Les adieux à la reine de Chantal Thomas et Benoit Jacquot
Agathe-Sidonie
Laborde, celle qui raconte, est une des lectrices de la reine Marie-Antoinette. Elle
a été choisie pour sa voix un peu sourde qui a un effet apaisant quand la reine
est agitée ou veut s’endormir.

Mais
elle se souvient de ces jours, ces trois jours, 14, 15, 16 juillet 1789 où tout
a basculé, de la grâce, du charme le plus parfait à l’incompréhension,
entraînant pagaille, agitation et
pressentiment de la chute d’un monde séculaire vers un autre ordre pas
encore défini.
Sidonie
assiste à tout cela dans une sorte de fébrilité incrédule, parce qu’elle est
attachée à son rôle auprès de cette reine capricieuse mais attendrissante, et
aussi par une curiosité infinie pour ce Versailles à plusieurs couches. Et elle
peut traverser les différentes couches.
Donc
elle nous donne tout à voir, à entendre.
Et
quelle fresque, mazette ! Un Versailles mêlé, labyrinthique, grouillant,
tour à tour intime ou protocolaire, déchirant et historique.
Benoît
Jacquot reprend l’écrit de Chantal Thomas avec brio, jouant de la confusion
pour un défilement d’images et de scènes contrastées, étranges, et un effet de
brouillon volontaire qui témoigne de ce moment si particulier.
Je
vous souhaite de puiser dans les deux œuvres des moments riches, intéressants
et pulpeux.
Anny Les Adieux à la Reine
RépondreSupprimerJ’ai beaucoup aimé ce livre tant par la douceur avec laquelle Sidonie nous raconte son amour pour sa reine que comme d’autres sans doute dans ce château de Versailles et je n’avais pas perçu comme une homosexualité sous- jacente très visible dans le film et non historique à priori . La description de cette vie est grandiloquente avec ces rituels du lever au coucher et cette vie si prisée par les gens de l’extérieur et pourtant si peu confortable avec ces rats , ces odeurs , ces insectes et tous ces laissés pour compte qui gravitent en son enceinte que les rivalités parfois monstrueuses en son sein . Tous ces bruits qui l’animent mais tous ces silences aussi et parfois si suspects…. Sidonie en fait une analyse subtile de ses habitants des pauvres comme des riches , des femme comme des hommes . Elle en ferait perdre la sublimation autour de l’excellence du lieu , et ce prestige d’y séjourner pour certains . J’ai apprécié , sur la forme , tous ces mots d’un autre temps (merci le dictionnaire !!) et ou savants. Et cette façon si féminine de nous de raconter les étoffes comme les visages ou la démarche ou l’attitude des occupants est très fine et se transmet aussi très bien dans le film . Un vrai bonheur . Sa résistance à ne pas vouloir en partir comme tant d’autres est émouvant et si vrai quand on ne veut pas voir l’irrémédiable . La fuite de certains avec leurs travers est parfois touchante ,parfois répugnante et ou agaçante .. J’ai eu un plaisir égal pour le film où les scènes sont à des si beaux tableaux , il y a aussi une certaine lenteur qui m’a enchanté qui va bien avec le temps de cette vie close sans doute . Merci pour ce choix de livre
Je connaissais le film pour l'avoir étudié avec mes élèves, j'ai découvert le livre qui me laisse des impressions très partagées.
RépondreSupprimerAccepter le point de vue du narrateur, accepter donc, un regard dévalorisant sur le peuple parisien, les députés de la constituante, les hommes et femmes qui travaillaient à Versailles m'irritait beaucoup.
Je savais déjà ce mépris, cette méconnaissance, la retrouver dans un roman ne m'était pas agréable.
Par contre, j'ai aimé tous les détails de la vie dans le chateau, les éléments magiques, merveilleux comme les sordides.
En particulier, les descriptions des jardins, des fontaines, des bosquets qui rendent bien cete beauté que je retrouve à chaque fois que je me rends à Versailles.
Evidemment, je me suis régalée du tableau des souris, toiles d'araignées, puanteurs diverses. Un envers du décor qui me fait jubiler!(horrible anti royaliste que je suis!)
La dernière partie du roman qui conte les heures d'affolement, de panique,où les masques tombent, ou seule la fuite devient essentielle m'ont ravie.
