dimanche 16 octobre 2016

Octobre 2016 - Livre et film proposés par Nicole

Une bouteille dans la mer de Gaza de Valérie Zenatti (livre)
Une bouteille à la mer de Thierry Binisti (film)

Dans ce roman jeunesse, ma surprise a été totale. Aborder avec autant de justesse, de vérité un sujet aussi difficile m'a surprise.
Les deux principaux personnages sont justes, avec leurs préoccupations de jeunes, décalés entre celle qui profite d'une vie matérielle simple et celui qui se débat dans les difficultés du quotidien. Mais tous deux dans la peur quotidienne.
Autour de la question des attentats et de la guerre se déploie peu à peu la question fondamentale de la peur, du droit, de la justice, de la coloni-sation, de la vie et de la survie.
Étonnamment, le film amplifie les questionnements sur la guerre et diminue celle des attentats.
J'ai aimé la délicatesse du livre et du film qui apportent l'un et l'autre des éclairages complémentaires sur cette question internationale, si brûlante.
Je ne suis pas sûre que l'histoire d'amour qui n'est pas développée dans le livre apporte beaucoup dans le film. Par contre, le conflit avec les parents abordé différemment selon le livre ou le film est aussi intéressant à suivre, à mon avis, selon ces deux points de vue.

Je sais que certaines d'entre vous regrettent que cela soit un livre jeunesse, mais pour ma part je trouve que toute la littérature est intéressante et là en particulier il me semble que nous pouvons nous y retrouver au niveau du soin apporté à l'écriture du livre.

12 commentaires:

  1. Le film.
    Je l’ai trouvé très intéressant, plein de nuances, très vraisemblable. (à part l’apprentissage du français réglé si rapidement …)
    Il montre bien la difficulté à penser à ce problème de guerre permanente entre les deux camps. Comment ces jeunes ne savent plus comment y penser pour finir. Ils sont pris au piège des dissensions insolvables. Le raisonnement ne suffit pas à pouvoir résoudre cette situation infecte. Et c’est l’échappatoire qui prévaut pour l’un. Il a trouvé cette solution provisoire.
    Le film montre aussi les autres préoccupations de ces jeunes : vivre, se rencontrer affectivement et sexuellement , faire ses expériences du danger, se confronter aux compromis des adultes, etc. Aimer.
    Bon, peut-être un léger parti-pris de l’image des deux camps. Il existe aussi des gosses de riche en Palestine, je crois plus du côté de Ramallah, mais il est vrai que du coup, la bouteille à la mer n’y serait pas parvenu !

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  2. J’ai lu le livre – assez rapidement – en un après-midi, mais je n’ai vu que des bandes annonces du film. J’ai cherché sur youtube, comme tu nous l’avais recommandé, Nicole, mais ne suis jamais arrivée ailleurs que sur des extraits. Je n’ai pas trouvé de film complet ! Si quelqu’un m’envoie un lien, je regarderai volontiers le film. Les extraits m’ont semblé plutôt justes et intéressants pour nous montrer ces personnalités adolescentes, mais…
    Pour le livre, moi qui ne suis pas enthousiasmée en tant qu’adulte pour lire de la littérature jeunesse, je crois maintenant pouvoir préciser pourquoi. Pour les jeunes, c’est sûrement bien… mais pour moi, ça ne marche pas vraiment. Ce qui me gêne, c’est le côté une thèse, une démonstration. Je comprends l’intention, mais, pour moi, ce n’est pas de la littérature : au sens, la découverte d’une langue, d’une vision du monde particulière…
    Le début a été, pour moi, particulièrement laborieux. Le langage de la jeune fille, particulièrement tarte, celui de son correspondant, en miroir, particulièrement agressif… ça s’est amélioré par la suite, les personnalités se sont nuancées… Mais même les rebondissements (l’attentat en Israël) m’ont paru convenus, pour les besoins de la thèse défendue : si on se parlait, on se comprendrait, surtout les jeunes…. Je ne vais pas m’étendre, car je pense que beaucoup d’entre vous auront apprécié. Simplement, le côté simpliste de la démonstration m’ennuie.
    C’est sûrement de bons livre et film pour faire réfléchir la jeunesse.
    J'oublie de dire que j'ai regardé - intégralement - un navet en me demandant ce qu'il avait à voir avec notre livre : Une bouteille à la mer. Evitez-le, si vous le pouvez !

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    1. Odile, je ne comprends pas tes 3 dernières lignes.
      Finalement, tu as visionné ou pas le film "Une bouteille à la mer" ?
      C'est ce film que tu trouves un navet ?

