TERREUR
APACHE, de W.R. Burnett
FUREUR
APACHE, de R. Aldrich

Par
ailleurs, cela fait un petit lien avec le livre du mois dernier
adapté en film par Bertrand Tavernier. Quant à Burnett, c’est
aussi un auteur de la « Série noire » et vous pourriez
avoir lu Quand
la ville dort, adapté
aussi au cinéma.
Ce
que j’aime dans Terreur
apache et
vous propose de découvrir, c’est la complexité des situations,
des personnages et du monde qui nous est décrit : pas de
manichéisme, de simplisme. Les Indiens ne sont pas systématiquement
mauvais, les cow-boys bons ; les hommes et les femmes (il y en a
peu, mais elles ont du caractère) sont forgés par leur histoire.
On
trouve des pages sur la nature, un genre d’osmose entre les
solitaires et le monde environnant que l’on peut qualifier de
spirituel. Et puis il y a aussi l’épopée des conquêtes et, là
aussi, les choses ne correspondent pas aux clichés véhiculés dans
beaucoup de westerns : qui étaient les premiers occupants du
territoire ? Lesquels sont légitimes ?
Je
vous propose comme film Fureur
apache,
inspiré assez librement du livre. Les personnages ne portent pas les
mêmes noms, mais l’histoire est la même. Il y a un autre film Le
sorcier du Rio Grande mais
je ne l’ai pas trouvé. Le hic, après les deux films récents que
nous venons de voir, c’est que Fureur
apache date
de 1972 ! Et ça se voit !
J'ai lu ce livre avec facilité.J'y ai vécu avec les hommes de ce livre,la chaleur,la soif,l'épuisement.Et la volonté d'aller vers un ailleurs qui ne supporte pas les concessions.Et puis il a cette rencontre avec une femme a première vue peu sympathique.Et puis cette rencontre qui la rend alors différente.Tout ça dans un monde où la nature magnifique ne fait pas de cadeau.Je ne sais pas si je garderai de ce livre un souvenir impérissable mais c'est un western comme je ne les connaissais pas.Le film hélas il m'a fait perdre un ordinateur...enfin l'essai de le voir.Alors,no comment
RépondreSupprimerAnny le 1 2mars 2016 à 14h45
RépondreSupprimerMalgré tous mes efforts je n'ai pu rentrer dans ce livre et les westerns ce n'est pas mon truc du tout même si celui - ci préconisé par toi ODILE devait être particulier et donc je n'ai pas envie de voir le film ... Biz
Moi j’ai appris plein de choses, et j’ai aimé ce livre. C’est très bien écrit, cette poursuite forcenée d’un chef apache qu’on ne voit jamais. J’ai particulièrement apprécié les dialogues pleins d’humour,pleins de « politiquement incorrects », aussi bien vis-à-vis des Apaches que de l’armée et de l’administration.Les descriptions(physiques et morales)de tous les personnages sont très riches,ils en deviennent sensibles et attachants,ces gens qui vivent le moment présent comme ils le peuvent, avec leur tempérament et leur histoire singulière.
RépondreSupprimerBurnet nous livre ainsi une galerie de portraits cocasses, humains, consistants et très touchants : bien sûr l’éclaireur Walter Grein et son alter ego Rebel Mackinnon,haut en couleurs, « mi-bouffon, mi-renard », qui a des relents de temps à autre du sudiste envers les Yankee, mais aussi le palefrenier Sans-Pareil, les éclaireurs indiens Dutchy et James Eagle, cet apache recueilli bébé par un caporal irlandais qui s’apprêtait à l’occire, mais qui se laisse séduire parce qu’il était « grassouillet et réjoui » (j’aime beaucoup les qualificatifs attribués par Burnett à ses personnages, on dirait qu’il les aime tous !) ; et puis toute cette multitude de personnages secondaires : les femmes(la portugaise aussi),les domestiques apaches dangereusement serviles,Busby au crâne chauve,du bureau des affaires indiennes de Washington,le colonel,…
J’ai trouvé qu’en finalement peu de pages,l’auteur arrive à nous faire vivre une sorte de « road movie » à cheval passionnant. J’en sors avec le sentiment d’une réussite littéraire qui tient beaucoup à la précision et à la richesse du vocabulaire que Burnett emploie pour nous relater cette histoire essentiellement à travers les relations que les personnages établissent entre eux.
