Le Dit de TIANYI par François Cheng

En
tous cas c’est Cheng qui a écrit ce texte appelé « roman ».
Cheng. Un
poète, un peintre, un essayiste, un écrivain.
Un texte étonnant, qui m’a bouleversée à
l’époque où je l’ai lu, en vacances dans le Luberon chez une de mes cousines .Il
m’a d’autant plus bouleversée que je ne savais pas ce que j’allais lire,
l’ayant pris dans la bibliothèque de cette grande maison, qui a un charme
équivalent à celle que Claire nous a ouverte.
Je
l’ai choisi en ne m’arrêtant que sur la photo du signe chinois de la
couverture. J’aime la calligraphie et la peinture
chinoise. J’aime ouvrir un livre et me laisser embarquer par la lecture, si
c’est le cas.Et c’est ce qu’il s’est passé.
Il est possible que je trouve aujourd’hui
ce livre un peu trop abstrait, et un peu manichéen, un peu long ! J’ai tous ces scrupules quand je propose un
livre aux pisteurs !
Ce que je sais, c’est qu’il a fait renaitre
chez moi un formidable élan d’énergie vitale, et qu’il a marqué d’une lumière
ma mémoire. Ce trait lumineux a reparu quand a été prononcé notre thème de
l’année : littérature asiatique.
J’avais noté une phrase, qui m’avait à
l’époque marquée : « Pas
un mouvement de notre corps qui n’avive les douleurs accumulées. Pas un
mouvement, cependant, qui n’inspire un fou désir d’être à nouveau ». Je relis cette phrase avec un sourire : cela
devait se passer en 89-90.J’avais effectivement besoin de ce type de
phrase !
Que l’on ne se trompe pas : ce qu’écrit
Cheng par la voix de Tiany n’est pas un savoir pédagogique : il n’y a qu’à
repérer le nombre de phrases interrogatives qui laissent les questions ouvertes.
Il vous fait cheminer et découvrir.
Ce livre ne se commente pas, il se lit comme
on déchiffrerait une partition qui ferait naitre une vive émotion. Ou bien on
le repose, définitivement. Il demande que l’on prenne un peu de temps
pour en lire plusieurs pages afin de se laisser prendre par la poésie de
l’écriture.
Vous allez rencontrer Tianyi, Haolang, et
Yumei. Deux hommes, une femme.
Tianyi est parti en France en 48, il revient
en Chine en 57.Il y a trois parties à ce livre : la période durant
laquelle Tianyi grandit en Chine, la période où il est en France, la période
qui suit son retour .J’ai eu du mal avec cette dernière, qui est plus
envahie par l’histoire difficile de la Chine, mais où Tianyi, lui reste vivant.
Au
printemps 62, parti en Sibérie chinoise, il arrive à écrire : « Le printemps de 1962 est pareil sur
cette terre de Sibérie chinoise, où la nature, impatiente du trop long hiver,
faisant craquer les glaces, explose de toutes ses énergies comprimées.
L’horizon s’élargit sans cesse, repoussant toujours plus loin les confins,
au-delà du vol des oies sauvages, au-delà même des nuages, détendus,
prometteurs…. » Ces nuages-là, je les ai retrouvés à
Vattetot, et j’écris cette préconisation le jour de mon retour ! (septembre 2012). Que cette lecture vous donne l’énergie
nécessaire pour affronter l’hiver !
Cette préconisation, l’étourdie que je suis
ne l’a pas cherchée, croyant que je ne l’avais pas faite, et j’en ai écrit une autre ! Elle n’est pas aussi enthousiaste, et bien
moins tournée, alors ça m’a amusée de garder la première que je ne peux
corriger !
Je
vous souhaite d’aborder ce livre de la façon qui a été le mienne l’année
dernière.
C'est encore moi!