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    2. Je n'ai pas visionné le bon film... J'ai visionné un navet intitulé "Une bouteille à la mer", un genre de romance débile et je cherchais le rapport avec notre livre, sans le trouver. Ce n'était pas étonnant, ce n'était pas le bon...
      J'avais dû mal m'expliquer.

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  3. GRAULE-PETOT Anny25 octobre 2016 à 00:10

    Anny le 25 Octobre 2016 à 9h5mn
    L'histoire pourrait être banale sur la forme à travers cette communication par internet . Mais elle fait réfléchir ensuite sur le fond . La seule possible , peut être , au vu des relations entre le deux communautés . La situation de guerre avec la haine qu’elle engendre est si forte des deux côtés comme les préjugés . La fin où les deux ados se voient donnent un petit peu de légèreté mais j’ai préféré le livre où ils se rejoindraient à Rome .Le ton général du livre pourrait paraitre primesautier à travers cette ado . Le film avec les images rend mieux l’oppression de la guerre et les attentats . Ce qui frappe aussi c’est la suspicion de chacun , les regards de la fille voilée dans l’institut français quand il voit sa photo , et les copains de Naim , méfiants , intigués . Ce qui bien retransmis c’est l’amour de la mère et des parents heureusement , c’est donne une bouffée d’air pur … Je trouve que dans le film passe trop vite l’épisode du traumatisme de TAL en voyant l’attentat . Par contre, ce qui est intéressant , c’est que du coup, il n’y a aucun parti pris . Cette guerre existe depuis si longtemps et parait sans fin . La couleur dominante d’un bleu pastel rend les images finalement assez douces comme pour nous en faire oublier ce contexte de violence perpétuel . La solidarité est très forte entre eux qu’elle que soit le côté israélien ou palestinien ..On pourrait penser à des cousins qui se disputent sans cesse et seraient inséparables …Biz
    Mon avis est un peu chaotique , soyez indulgentes .

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  4. J'ai bien aimé le livre : simple, marrant dans les répliques de ces deux adolescents, se terminant bien.
    J'ai trouvé le film plutôt plat dans ce qu'il évoque de leur relation épistolaire, mais plus intéressant sur deux aspects : les paysages secs, minéraux, avec en fond la ville de Gaza, et surtout le parti pris du metteur en scène pour une fin différente qui m'a scotchée (enfin !) : le mur qu'on suit un bon moment avec Naïm, son trajet pour franchir le check-point vers Israël,et sa rencontre plus que furtive (juste un regard) entre elle et lui, là j'ai vraiment trouvé que le film apportait par rapport au livre un grand plus.

    Ce qui est aussi intéressant dans le livre, c'est quand même cette vision d'une jeunesse qui ne se retrouve en rien dans des conflits qui la dépasse, mais qui est bien obligée de vivre avec. Le film est plus violent, plus réaliste, peut-être fait pour un public plus large ?

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  5. Le développement des messageries électroniques a permis de réaliser un tel livre. C’est comme-ci on transcrivait un dialogue parlé, chaque interlocuteur parlant à son tour, et quand un se tait l’autre relance, autant de fois qu’il faut pour que le dialogue se rétablisse. C’est simple, pas de fioritures, pas de digressions. En ce sens on comprend que ce livre puisse être compris et apprécié par un public adolescent. Je le conseillerai pour permettre une approche à des jeunes, de ce conflit interminable.
    Le film a l’intérêt de rendre le contexte de la vie des jeunes, plus concret… mais du coup je trouve qu’il nous écarte un peu, il nous "distrait" de cette communication toute particulière de la messagerie électronique. Je dois dire que je l’ai trouvé émouvant, les beaux acteurs y sont pour quelque chose !
    Selon moi l’objectif de l’auteur comme du réalisateur est atteint, faire prendre conscience de la vie des adolescents à Gaza et à Jérusalem, au cœur du conflit israélo-palestinien. Ce que Nicole nous a dit de son séjour en Palestine, éclaire bien ce choix original dans la littérature de jeunesse. Il faut se souvenir qu’elle nous avait proposé sur un sujet similaire, un ouvrage que nous avions déjà lu. Je crois que c’était L’Attentat de Yasmina Khadra.

    J’aime bien le commentaire d’Anny ! Elle qui connaît bien le monde méditerranéen, je la trouve ici très sensible.

