dimanche 2 décembre 2012

L'équilibre du monde de Rohinton Mistry, préconisé par Alberte-Marie



L’auteur est un Indien de Bombay, vivant au Canada.
J’ai localisé le sous-continent Indien en Asie, même si c’est une erreur. A vous de me le dire.
Alors voilà, ce livre est une fresque, une peinture intense et vivante, au milieu des petites gens, d’un moment de l’Inde. A ce titre, on pourrait le rapprocher de Mendiants et orgueilleux que vous avez tant aimé.
Toutefois, si la philosophie y a sa place, elle y circule autrement. Ici, les personnages veulent briser le cercle de la fatalité de toute leur énergie. Mais ils sont parfois rattrapés par les évènements, en particulier politiques.
Curieusement, ce livre nous donne une énergie folle, nous électrise, nous donne de l’espoir, et évidemment nous émeut aux larmes aussi.
Si vous aimez la cuisine indienne et ses épices particuliers, c’est cela : un mets très épicé avec lequel, tandis qu’on le déguste, il faut de temps en temps boire un peu de yaourt liquide pour se refaire le palais.
Régalez-vous, riez, pleurez, maudissez-moi si ça vous aide.

13 commentaires:

  1. Je l’ai fini il y a bien une quinzaine de jours et je l’ai prêté, donc je ne l’ai plus pour vous écrire des détails sur mon avis.
    Première impression à l’ouverture : ça se lit vite, ça se lit bien, c’est des faits, des histoires, pas de prise de tête.
    Deuxième impression : je ne comprends pas bien l’intérêt du procédé d’écriture choisi, marche avant, marche arrière, marche avant… L’auteur est, visiblement, dans un mode d’écriture très classique, voire conventionnel : c’est une histoire, on va de l’avant. Mais, bon, pas grave. Je continue.
    Au milieu ou aux deux-tiers : un grand intérêt pour ces personnages qui transgressent (j’aime bien) les lois, les règles, les devoirs… J’aime bien les rapports qui se créent petit à petit au fil de la vie courante entre les personnages : je dirais que pour moi c’est le meilleur de ce roman. Comment cette femme qui se veut directrice, elle-même en rupture de son milieu, accepte la création de liens affectifs avec les intouchables.
    La fin ne m’a pas plu du tout, pour des raisons que j’ai déjà manifestées au travers d’autres livres : trop, c’est trop. Le tonton qui remplace le mendiant précédent sur sa planche à roulettes, ça ne passe pas pour moi : trop de misérabilisme. Je les ai appréciés combattants, je ne les aime pas avec ce fatalisme.
    J’ajouterai que j’ai toujours un problème avec ces romans « faussement » documentaires : est-ce une fiction, est-ce un documentaire ? Est-ce une histoire, est-ce une démonstration ? Pour ceux qui s’en souviennent, ça me fait penser aux films de Cayatte : lourdement démonstratifs. Et pourtant, il s’en faut de peu. Parce que, je le redis, il y a des moments de grâce où ça marche. Et je sais bien que le monde est sans pitié, etc… Mais je me demande si cet auteur ne joue pas un peu sur une corde sentimentale, affective….
    Sans avoir lu la quatrième de couverture, ou après l’avoir oubliée, je me suis dit : c’est vraiment « Les Misérables ». J’ai vu après que c’était le mode de comparaison. D’abord, « les Misérables », je ne sais plus comment ça finit. Et puis, je n’ai jamais aimé.
    Je dirais pour finir – mais c’est ma faiblesse – que je n’aime pas les histoires de ceux qui abdiquent. C’est pour cela que j’aime « Lord Jim » qui a perdu mais gagnera et que je n’aime pas lire des histoires d’abandon de toute forme de combat, de résignation. Si un jour on fait la littérature italienne, n’essayez pas de me faire lire « La storia » d’Elsa Morante, roman que je conseille à ceux qui ont aimé cette histoire.