RépondreSupprimerCa va faire un peu désordre mais je viens d'y penser en remettant mon nez dans le livre que je préconise! Je viens de trouver une autre entrée, pout sa lecture:ce livre donne avec précision et justesse les mouvements et contructions "psychiques" par lesquels Tianyi doit passer pour arriver à "tenir" face à tout ce qu'il lui arrive,au-delà ou parallèlement à la façon de le dire avec le support de ses convictions religieuses.Et les deux se croisent et le font passer par les mêmes constructions .Je vais y "travailler", ça me parait très interessant!
Allez ,je me lance histoire de voir si je suis encore capable de donner mon avis aux pisteurs et pisteuses sur les livres choisis !!Je viens juste de finir ce livre qui m'a tenu quinze jours et je me dis que ce jeune homme m'a finalement un peu lassé avec toutes ses questions existentielles. De "bon à rien" à l'école qu'il déclare avec humour je le conçois et dont il s'arrange fort bien il devient peintre . Ouf !!! il a enfin trouvé sa voie, la voie lactée peut être : celle des nuages et à travers la calligraphie .Là, je reconnais que sa description est ravissante ;Son approche de la peinture à travers les livres occidentaux ou autres est fournie , détaillée et pleine d'allant .Curieusement je n'ai pas voulu le suivre en France ,c'est assez bizarre , je n'avais pas envie de le voir ailleurs qu'en Chine !! Excusez-moi on est dans l'exotisme donc je voulais y rester ...Mais je comprenais son désir de voyager et d'appréhender les œuvres d'art et les musées .Son besoin de peindre des portraits ,comme un espèce d'interdit puisque c'est une coutume rare dans son pays m'a plu. Sa vie dans la grotte à recopier des dessins incrustés dans la pierre comme une sorte de méditation m'a séduite, j'aurais bien aimé être à ses côtés ... Son amour autant vécu que fantasmé pour l'Amante m'a un peu usé je ne sais pourquoi pas assez réelle .Heureusement qu'il y a eu véronique !!!Une fille bien vivante . Et son attachement pour son ami ,son double le poète Haolang et sa persévérance à vouloir le retrouver est impressionnante à force de ténacité .J'ai beaucoup souffert avec eux dans les camps et je ressors de cette histoire totalement épuisée physiquement et psychiquement tant ils ont marché , galéré , ont été assoiffé, mort de faim ...Heureusement qu'il avait une tête bien "cortiquée" comme on dit chez nous en NEUROLOGIE qui lui a permis de traverser toutes ces épreuves !!Pas gai , gai ce récit au final et j'ai été déroutée par des dictons dont je n'ai pas toujours compris la signification culturelle .
RépondreSupprimerBiz Anny
Ca me paraît difficile de commenter ce livre, comme le dit Geneviève ! Peut-être qu'il faudrait y revenir plusieurs fois...
RépondreSupprimerTrès fourni, très dense, plein de niveaux différents d'écritures, avec ce fil rouge chronologique qui fait qu'on s'y retrouve bien, sa toile de fond historique documentaire (j'avais déjà l'impression d'avoir lu la même chose sur les camps dans « la rivière et son secret », pas vous ?), et des passages nous invitant à comprendre le taoïsme, le recommencement, le mouvement perpétuel...et les différences fondamentales entre l'art occidental et l'art oriental.
Belle écriture au demeurant.
Je dois avouer que je n'ai pas trop accroché à l'histoire d'amour avec des grands A, avec l'Amante et l'Ami. Et que ce qui relève de la poésie m'a un peu dépassée...
J'ai lu des critiques sur Internet qui mettent en avant leur histoire d'amour comme magnifique, en relevant en particulier cette fidélité qui va jusqu'au-delà de la vie terrestre, en bref la partie « romancée ». Mais j'ai beaucoup apprécié la partie témoignage, autant celle de l'étranger qui débarque en France, que celle du chinois étranger en Chine après son retour.
Le deuxième commentaire de Geneviève est pour moi une énigme...chinoise ?
