Bonjour les filles,je me sentais en "reste" de vos avis prolixes sur Homère... Mais j'ai été trop déroutée sur la forme , les chants et les redondances sans doute.Qu'importe, car là dans ce récit ,j'ai plongé dedans avec délice, grâce à sa fluidité et à ce parcours initiatique de renoncement de soi et la libération de sa faute. J'ai souffert avec Oedipe , j'ai chanté avec lui , et j'ai rit aussi.J'ai aimé sa conscience aîgue des choses et des éléments.Je l'ai accompagné quand il sculpte sa "vague", quand il s'adresse aux gens, quand il trébuche,quand il chante et quand il danse..Sa fille Antigone est magnifique d'abnégation et d'amour pour lui psychique m'a aussi beaucoup touché, j'aurais voulu être Io pour partager sa vie..C'est un conte philosophique , métaphysique , métaphorique diraient certaines..Merci aussi Geneviève pour ce voyage hors réalité qui m'a fait un bien fou. Bisous à vous Anny le 25 Février
vous aurez compris le blanc après Antigone..pour lui. Clios est impressionnant aussi par sa force physique et psychique Merci de votre indulgence et bon dimanche ...rebiz Anny
D’Ulysse à Oedipe, je prends plaisir à retrouver les récits de la Grèce antique, à retrouver une lecture magique du monde où les dieux, les héros accompagnent les Hommes. La lecture d’Henry Bauchau est agréable, même fascinante. Accompagner Oedipe, Antigone et Clios sur la route, traverser avec eux les multiples épreuves, rencontrer des hommes et des femmes aux histoires bien campées, lire des récits de vie incroyables, tout cela m’a tenu en haleine, m’a ravi. J’ai eu plus de mal avec le côté initiatique, psychanalytique du livre. J’ai trouvé fatigant d’essayer de comprendre le message sous-jacent à certaines situations, de chercher le code de certains discours des uns ou des autres. Parfois je me disais, « tu ne comprends rien Nicole », d’autres fois « il se la raconte un peu trop Bauchau » ! Mais tout cela n’a pas terni le charme de cette lecture pleine de poésie, d’images très belles, de paroles fortes. En voici quelques unes que j’ai particulièrement retenues sur un carnet: Diotime à Antigone : « Il ne faut pas qu’ils enferment leur malheur en eux mêmes, il vaut mieux qu’ils le vivent » Diotime à Antigone : « Oedipe écrit des choses qu’on ne pourrait pas dire. Peut être que l’écriture va devenir plus humaine que la parole. » Antigone à Oedipe : « Chante ! Les corps et les cœurs souffrent ! » Quelle place magnifique d’ailleurs pour le chant , la danse, la sculpture et la peinture dans ce récit. L’auteur redonne une dimension superbe à l’art. Le chapitre de la vague avec ce travail extraordinaire autour de la falaise pour sculpter cette vague ou celui du récit de Clios sur la montagne, cette amitié qui naît et grandit par la musique et la danse sont particulièrement envoûtants. Et puis ce chemin sans fin, cette marche qui permet les rencontres, mais surtout le cheminement de la pensée et une certaine forme de liberté, de paix qui revient en chaque être. Et que dire des ces femmes guérisseuses, de cette bienveillance qu’elles portent et qui traverse d’ailleurs de très nombreux personnages. Oui, un beau livre, un livre qui fait du bien même s’il irrite parfois. Un beau chemin de lecture à parcourir….