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    1. Réponse après les commentaires d’Odile et d’Evelyne

      Oh, oh, oh (dit sur un ton joyeux) vous commencez fort les filles ! et je crois bien que je ne pourrai pas répondre à toutes les interrogations car je me suis située à un niveau bien en deçà du vôtre.

      Mais par exemple l’effet « documentaire » que dénonce Odile, j’ai fini par comprendre pourquoi on pouvait en effet ressentir ça. Le roman le cède parfois à un hyperréalisme du milieu, mâtiné d’évènements politiques réels, ce qui donne ce résultat.
      Mais je pense que pour R. Mistry rien n’était plus naturel que de procéder ainsi. Il est né dans cette ville, cette réalité-là il la côtoyait quotidiennement j’imagine.
      De plus, il nous prévient dans l’exergue par une citation de Balzac : « …..All is true. »
      Moi, ça ne m’a pas gênée dans ma lecture, j’étais sur le mode « roman d’ailleurs » et je me suis laissée conter cette histoire comme elle venait, avec l’envie de savoir à chaque page ce que devenaient les personnages, s’ils arrivaient à s’en sortir ou au contraire si c’était pire que la veille, avec, quand même en moi, une grande compassion qui se levait pour ces misères, ces luttes rudes et parfois injustes, une admiration pour leur courage, une compréhension pour leur fatalisme.
      Par contre, j’ai eu le même sentiment qu’Odile à la fin : une sorte de grande déception. Toutes ces pages pour ça ! Je n’ai pas vu l’humour que semble y détecter Evelyne. Impression que tous avaient abdiqué !

      Par ailleurs je ne vais pas pouvoir répondre au sujet de Yeats. Je ne me suis pas interrogée plus avant là-dessus au moment de ma lecture. Et ne me sens pas de le faire maintenant, désolée.

      Mais je reprends en revanche le fait qu’à partir du troisième tiers, le roman fait feu d’une dramaturgie trop appuyée, invraisemblable pour finir. Les impressions qu’on ressent, on ne peut pas trop en discuter, elles sont telles. Donc je ne les conteste à personne.
      Mais ce que je crois, c’est que dans un monde tel, celui de l’Inde en général, si foisonnant en tout et sur tous les plans : l’Histoire, les spiritualités si diverses, l’organisation de la société, les langues multiples, les difficultés et les alternances de gouvernances, etc., et à Bombay en particulier, où il semblerait que la moitié de la population (21 M d’habitants) vit dans des bidonvilles, pour moi, tout me paraît plausible, vraisemblable, rien ne m’étonne. Evidement, j’en ressens des émotions, mais je gobe tout. Vous savez bien, parfois, la réalité dépasse la fiction. Je ne crois pas, de fait, que Mistry ait forcé la dose. Il s’en est tenu à quelques personnages et il les fait évoluer dans ce monde bien complexe dont il connaît manifestement les manières. (je le vois bien appartenir de près ou de loin à une de ces familles petites bourgeoises qui ergotent et tiennent à leurs maigres prérogatives).

      Mais là encore, je ne sais rien sur cet auteur (et Wikipédia n’en dit pas beaucoup) et je n’ai rien lu d’autre de lui.
      Peut-être que j’ai trouvé ce gâteau déjà bien copieux !
      Mais si je l’ai mis au programme c’est qu’il m’avait laissé un goût particulier fait d’énergie et d’humanité.
      Voilà.


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    2. Merci Alberte, peut-être que quelqu'un d'autre connaît Yeats ?
      C'est vrai que c'est malheureusement certainement plausible la fin, encore que j'ai du mal à m'imaginer les deux lascars, l'un sur une planche à roulette, l'autre le tirant, en train de rigoler et de pouffer ensemble comme avant, mais bon...