RépondreSupprimerDonc les constructions psychiques ç'est quoi dans ce cas précis ?Cela serait bien de l'expliquer aux pisteurs et pisteuses Geneviève !§J'ai trouvé à ce petit bonhomme freluquet parait 'il en effet une force psychique extraordinaire et c'est aussi ce qui m'a fait l'accompagner tout au long de sa vie !!!
RépondreSupprimerbiz Anny
Bof!
RépondreSupprimerVous cassez pas la tête, les filles.
Quand j'ai eu donné ma préconisation, je me suis dit qu'avec le recul donné par tous les autres livres, ce livre finalement avait pu mal vieillir et être un peut...indigeste!
C'est pour ça d'ailleurs que j'avais choisi de vous donner la préconisation que j'avais écrite au retour de la Normandie, car un an après j'étais moins enthousiaste!
Puis je me suis appliquée à essayer de relire ce livre en faisant en sorte de voit si la biographie qui nous est donnée et la façon dont cet homme nous transmettait une vie pareille ouvrait des pistes pour comprendre comment cet homme a pu survivre à tant de choses!
Mais je me suis vite arrêtée ,espérant, malhonnêtement, que vous ne relèveriez pas mon commentaire!
Dans ce livre,il s'agitd'une forme de culture et d'une dimension "mystique" , terme galvaudé s'il en est, qui est un état qui permet entre autres de dépasser la douleur...
J'ai surtout voulu que l'on lise Cheng, parcequ'il transmet quelque chose de la philosophie chinoise, et par philosophie je ne pense pas seulement à une dimension psychique purement mentale,(veuillez m'excusez d'insister de pareille façon, mais après l'expression d'Annie "cortiqué", je fais attention!).Quoique,ce terme montre bien que c'est tout le corps qui est en jeu!
D'autant que j'avais trouvé que tout ce que nous avons lu jusque-là ne semble pas en porter la trace. Ce qui me parait étonnant.
Oui, Evelyne en relisant, il y a un passage qui m'a fait penser à "La rivière et son secret", ce qui pour moi met ce dernier livre du côté des "bons" livres, (ceux qui nous font du bien, dans un sens très particulier!);Toi qui as dit quelque chose à son propos que je n'ose pas répéter sur le blog!
Mais peut-être, dans ce cas, ce n'était pas un compliment pour ce passage de Tianyi..Laissons chacune nous donner son point de vue!
Re-moi!
RépondreSupprimerJe crois que je n'ai pas répondu à "l'énigme chinoise"! Voilà la clé de l'énigme:
Après notre rencontre en Bourgogne, j'ai essayé d'écrire une préconisation,sans très grand enthousiasme: je ne savais plus vous donner envie de lire ce livre. Alors je suis allée flâner dans les différents textes de mon dossier:"Pisteurs"au cas où j'aurais pris quelques notes , puisque j'avais hésité entre "Ru" et le livre ci-dessus.
Et là,surprise!
Une préconisation à propos du Dit de Tianyi!
Et à la lecture, je l'ai trouvée bien plus engageante que la seconde! J'ai donc envoyé cette dernière...sans la corriger, pour qu'elle reste imprégnée de mon humeur de l'époque.
C'était ça ta question, Evelyne?
Non, c'était à propos des "constructions psychiques que par lesquels Tianyi doit passer pour arriver à "tenir" face à tout ce qu'il lui arrive,au-delà ou parallèlement à la façon de le dire avec le support de ses convictions religieuses.Et les deux se croisent et le font passer par les mêmes constructions "
SupprimerJe te cite....
Tout de suite emportée par la façon de décrire la perpétuelle transformation du ciel
RépondreSupprimeret de la nature – sensation sans doute accentuée du fait que j’étais à ce moment là au milieu des montagnes Ardéchoises dans l’alternance de tempêtes et de jours ensoleillés - j’ai lu avec grand plaisir cette histoire de vies mouvementées. J’ai aimé ces phrases simples pour décrire et dire l’émotion de chaque événement.