L'écriture rapide, enjouée,encore plus précise de ces moments nous met en position d'observateurs un peu cyniques.
La place de la narratrice est intéressante, sa parole, écrite de Vienne, cette nostalgie qu'elle nous fait partager est très juste.
Cette femme qui si jeune s'est retrouvée prisonnière de l'Histoire montre un portrait étonnant de loyauté, d'adhésion à une femme et un système prêts pourtant,à sacrifier sa vie , sans aucune autre attention.
En vous écrivant, je perçois finalement avec plus de clarté toute la critique fine de ce système et de cette période, toute la finesse de l'auteur qui nous entraîne dans la disparition d'un ordre qui depuis plusieurs années ne vivait plus que sur l'illusion d'être encore indispensable.
Le film a choisi un versant plus mélodramatique, centré sur cette jeune fille bousculée par les évènements.Il est beau dans le rendu des costumes, des décors, il redonne bien la fragilité de cette royauté qui, à Versailles, tentait de croire à sa pérennnité éternelle.
Mais il manque à mon sens l'exil à Vienne et toute la nostalgie du récit de la narratrice.
Mes élèves aimaient beaucoup ce film, moi un peu moins!!
Merci Alberte-Marie pour la découverte du livre.
Moi aussi les détails sur l'exil a Vienne m'ont manqué j'aurais bien continué à suivre la narratrice avec sa douceur pour décrire les choses et les gens de ce château Biz Anny le 2 mai 2O16
RépondreSupprimerJ’ai de beaucoup préféré le livre de Chantal Thomas, son rythme, sa belle écriture, et l’entremêlement du point de vue de l’héroïne de scènes vues, parfois malgré elle, et de ses sentiments intimes. J’ai beaucoup aimé le fait qu’on soit placé dans la posture d’une personne qui suit la reine aveuglément, qui se considère comme n’étant rien sans elle. Tout le passage sur la panique à Versailles est absolument sublime, les comportements des uns et des autres face à ce qui leur paraît dans un premier temps impensable sont troublants de vérité. Et ce qui relève de la vie grouillante dans ce château m’a paru vraiment intéressant. Tous les personnages ont une épaisseur réelle rendue par le regard ni tendre, ni cruel d’Agathe-Sidonie. C’est ce regard qui donne au livre un ton très particulier.
RépondreSupprimerLe film m’a paru plus centré sur les relations de la reine et de sa liseuse, de la reine et de sa favorite Gabrielle, beaucoup moins sur la vie au château durant ces deux jours de juillet, et donc plus restreint en terme d’intérêt.
J’ai retrouvé avec bonheur un acteur que j’aime beaucoup, Michel Robin, dans le personnage de l’historiographe de la royauté. Je ne suis pas sure que la vision des seins de Léa Seydoux rajoute un plus en compréhension et en sensualité à la scène pourtant très forte dans le livre : la demande de la reine à sa liseuse d’endosser le costume de Gabrielle de Polignac. Je n’ai pas bien compris pourquoi, une fois dans le carrosse qui part en Suisse, elle se montre à la fenêtre volontairement, se mettant elle et les autres en danger. Ce n’est pas du tout dans le livre, et ça m’a gênée. Veut-elle mourir ? Dans le livre, son abnégation pour « sa » reine est totale. Mais je n’ai pas eu l’impression qu’elle voulait mourir.
Tout cela m’ayant mis en bouche,(je pense en particulier à la description joyeuse des menus de Louis XVI, mais comment est-ce possible de manger autant ?),je me penche maintenant sur la biographie de Marie-Antoinette par Stefan Sweig.
J’ai commencé par le film, quand il est sorti, et je l’ai trouvé très beau : les éclairages - surtout la pénombre et l’utilisation du lieu. J’avais appris à l’époque (de la sortie du film) que Benoît Jacquot n’avait l’autorisation de filmer que le soir et la nuit à Versailles, quand les visiteurs étaient partis, je crois… J’ai trouvé magique cette ambiance de reconstitution… puisqu’on était sur les endroits réels...J’ajoute la magie des lumières, la beauté des costumes et de certains personnages.
RépondreSupprimerJe n’avais aucunement pensé lire le livre dont il était inspiré. La première raison : je n’entre pas du tout dans les fictions historiques, les romans reconstitués où l’auteur fait parler des personnages réels. Voilà pour l’introduction et voici la conclusion : ça n’a pas changé.
