lundi 14 septembre 2015

Septembre 2015


LE FESTIN DE BABETTE - Karen Blixen








Babette est une Française devenue domestique en Norvège, après la Commune qui l'a contrainte à l'exil. Ses patronnes sont deux vieilles filles austères. Le jour où elle gagne dix mille francs or à une loterie, elle leur demande de la laisser préparer un dîner fin, dans la grande tradition française. Sa fortune y passe, mais une soirée aura effacé des années de carême. 

"D'une histoire, elle faisait une essence, de l'essence, elle faisait un élixir, et avec l'élixir, derechef, elle se mettait à composer l'histoire », expliqua un jour la romancière du Sud américain Eudora Welty, qui mettait Blixen au panthéon des génies.»

10 commentaires:

  1. Surprise intégrale ! je m'attendais à des descriptions de mets délicats, de vaisselle ancienne, de textures, de couleurs et parfums surprenants, et... rien de tout cela.
    Alors, déçue me direz-vous ? Non.
    J'ai lu ce récit avec grand plaisir. Dire sans montrer, quelle maîtrise ! Magie de la littérature.
    Et puis, à bien réfléchir, on est chez des protestants, puritains qui plus est. S’appesantir sur les nourritures terrestres aurait été totalement déplacé.
    Karen Blixen s'est concentrée sur la cadre, sur la cuisinière et ses convives avant le repas, mettant ainsi en évidence la transformation qu'a entraînée cette "folle" soirée à la française dans cette petite société danoise. C'est surement plus original.
    Et je ne sais pas très bien dire pourquoi, ça m'a fait penser à des fêtes de famille chez ma grand mère et aussi à des ambiances rencontrées chez Proust. Que celles qui le connaissent mieux que moi, me disent ce qu'elles en pensent.

    Une remarque avant de vous quitter ...
    La traduction du titre de l'oeuvre est "Le dîner de Babette", et non le festin. Le livre de poche chez Folio induit en erreur en titrant "Le festin de Babette", titre du film. Les mots ont leur importance... il faudra s'en souvenir quand on travaillera sur un livre - un film.

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    1. Tu as raison, Claire, le livre lu seul n'apporte pas les images auxquelles on peut s'attendre...d'où une nécessaire réflexion autour de nos lectures qui seront rangées sous l'argument "un livre,un film"!

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  2. Contrairement à Claire, je n’ai pas été surprise par le texte, car ce dernier faisait naitre à chaque ligne, ou presque, des images du film ; Certes, l’auteur du film a ajouté le produit de son imagination : J’ai retrouvé le personnage du maitre de chant d’origine italienne,la bouille du garçon aux cheveux roux qui fait le service du vin,et tout le reste. Bien sûr, les cailles en sarcophages étaient directement en image dans ma tête et pas grâce au livre.
    Par contre je n’avais pas souvenir que dans le film la maison des demoiselles était jaune ?
    Mais ce texte est une nouvelle. Et comme elle a donné naissance aux images du réalisateur, je n’ai pas eu à faire un effort et j'ai laissé faire.
    Ce fut une lecture brève et agréable

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  3. Nouvelle surprenante qui ne laisse en rien deviner l’issue.
    L’histoire ne fait l’économie de rien. On part du début, les amoureux des deux sœurs, le père castrateur, etc….
    Et on assiste à un repas hors norme, hors contexte, hors raison.
    Et on se régale, pas seulement du dîner, mais de toute la mise en scène, de ce cheminement improbable pour arriver jusque là.
    J’ai tout aimé là dedans et pour commencer l’extrême habileté de la conteuse. Les contrastes qu’elle distille : pauvreté/abondance , ascétisme/épicurisme, ferveur religieuse/ferveur culinaire.
    Tout cela soutenu par un style rapide, peu émotif, peu bavard, presque fonctionnel : une sobriété efficace. Bravo.
    A l’inverse de Geneviève j’ai réussi à dissocier le texte de Blixen du film très réussi aussi.

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  4. Très bien ,Alberte!
    Tu en fais un récit qui me plait beaucoup.

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  5. Anny
    Et bien qu'en à moi je me suis ré-acheté le film (comme çà je m'exerce pour l'an prochain) car le début avec cet être mystique et amoureux des anges m'a un peu ennuyée donc fallait que j'avance avec des images ! Bisous

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  6. A propos d'ange, vous avez lu la première nouvelle parue en folio ? ça s'appelle le plongeur, et la nouvelle m'a semblé très étrange.
    Quant au dîner / festin, j'ai bien aimé le cadre de ce village perdu, les personnages qui évoluent à l'intérieur de ce cadre (ça aurait pu aussi faire une pièce de théâtre) et qui ont tous beaucoup de profondeur et de singularité, et le style d'écriture de Karen Blixen. La fin du conte m'a un peu déçue : cette Pétroleuse qui ne veut pas rentrer à Paris parce que le comte machin, le duc truc.... sont morts et qu'elle ne pourra faire apprécier son art à personne, bof, je n'arrive pas à y croire, et je trouve que cette fin n'est pas à la hauteur du reste.

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  7. J'avais vu le film et la lecture de la nouvelle m'a un peu troublée car elle m'a laissé un sentiment de déception. Je me souviens que le film m'avait donné l'eau à la bouche, le texte m'a laissée un peu sur ma faim...Je suis d'accord avec Claire, on ne retrouve pas dans cette nouvelle la richesse de l’évocation du film avec les plats et les vins subtils. Compte tenu de notre thème de l'année prochaine j'ai été surprise de préférer le film au livre, j'ai (presque) toujours vécu les situations inverses. J'ai trouvé le texte un peu distancié, et même décousu, passant un peu rapidement sur l'histoire des personnages, sur les amours inaboutis et sur le fameux repas. Je ne m’attendais pas à une nouvelle ma "déception" vient sans doute de là, j’imaginais un texte plus dense, avec plus de précisions, un texte collant plus au film, bref je n'ai pas pu comme Alberte dissocier film et texte mais l'expérience m'est apparue très intéressante et j'ai envie de revoir ce film. Le réalisateur a su magnifier ce qui est évoquer par les mots. Où est le génie ? dans l'écriture ? dans les images qui savent tirer partie des mots ? on en reparlera l'année prochaine...

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  8. Avez-vous lu la nouvelle qui suit le festin, intitulée "tempêtes", et qui parle effectivement de tempêtes dans tous les sens du terme, en se référant à la pièce de Shakespeare ? c'est un peu ampoulé comme style, contrairement au festin, mais assez intéressant pour le scénario proposé par l'auteure : tempêtes de la mer, tempêtes intérieures des âmes jeunes et moins jeunes, la vie là-bas n'est pas un long fleuve tranquille...les personnages sont étoffés et ont une dimension réelle malgré le lyrisme du texte.

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  9. Anny
    Je viens de revoir ce film avec grand plaisir mais après coup je me disais que je n'en avais retenu comme vous je suppose que la magnificence du festin comme si je voulais occulté la rigidité et ou l'austérité des lieux et de ses habitants protestants . Le livre a rétabli les choses , a redonné un sens à cette vie de foi pour chacun d'eux sincère et profonde me semble t 'il qui aide sans doute ces hommes et femmes à tenir le coup dans cette solitude environnementale. J'ai beaucoup réapprécié ce décalage époustouflant entre leur abnégation du plaisir de la chair plus ou moins conscient et leur découverte grâce à babette .Un grand moment pour le film et le livre où tout n'est pas linéaire et c'est tant mieux et décue ni par l'un ni par l'autre . Biz

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