’ai pas aimé le titre, il ne m’attirait pas (c’est ça aussi l’effet pisteurs : aller au-delà de la première impression), puis en refermant le livre je l’ai trouvé très juste ; pas facile de voler des chevaux, pas facile de passer les épreuves de la vie et de s’en relever. J’ai refermé ce livre avec tristesse, celle de quitter Trond celle aussi de ne pas avoir de réponses à toutes les questions qui émergent : la mère, la sœur, les tranches de vie de Trond dont on ne saura rien. Si j’étais réalisatrice j’en ferai un film, l’écriture sobre et elliptique de l’auteur, la présence incroyablement forte de la nature, la transformation Trond laissent des images fortes qui persistent longtemps après avoir refermé ce livre. Maintenant je vais lire vos commentaires.
RépondreSupprimerUne petite remarque à la suite de la remarque de Catherine sur le fait que "je suis la seule à n'avoir pas été emballée" par ce livre. Je précise, au cas où je me serais mal exprimée, que je l'ai trouvé très intéressant dans son thème, cette méditation sur la vieillesse et, simultanément, les années de formation... Par contre, si je comprends bien l'intention de montrer une vie simple, proche des questions essentielles, j'aurais aimé que cela soit fait d'une autre façon : une remémoration fréquente de ces moments, par exemple.
RépondreSupprimerEt puis, dernier ajout, je suis très difficile en littérature et j'aime bien que l'on puisse dans ce blog exprimer des intérêts différents dans la lecture, et surtout des nuances. C'est bien la raison d'être du blog, non ?
Oui tout à fait d’accord, c'est la raison d'être du blog.
RépondreSupprimerC'était de ma part une petite remarque purement "statistique" !!
C’est la première partie qui retient le plus mon attention et dont je garderai j’en suis sûre le souvenir.
RépondreSupprimerAu début de la lecture, l’accumulation de détails m’a surprise, presque agacée, et voila que j’y ai trouvé un sens à la page 78 : « les gens aiment bien qu’on leur raconte les choses avec modestie et sur le ton de la confidence, mais sans trop se livrer… ils connaissent des choses sur vous, ils ont appris certains détails… ». J’ai lu dans cette phrase que l’auteur me donnait une clé pour comprendre qu’il m’ouvrait au travers de tous ces détails, un vaste champ libre pour mon interprétation, mon imagination. A moi de savoir déchiffrer.
Ayant trouvé un explication j’ai continué allègrement ma lecture, m’attardant, revenant sur certaines scènes détaillées au maximum. La scène des foins avec son système ultra sophistiqué de ramassage, l’aiguisage de la tronçonneuse, le débardage des grumes. Comme au cours de mes voyages j’adore observer, longuement les gens qui exercent des activités manuelles tellement différentes des miennes, et en particulier les gestes des femmes et hommes qui travaillent dans la nature.
J’aime aussi cette façon de décrire l’adolescence. Cet âge où on ne se connaît pas soi même. On observe les adultes, on les regarde, ils nous attirent et nous cherchons à les imiter, et puis des sentiments, des pulsions naissent en nous, et nous ne savons pas décrypter. Le jeune adolescent de 15 ans, en vacances avec son père, lui il regarde, il observe, il imite instinctivement les adultes. C’est plus tard qu’il comprendra les sentiments, les liens qui existaient alors entre eux. Pour moi la scène des foins de ce point du vue là est centrale avec le triangle des trois personnages : le jeune adolescent attiré physiquement par cette belle femme dans sa robe de cotonnade délavée, regardant son père à l’autre bout du champ et les regards échangés du père et de la femme.
En fin de compte le lecteur que je suis est comme l’adolescent, déchiffrant, et tentant d’interpréter les gestes, les regards, les détails de la vie de cette petite communauté pour la comprendre et y déceler un sens.
Je garde un agréable souvenir encore une fois des lectures proposées dans notre club !
Et bien ce que j'aime bien, à vous lire, c'est que ce livre vous a plutôt plu, qu'il a fait sur vous une certaine impression, mais que chacune est marquée par une scène différente.
RépondreSupprimerFinalement, au travers de cette écriture précise, on arrive à être accroché aussi par des scènes précises et qui restent comme gravées dans une mémoire quasi visuelle. Ce pourrait être un film comme le suggère Catherine.
Quant à Claire, ça m'a amusée qu'elle ait eu besoin comme d'une caution de l'auteur pour apprécier la suite. C'est très fin, j'étais passée à côté. Sauf le mot "modestie" qui me paraît coller exactement à l'intention de ce texte.
Et seule Véronique a évoqué la scène dans la laiterie qui est en effet un modèle du genre.
Et Catherine s'attarde un peu sur le rapport avec la fille qui donne également lieu à une scène qui en dit long sur Trond et son incapacité à donner de l'importance aux liens familiaux. Comme si quelque chose était venu enrayer la machine...
Moi je ne trouve pas que les femmes sont traitées avec bienveillance dans ce livre. Elles sont minimisées voir presque annulées. L'auteur aurait-il un petit problème avec la gente féminine ? A moins qu'il les garde à part de la dureté des hommes, de leur âpreté, de leur volonté à se construire seuls, entre eux.
C'est plutôt ça pour moi l'interrogation.
Mais en réalité, je ne souhaite pas m'interroger trop. Je prends le texte comme il est, il me fait de l'effet, chaque fois, et je referme le livre sur son mystère.
Merci pour vos commentaires sensibles.
Rendez-vous au prochain livre.