Je l’ai lu, ce livre mais, permettez-moi de vous contredire, Mesdames, mais cette Sidonie, je la tiens un peu pour une gourde : elle est vieille, elle vit à Vienne, elle a dû s’enfuir, ne vit peut-être pas si bien que cela, mais elle reste sans recul avec ce qui s’est passé. Elle n’a jamais réfléchi ? Mettons qu’elle ait été captée, émerveillée, subjuguée dans sa jeunesse par ce monde de rêve. Mais elle n’a donc jamais pensé à sa condition comme un poste de subalterne ? A l’égalité ? Admettons que, dans le moment de l’adhésion à un groupe dont elle reste la servante, elle soit prise dans ce monde… Mais après ? Aucune réflexion… Donc le personnage, trop niais, ne m’est pas sympathique.
Et puis, à la lecture, je me suis amusée de certains passages sur la malpropreté des lieux, mais, cela, on nous l’apprend même dans les livres d’histoire scolaire… Et je me suis ennuyée avec ces tra-la-las et circonvolutions sur Monsieur de …, le comte…, ça m’a saoulée toutes ces révérences devant ces petits personnages, et le nombre, et l’importance... Et les rites et l’étiquette, pareil…
J’avais vu le film quasiment à sa sortie, assez intriguée de mieux comprendre la relation entre la reine et cette liseuse dont je savais rien jusque-là. La vie à Versailles : ses rites protocolaires, ce ballet d’intrigues laissaient-ils place à d’autres sentiments que l’envie de posséder et conserver le pouvoir ? J’avais aimé le film, sans bien en mesurer les raisons.
RépondreSupprimerDécouvrir le texte écrit me plaisait beaucoup. Pourtant la lecture a été un peu fastidieuse, avec l’impression d’être noyée dans mille détails… qui n’étaient pas dans le film ! Bon, je me suis accrochée.
Le style foisonnant, la construction avec ce flash-back sur ces trois jours nuits étranges qui voit advenir la révolution fondatrice de notre culture politique… Apprendre que tout se joue avec le renvoi de Necker, les sentiments très ambivalents du peuple prés à acclamer le roi comme à vouloir sa mort, mesurer la colère contenue, la hargne parfois des serviteurs… et comprendre que bien des nobles n’étaient finalement que des servant-e-s aussi, avec ces strates sociales incroyables selon qui était proche, plus ou moins proche du roi… et de la reine. Le livre met davantage en évidence je trouve la dimension politique des événements de ces trois jours nuits, et aussi évoque des personnages assez fous, malheureusement absents du film : le gardien de la ménagerie, qui puait si fort, l’amoureux de la reine englué dans un amour obsessionnel, les autres membres de la famille Polignac et particulièrement Diane la cruelle qui mène la troupe. Le livre évoque mieux aussi la pestilence, les plafonds menaçants de crouler, la boue fangeuse des chemins, la vermine et les maladies (choléra…), tout cet envers si peu ragoutant du décor versaillais. Le livre explique aussi ce contexte singulier, le décès du dauphin, et j’imagine sans peine cette impossibilité pour Marie Antoinette de comprendre quoi que ce soit à ce qui se passe à Paris. De par sa naissance : vertigineuse arrogance de classe ; de par son retrait au Trianon : le double exil et de son pays et de la cour versaillaise ; de ce deuil douloureux dans lequel elle est engluée. La reine ne peut qu’être aveugle et sourde à toute autre considération que son besoin d’être consolée. Le film rend peu grâce à cette reine probablement aussi blessée qu’immature.
(2/2)
RépondreSupprimerPar contre, avec le livre je ne comprenais pas bien la relation de Mme Laborde, la liseuse, avec la reine. De l’admiration certes, une loyauté lui rendant insupportables les manigances des courtisanes, telle Mme De Rochereuil volant les jolies pièces du trousseau de la reine au moment des préparatifs du retrait à Metz.
Pour le coup et c’est sans doute le pari pivot du film, le doute n’est plus permis. La liseuse est amoureuse de la reine. La reine est quant à elle en relation amoureuse avec Gabrielle de Polignac. La reine s’y montre beaucoup plus cruelle, moins naïve je trouve que dans le livre.