Et ce qui m’a aussi beaucoup intéressé, c’est l’intérêt historique –ces personnes qui ont vraiment existé - et la complexité du contexte : on a une sorte de photographie de la fin du 19ème siècle dans ce grand sud des Etats-Unis, où se côtoient une grande diversité de personnages.
Saviez-vous avant la lecture de ce bouquin que la pratique du scalp fut introduite par les Blancs dans le sud-ouest, qui l’avaient apprise par les Indiens des Grandes plaines ? moi, non.
Et puis cette guerre entre chefs apaches qui se haïssent ; cette armée prise dans une bureaucratie qui fait les beaux jours des Indiens… il y a du réalisme teinté d’humour dans ces montagnes de paperasserie imposée par l’administration du nord à ces soldats.
En ce qui concerne le film, j’ai été déçue, pas tellement par son côté un peu désuet, mais plutôt par la perception que j’en ai eue eu égard à la richesse du livre : en dehors du sujet qui est le même - la quête du chef apache rebelle – c’est assez éloigné du livre, et les personnages n’ont pas la consistance qu’ils avaient dans le livre. Du coup le film apparaît pauvre. Je pense qu’il mériterait d’être vu tout seul, en tant que tel, et que la comparaison ne vaut pas.
C’est un film violent, avec en contrepartie des touches d’humanité : Aldrich introduit le personnage d’un jeune lieutenant qui a des valeurs chrétiennes, et qui devient écœuré devant les pratiques des Apaches mais aussi de ses soldats ; en même temps le chef Apache préfère mourir quand il sait que son fils a été tué…
C’est très noir : il n’y a pas grand-chose à faire devant les Apaches sinon les éliminer ;
Burnett dans sa note finale disait les choses autrement : « Soyons reconnaissants qu’il n’y ait jamais eu plus de six mille Apaches. S’ils avaient été deux cent mille, ils auraient chassé tous les Blancs du Sud-ouest, y compris la cavalerie régulière ».
Tout ça pour dire que j’ai envie de continuer sur l’histoire du grand ouest.
Juste vous dire que je déplore les problèmes d'espacement dans mon précédent message, mais je suis en panne d'ordinateur et j'ai utilisé un vieux coucou...
RépondreSupprimerVraiment quelle richesse nos échanges de livres et de films!
RépondreSupprimerJ'ai découvert ce mois ci un auteur et un univers que je connaissais très peu et cela a suscité es questions multiples.
C'était d'autant plus intéressant que nous avons pu échanger longuement ave Evelyne sur le livre puis sur le film regardé ensemble.
J'ai aussi aimé l'écriture de Burnett et je suis d'ailleurs pressée d'aller découvrir ses policiers.
le film m'a plus déçue, si éloigné du roman et beaucoup plus superficiel à mon goût pour l'étude des personnages mais malgré tout il laisse en souvenir des images assez fortes qui donnent envie de revoir plusieurs westerns.
Je vous conseille d'ailleurs: la flèche brisée que nous avons regardé avec Evelyne. Un petit chef d'oeuvre!
Et qui éclaire bien l'évolution du regard sur les indiens dans la société américaine.
Il pose la question indienne de façon tout à fait différente. J'étais très gênée avec le livre par une vision négative voire raciste des indiens.
Même si Grein nous les présente parfois avec dignité notamment dans le rapport guerrier, il y a tout de même une résonnance irritante.
Mais en poursuivant la réflexion sur cette piste et notamment avec Evelyne nous en sommes venues à la conclusion que ce livre a le grand mérite de resituer justement la vérité de l'époque, c'est à dire des indiens diabolisés, minorés voir détestés .
Ce que nous apprend aussi le livre c'est la diversité du monde indien, qui a été bien gommée dans les westerns et que Burnett restitue très bien.Les apaches tenant une place tout à fait particulière.