Moi au contraire j'ai aimé le supplément version thérapeute psychologue oblige.. mais on peut ne pas s'y arrêter comme dans une préface Bonne soirée Anny
J’ai fini « Œdipe sur la route », mais j’ai un peu de mal à dire un avis. Au départ, au premier chapitre, j’ai été tout à fait rebutée par la manière dont l’histoire s’engage et dont Œdipe refuse l’aide d’Antigone. Il faut dire que j’ai toujours adoré le personnage d’Antigone, sa loyauté, sa clarté et sa manière d’aller jusqu’au bout de son idéal. Par la suite, j’ai aimé l’écriture un peu mystique, son lien à la nature, les épisodes un peu obscurs qui amènent à s’interroger, comme des étapes d’initiation pour les trois personnages, Œdipe, Antigone et Clios. J’ai aussi aimé des personnages secondaires comme Diotime. J’ai relu l’histoire d’Œdipe depuis le début, cette fatalité qui lui fait tuer son père et épouser sa mère sans le savoir, mauvaise farce ! Toutes les étapes que doit franchir Œdipe, qui demeure en colère (et on peut le comprendre un peu), mais aussi ses comparses, qui paraissent sinon initiatrices, du moins rédemptrices m’ont embarquée dans cette errance qui apporte rencontres, épreuves et satisfactions. Car, là, on peut vraiment parler de déambulation : aller de l’avant, sans savoir où, revenir sur ses pas… on est tout à fait dans le thème de l’année. Mais mon côté féministe reprend le dessus et je ne suis pas très satisfaite de la part fait à Antigone. Et je sais qu’Henri Bauchau a écrit une « Antigone » que j’ai lu autrefois et pas aimé… et que je ne relirai donc pas. En bref, j’ai aimé une bonne partie de ce livre, mais sans être d’accord. Et les chants m’ont barbée !
Il y a très longtemps que j'ai lu ce livre.Cest vrai que déjà j'avais un peu eu du mal avec le style de Bauchau.Et je ne l'ai pas relu ce qui me fait me demander ce que j'en penserais maintenant.Mais des amis m'avaient fait connaître ce vieux monsieur qui a un discours bien à lui et un trajet philosophique.Alors je lui ai laissé ses représentations et sa façon de voir les choses sans me soucier de la"véritable Antigone" et j'ai beaucoup aimé ce vieux penseur qui m'a appris plein de choses. Et j'ai choisi ce livre en me disant que ça risquait de faire une façon de de déambuler qui serait une façon de voir peut-être pas courante. Je suis contente que vous le mettiez bien dans ce registre car j'avais un peu peur d'être hors sujet !.. Et quand il s'est agit de lire les livres dans un ordre chronologique je me suis dit que ça ne voulait pas dire grand chose pour ce livre la!..
J’ai beaucoup aimé ce livre qui actualise un mythe dont on a tant entendu parlé (merci Freud !). Henri Bauchau nous offre une proximité avec Oedipe, Antigone et tous les autres personnages. C’est aussi accentué par l’utilisation du présent. J’ai presque oublié la Grèce antique et Oedipe au fil des pages m’est apparu ecomme un homme d’aujourd’hui. J’ai été impressionnée par ses personnages mythiques qui deviennent véritables, si proches et pour lesquels j’ai éprouvé de l’empathie. J’ai aimé cette façon qu’a eu l’auteur ne nous faire partager leur dimension humaine, leurs doutes, leurs inquiétudes, leurs faiblesses Antigone est touchante, on la voit grandir, s’ouvrir, comprendre et affronter la réalité de cette condition de vagabonde. Je trouve que la part qui lui est faite est belle (je ne suis pas d’accord sur ce point avec Odile). C’est une femme incroyablement forte et déterminée, elle choisit de devenir le guide de son père, on sait aussi qu’elle défiera plus tard la loi patriarcale et je me suis demandée si ce qu’elle a vécu pendant cette démabulation ne l’a pas aidée à devenir une rebelle, et à trouver la force pour défier plus tard son oncle, patriarche et dominateur. Une femme libre, qu’on ne peut s’empêcher d’admirer et d’aimer. Le trio avec son père et Clios est vraiement intéressant, la place qui est accordée à l’art m’a aussi beaucoup intéressée : l’art pour continuer à vivre, l’art pour se réhabiliter, chant, danse, sculpture. Dans les compétences que déploie Oedipe (pour combrattre, pour sculpter, etc.) malgré, ou à cause de sa cécité, m’ont fait penser au livre étonnant de Jacques Lusseyran (je ne sais pas si je vous en avais déjà parlé : c’est un grand résistant qui est devenu aveugle à 10 ou 11 ans et dans son livre «Et la lumière fut» .il explique comment il voit encore mieux, de l’intérieur depuis qu’il est aveugle. Livre très impressionnant) Bon après dans les points négatifs il y a ce style, cette écriture poétique qui séduisent d’abord et puis comme l’a dit Odile on s’en lasse, les descriptions détaillées nous plongent dans l’histoire, les lieux, l’action mais deviennent un peu étouffantes au fur et à fur qu’on avance dans le récit. J’ai eu du mal à arriver à la fin de ce livre (mais la bibliothèque m’a rappellée à l’ordre...il me fallait le rendre très vite). J’ai bien retrouver les thèmes psychanalytiques : la culpabilité, le sacrifie et puis bien sûr le mythe d’Œdipe que Freud a utilisé pour parler de son fameux complexe, et finalement je me demande : ce complexe est-ce un passage obligé, est-il universel ? ou est-ce une lecture freudienne qui nous influence depuis si longtemps ? En tout cas comme ouvrage sur la déambulation ce livre se pose un peu là, déambulation initiatique, déambulation mythique, déambulation qui humanise ces héros de la Grèce antique.