Du coup, se comprend mieux aussi la fin. La liseuse se venge, à sa mesure, de sa rivale, joue à lui faire peur en se montrant de la fenêtre du carrosse qui s’enfuit, joue sa vie aussi, défie autant qu’il lui est possible les Polignac. A ce moment-là, et sans doute est-ce le seul, Mme Laborde prend le pouvoir.
De fait, ce n’est pas cet aspect du film qui m’a plu. L’adaptation se mesure là comme assez infidèle, mais sans doute ce parti pris s’accepte comme une interprétation possible.
En revanche, les couleurs, quel régal. Les déambulations nocturnes à la lumière des bougies des nobles dans les couloirs rouges orangés, presque de la teinte d’un incendie parisien s’infiltrant. Les longs couloirs d’un vert jungle quand la liseuse court chercher Gabrielle de Polignac qui se refusera à venir près de la reine, la robe brodée vert espérance de celle-ci quand elle se présente enfin, comme ultime mensonge de celle qui ne pense qu’à se sauver elle-même.
Le film rend particulièrement hommage à l’historiographe, M. Moreau, admirablement incarné, dont je n’avais pas pris la mesure dans le livre, mais aussi à toutes les « servantes » de petite noblesse logées à Versailles et qui mènent joyeusement mais non sans cynisme, aussi belle vie que possible près des courtisan-es de plus haute lignée.
Avec les Adieux à la reine, je trouve le pari réussi de donner par le film une âme, une couleur différentes et complémentaires au livre. Jolie découverte …
Anny
RépondreSupprimerC'est intéressant Odile que tu ai vu cette vieille femme dupe de son aveuglement à sa reine mais aussi de l'histoire de Versailles , elle ne manque pas pour autant de jugement sur certaines situations et comportements de habitants du château . Biz
Et je suis comme Marie-Anne (encore Anny)toujours aussi enchantée du côté très féminin du film avec ces tissus , les volages et habits des femmes et par leur beauté ...
RépondreSupprimertout le charme des films à costumes ! Rien que l'épisode du dahlia brodé, et des manigances qui vont avec, mériterait re-visionnage!
SupprimerMoi, je suis un peu choquée que l'on puisse qualifier celle qui nous ouvre à tout ça de "gourde".C'est un personnage plein de finesse , qui sait apprécier l'historiographe comme il se doit, entre autres.
RépondreSupprimerQu’elle soit en admiration béate pour la reine ne m'étonne pas. Je connais quelqu'un dans ma belle-famille,(pas celle de Jean-Pierre)qui parle encore de "Monsieur le comte «avec vénération, malgré tous les moments de misère et de difficultés vécues dans la ferme qui lui appartenait. Et elle est loin d'être une gourde vu la façon dont elle a mené sa vie (c'est une très vieille dame).Dans l’histoire qui m'est proche comme dans ce que j'en ai lue dans le livre, la Reine est celle par qui on peut avoir du travail et qui vous fait partager des moments inouïs qui ne pourraient pas advenir sans elle. Bien sûr, on pourrait imaginer qu'avec le recul...mais il y a des amours de ce genre qui ne passent pas. Et quand je dis "amour" je ne dis pas "amoureuse» ; Et elle ne sait rien de tout cela. Et le refoulement n'est pas une tare qui vous rend définitivement idiot, que je sache. De même que je n’ai pas lu qu’il y avait de sa part de la jalousie et l’essai de se venger envers sa rivale .Car elle n’est pas « vue » comme cela par la « liseuse écrivaine » ;car tout simplement elle n’est pas dans ce lien là envers la reine .Car elle l’aime, sans attendre de retour. C’est comme cela, c’est tout .
Enfin, rien de cette histoire n'existe sans ce personnage qui m'a fait passer un bon moment...sans que j'en perde pour ça mes idées républicaines!
Ton commentaire m'intrigue. Que veux tu dire avec : "quand je dis "amour", je ne dis pas "amoureuse"?
SupprimerIl me semble, en te lisant et aussi Odile et d'autres pisteuses, que nous pourrions toutes avoir raison, si tant est le propos. J'imagine bien cette liseuse à la fois assez subtile et déterminée même, si je me réfère au film, dans le moment où elle semble être l'une des seules de la cour à savoir capter certaines informations... et aveugle, peut être gourde même, en ce qui concerne ses sentiments. Bien sur que chacune de nous livre son regard, perception et compréhension, tant est infiniment singulier ce qui lie précisément chacune de nous à une histoire lue, vue au cinéma ou par dvd. Par exemple, l'admiration béate pour la noblesse m'est assez étrangère, alors je suis qd même tentée de lui donner un sens plus politique(soumission sociale intériorisée...) et/ou romantique (l'amour!)
