
Non, non, ce n’est pas un roman à l’eau de rose même si amour et érotisme sont au rendez vous. C’est le premier roman de cet auteur, roman dense où les descriptions de l’Inde actuelle ou celle du siècle dernier vont se chevaucher tout au long de ces pages avec les vies des personnages
Depuis quinze ans, un journaliste indien et sa femme Fizz vivent une intense passion amoureuse entre Chandigarh et Delhi. Un jour, ils découvrent dans leur vieille maison, accrochée aux contreforts de l'Himalaya, des petits carnets écrits par une femme au début du siècle dernier. Soixante-quatre épais carnets reliés de cuir racontent la vie et les secrets d’une aventurière américaine et précédente propriétaire de la maison. La découverte de ces écrits va déclencher une profonde crise dans le couple.
L’histoire de ce couple et le récit de l’intrépide américaine vont s’entremêler tout au long du roman. Mais ce dernier brasse aussi l’histoire de l’Inde et sa confrontation avec la civilisation occidentale au siècle dernier. La narration n’est pas chronologique mais fait des allers retours entre l’histoire du couple et cette américaine, arrivée en Inde pour suivre l’homme qu’elle aime.
Bonne lecture
Je lance mon venin assez tôt pour vous laisser le plaisir de me contredire…
RépondreSupprimerJe n’ai pas aimé ce livre, pas du tout. Quand j’ai lu la préconisation de Véronique, ainsi que la quatrième de couverture, je m’attendais à un roman qui montre un conflit intérieur ou la mutation d’un homme qui abandonne son histoire d’amour réelle pour s’égarer dans une « relation » avec un être disparu mais dont il se rapproche. Officiellement, c’est ça. Mais c’est pas ça.
Parce que, de mon point de vue bien sûr, le démarrage sur la relation harmonieuse, passionnée, d’un érotisme brûlant avec sa compagne est bien trop long : 400 pages, non ? sur 700. Et 400 pages d’une écriture monotone, lassante. Aucun érotisme dans tout ça, des répétitions, à la limite du comique : combien de fois par jour pendant 20 ans, 30 ans ? Tel un scout, toujours prêt. Mais aucun intérêt dans ces répétitions soi-disant lyriques mais qui m’ont donné envie de bailler et de tourner des pages.
Bon, finalement arrivent ces foutus carnets et la soi-disant rencontre avec la soi-disant personne d’une soi-disant autre époque : là, on n’a pas d’autre voix, pas de texte émanant d’une autre personne, un autre narrateur mais une sorte de résumé. Pas d’aller et retour, comme je l’espérais, entre des textes d’une femme d’une autre époque et un homme d’aujourd’hui, non, résumé de la vie de la femme. Pour moi, c’était dans cette confrontation entre le présent d’une femme d’une époque, le présent d’un homme d’une autre époque et leur rencontre que le livre pouvait être passionnant. L’idée était bonne…
Puis une vague enquête et un genre de happy end.
Le pire dans tout cela, c’est cette écriture banale qui ne fait même pas reportage, cela aurait au moins pu avoir un aspect sociologique. Mais non !
Pour terminer sur une note positive :
- L’idée était bonne
- Un passage m’a plu : le voyage en autobus, complètement déjanté et cocasse.
Ouf, Odile, tu m’enlèves une aiguille du pied !Je ne vais donc pas être la seule à ne pas avoir aimé !
RépondreSupprimerMais en même temps, quand je lis un livre, préconisé, de plus par une lectrice avisée, je suis toujours mal à l’aise de ne pas avoir aimé et surtout n’avoir pas au moins, saisi, ce que l’auteur a bien voulu faire en écrivant l’œuvre que je lis. Et bien là, j’ai eu beau essayer de m’y prendre de multiples façons : le style, l’objet, essayé d’écouter en plus ce qui se dit, tout cela avec un post-it collé en haut d’une page et un crayon pour noter les pages comme je fais toujours, et bien là, rien !
Je n’avais rien noté à la page 100, pas mieux, cent pages plus loin, et ainsi de suite jusqu’à la page 463, où là je me suis dit que ce n’était pas possible de m’imposer un tel pensum qui ne m’apportait rien. Ce personnage que j’ai trouvé très désagréable et qui en plus reste en votre compagnie jusqu’à la page 420 puisqu’en plus ce texte est écrit à la première personne, quelle gigne !