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  2. Geneviève schnepf3 décembre 2012 à 06:39

    J’ai lu ce livre en juin, sur les conseils d’un ami qui arrivait d’un voyage en Inde.
    Je n’avais aucune contrainte dans le temps pour le lire (ça compte !) et j’étais prête pour un pavé. J’ai eu du mal à m’interrompre pour faire autre chose, sauf pour la dernière centaine de pages. Je ne l’ai pas trouvé long, jusque-là et j’ai aimé ce livre, qui reste inoubliable.
    J’ai aimé, même si c’était dur, ce monde hallucinant des bidons-villes, avec ces personnages terribles que l’on croise.
    J’ai aimé comprendre comment un pays peu tomber dans des façons de traiter l’autre, impensables quand la misère, la densité de la population vivant ainsi , et le système politique se rencontrent pour faire inventer les pires mesures de chantage à tous les niveaux ; même si c’était dur, cette histoire qui décrit « l’ordre social » des malheureux qui font la manche, on a du mal à garder cette expression, d’ailleurs, les détours par lesquels cette femme doit passer pour arriver à ne pas être sous le joug d’un homme de la famille, les bidonvilles, la contraception, le système des castes que l’on croit pouvoir être dépassé, et qui, hélas revient s’imposer comme une punition à ceux qui ont osé le transgresser.
    Malgré tous les efforts pour se blinder contre toute tentation de plus de facilité, la femme qui entre en scène au début n’est vraiment pas drôle, mais elle arrive à être touchée par la misère qui touche les tailleurs et par la communauté de vie et le partage, qui fait qu’un peur de douceur et d’humanité arrive dans ce livre.
    Je ne peux dire que j’ai aimé, mais je suis allée jusqu’au bout dans la lecture du récit qui nous entraine dans les méthodes de stérilisation. Elles m’ont fait douter d’avoir envie de poursuivre, car on entre dans l’acmé que contient ce livre dans le récit de l’horreur, pour revenir après un retour par la montagne, sans y trouver le moindre air pur, à une fin qui se décline avec une logique effroyable, même quand l’imaginaire est à son niveau le plus élevé, au point que l’histoire devienne quelque chose à dormir debout !
    Mais permettant de se dire : « ah !c’est vrai que c’est un roman, tellement on aimerait qu’il n’en soit pas ainsi du tout, dans la réalité, mais il n’y avait rien d’autre à inventer, après la mise en place de tout ce qui avait précédé.
    Je n’ai pas réagi comme toi, Evelyne, au contraire, j’ai trouvé que ça donnait de l’air (enfin, si je peux me permettre une telle métaphore dans un tel contexte), j’ai trouvé que ce changement de registre permettait de tenir jusqu’au bout car juste avant, j’avais eu du mal à me dire que j’allais terminer ce livre! Certes, c’est décalé et pas « politiquement correct » au pays de la littérature, car on change peut-être de genre, mais je me suis dit que dans les films venant de l’Inde, on avait comme ça des effets de couleurs, ou de mises en scène très « kitch » , qui permettent de ricaner, à défaut de rire, pour continuer dans un style de vie souvent déconcertant.
    D’ailleurs, il fallait suivre chacun de ces personnages et ça, c’était très fort, car ça permet d’arriver à survoler les aspects de ce pays les plus divers et les plus sordides, mais qui se tiennent tous et donne une information sur cette période sur le plan politique. Ceci dit, je me demande si ça a beaucoup changé, puisque l’ami qui m’a passé ce livre l’a fait après qu’il en soit revenu et nous avoir raconté ce qu’il avait vécu.
    Alors, c’est bien, voilà un aspect d’un des pays d’Asie que nous avons partagé.

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  3. Geneviève Schnepf3 décembre 2012 à 06:43