Le fil philosophique et le rapport à la représentation dans la peinture chinoise, m’ont éveillés aux différences culturelles.
Par contre, les liens affectifs sont d’une autre époque, peu intéressants, à l’exception de cette amitié des deux garçons qui fait tout de même que l’un n’hésite pas à choisir le goulag, plutôt qu’une relation stable, pour y retrouver l’autre, un étonnant moteur de choix de vie.
La traversée de cette période politique de la Chine en rapport à l’Occident, dans cet assemblage d’humanités solitaires et d’horreurs collectives d’une dictature est finalement un complément des témoignages d’une époque si peu révolue, je viens de lire la lettre de la Pussy Riot enfermée au camp de Mordovie… j’ai eu l’impression de poursuivre ce livre d’une certaine façon
J’ai attendu le démarrage des commentaires, après avoir lu la préconisation de Geneviève pour envoyer un avis… J’espérais que cela éveille des souvenirs plus précis que la vague impression qui me reste de ce livre… Je l’ai lu à sa sortie, en 1998. Il m’en restait l’impression d’une histoire attachante mais un peu longue et lourde, un peu mystique… de quelqu’un entre deux cultures… Mais peut-être, même cela n’est pas tout à fait juste, puisqu’on le retrouve dans un tout petit livre de lui, « Le Dialogue », qui parle des mots et du dialogue entre les civilisations.
RépondreSupprimerEh bien, désolée, mais vos commentaires ne réveillent pas grand-chose, si ce n’est la question d’Evelyne sur la « construction psychique » de l’auteur que je traduirais, moi, par force intérieure. Ou solidité ou une forme de certitudes…
Donc, je ne vais pas pouvoir aller plus loin.
nos commentaires ne te réveillent pas grand chose à toi je suppose Odile , et bien tant pis , à chacun ou chacune qu'un livre fasse écho en nous de sentiments ou d'attachements entre autres ici à la vie puisque ce petit homme était au risque de me répéter surprenant de ténacité et finalement même si la lecture de ce livre est laborieuse je lui tire ma révérence ! Biz anny
RépondreSupprimerLe dit de Tianyi de François Cheng
RépondreSupprimerOctobre 2013
Parler de ce livre ne va pas être simple pour moi. Pourquoi ?
Parce que j’ai trouvé que du début à la fin, tout compte.
Livre dense, donc, livre prenant, le narrateur ne nous lâche plus.
Et au fond, je m’aperçois que ce livre ne vaut pour moi que pour l’intérêt que je porte à chaque épisode, chaque stade, chaque péripétie.
A le mettre à distance, à le regarder d’une manière plus entière, c’est : « comment cuisiner le malheur et la dureté de toutes les manières possibles, sans oublier un soupçon de bonheur, comme on met un morceau de sucre dans la cuisson des endives pour les rendre moins amères. »
N’est-ce pas un peu trop ?
Ce que j’ai aimé :
- l’idée que le narrateur, dès sa tendre enfance et par un jeu de superstition, ait entériné le fait que sa vie ne lui appartient pas, qu’il attend toujours son avènement, que les décisions qu’ils prend lui échappent. Est-ce ainsi qu’il parvient à être résiliant, à passer à travers la douleur en se disant que même ça, ça ne lui appartient pas ? C’est la douleur et le malheur d’un autre, il ne les a ni voulus, ni générés ?
- l’épisode Jules et Jim du livre (en cela je m’oppose à Marie, je ne trouve pas le trio désuet du tout)
- les itinérances diverses
- le portrait de clan de la famille d’accueil
- la découverte du fleuve Amour par les deux comparses
- le rappel de la politique de Mao pour bien comprendre où on en est. Et que cela soit une chanson déjà entendue, comme dit Evelyne, ne m’a pas dérangé, au contraire.