Tout au long de ma lecture, j’ai eu le sentiment d’avoir du mal à comprendre le sens exact voulu par Bauchau ; Et ce sentiment est un peu désagréable. La postface de Robert Jouanny m’a quand même un peu éclairé. Mais le personnage d'Antigone me reste totalement mystérieux : pourquoi suit-elle son père/demi frère avec cette abnégation-là ; quelle quête a-t-elle, pourquoi tant d'humilité, je dirais d'abaissement, pourquoi se laisse-t-elle battre par Oedipe sans réagir, et pourquoi à la fin, quand Oedipe retrouve Ismène et qu'il la traite de la même manière qu'elle, n'est-elle pas indignée ? Moi, je l'aurais assurément été ! Je n'ai pas bien compris je pense la relation du couple Oedipe / Antigone ! Contrairement à Catherine, je ne trouve pas qu'elle soit libre, ou alors pas encore, forte et déterminée oui, mais pas libre. Mais j’ai tenu le coup, car l'idée du livre m'a séduite : partir d'un moment précis d'un mythe et le conduire, l'étirer jusqu'à la fin ; l'auteur a d'ailleurs mis du temps dans cette déambulation puisqu'il lui a fallu plusieurs années pour achever ce texte. L'écriture est limpide . Comme le fait remarquer Robert Jouanny, l’emploi des pronoms personnels est intensif et permet de rappeler au lecteur que tous ces personnages sont à la recherche de leur identité, et l’emploi fréquent du présent est fait pour marquer l’intemporalité du temps ! J’aime beaucoup ces récits dans l’histoire, comme dans le périple d’Ulysse avec des histoires comme celle des Hautes Collines qui fait divaguer notre lecture et renforce la notion de déambulation en nous faisant nous-mêmes, lecteurs, déambuler à travers le texte. L’histoire des Hautes Collines mériterait qu’on s’y attarde, c’est une histoire magnifique. J'ai aussi beaucoup aimé la profondeur des personnages. Quelle diversité et richesse dans les approches des personnages « secondaires » tels Nestiade, Calliope, Diotime, Antiopia, Narsès, ou Adraste.. . Tous ces personnages « secondaires » peuplent de fantaisie et d’humanité ce parcours initiatique plutôt rude. Sans eux, il n’y aurait pas eu de rédemption possible. Remarquable aussi, ce mélange de dureté, de tendresse et d’amour entre les trois principaux protagonistes : Oedipe, Antigone et Clios, qu’arrive à rendre par son écriture Henry Bauchau,. Et tout le livre fait une belle part à l’oral, aux chants, à la danse, à la sculpture et à la peinture, mais aussi à la force physique, à la matière, au maniement des piques et des outils! C'est vrai que cette déambulation / recherche de soi, menée à plusieurs, humanise ces héros antiques, et que l'on pourrait transposer cette quête dans l'espace et le temps d'aujourd'hui.