Oui un bon livre qui questionne, qui renvoie sur d'autres oeuvres, qui ne laisse pas indifférent!!!
Et me voila une fois de plus plongée dans un univers qui m’était presque totalement étranger. Des apaches je n’avais que quelques images d’Epinal, et des westerns je ne me souviens pas de grand-chose si ce n’est d’Il était une fois dans l’ouest et de quelques autres titres. Quelques stars masculines du cinéma américain et c’est tout. Avec l’âge je mesure tous les jours mes limites… c’est la vie.
RépondreSupprimerBon, je suis extrêmement contente de cette lecture. J’ai dévoré ce livre, facile à lire, précis, concis, tant dans les descriptions de paysages, que de personnages. J’ai aimé aussi la profondeur d’analyse de la situation politique, militaire, sociale, linguistique, spirituelle et religieuse des différentes communautés… que l’on découvre au travers des conversations ou des réflexions intérieures des personnages. J’avais tout à apprendre, ou ré-apprendre de la conquête de l’ouest, de la situation géographique de l’Arizona et de sa frontière montagneuse avec le Mexique, des apaches indomptables. J’ai aimé ces portraits d’hommes et de femmes qui se démarquent de leur communauté d’origine tant côté blancs que côté apaches. Les phénomènes d’acculturation réciproque. Et j’ai trouvé étonnante cette poursuite d’un ennemi qu’on ne voit jamais.
En ce sens on voit bien que le film se démarque du récit de Burnett. Selon moi il donne essentiellement à voir la cruauté, la ruse, la violence des apaches, la peur qui règne dans les deux camps. J’ai regretté que les conversations des apaches ne soient pas traduites… regretté aussi la pauvreté des images des villages avec leurs maisons en terre décrites dans le livre. Trouvé que la fatigue, l’épuisement, la chaleur, les déplacements de nuit, à pied, n’étaient pas tellement bien rendus dans le film. C’est ce type de film je pense qui a contribué à la diffusion des stéréotypes sur les apaches.
Alors ça me donne à moi aussi envie d’approfondir le sujet.
erreur apache
RépondreSupprimerEt bien regarder ce film avec Odile et Alberte a été une façon de me replonger aussi dans le livre.
C’est certain que le livre et le film ne sont pas égaux et sans comparaison possible.
D’abord le livre est le portrait d’un homme tout à fait intéressant, qui a une grande connaissance du monde des indiens et qui ne fait fonctionner que la nécessité de se défendre et défendre la réserve et le respect des indiens s’ils ne sont pas dangereux ou morts. Cela se retrouve malgré tout dans le livre et le film.
Mais à part ça, le livre est vraiment centré sur le cowboy beau ténébreux mais pas esthétisé comme dans certaines productions qui sont celles de mon enfance et ma jeunesse. Ici toute une réserve de nuances de sentiments est dépliée. De même que plusieurs personnages comme le dit Evelyne si bien décris que, oui, j’avais imaginé un film ! Hélas ce n’avait rien à vois avec celui que nous avons vu. Sans parler de la variation de sentiments puisqu’il y a place pour un coup de foudre !
Le film violent ? Je ne l’ai pas ressenti comme ça. C’est un film qui montre la réalité crue de cette époque. C’est réaliste et ça nous fait sortir des images données souvent où l’on se contente de nous montrer des batailles et des cavalcades durant lesquelles ont peut compter ceux qui chutent de leur cheval, sans prendre en compte que ce sont des hommes parce que l’on est identifié à une partie est l’idée seule de gagner fait oublier cette dimension ;
Les indiens violents ? Ce qui en est dit au jeune lieutenant m’a été très précieux, car l’on peut saisir le trajet des représentations chez un peuple ou chez des gens quand ils sont en danger ou agressés.
Là, il nous est donné une référence à leurs croyances qui sont celles d’un peuple très près de la terre et ses éléments et qui ont à compter avec eux pour survivre…Ce qui est pour nous des horreurs auxquelles le film nous fait accéder, sont en fait des traces sur le corps et des ouvertures pour se réapproprier la force face aux éléments.
