Je vous propose la lecture de
RU, que j’ai aimé pour le trajet de cette femme, mais aussi pour les questions
qu’elle pose concernant l’abandon d’une langue maternelle pour une ou deux
autres langues qui demandent beaucoup plus que seulement parler avec des
nouveaux mots ;
Alors qu’elle est arrivée en Amérique après
avoir quitté le Viêt-Nam à l’âge de dix ans dans un boat-people, puis subi un internement dans un camp de réfugiés
en Malaisie, un femme nous fait part de toute cette aventure et la façon dont
elle a à remettre un tas de choses en questions quand elle découvre enfin le
climat canadien.
Elle nous fait partager à la fois ses
souvenirs, ses impressions face à la peur, la misère, son vécu où l’avenir se
dessine comme problématique.
Elle faisait partie du Viêt-Nam du Sud, issue
d’une famille assez aisée, qui a vu les soldats du nord occuper une partie de
la maison, puis la maison toute entière , ce qui a rendu la fuite
nécessaire.
Ce livre est écrit par petits fragments, d’une demi-page à deux pages, et
est écrit après pas mal d’années vécues au Canada.
Se donne à lire un récit où se tressent des
souvenirs, des impressions du moment où
elle écrit, l’approche d’objets qui viennent faire lien entre son histoire et
son identité, qui s’est modifiée par l’enrichissement qu’à permis l’approche de
plusieurs cultures.
C’est aussi un livre où se pose la question
des mots et de leur écriture.
C’est ainsi que l’on apprend que le mot AIMER
n’existe pas dans sa langue maternelle, ce qui lui pose un problème avec la
nouvelle langue qu’elle doit s’approprier : en vietnamien, aimer se
conjugue de façon relative : le mot diffère selon ce que l’on veut
désigner comme « aimé ».
C’est écrit avec beaucoup de subtilité, de
finesse, de poésie.
RU veut dire le vide et le trop-plein,
l’égarement et la beauté.
On découvre un grand écrivain, qui a pris
une assise lui permettant de nous parler de plusieurs points de vue et nous
fait approcher le Viêt-Nam d’hier et celui d’aujourd’hui.
Geneviève