Ce que je n’ai pas aimé :
- que l’écrivain se montre parfois trop explicatif, démonstratif, moralisateur même, introduisant une mystique, même dans l’amour, que je n’ai pas comprise
- Le côté saint-sulpicien de tout le livre. Que ce Tianyi soit incapable de dire un grand NON au malheur mais au contraire s’y précipite, tête baissée…. Oh,là,là !
Je préfère ce livre en petits morceaux. La totalité me pèse.
Salut.
Vos commentaires mes font revenir sur "les dimensions psychiques".
RépondreSupprimerNous avons tous eu un premier objet d’amour. Nous avons tous eu à le perdre et à en chercher d’autres, qui incarnent chacun un aspect de nos « fondations ».
En grandissant, les supports de cet objet d’amour, permettent de décliner plus ou moins ce qui est vital pour chacun, qui doit se vivre en combinant notre héritage familial, culturel,social et les caractéristiques de notre être.
Dans cette histoire, Tianyi se « débrouille » de ne pas perdre l’Amante en inventant un type d’amour qui lui convient. C’est ce que j’appelle une construction psychique. Personne ne peut en savoir les fondements, ils se vivent et se découvrent dans la vie qui se déroule et donnent sans cesse lieu à des inventions.
Ce rapport à l’objet porte et amène chacun à aménager sa vie en « déclinant » les paramètres de cet amour.
Dans ce livre la construction de l' objet d’amour ne va pas sans l'Amante et l’ami poète et, ce qui fait la respiration de cet homme : la peinture.
On ne peut pas considérer un seul paramètre, c’est un tout qui anime Tianyi.
La façon dont les choses évoluent me fait penser qu’il n’y a rien de masochiste ni de « saint sulpicien » dans cette façon de vivre. Une telle façon d’agir l’aurait fait bien vite basculer et mourir, alors que celle que nous lisons est porteuse de création, jusqu’au bout.
Nous avons- là un exemple de la pensée chinoise qui va donner au temps, à l’espace, au lien avec les autres, au langage, à la poésie des caractéristiques bien précises. Cela permet à notre homme de vivre longtemps et de traverser les horreurs en gardant sa ferveur.
Ferveur. Oui, un vieux mot, qui ne revient plus guère et qui pourtant est à l’œuvre en chacun de nous, quand nous sommes dans la création.Qu'elle ait besoin d'une tête "bien cortiquée"me convient!
Elle peut se transformer en haine, quand il n’y a pas de possibilité d’opérer ce mouvement psychique auquel nous assistons dans ce roman, qui s’appelle la sublimation, propre seulement aux humains…
Cela a été une dimension culturelle dans laquelle a baigné la Chine, avant sa nouvelle ère, et qui demeure encore.
Comme toute façon de vivre, cela peut donner lieu à de l’intégrisme.
Est-ce pour cela que les romans plus actuels nous font aborder parfois l’horreur et une rare cruauté ? C’est ma question.
J'apprécie beaucoup ton explication psychique dans la façon dont ce petit homme a sublimé son amour et je retrouve ce que je perçois de ma petite chinoise dans le livre que je préconise en décembre à savoir que sublimer empêche de mourir physiquement , et ou psychiquement .Sinon c'est ce que tu as sûrement rencontré dans ton métier et moi dans le mien où les patients en tombent malades de ne pas être aimés dans la réalité.Désolé les copines non psy d'avoir un peu envahi le terrain là mais cela nous a fait plaisir d'y mettre notre grain de sel de psy, n'est ce pas Geneviève ? Biz anny
RépondreSupprimerOui bien sûr, ça me fait plaisir.