Intéressant aussi de découvrir que ces horreurs sont faites sur le corps de l’autre pour se construire un corps plus fort. Le corps de l’ennemi est utilisé alors comme un miroir qui permet la conservation de l’individu qui se livre à ces horreurs qui, si on les regarde deviennent un peu compréhensibles. Je les comprends, ne signifie pas que je les accepte, bien sûr !
RépondreSupprimerIl y a aussi de la survie puisque l’on voit des indiens mordre quelque chose qui pourrait être un intestin. Les soldats blancs d’ailleurs dans le film, vont en faire autant si on ne les arrêtait pas par cruauté pure, en ce qui les concerne car ils n’ont pas pu avoir de recul en face de ce qu’ils ont découvert.
Ce qui m’a intéressée est le fait que l’on nous donne un sens pour ces horreurs :
D’abord, la survie : Trouver par ce biais de la nourriture, puis la nécessite d’annuler le danger, car c’est une lutte à mort.
Pareil pour la « survie » apparemment donnée à la femme enceinte, mais ce mot n’a pas le même sens, puisqu’il est seulement un piège pour que le groupe se sépare en deux. Là on est avec des moyens qui s’apparentent à quelque chose très proche de l’animalité : la femme n’est qu’un moyen de cette guerre. Avec la nuance que l’animal ne saurait pas, à mon avis, prévoir pour une stratégie. Ce qu’il y a d’animal pour moi c’est que l’homme traqué ne sait plus raisonner autrement que pour utiliser des moyens d’échapper à la traque : morale et constructions culturelles ont disparu.
Quand il y a un peu plus d’espace, ce sont des gestes horribles pour nous, mais qui ont une dimension culturelle, et qui deviennent des traces.
Et on ne peut pas ne pas penser ensuite aux peintures de guerre qui (après ?) vont apparaitre sur les visages des indiens. En tout cas ça me l’a évoqué et je voudrais bien en savoir un peu plus.
Car on sait que le langage a été d’abord du geste, puis des traces plus ou moins élaborées : D’abord peinture sur le corps et l’environnement, puis peinture, puis écriture .Et l’élaboration la plus aboutie, disait Lacan, est quand la trace est effacée : par le fugitif qui ne veut pas qu’on le trouve…
Enfin, le personnage du lieutenant nous permet de faire la différence, entre pitié et compréhension, respect de l’autre et charité. C’est très bien dit et brièvement : du coup ça me fait écrire longuement !
Mais pourquoi avoir choisi le film « Terreur apache » alors qu’il nous est dit dans la quatrième de couverture que le film tiré du livre est celui qui s’intitule « Le sorcier du rio grande » ?D’accord celui que nous avons choisi de visionner celui qui a le même titre que le livre ,mais nous sommes hors sujet !
QUELQUES REPONSES ET REFLEXIONS A LA SUITE DE VOS COMMENTAIRES :
RépondreSupprimerLE LIVRE :
Evelyne nous a fait une belle description de ce livre. J’ajoute juste quelques petites choses :
- Sur l’envie de continuer à lire des livres sur « L’Ouest, le vrai » : il suffit de prendre les titres de la collection et de continuer… On y trouve des merveilles sur l’histoire de l’Amérique de cette époque, des populations, des personnages… On retrouve notamment chez Guthrie un autre personnage d’éclaireur, ce passeur entre deux cultures, solitaire…
- Sur la vision raciste des Indiens : il me semble que l’auteur ne fait de cadeau à personne, ni les Indiens, ni les soldats, ils semblent pris dans des systèmes qui les dépassent et, comme le dit Nicole, on voit bien la diversité du monde indien, fait de tribus, de personnages, différents les uns des autres.
- Le personnage de l’éclaireur, fascinant solitaire entre deux civilisations.