Je constate en tout cas que nos réactions sont très différentes... et vives parfois, tant mieux. Notre franchise rend nos échanges assez "régalants" (petite invention personnelle)
J'ai du prêté mon livre car je ne le retrouve pas pour vous répondre d'une manière un peu précise.
RépondreSupprimerJe vais essayé sans.
Il me semble en effet que le sentiment que j'ai eu pour le personnage de la narratrice-lectrice vieillissant à Vienne, désœuvrée et larmoyante, ne m'a pas beaucoup intéressée. Tout son intérêt réside dans sa jeunesse, ce laps de vie à Versaille d'où elle peut nous montrer le décors, l'envers du décors et ses propres émotions, ambigües ou pas. Et puis, à chacun sa lecture.
Il y a toujours cet entre-les-lignes que nous nous empressons de remplir à notre guise, ce qui fait tout l'intérêt des lectures croisées.
Moi je suis admirative de la finesse de vos propos, de leur précision.
Pour répondre plus précisément à Evelyne,c'est vrai que Benoît Jacquot en rajoute à sa guise, mais il nous montre bien tout de même ce Versaille crépusculaire et ce qui s'y passe, y compris du côté du couple royal, en ces jours fatidiques.
Et pour répondre à Odile, pour moi au contraire, se permettre d'écrire ainsi c'est enfin s'autoriser à animer une histoire qui sinon reste figée en quelques paragraphes dans les livres d'Histoire. Et j'adore ça.
Et tant mieux si ça vous enchante (ou pas, alors tant pis!) l'espace d'un instant.
Merci de ta réponse, Alberte, je comprends bien ton intention et, comme le dit Claire, c'est un fil que tu suis, mais, en ce qui me concerne, j'ai du mal à prendre pour argent comptant ces "histoires reconstituées" qui sonnent un peu faux dans mon esprit. Peut-être faut-il faire une année sur les romans historiques ?
SupprimerAlors là oui, oui et oui pour moi !! j'ai révisé mon jugement sur les romans historiques que je ne pouvais pas lire jusqu'à ce que je tombe sur les mémoires d'Hadrien de Yourcenar, puis sur "dans l'ombre de la lumière" de Claude Pujade-Renaud. Je pense que certains valent vraiment la peine qu'on s'y arrête, mais que le choix est très difficile, car il faut que l'exactitude historique - les faits, les personnages - ne relèvent pas de l'invention ou de l'imagination de l'auteur. Sa marge de manœuvre est donc délicate, tout en nuances, ce en quoi excelle Claude Pujade-Renaud.
SupprimerA débattre en octobre ?
Moi, ce livre m’a beaucoup intéressée. Alberte encore une fois nous plonge dans la révolution française, comme il y a… 10 ans, non ?.... quand elle nous avait proposé l’histoire du fils de Marie-Antoinette enfermé et mort dans une tour, écrite par Françoise Chandernagor. Oui, ces romans écrits par des chercheurs en histoire, m’intéressent. Chantal Thomas, comme Florence Tristram aussi dans le Procès des étoiles (livre proposé par Velyne), donne corps à cette histoire que nous avons apprise dans nos manuels scolaires. Je trouve que l’auteure fait bien apparaître que le couple royal et la noblesse de cour sont totalement coupés du monde extérieur, qu’ils vivent totalement en vase clos, dans une bulle, sous cloche ! et Marie-Antoinette plus que quiconque. Ils sont de pauvres pantins qui ne comprennent rien de ce qui se passe… D’accord, le roi aime son peuple mais en fait il ne le connaît pas… et elle encore moins puisqu’elle est étrangère. Bon, comme dit Odile rien de nouveau dans tout ça, mais j’aime bien la façon dont c’est écrit. J’aime bien aussi cette façon de raconter la prise de la Bastille, en creux, vue (ou plutôt « pas vue » depuis le château royal et le Trianon). On sent bien également le pouvoir d’attraction qu’exerce Marie-Antoinette sur les femmes qui l’entourent, mais c’est dit entre les lignes, de façon subtile.
