Art – de Yasmina Reza
J’ai choisi ce thème sur l’ART Contemporain car je suis familière des galeries en tout genre peut être comme vous et sans formation artistique particulière, simplement le contact de mon compagnon artiste lui-même. Ce petit livre se décline sous forme de dialogues, dialogues jubilatoires, envolés, décalés sur l’ART. Vaste sujet au demeurant, traité ici avec de l’humour à travers ces trois hommes qui vont se chamailler leur amitié. Art très souvent déroutant, incompréhensible au premier regard, loin du figuratif et ou de l’abstrait, nous obligeant à lâcher nos représentations mentales classiques. Pour comprendre une œuvre souvent conceptuelle il faut parfois la notice de l’artiste ou simplement se laisser guider par les émotions ou le rejet qu’elle suscite. Ce livre est léger sur la forme et très intéressant sur le fond pour comprendre l’engouement de celui qui achète cette œuvre blanche. A priori il connaît celui qui l’a créée. Seule moquerie pour les autres c’est son prix. Mais derrière le simple coup de peinture vous comprendrez aisément qu’il y a autre chose.
Allez laissez vous aller et dites-moi ce que vous en pensez.
Excusez-moi, je me lance pour « Art ».
RépondreSupprimerJe croyais avoir dit au moment où Anny balançait entre « Chocolat », déjà inscrit, et « Art » que ce dernier n’était pas une adaptation de livre mais du théâtre filmé. Comme j’avais déjà acheté « Chocolat » et que voir « Art » me paraissait présenter la même chose (texte et pièce filmde), le même texte, bien sûr, je n’ai pas acheté le livre.
Pour le film, j’ai dû m’y reprendre à quatre ou cinq fois, tellement il m’a paru indigeste. Pour moi, c’est un genre de comédie de boulevard. Aucun décor. Des (petits) numéros d’acteurs… Une conversation qui me parait un peu « café du commerce ». La fin est mieux, je le reconnais… mais ça ne me suffit pas. On peut parler d’art, et ne pas être d’accord mais cette comédie ne me dit rien. Sauf qu’on peut se disputer parce qu’on n’aime pas quelque chose… Alors, ne le faisons pas !
Mais je n’ai pas aimé, je dois le dire.
Légère anticipation sur la lecture à venir... quelques recherches sur les monochromes, je ne résiste pas à partager : à découvrir
RépondreSupprimerAlphonse Allais, Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige, 1883
Ce courant pictural me parait férocement drôle...
Je ne reviens pas sur le choix, j’ai dit que je trouvais cela hors thématique de l’année. Voilà.
RépondreSupprimerMais « Art » m’a fait rire, et c’est suffisamment rare dans mes lectures pour le signaler ! J’ai trouvé les dialogues incisifs, cruels, les situations de nombreuses fois comiques, et les caractères de chacun des personnages extrêmement bien plantés. Incarnés par ces trois acteurs de très grand talent, cela donne une pièce de boulevard réjouissante et enlevée. Le fait de la voir jouée relève l’épaisseur des personnages et accentue la violence des propos.
Qu’est-ce-qui fait qu’on trouve le tableau de Mémé très beau, ou horriblement laid ? Le rapport à sa mémé ?
Qu’est-ce qui fait qu’on est prêt à acheter une œuvre une fortune ? Le snobisme, le « vouloir être de son temps », le désir de possession ou de paraître, ou un vrai coup de foudre, une vraie émotion ? Moi je pense que cela peut être tout à la fois… mais je suis peut-être un peu comme Yvan…
Ce qui m’a plu également dans ce texte court, c’est qu’il ne s’agit pas que d’art, mais d'un sujet prétexte à réfléchir sur ce qui construit les amitiés, et ce qui les soude dans le temps. Quelles sont nos raisons de continuer ou pas à fréquenter telle personne ? Qu’est-ce que la trahison en amitié ?
Le personnage d’Yvan est particulièrement bien brossé, ces tergiversations pour essayer de sauver leur soirée sont tragi-comiques. A travers ses propos (les monologues sont truculents), l’auteur nous interpelle sur des questions existentielles : Quels compromis est-on prêt à faire pour avoir une vie meilleure ? Comment peut-on accepter une vie médiocre quand on a conscience de cette médiocrité ?
La fin est aussi intéressante. Serge ment à Marc et s’interroge sur le fait de mentir pour redémarrer « leur période d’essai », tandis que Marc trouve quand même, pour sauver son amitié avec Serge, le sujet de cette merde (cette croûte ?) : « elle représente un homme qui traverse un espace et qui disparaît ». Superbe retournement !
Bref, une vraie tragi-comédie !
J'ai aimé plusieurs choses dans cette pièce en la voyant . (Je n'ai pas encore lu le texte et je ne sais pas si je le ferai...)
RépondreSupprimerD'abord que, pour une fois, il n'y ait pas du tout de femme à l'horizon. Ce trio d'amis m'a beaucoup plu je dois dire.