RépondreSupprimerD'autant plus que tu reviens dans notre club de lecture,et donc je suis ravie de ta présence qui permettra peut-être aux autres de profiter de ce que chacune va faire écrire à l'autre ce qui m'obligera d'être plus précise... car pour écrire ce que j'ai mis au-dessus, et bien, j'ai bossé un peu, pour que ça soit compréhensible, et là les autres vont au moins apprécier d'apprendre que j'ai fait un document word et un copier-coller!
Et puis ce que nous échangeons ne me parait pas si "technique" que ça, et c'est Evelyne qui a aussi posé la question!!G
J'avais lu ce livre il y a quelques années et j'en avais retenu que la vie de Tyani à Paris et les camps...peu de chose, somme toute. La relecture m' a permis de découvrir tout le début du livre que j'avais totalement oublié. Et ce fut un moment délicieux. J'ai aimé les descriptions des paysages, les atmosphères, les ambiances dans la campagne, autour des temples, la rencontre avec le peintre...J'ai lu cette partie du livre avec mes "tripes"...Je me suis laissée couler dans l'écriture sensible, belle, dense, presque à bout de souffle par moments tant cela m'a touché intérieurement...Puis, la suite m'est revenue au fil des pages et j'ai repensé à tous ces livres lus sur les camps et la force intérieure de certains devant cette vie si dure. Cette seconde partie pour moi m'a laissé plus détachée même si les relations entre les trois amis sont intéressantes, les événements politiques bien décrits...Bonne redécouverte pour moi, sans trop de réflexions psychologiques mais avec des impressions dans le corps!!!
RépondreSupprimerVéronique
Je traîne, je traîne pour écrire mon commentaire… j’ai des idées en désordre, ça manque un peu de cohérence.
RépondreSupprimerJ’ai trouvé ce livre long, et en même temps intéressant.J’ai lu « à fond » plus de la moitié du livre, et rapidement l’autre moitié. Une chose est sûre, je suis contente de mieux connaître cet auteur. Mais j’ai l’impression qu’il a voulu tout, absolument tout dire de ce qu’il pense de l’art, de la peinture, du renouveau du théâtre en Chine dans les années 50, de la poésie, du boudhisme. De la rencontre de deux mondes dans l’art, les influences réciproques de l’Europe et de la Chine dans la création artistique. Cela rend cette longue fresque intéressante et en même temps trop longue à lire. Il faudrait y revenir plusieurs fois… ce que j’ai fait en fin de compte.
Cheng sait nous faire goûter, connaître, comprendre un peu la culture chinoise. La spiritualité chinoise transmise par un maître, un vieillard ascète, qui indique au jeune voyageur, le chemin à suivre avant de s’effacer. Il enseigne la voie du renoncement. Je vois là une explication à ceux que certaines d’entre vous appellent du masochisme. Je parlerais, moi, plutôt de stoïcisme. Mais… je suis aussi frappée par ces expressions de doute qui reviennent souvent dans le récit « ont-ils jamais existé ? » Comment vous expliquez-vous cela ?
L’intrigue entre les trois personnages n’a pas trop retenu mon attention. je ne pense pas qu’il m’en restera grand-chose après quelques mois voire quelques années
Il me restera je pense, ce que j’ai découvert dans « La rivière et son secret » cette notion selon laquelle « la vie est un courant fluide. Vivants et morts se confondent. Achèvement et renouvellement s’enchaînent sans hiatus ? L’univers est un continuum sans heurts ». (p191)
J’ai beaucoup aimé l’ambiance de la campagne, celle de la maison de thé durant la longue marche des deux amis pour aller retrouver l’Amante. Et bien sûr tout ce qui est exprimé autour de la peinture chinoise, de l’acte de peindre… les descriptions de la nature, des montagnes embrumées… les séances de peinture sur le motif, pendant la période révolutionnaire, où on n’avait le droit que de représenter dans le tableau de paysage, des travailleurs en action !
Ce n’est pas un livre facile, c’est du sérieux ( !) mais je pense que tu as eu raison Geneviève de nous le faire connaître.