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  6. GRAULE-PETOT Anny9 novembre 2016 à 05:10

    Oh merci Claire !
    Bisous Anny

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  7. Il y a une assez grande différence entre le livre et le film.
    Et pourtant c’est bien la même histoire dont il s’agit.
    Je trouve que le livre a un peu de mal à démarrer. Et ce n’est que dans la deuxième moitié qu’il trouve le ton juste, que les êtres se mettent enfin à vivre.
    En cela, le film apporte tout de suite davantage de vie. Les garçons palestiniens ensemble, Tal avec ses parents et ses amis à Jérusalem, leur quotidien à tous et les évènements qui le jalonnent.
    Cette animation n’étant pas vraiment au rendez-vous dans le livre, on se focalise sur les deux jeunes et c’est une romance qu’on voit s’amorcer, alors que le film restitue tout ce qui par ailleurs les anime, les fait vivre, les intéresse, leur arrive aussi.
    L’atmosphère différente des deux appartements par exemple, la différence fondamentale de leur vécu, comme par exemple, dans le domaine des relations amoureuses où, pour les garçons palestiniens, il ne semble y avoir de possibilité que dans le mariage…
    Au fond, je suis contente que Thierry Binisti ait tiré de ce livre un film un peu plus mature et abouti.
    Quand à la question Palestine/Israël elle reste irrésolue comme on s’en doutait.

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  8. J'ai trouvé ce livre très intéressant sur les rapports entre ces deux communautés et j’en ai eu une vision plus juste pour moi-même, surtout concernant la vie des palestiniens. Le procédé des échanges de mails donnent un ton à la fois grave car les sujets abordés le sont mais aussi une certaine légèreté quand les deux protagonistes échangent sur certains sujets de leur vie plus quotidienne. De plus, j’ai trouvé que l’atmosphère de tension, le ressenti de chacun était bien rendu. Le ton de ces deux jeunes adultes est juste, ce qui sous entend que l'auteur cerne bien à la fois leur préoccupations et leur façon de s’exprimer..La fin est pleine d'espoir...
    Je n'ai pas trouvé le film à la médiathèque car indisponible actuellement...

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  9. Ma fille m’avait beaucoup parlé de ce livre qui l’avait impressionnée quand elle était plus jeune et dont elle garde un souvenir fort. Je suis heureuse de l’avoir lu. Quelle façon intelligente d’aborder la question de la guerre et du conflit israélo palestinien ! c’est un sujet tellement casse-gueule. L’auteure a su faire un livre qui ne tombe pas dans le romantisme ou dans les clichés encore moins dans la leçon de morale. J’ai bien aimé la correspondance par mail un peu houleuse voire hostile par moment et le fait qu’au gré des événements et des attentats d’un côté ou de l’autre, progressivement, ces deux personnes vont apprendre à se connaître et à se décentrer des différences et des conflits qui les séparent. L’auteure nous montre fort bien que le conflit israélo-palestinien ne se limite pas à deux camps ancrés sur leurs positions. Elle nous invite à en comprendre la complexité et à démontrer que des deux côtés il y a des gens qui aspirent à la paix et à vivre enfin une vie normale. Que ce soit le livre ou le film c’est cette invitation à se décentrer et à dépasser des propres certitudes qui me parait vraiment intéressante. Le film dont le scénario ne colle pas de façon serrée au livre, réussit à en redonner toute l’atmosphère, les deux acteurs principaux sont excellents. Finalement alors que l’année « un livre/un film » se termine je commence à y trouver plaisir. L’écriture de Zantetti est simple, limpide, sans fioritures et le style mail des jeunes rajoute à cette simplicité, de ce fait on ne perd pas en passant au film la substance du livre, on se sent dans la même ambiance (ce qui n’est pas le cas lorsqu’on part d’une écriture très fouillée voire sophistiquée et qu’on ressent face aux images un manque, un raccourci). Livre et film sont futés, intelligents, utiles. A mettre entre toutes les mains.

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  10. Beaucoup de plaisir à lire, puis relire le livre. Le registre littérature de jeunesse n'est pas un frein, j'aime assez découvrir ce qui s'écrit pour des ados ou des enfants.
    Oui, j'apprécie vraiment le procédé littéraire - échange de mails- qui ne devient pas artifice pour faire jeune. Oui, le sujet me touche, et j'ai noté quelques passages, particulièrement du 1er chapitre qui m'a littéralement embarquée.Par exemple : "je voudrai mettre le silence à fond, mais comment fait on?" "ce doit être pour cela que j'ai décidé d'écrire : pour ne pas effrayer les autres avec ce que j'ai en tête et qu'ils me déclarent folle". J' étais touchée par l'énergie de ces 2 très jeunes adultes, qui rêvent, espèrent, tempêtent, s'apprivoisent et défient à leur façon les conventions, les appartenances politiques, les places assignées d'ennemis.
    Cela me fait du bien que des auteur-e-s comme Valérie Zenatti s'engagent à leur façon, faussement naïve, pour éclairer un peu cet entre deux mondes, ravagé par les monstres.

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