Et oui, il a des problèmes, ce monsieur ; et oui, il aime que rien ne s’arrête jamais pour lui sur le plan érotique et ça le travaille tellement qu’en plus il ne se met à écrire que pour vous dire combien de fois, comment et où, s’il lui fallu enlever un jupe, ouvrir un jean, où se plaquer contre le mur dans un escalier tellement il est pressé !Il se tire même en avance de son lieu de travail, son activité extérieure n’étant qu’une frustration causée par la séparation d’avec sa partenaire !Et voilà que tout à coup ça lui passe !Quel évènement !que s’est-il donc passé ? Que lui est-il arrivé ? Mais voilà qu’il décide d’être écrivain, ça lui permettra d’être sur place en espérant que sa nana soit à sa disposition !Car si elle semble toujours « prête » on ne l’entend pas beaucoup parler et on se demande s’il peut imaginer qu’ils aient une vie personnelle chacun.
Alors voilà monsieur qui s’enferme avec son machine à écrire ; Et quel malheur, voilà que ça ne marche pas non plus.
Bref, je n’aime pas qu’on se paye ma tête en me faisant faire la voyeuse, et c’est à ça que j’ai réagi. Mon humeur au plus haut de l’agacement montre peut-être qu’il a réussi, car quel est le but d’un pervers ? De vous faire jouir par sa perversion ! Et bien, il a gagné, et ma jouissance a été plus que négative !
Alors, ce matin, rebutée à l’idée qu’il fallait que je m’y remette, j’ai ouvert le blog : quel bonheur, Odile avait pris les devants !
Et l’Inde dans tout ça ? bien sûr, il y a des petits passages, très minces qui nous font voit des arbres, des fleurs, qui nomment des plats, qui nous montrent les étals le long du chemin ;il y a aussi la peur de la transgession,mais vraiment après plus de 450pages être réduite à faire l’effort de trouver des détails pour apprécier…J’ai cru que, le récit changeant de pronom personnel, il allait enfin se passer quelque chose Hélas, voilà la demoiselle dont on sait déjà qu’elle sera la femme du tableau qui se met à s’intéresser au hommes, et elle tire ça des dessins peu cachés dans le magasin de son papa..Alors là, je me suis dit que j’allais arrêter !
J’attends vos commentaires qui me donneront la clé de ce livre qui ne peut se réduire à ma lecture ! Désolée. Quoique, j’assume !
Si ce n’avait pas été un livre pour le blog, je me serais arrêtée dès les premières pages !Geneviève
LOIN DE CHANDIGARH de Tarun J Tejpal
RépondreSupprimerRoman du sous-continent indien
Janvier 2013
Longtemps que je n’avais pas lu un roman de cette trempe !
Une merveille.
J’ai adoré.
Alors, que dire ?
Le commentaire d’Odile est venu doucher l’enthousiasme ressenti à la lecture de ce livre .
L’enthousiasme demeure, mais nuancé et c’est bien pour mon esprit critique qui s’en laisse parfois conter alors qu’il y a un bémol.
Ce que j’ai aimé :
- l’érotisme qui court tout au long du livre et que j’ai trouvé à la fois naturel et joliment approché par l’écriture.
- Le regard de l’auteur sur l’Inde, des moments historiques pas faciles, sa vie politique chaotique, sa vie sociétale complexe. Ce n’était pas évident de faire passer ça dans ce roman plutôt torride ! Et d’ailleurs ce n’était pas facile non plus pour le lecteur occidental de raccrocher les wagons. Je m’y suis parfois perdue, mais j’ai laissé courir.
- faire participer le lecteur aux affres de la création littéraire, ses tentatives d’organisation, ses ratés, ses illusions, ses impasses, ses impuissances, ses renouveaux, etc.
- enfin, le procédé de mise en abyme qui consiste à insérer d’autres histoires dans l’histoire. Ça permet peut-être à l’auteur de vider ses fonds de tiroir, qui sait ? mais à nous lecteurs, de voir l’étendue de sa palette, la fantaisie qu’il lui prend de nous embarquer ailleurs. J’ai trouvé que c’était bien fait. Et plaisant.
J’ai l’air de dire tout ça sur un ton un peu froid, mais non, j’ai vraiment beaucoup biché à la lecture de ce livre. J’étais totalement appâtée à tel point que, lorsque la magie n’a plus tout à fait opéré, j’ai eu du mal à savoir pourquoi.