Ensuite, qu'à partir d'une oeuvre d'art et de ce qu'elle amène de dissension entre certains, ce soit l'amitié elle même qui soit mise en péril. C'est à dire débouche sur le questionnement suivant : sur quoi repose nos amitiés, jusqu'où sont-elles capables d'aller, est-ce que rien ne peut les destabiliser et les voir mourir ?
La pirouette finale est savoureuse à cet égard.
Que la vie personnelle de chacun soit quant même le lieu d'avis voire de conseils, au grand dam de celui qui en est l'objet.
Que l'on voit s'affronter des caractères bien différents, avec des logiques différentes et que ça crée une sorte de cacophonie parfois.
Les tirades d'Yvan sur sa vie privée sont un délice, le caractère péremptoire de Marc est une pure jouissance face à la facétie snobinarde de Serge.
J'ai beaucoup aimé le jeu de Pierre Vanneck, net et précis.
Bref ce furent de bons moments pour moi de voir cette pièce.
Quant à la polémique qui s'inscrit à cause du programme, moi je m'en fiche un peu. Cette préconisation était un pas de côté, tant mieux, il était jouissif.
A la prochaine.
J'ai lu "art" avec bcp de rires contenus (ds le bus, c'est mieux vu les regards perplexes ou inquiets qui se posaient sur moi...) et viens de terminer le visionnage de la pièce. Je conseille d'ailleurs l'interprétation vaneck-arditi-luccini. J'ai adoré, si si.
RépondreSupprimerLe texte est drôle, férocement drôle. Son incarnation à mes yeux savoureuse dans la pièce jouée. Les questionnements qui en émergent : sur l'art, l'amitié, la vie sociale en général, nos emballements et nos hypocrisies- compromissions... sont portés par une langue de théâtre précise et fluide, avec des monologues incroyables.
Belle découverte donc, et franchement, je ne vois pas où est le hiatus avec le programme.
Quelle surprise! Je pense découvrir un livre sur l'art et je découvre un livre qui part de l'art pour arriver aux contradictions de l'amitié.
RépondreSupprimerLa lecture m'a semblé beaucoup plus dramatique que la pièce qui redonne tout l'humour au texte. Evidemment le jeu magnifique de ces trois acteurs y contribue grandement.
J'ai aimé cette mise en scène des relations humaines et pour une fois centrée autour d'hommes.Pour une fois, ce ne sont pas des femmes qui sont présentées comme jalouses, acides, hautaines ou trop gentillettes mais bien des hommes!!Et ils sont émouvants, parfois irritants ces trois hommes qui parlent d'art pour mieux parler de leurs vies, de leurs regard sur l'autre mais aussi sur eux même.
L'amitié et ses difficultés, sa résistance au temps, voilà des questions posées par l'auteur avec humour certes, mais aussi quelle lucidité!
Du théâtre, il ya longtemps que je n'en avais pas lu et cela m'a fait du bien de retrouver cette forme d'écriture.
Voilà, un bon moment avec ce livre et ce film; Et vraiment un bon moment car un midi de petit spleen, je me suis installée à une terrasse ensoleillée avec le livre L'association soleil/ salade mediterranéenne/ verre de vin blanc et le récit de Yasmina Reza que du bonheur !!!!
Expérience fort amusante et surprenante
RépondreSupprimerje ne lis jamais de théâtre (je pense ne pas en avoir lu depuis mon année de 1ère A)
j'ai trouvé très intéressant de passer de la lecture à la pièce et exactement comme Niocle j'ai été étonnée de la dimension comique apportée par les acteurs que je ne ressentais pas à la lecture. Je ne saisissais pas toujours avec précision l'intention de l'auteure et c'est pour ça quej'ai aimé voir la pièce et appréhender la place singulière et personnelle que prennent les acteurs (Luchini, Arditi, Vanek) et leur manière si fascinante de faire vivre un texte, d'incarner avec brio ce qu'a imaginé l'auteur et qui reste pour moi un peu sans âme sur le papier.
Ça se joue d'abord sur le non-verbal les regards, les gestes, le silence, les intonations qui vont du mépris à la moquerie en passant par l'agressivité et bien des nuances (de blanc !!!) ... et en une heure ce trio d'amis vont si loin qu'ils dépiautent littéralement leur amitié, la tournent, la virent et les sentiments les pires apparaissent sans retenue, sans la retenue qui permet de garder des liens...
3 acteurs formidables qui tournent avec brio autour de ce tableau blanc et où se jouent des rapports de domination. C'est décapant et cynique.
La tirade d'Yvan sur le coup de file de sa mère est bluffante.
Est ce que quelqu'un a vu l'interprétation où Jean Rochefort devient Serge, Jean-Louis Trintignant est d'YvanPierre Vaneck, est toujours Marc ?
J'ai aussi pensé à la pièce "Pour un Oui ou Pour un Non" de Nathalie Sarraute, avec Dussolier et Trintignant.
J'ai vraiment aimé cette pièce et cette expérience de lecture. Merci Anny.