LE FILM :
Je comprends que le film vous déçoive, comme il m’a déçue, surtout étant présenté comme un chef-d’œuvre. N’oubliez pas son âge, son époque… J’ai eu, quant à moi, l’impression qu’il reprenait des éléments factuels, commençait un peu à reprendre la réflexion de fond, notamment dans les discussions entre le jeune lieutenant et l’Indien mais elles s’arrêtent bien trop vite. On a aussi quelques éléments sur la cruauté des Indiens autant que des militaires. Et on peut s’interroger sur qui a commencé : qui est venu envahir l’autre ?
J’ai détesté la musique, sauf le chant de mort de l’Indien. En général, on a une espèce de musique guillerette, surtout aux mauvais moments.
Parmi les personnages, Walter Grein qui me semblait le centre du roman me parait l’être beaucoup moins dans le film : l’accent est plutôt mis – me semble-t-il – sur l’épreuve d’initiation du jeune lieutenant qui « apprend la vie » et la relativité des principes…
Mais ce film a dû être novateur à son époque et comporte quelques morceaux qui peuvent encore nous toucher, non ? Et pour la réponse à pourquoi celui-là, je l’ai dit dans ma préconisation et Bertrand Tavernier dans sa post-face : c’est celui qui correspond à l’esprit du livre. Mais vous pouvez chercher l’autre…
Ceci m’amène à une réflexion sur la thématique de cette année. Pour le choix que j’ai fait, sans conteste, le livre est plus riche que le film, plus fouillé, plus profond. Et la référence au livre, aux sources d’inspiration n’apparait nullement dans le générique. La plupart des westerns de la collection « L’Ouest, le vrai » ont donné lieu à des films.
Donc qu’est-ce qui se passe dans une adaptation ? Perte ? Gain ? Osmose ? En quoi et pourquoi ? N’oublions que, finalement, un grand nombre de films (un sur quatre nous apprend la revue « Llire » en 2010) sont tirés de livres, de près ou de loin, alors on peut continuer plusieurs années sur ce thème qui laisse une large marge de manœuvre à tous nos membres !
Excusez-moi d’avoir été aussi longue, ce n’est pas mon habitude.
Ce que j'ai appris aussi avec ce choix, c'est que les films intitulés western sont très souvent tirés de livres excellents. Naïvement, je ne pensais pas qu'il y avait derrière le film des écrivains...
SupprimerJe crois que je n’avais jamais lu de western et cette première expérience ne m’a pas déplu.
RépondreSupprimerJ’ai aimé voir avec les yeux de ce Walter Grein bourru et misanthrope, j’ai appris beaucoup de choses sur les Apaches et il m’a semblé que je découvrais un peu mieux l’Amérique de cette époque en sortant (pas toujours mais souvent) des clichés habituels.
Je me suis laissée entrainée avec ces hommes taciturnes, dans ces grands espaces, ce désert oppressant, dans ces échanges de tirs, dans ces moments de liberté et dans cette détermination pour en finir avec Toriano l’apache sanguinaire.
J’ai trouvé l’écriture classique mais agréable et efficace, quelques passages m’ont fait sourire comme ceux sur l’amourette entre Walter et la femme du colonel…
J’ai découvert avec plaisir cet univers d’hommes durs qui s’engagent corps et âme dans la traque des Apaches qu’ils traitent de chiens, de bêtes sans sentiments, de vermine à exterminer. On se rend compte à quel point ils étaient de féroces guerriers. J’ai failli me lasser par moment de cette ambiance terriblement « testotéronée » pleine de sueur et d’armes à feu où les femmes n’ont d’existence qu’à travers les hommes (oui je sais c’est l’époque qui veut ça). Ah les figures de femmes : l’épouse évaporée du colonel qui s’émoustille en flirtant avec Grein qu’elle trouve rustre et insolent, la belle portugaise dévouée et soumise à Grein, les prostituées toujours disponibles…J’ai apprécié d’autant plus que l’auteur montre la détermination et le courage de la jeune Apache qui attaque Grein dans sa chambre. L’auteur, est fin, il n’oppose pas les gentils blancs aux méchants Indiens. Il n’hésite pas à nuancer son propos, et à montrer qu’il y a des sanguinaires dans les 2 camps et c’est tant mieux. Le récit est dur et dénué de pitié.