En effet, je trouve que l’histoire de Catherine n’est pas vraiment réussie. Peut-être est-elle trop longue, peut-être trop complexe, pour n’être qu’une insertion, peut-être trop peu crédible ? Et enfin, pourquoi mettrait-elle dans un tel état de black out le narrateur qui n’a aucun lien avec elle ?
Titre original : the alchimy of desire. Pas besoin de traduire.
C’est vrai que ce roman serait comme une tentative d’écrire autrement sur la passion amoureuse. Une passion qui, pour le coup, durerait au delà des désillusions. Ou quels sont les ressorts inexpliqués du désir ? Cette question mérite qu’on s’y arrête et je remercie Monsieur Tarun Tejpal de l’avoir fait.
Il a également fait du personnage de Fizz quelque chose de délicieux et de fort sympathique que j’ai beaucoup apprécié tout le long du livre.
Le passage du déménagement en camion, à la fois cocasse, tendu, invraisemblable m’est apparu comme le moment de basculement du roman. Pourtant, c’est plus subtil que ça. Mais je pense que ce roman est subtil…anyway.
Voilà, difficile d’être bref dans le commentaire tellement il y aurait à dire.
« Toutes les vies vécues sont une pagaille » p. 407
Avant de lire ce qu'Alberte a pu écrire, je viens témoigner de ce qu'il m'arrive:après avoir envoyé ce commentaire, insatisfaisant pour moi, et n'ayant pas d'autre chose sous la main, je me suis remise à lire ce sacré livre, en repartant du début et en cherchant l'Inde et d'autres personnages.
RépondreSupprimerEt voilà que mes yeux se sont ouverts:ils y avait d'autres personnages interessants, et surtout, je n'avais pas repéré que l'homme, au début, est déjà an train de lire les fameux livres!Que voulez-vous, c'est ainsi, n'importe comment j'étais trop occupée par d'autres choses.
Et du coup,j'ai laissé tomber ce que disais l'homme et j'ai trouvé un tas de choses interessantes que j'ai notées qui m'ont fait découvrir une Inde que je ne connaissais pas...A plus tard!
Intéressants vos commentaires, c'est passionnant les points de vue divergents, et les effets de relecture qui sont tous sauf vains.
RépondreSupprimerMais, moi, non, je n'ai pas pu continuer, et je m'en excuse auprès de Véronique. Je me suis profondément ennuyée, et je déteste cela.
Je suis très perplexe. Ce personnage m'a ennuyé, je n'ai pas du tout accroché à cet "érotisme" et, dans le premier quart que j'ai réussi à lire, je n'ai pas pu trouvé grand chose d'autre que l'une de ces fables d'exploit charnel dont regorge par ailleurs la littérature.
Je pensais plonger dans l'univers indien, je n'y ai rien trouvé non plus, les personnages m'ont paru plutôt occidentaux, la fille sans intérêt,fade, et je n'ai pas le courage de m'y replonger comme Geneviève.
Oui, c'est vrai que pendant assez longtemps on se demande de quelle origine sont les deux amoureux. Ils apparaissent comme très occidentalisés et ce petit nom de Fizz ne donne pas vraiment la clef.
RépondreSupprimerJe note aussi une chose dans vos critiques : vous semblez voir dans la part érotique (certes très appuyée) une forme de rodomontade masculine, une façon de parler de ses exploits au lit et de chosifier aussi la partenaire.
Je n'arrive pas à voir les choses sous cet angle. Je me suis juste dit que ce qui se passe au début d'une relation , cette folie bienheureuse de sexe intense, se poursuit avec bonheur chez ce couple inhabituel. C'est plutôt agréable à mes yeux. Mettre en scène un couple dont l'activité sexuelle ne le cède pas au temps, aux conditions de vie, à l'usure du quotidien. Il y a là pour moi comme une vitalité très sympathique.
De plus, Fizz est capable de montrer son désaccord ou sa façon différente de juger des situations et même elle prend les choses en main quand il s'agit de réhabiliter le bâtiment. Donc pour moi, c'est une forte femme. Si elle n'avait pas été d'accord pour faire l'amour aussi souvent , elle l'aurait manifesté. C'est mon point de vue.
Mais tous deux ont une belle santé et un rythme peu commun.
Pourquoi pas ?
Le thème est repris à propos de Syed et de Catherine, chacun dans leurs préférences. Mais alors là, le ton change tout à fait. On a à faire avec une manière beaucoup plus maladive, effrénée, obsessionnelle de pratiquer le sexe et ça fait toute la différence. Vous ne trouvez pas ?!