J'ai oublié de dire que je ne trouve pas du tout ennuyeuse l'analyse "psychologique" que vous faites Geneviève, Anny et d'autres. Nous lisons, forcément avec ce que nous sommes... c'est la richesse de l'échange de points de vue.
RépondreSupprimerJe viens de terminer "Le dit de Tian-yi", et pourtant je pourrais aisément recommencer une lecture tant ce livre est complexe, il faut dire que j'ai voulu m'imposer un rythme soutenu qui ne correspond pas du tout à ce type d'écriture poétique.
RépondreSupprimerJ'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre, je l'ai trouvé formidable. J'ai aimé la richesse de tous les personnages; la description des paysages donne envie de se rendre en Chine.
P 93, vous trouverez tout un passage sur l'odeur du lait, intéressant à lire en parallèle des "Belles endormies".
Merci pour cette précision!
SupprimerJe suis contente que ce livre vous ait plu!Geneviève
Un livre lu il y a quelques années et relu pour les pisteurs car finalement il m’avait laissé de vagues impressions, rien de très précis, plutôt une ambiance, une poésie. Souvenirs d'un livre que j'avais beaucoup aimé, d’une langue simple et forte où dominent les suggestions, souvenirs de la calligraphie aussi avec la couverture. J’ai retrouvé avec grand plaisir cette belle écriture, saisissante pour les descriptions de la nature et des paysages chinois J’avais été impressionnée par l’auteur né en Chine, français d'adoption, qui écrit en français et est membre de l'Académie française Mais à la relecture la magie de l’histoire s’est perdue et je me suis un peu ennuyée à suivre en détails la vie de ce peintre de sa plus tendre enfance, jusqu’à sa fin de vie dans cet hospice où le narrateur l’a retrouvé. Ce récit chronologique suit les mouvements de la grande histoire avec brio mais pour moi il souffre de quelques longueurs. Je regrette de n’avoir pas eu assez de souvenirs pour vous donner mes sensations de première lecture. Je ne sais pas pourquoi cette deuxième lecture a affadi le livre. Comment expliquer que mon ressenti soit si différent ? Qu’est ce qui fait qu’on aime un livre à un moment donnée et qu’on l’aime moins (ou plus du tout) à un autre moment… Je me souviens surtout de ce petit livre de François Cheng« le dialogue » (offert par Odile il y a près de 10 ans) qui parle de son aventure linguistique, de sa passion pour les mots et pour la littérature française. Peut-être était-ce mon admiration pour cet auteur qui passe du chinois au français et qui sublime notre langue qui m’avait fait rentrer dans le Dit avec plus d’enthousiasme. Avec « Le dialogue » et avec « Le dit de Tiany » il me reste ça : deux mondes l’occident et l’orient reliés à travers le langage par François Cheng.
RépondreSupprimerCatherine
Globalement, un bon livre pour moi.
RépondreSupprimerIl y a des longueurs, et franchement, certaines évocations quasi métaphysiques m’ont semblé parfois impénétrables.
Je regrette que si peu soit raconté sur Véronique. Bon, elle fait de la figuration dans la vie de notre héros, dommage… ou c’est ainsi.
Par contre, cette immersion dans le travail de création, tant pour le poète que pour le peintre… sur leur cheminement intérieur malgré les conditions de vie du camp qui viennent attaquer la résistance du corps, la/les capacités de l’esprit à métaboliser l’infinie souffrance . Comment rester humain malgré tout. Peut être, en tout cas c’est ce que l’auteur semble indiquer, l’amour et surtout l’amitié indéfectibles y concourent.
J’ai adoré aussi ce talent naturaliste à rendre le lien subtil de l’être humain à l’univers physique, minéral, végétaux, l’eau et le vent, la forêt et ses chasseurs.
J’ai prêté ce livre, pour susciter d’autres échos. Car finalement, ce livre pourrait bien avoir des vertus consolatrices.
Marie-Anne