J’ai eu froid, chaud, sommeil, faim, soif, peur car les conditions de vie affrontées par les personnages sont décrites avec précision. Quant au film désolée je n’ai pas pu aller jusqu’au bout (je vois que beaucoup d’entre vous n’ont pas accroché non plus). Je n’avais pas envie que d’autres images me soient imposées après les avoir imaginées grâce à la mage des descriptions de l’auteur, je voulais garder ma propre vision de ces hommes sous la chape de plomb du soleil de l'Arizona. Autant lire un western m’a intéressée autant le regarder m’a ennuyée
Intéressantes les quelques pages à la fin qui précisent la réalité historique dans laquelle s’ancre l’intrigue du roman, intéressante aussi la post face de Bertrand Tavernier (dans l’édition Actes sud)
Catherine
Le livre de Burnett m’a permis de nuancer beaucoup plus la dualité classique cow-boys/Indiens des jeux enfantins.
RépondreSupprimerCertains films comme Little big man ou Danse avec les loup avaient déjà cassé l’image d’Epinal.
Ici apparaît pour moi la figure de l’éclaireur que je ne connaissais pas. Du coup, j’ai aimé cet antagonisme entre l’armée régulière, ses représentants et ses tactiques inadaptées à la situation, les éclaireurs, et les Indiens, pas tous animés du même dessein au sein de leur peuple.
Cela crée une situation où se joue les priorités de chacun, des égos très différemment positionnés et , sur le terrain, un suspens à couper le souffle. J’ai aimé en particulier la traque dans cette nature qui ne promet rien que l’erreur fatale.
J’ai vu arriver là-dedans le rapport aux femmes avec étonnement. Cela avait-il sa place ?
Il y a de l’humour salvateur, de l’endurance au large, de l’intelligence tactique, et finalement beaucoup de casse donc de tristesse.
Et cet aveu sans ambages dans les notes : si les Apaches avaient été 200.000 au lieu de 6.000 les Blancs n’auraient pu s’approprier le Sud-Ouest du territoire !
Très beau bouquin, très bien écrit.
Le film n’y ressemble pas. A regarder indépendamment je crois. Il a des lourdeurs ; je le trouve caricatural de tous les côtés. Les Indiens avec leurs perruques, le petit officier boy scout, et Burt Lancaster qui ne trouve pas sa place et finit par en mourir…
Juste un petit commentaire, tardif qui plus est. J'ai vu le film très à distance du livre, récemment en fait, et j'ai été vraiment déçue. Trop fade, il ne complète ni n'interprète le livre. Le sauve du naufrage une vision assez humaniste, antiraciste. Le chef indien rebelle, qualifié toutefois de renégat sur la jaquette du dvd, devient un résistant à l'armée d'occupation. Avec ses codes, ses valeurs et ses symboles. La férocité apache, dans ses pratiques, s'interprèterait comme rituels d'appropriation de la puissance des hommes, d'incorporation même. Et aussi d'une annulation des "odeurs" du "parquage en réserve". Cependant le film montre d'abord une poursuite, et toute la logique militaire et sociale d'occupation est quasi absente du propos.
RépondreSupprimerLe livre était beaucoup plus nuancé. Vous l'avez dit, Odile en premier, ce western nous épargne tout manichéisme, et nous donne à percevoir que les indiens, non différenciés, est une catégorie inventée. Il existait, existe encore des tribus indiennes, ou plutôt des premières nations comme je l'ai entendu au canada. Avec des pratiques, des rituels,des structurations sociales extrêmement dissemblables.
J'ai aimé le livre car bien écrit. Mais je l'ai aimé aussi pour sa capacité à refaire naitre en moi des émotions singulières, rencontrées dans des livres plus contemporains évoquant les navajos ou les hopis par exemple, avec des univers empreints de liens profonds avec la nature, minéraux animaux et éléments météorologiques mêlés. Toute une mythologie, une mystique propre à chaque 1ère nation. Ici, apparait celles des apaches.
Je ne lis quasiment jamais de western. Merci de cette découverte.