    On m'a fait "sauter" une partie de mon commentaire car il était trop long, alors voilà la suite!
    Je ne suis pas du tout d’accord avec toi, Odile, quand tu dis qu’il s’agit-là de « misérabilisme » et que tu compare ça aux « Misérables » !Enfin, il faut s’entendre par ce que l’on veut dire par misérabilisme ;Si cela désigne le sujet d’un livre, on est dans la misère, mais je ne trouve pas qu’il y ait un plaisir ou une complaisance d’être parti avec des personnages très miséreux. C’est un choix, qui, à mon avis, nous font survoler un aspect de l’Inde ;certes il y a à se poser la question du « documentaire » ou du roman, mais on le sait d’emblée, et il me semble que cet auteur , que je ne connais pas, a fait le choix d’une fiction dans laquelle des personnages, issus de milieux différents, se retrouvent à avoir en commun leur pauvreté, alors qu’ils ont essayé à dépasser la limite mise par un certain ordre social.
    Et rien à voir avec « Les misérables » que j’ai lu à la suite, par hasard, et que j’ai beaucoup aimé, mais qui va bien plus loin que ce livre et que j’ai trouvé excessivement actuel, sur le plan politique. Mais ça fait 2000 pages et je ne suis pas là pour parler de Victor Hugo !(Tiens, personne n’y a pensé, dans le rayon :classique » !
    Mais je réalise que nous serons très, très loin, d’avoir fait le tour d’un continent tel que l’Asie, de sa littérature et ses auteurs les plus connus., nous pourrions y consacrer plusieurs années ;
    Pour ma part, « Asie » ne m’a pas évoqué l’Inde, et je regrette toujours de n’avoir pas proposé le livre auquel j’avais pensé d’emblé, car pour moi, l’Asie, c’était la Chine en premier, en ce qui fait ses fondements : c’est-à-dire sa culture et sa philosophie.
    Si j’avais choisi l’Inde, je vous aurais donné à lire : « Le dieu des petits riens » par Arundhati Roy, qui pour moi est un auteur à connaitre .Rien à voir avec notre livre du mois, qui a en soi, sa valeur personnelle.

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    1. Merci pour ton commentaire, Geneviève.
      Je ne réagirai que sur une petite remarque finale, mais qui, moi aussi, m'avait fait m'interroger. Tu dis que Asie ça évoque d'abord pour toi la Chine. Et moi je n'était pas sûre que l'Inde, aux habitants qui n'ont pas les yeux bridés, faisait partie de l'Asie. Nous étions toutes deux bien restrictives. Et tu as raison de dire que nous pourrions passer plusieurs années sur le thème.
      Vérifié dans un Atlas, l'Asie commence à l'Ouest, du Nord au Sud, par la Russie, la Turquie, les pays de ce que l'on appelle le Moyen-Orient, la Péninsules arabique, et s'étire, à l'Est jusqu'aux Philippines.
      Il y a de quoi faire, je veux dire, de quoi lire !....

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    2. C'est encore plus immense que je ne le pensais!Geneviève

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  4. L’équilibre du monde
    Rohinton Mistry

    L’auteur est prolixe, il parle longuement d’un pays qui l’enchante…Il raconte et son récit est poignant, vivant, tout à tour triste, joyeux, captivant, cruelle (et je manque de qualificatifs pour rendre compte de la richesse de ces pages).
    J’ai aimé ces longues descriptions de voyages en bus, de travail dans l’atelier, de la présence forcée aux réunions publiques du 1er ministre. J’ai été ému des histoire de singes et de chien que l’on tue parce qu’il a mangé les singes…J’ai entrevue la beauté et la rigueur de Dina…J’ai vécu l’horreur avec Nazale…et j’ai ris en voyant la goutte de sueur du cuisinier tomber dans l’huile et faire tant de bruit…ainsi se déroule devant nous la vie de ce pays que je ne connais pas mais que ces pages nous rendent vivant, aimable, tout en se disant qu’on serait sans doute incapable d’y vivre et de prendre en charge tout ce qui s’y passe. Un film qui passe devant nous et que nous regardons avec un certain détachement.
    Et c’est là sans doute, la limite, pour moi, de ce livre. Il me semble que l’auteur raconte –et avec quel talent- mais ne nous émeut que partiellement comme si son objectivité nous empêche de rentrer dans l’histoire. Il semble raconter cela mais qu’en pense-t-il ? Quels sont ses sentiments ? On ne le saura pas.

    Olaf,
    Le Havre, le 3 Décembre 2012.