RépondreSupprimerCe qui n’est pas le cas du film. Le choix de Benoit Jacquot de montrer ce « trio » de femmes ne me passionne pas… même si les décors, les costumes, sont beaux. Pourquoi avoir choisi cet aspect de la personnalité de Marie-Antoinette ? Avec cette interprétation j’ai l’impression qu’il quitte la vérité historique, le contraire de Chantal Thomas. J’ai regretté aussi que le goût de Marie-Antoinette pour la nature, le jardin du Trianon, dont il est souvent question dans le livre, ne soit pas évoqué dans le film.
Je suis contente que Velyne évoque Stefan Sweig, j’ai bien envie de le lire. Avez-vous entendu ces jours-ci à la radio une interview de Christine Orban qui présentait son livre « Charmer, s’égarer et mourir » où elle raconte la vie de Marie-Antoinette, qui n’a pas su vivre mais saura mourir. Elle, elle parle surtout des amours de Marie-Antoinette pour Fersen.
Enfin, j’ai lu avec intérêt vos débats. Ah ça y va, ça y va, ça y va !!!!
La carmagnole ? Je crois que c'est : "Ah ça ira, ça ira, ça ira... Les aristocrates, on les prendra, non ?"
SupprimerJe pense que c'est "les aristocrates, on les pendra"
Supprimeret qu'il ne s'agit pas de la carmagnole dont le refrain est
"Dansons la carmagnole
Vive le son, vive le son
Dansons la carmagnole,
Vive le son du canon !"
juste histoire de découvrir, ou réviser...
Supprimerdonc la chanson complète est :Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Le peuple en ce jour sans cesse répète,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Malgré les mutins tout réussira.
Nos ennemis confus en restent là
Et nous allons chanter alléluia !
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Quand Boileau jadis du clergé parla
Comme un prophète il a prédit cela.
En chantant ma chansonnette
Avec plaisir on dira:
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Suivant les maximes de l'évangile
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Du législateur tout s'accomplira.
Celui qui s'élève on l'abaissera
Celui qui s'abaisse on l'élèvera.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Le vrai catéchisme nous instruira
Et l'affreux fanatisme s'éteindra.
Pour être à la loi docile
Tout Français s'exercera.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Pierrette et Margot chantent la guinguette
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Réjouissons nous, le bon temps viendra!
Le peuple français jadis à quia,
L'aristocrate dit : mea culpa!
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Le clergé regrette le bien qu'il a,
Par justice, la nation l'aura.
Par le prudent Lafayette,
Tout le monde s'apaisera.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Par les flambeaux de l'auguste assemblée,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Le peuple armé toujours se gardera.
Le vrai d'avec le faux l'on connaîtra,
Le citoyen pour le bien soutiendra.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Quand l'aristocrate protestera,
Le bon citoyen au nez lui rira,
Sans avoir l'âme troublée,
Toujours le plus fort sera.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Petits comme grands sont soldats dans l'âme,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Pendant la guerre aucun ne trahira.
Avec coeur tout bon français combattra,
S'il voit du louche, hardiment parlera.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Lafayette dit : "Vienne qui voudra!"
Sans craindre ni feu, ni flamme,
Le français toujours vaincra!
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Paroles anonymes ajoutées plus tard:
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Les aristocrates à la lanterne,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira!
Les aristocrates, on les pendra!
Et quand on les aura tous pendus,
On leur fich'ra la pelle au cul.
Et pour préciser :
Ah! ça ira, ça ira, ça ira !
Ladré - Bécour
Cette très célèbre chanson a été composée en 1790, à l'occasion de la première fête du 14 juillet, appelée à l'époque "Fête de la Fédération". Les ouvriers qui préparaient le Champs de Mars la chantaient déjà. L'auteur des paroles, Ladré, était chanteur des rues, métier dans lequel il avait acquis une notoriété certaine. Mais c'est surtout par le couplet vengeur (les aristocrates à la lanterne...) ajouté quelques mois plus tard par une main anonyme que cette chanson a traversé toutes les époques, et est arrivée jusqu'à nous.
La musique est une contredanse, qui était à la mode avant la révolution. Elle s'appelait "Le carillon National" et son auteur était violoniste de l'orchestre du théâtre des Beaujolais.