Il y a, vers la fin du livre p. 657 à 659, une tentative de faire correspondre l'amour dans sa durée avec le don de raconter des histoires : et bien oui, pour continuer à soulever l’intérêt de sa bien-aimée..et cette démonstration se termine par ces mots :
"Mais elles doivent être vraies (en parlant des histoire).
De cette façon singulièrement mensongère qu'ont les grands romans d'être vrais.
De cette façon singulièrement fausse qu'a le grand amour d'être vrai"
Et je m'aperçois que cela correspond exactement à mon attente lorsque je lis. J'aime toujours autant les grands romans d'amour car ils me livrent une part de ma vérité, une part de mon mensonge, cet échafaudage invraisemblable que nous nous construisons pour affronter la vie.
Je redis merci à Monsieur Tejpal. Et, par voie de conséquence, à Véronique de me l'avoir fait découvrir.
Bon.Et bien après un minuscule enthousiame passager , quand le couple découvre la maison, choisit d'y vivre avec tous les personnages qui arrivent et amènent avec eux toutes les superstitions du coin, cela aurait pu être un commencement.
RépondreSupprimerMais ça tient quelques pages et on revient péniblement sur le même thème avec Catherine, et là c'est l'orgie, ou la démesure.
Non je n'aime pas ce livre!je ne le finirai jamais, et je n'oserai pas le passer à quiconque,car il faut le faire d'écrire 700pages pour dire...presque rien!Dommage.geneviève
Véronique, où es-tu ?
RépondreSupprimerLe moins qu'on puisse dire, c'est que ça commente...
Je lis vos commentaires au fur et à mesure de leur publication, avec intérêt, et n'ose écrire le mien ... je n'ai pas aimé. Je suis peut être d'autant plus déçue que j'avais le souvenir qu'on m'avait dit du bien de ce roman. J'ai lu entièrement la première moitié ; et lassée de cette relation amoureuse et des hésitations de cet homme face à l'écriture, j'ai sauté à pieds joints de chapitres en chapitres... En fait, je n'aime pas cette façon de lire, j'ai besoin d'être captivée, emportée dans un nouvel univers. Il faut qu'il se passe quelque chose entre l'auteur, les personnages et moi. Et là, rien. Donc j'ai abandonné.
RépondreSupprimerJe me demande si le succès de ce livre n'est pas venu du fait que l'auteur a osé aller à l'encontre d'un tabou de l'Inde. Quand on voit qu'aujourd'hui, encore, une femme est violée en pleine rue de la capitale, quel contraste avec Loin de Shandigarh !
Et puis j'ai ressenti à cette lecture le vent de l'influence occidentale sur la classe moyenne ou supérieure de l'Inde. Ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus dans ce pays que je l'avoue je ne connais que par ouïe dire.
"Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage"
RépondreSupprimerJe ris parce qu'en ce qui me concerne, je me forgerais plutôt un proverbe inverse concernant ce livre et son auteur , genre : "qui veut sauver son chien, cours chercher son pedigree dans l'armoire".
Au vue de vos critiques "enfonçantes" je me suis penchée un peu, via internet, sur le sujet Tarun Tejpal, sa position, ses réalisations, ses œuvres, bref, qui il est. Évidemment je n'ai trouvé que du bon, du laudateur, du remarquable, et j'ai sorti cet indien du lac de montagne où vous êtes en train de le noyer et cela m'a fait un peu de bien pour mes jours à venir. J'ai trouvé que je n'étais pas la seule non plus à trouver son écriture remarquable, ses thèmes très intéressants et le cheminement de son histoire passionnant. Et depuis quand n'aime-t-on plus les loosers ?
Mais bon, quand ça ne plaît pas, n'es-ce pas, que dire ?
Je m'exprime toutefois sur un point qu'on a toutes plus ou moins ressenti, quoique différemment.
L'occidentalisation des personnages, donc de l'Inde.
Et bien oui, après plusieurs décennies de joug anglais, comment se débarrasser de l'emprunte ?
J'ai trouvé, au contraire, plutôt réconfortant qu'un indien d’aujourd’hui ose exprimer, dans une œuvre, une sensualité torride alors que l'Angleterre avait muselé ce peuple dans l'étroit corset de la pudibonderie anglicane qui ne correspond pas du tout à son expression naturelle . Ça se remarque dans leurs gestes, dans leurs yeux et sur les murs de leurs temples (Khajurâho). Et on le ressent, dès la descente d'avion ; c'est un peuple enveloppant.
Mérite plus que le détour.