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  5. Difficile d’écrire sur ce livre, d’abord parce qu’il est gros et que j’ai un peu peiné sur le dernier tiers ! mais aussi difficile parce qu’il arrive à faire aimer ces personnages (surtout au début) et à entrevoir des vies effectuées dans une partie du monde que je ne connais pas.
    882 pages pour décrire une période de l’Inde sous la gouvernance tyrannique d’Indira Gandhi, puisque le récit correspond à l’époque où elle décrète l’état d’urgence. C’est vrai qu’il est difficile de faire la part des faits historiques dans un roman tel que celui-ci, comme le signale Odile. Apparemment, beaucoup de faits réels, tels les campagnes massives de stérilisation dans ces années-là, le massacre des Sikh au moment de l’assassinat d’Indira Gandhi, la rudesse des politiques face aux émeutes.
    Mêler histoire politique et histoires personnelles reflétant l’état d’une nation et la sociologie d’un pays aussi immense que l’Inde relève du défi. Je trouve que l’auteur parvient à nous faire passer des éléments de cette histoire, avec quelques passages privilégiés particulièrement bien rendus : l’organisation des bidonvilles, la description terrifiante de leur éradication, le monde de la ville, de tous ces gens qui font des sales boulots pour vivre, de la situation à la campagne des Intouchables (j’ai lu un article récemment sur des incidents à l’identique qui se déroulent encore aujourd’hui), la vie de cette femme qui se bat pour son indépendance, la différence entre ville et campagne, le monde ubuesque des cours de justice et des avocats...
    Sur la construction du récit, moi j’ai bien aimé le clin d’œil de l’auteur qui nous fait retrouver à la fin tous les personnages, principaux et secondaires. Je l’ai pris pour de l’humour !Que le sort s’acharne sur eux de cette sorte, ce n’est pas croyable. C’est vrai que ça fait penser aux Misérables . Mais le « secret de sa survie est dans l’acceptation du changement et l’adaptation. En d’autres termes, tout s’effondre et se reconstruit, joyeux est celui qui reconstruit. Et aussi, « il faut parfois utiliser ses échecs comme marchepieds vers le succès, maintenir un bon équilibre entre l’espoir et le désespoir. (p. 337). Seul, Maneck n’y arrive pas.
    Cette référence au poète Yeats m’a parue surprenante, car pour moi Yeats est plutôt un symbole du patriotisme irlandais, mais bon, je ne le connais pas bien… tu peux nous en dire un peu plus Alberte, sur cette référence à Yeats qui réapparaît à la fin du bouquin dans la bouche de l’avocat – faux avocat (j’ai bien aimé ce personnage, et le passage où Dina a des doutes quand elle lui fait appel) ?
    Reste que le livre pour moi aurait pu être plus court, et qu’il aurait pu éviter des histoires comme celle du Maître des mendiants se découvrant demi-frère de Shankar, le cul-de-jatte, A partir de là, je trouve que le romanesque l’emporte sur le reste, que l’auteur en fait beaucoup dans la surenchère dramaturgique, et la fin n’est pas faite pour me contredire. Il y a une bonne dose de superfétatoire dans le dernier tiers du livre ! Question acceptation du changement et adaptation, on ne peut faire plus ! J’ai l’impression que pour donner plus d’impressions au lecteur, l’auteur n’a pas lésiné.
    Livre attachant, même si je ne suis pas sûre que l’écriture, au demeurant fluide, facile à lire (ce qui n’est pas pour moi un défaut) me paraît parfois sans originalité.
    Alberte, on pourrait en savoir plus sur cet auteur et ses œuvres ?