Bien sûr on peut voir ces personnages de la noblesse avec leur futilités et leur soucis permanant d'être vus.Complètement stérile et creux cette vie.Mais ce sont les"petits"qui sont à leur service qui eux s'amusent et sont bien vivants.
RépondreSupprimerPar "amour"que je distingue d'amoureuse j'entends par la une certaine façon d'être du côté de lidealisation.Un peu une cristallisation sur le plan psychique.Cela amène parfois à des comportements héroïques où au contraire à un état mélancolique...mais puisque notre liseuse écrit ce que nous avons lu elle tient assez bien la route!
ah... merci pour ta réponse. je ne suis pas sûre de comprendre mais je vais en rediscuter avec des ami-e-s psy et y réfléchir...
SupprimerTrès très intéressant de lire vos échanges autour des "adieux à la reine". C'est l'avantage d'être en retard...mais j'ai pris soin de les lire après avoir lu le livre et vu le film.
RépondreSupprimerJe n'aimais pas vraiment l'Histoire telle qu'on me l'a enseignée à l'école, comme Odile je ne suis pas du tout fan des romans historiques mais le livre de Chantal Thomas m'a intéressée parce qu'il montre Versailles, la famille royale et la cour avec une réailté et une proximité palpables, les odeurs, les atours, les ronds de jambes. J'ai aimé ce parti pris dans le livre et repris dans le film : montrer à travers les yeux de la lectrice de la reine les 4 premiers jours de la révolution. Cependant au fur et à mesure de ma lecture j'ai éprouvé de la colère : colère contre le royalisme aveugle, contre la cour fascinée et du coup je me suis sentie en empathie avec le peuple en révolte. Je n'ai cessé de m'interroger : dans quel camp aurais-je été si j'avais vécu à cette époque, facile aujourd'hui de trouver épouvantable la royauté mais si j'avais été bien née qu'aurais-je pensé ? Impossible pour moi de sortir de ces questions (bizarre d'ailleurs cette obsession) et je n'ai cessé, au cours de ma lecture, de me réjouir d'être née 150 ans après. J'aurais détesté vivre à cette époque, et surtout être une femme à cette époque. J'ai vu, comme Odile, dans cette Sidonie, une gourde soumise qui est prête à tout pour plaire à la reine. J'ai eu du mal à comprendre le point de vue de cette lectrice, qui se pâme d'admiration. J'ai vu dans la reine une femme frivole, nombriliste, mais comment peut-elle être autrement de la place qu'elle occupe et qu'on lui laisse à cette époque ?...Quant au film j'ai passé un moment plutôt agréable mais beaucoup de scènes m'ont parues lourdes et j'ai regretté qu'il soit assez éloigné du livre. J'ai tout de même été impressionnée par ce plan séquence étonnant dans les couloirs sombres où Sidonie croise les vieillards inquiets, tout ce monde en panique, comme dans un cauchemar. J'ai apprécié aussi dans le film les seconds rôles : Noémie Lvovsky (j'adore), Michel Robin (historiographe génial comme certaines l'ont fait remarquer) et Xavier Beauvois parfait dans le (petit) rôle du roi. Si dans le livre on ressent l'admiration de Sidonie pour la reine elle est aussi très palpable dans le film, mais avec une bonne grosse dose de sensualité cinématographique, c'est bien plus subtil dans le livre. Il m'a semblé que Sidonie était comparable à une vraie groupie, aveuglée jusqu'à la bêtise, prête à se sacrifier. A Versailles, il n'est question que de sexe, de jeux, de frivolités de chiffons, c'est affligeant et finalement proche de ce qu'on trouve dans la presse people d'aujourd'hui...Ces rites qui accompagnent les journées du couple royal, du lever au coucher, avec moultes courtisans et domestiques révèlent le ridicule de la monarchie absolue. Quant aux détails de tissus, d'aparats je trouve que le film les montre trop lisses trop beaux trop brillants quand on sait la saleté dans laquelle vivait les châtelains... Quelques personnages, hauts en couleurs dans le livre, sont sacrifiés, notamment celui du gardien de la ménagerie qui pue.Dommage.
Par les mots ou les images je ne suis pas parvenue à être émue et encore moins à compatir à la situation de la lectrice et à celle des occupants de Versailles, ridicules dans leur empressement et en pleine crise de panique pendant trois jours.
Je suis tellement heureuse que la révolution ait eu lieu même si bien des dominations et des injustices n'ont pas disparu...