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  6. J'ai eu du mal avec ce livre : trop long pour moi qui n'ai pas assez de temps pour lire, je souffre avec 900 pages en format poche mais là n'est pas vraiment le problème car si j’avais été captivée j'aurais apprécié que ce livre dure. Je suis partagée : c'est un récit que j'ai trouvé éclairant, réaliste (sans doute , je ne connais pas du tout l'Inde), j'ai été émue par moment et révoltée surtout par le système des castes, par la misère et par le poids de la tradition mais je trouve qu'on se noie dans des détails et des longueurs. J'éprouve la même chose qu' Olaf : intéressant mais pas passionnant, une émotion qui manque. Ce mélange de destins plus tragiques les uns que les autres, c'est parfois dur et violent mais heureusement parsemé aussi de moments plus légers. Tout en me demandant aussi si on est près de la réalité ou pas (est-ce qu'on est à Bombay ?) j'ai trouvé intéressant de découvrir à travers ce roman les grands changements de la société indienne.
    Au fil des pages j'ai été impatiente d'en savoir plus sur ces personnages, sur leurs histoires qui s’entremêlent, se croisent, dans cette grande ville, et par moment la lenteur du récit m'a ennuyée, neuf ans de vie contemporaine en Inde, décrits par une plume qui n'a rien d'exceptionnel, pour moi c'est long...En tout cas cette société invite à la révolte : discrimination, racisme, pressions, difficultés pour une femme seule de s’en sortir, tragédie, misère, exploitation, et cette place des mendiants totalement étonnante. Un livre qui m'a posé un problème car je ne sais pas pourquoi je n'ai totalement accroché alors que tous les ingrédients y sont en apparence.

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    1. Petit extrait d'article :
      "L'Inde moderne ne reconnait pas constitutionnellement l’existence des castes..
      En 1995, une intouchable Mayavati a été élue à la tête d’un État, l’Uttar Pradesh. En juillet 1997, Kocheril Raman Narayanan, issu de la caste des intouchables, a été élu à 75 ans président. Ce poste est honorifique, mais cette élection a représenté un symbole très puissant dans un pays où la question des rapports entre castes n’a jamais été réglée de façon satisfaisante."
      Ceci étant, les intouchables sont encore majoritairement dans les situations professionnelles les plus catastrophiques.

      En te lisant, Catherine, et aussi Olaf dont j'ai noté l'ennui, je ne crois pas qu'il faille connaître un pays pour apprécier un écrit. On s'est régalé avec l'Odeur du Gimgembre or nous n'étions pas tous allés au Japon.
      Ou on se laisse prendre par l'atmosphère ou bien pas et on ne peut le savoir à l'avance. Peut-être d'autres romans fleuves en Inde mais écrits par le "colonisateur" vous auraient davantage intéressés ?
      Par contre je relève l'agacement provoqué par l'accumulation de détails : mais c'est le genre même du livre. Il travaille sur le détail parce que c'est cela qui le rend vivant. La scène d'intro , par exemple, dans le train, commence comme ça : c'est une foule de détails, mais la scène devient vivante sous nos yeux, le train qui bondit et le déséquilibre en chaîne que cela provoque parmi les passagers.....Ce qui permet la présentation de trois personnages, de leur allure, de leur tempérament, de ce que l'un d'eux transporte.
      C'est la matière-même du livre le détail, c'est ce qui le constitue, en fait sa chair et le rend foisonnant.
      Si on n'aime pas, c'est sûr, on souffre.
      Je regrette pour vous, parce qu'en effet, ça a du être dur à lire.
      Je me souviens d'un autre livre, très différent, mais très fouillé aussi : Montée en première ligne de J. Gerreschi.
      Voilà.
      Bonne suite de lectures.

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    2. Merci Alberte, tu as raison, un livre opère sa magie ou pas ! sans doute qu'il ne faut chercher d'explications sinon ce ne serait plus de la magie.

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  7. Je me suis laissée porter par ce livre qui est c'est vrai à la fois un documentaire et une fiction...mais ce- -la ne me gène pas. J'aime aussi à travers un livre apprendre quelque chose...La galerie de portraits décrits est, je trouve, très plausible (au vu d'autres livres lus sur l'Inde)et rend le roman attachant. J'ai aussi aimé cet essai d'émancipation, d'être en dehors des normes de l'héroine et même quand elle intègre le foyer de son frère, continue à être à la limite de ce qui est autorisé en nourrissant ses complices!!

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