Je retrouve dans vos commentaires beaucoup de mes propres impressions. C’est assez agréable je dois dire. Paresseuse, je dirais que vous avez écrit ce que je pensais, pas besoin d’en ajouter. Mais il y a quelques nuances dont j’aimerais vous faire part.
Donc il y a ce texte, si dense, si détaillé que de temps en temps il nous impatiente, il en dit trop, trop savamment bavard. Et même, certains partis pris de Bauchau m’ont carrément agacée. J’ai trouvé que parfois ces héros jouent trop la carte des grands sentiments, bien-pensants, ils en deviennent mièvres, des BCBG roots quoi ! Ça sonnait faux pour moi. Et puis, des passages trop longs : la sculpture de la falaise en vague à la manière d’Hokusaï n’en finit pas .
Ne suis pas capable d’analyser si le présent rend le texte plus vivant, oui, sans doute, mais en tout cas, à l’inverse d’Evelyne, je ne vois pas cette histoire possiblement transposée à aujourd’hui. Au contraire, elle est restée enracinée dans sa mythologie, en des temps bibliques. Et même ce lien bizarre, inouï, contre nature qu’ Evelyne mentionne, père/demi-frère de sa fille/sœur, n’est pas évoqué chez Bauchau, mais donnerait lieu aujourd’hui, dans la vraie vie, à du non-dit, du caché et ne pourrait bénéficier de cette forme de rédemption par le cheminement et l’aveu aux autres. Il me semble. A ce propos, qu’avez-vous pensé de la dernière scène d’intimité entre Œdipe et Antigone ? Ces quelques jours ultimes, seul à seule, et où la nuit ne sert pas qu’à dormir ? Si j’ai bien lu, Œdipe et Antigone créent entre eux un lien d’amour d’une autre teneur encore, ils se fondent l’un en l’autre, ils s’épousent. (p 272 et plus de l’édition actes sud) Ils rajoutent un degré de parenté. Pour faire écho à l’interrogation de Catherine, que je reprends à mon compte (est-ce que le complexe dit d’Œdipe a une quelconque réalité, légitimité ?), je pousserais le bouchon un peu plus loin. Car il ne s’agit pas ici d’un récit mythologique mais de la saga des Labdacides. N’est-ce pas un moyen de faire passer d’une manière exemplaire un fait social bien réel, à savoir l’inceste ? On sait que toutes les sociétés ne l’ont pas regardé du même œil. Les différentes dynasties égyptiennes s’en sont abondamment servies par exemple.
Ici, ça tourne au drame. Jocaste se suicide. Œdipe se crève les yeux d’horreur. Et il est chassé. Mon impression, quand il part, n’est pas qu’il renonce, (d’ailleurs il garde sa superbe, même quand il mendie,) mais qu’il est en colère. Odile dit ça je crois. Et qu’il ne sait pas quoi faire avec. Il ne sait plus comment penser à tout ça. Il fait face à un chaos intérieur. Je le ressens très fort comme ça.
Bon enfin, j’ai aimé retrouver, à l’instar d’Homère, le récit dans le récit (j’ai préféré la poésie du premier : la vie de Clios). J’ai aimé qu’on me raconte encore cette terrible histoire des Labdacides. Retrouver les fondements d’une vie qui n’a plus cours : la ruralité quasi biblique, la simplicité, la possibilité de l’errance. (que je ne pense plus possible de cette façon maintenant). Cette possibilité aussi d’être roi ET mendiant ; la faculté de garder, sous les haillons, toute l’éducation royale : le maniement de la langue, des armes … J’ai aimé enfin les paysages comme des décors de théâtre, surtout à la toute fin.
Voilà. Et je ne pouvais pas faire plus court pour le dire.
Je me sens obligée de réagir :1/Oui le complexe d'oreille ça existe mais c'est plus compliqué que ça ! 2/je ne vois rien de ce que tu écris Alberte à la page 272?
J'avais été très étonnée par cette scène, et je l'ai relue en ayant l'impression qu'il se passait quelque chose d'essentiel entre Oedipe et Antigone mais quoi ? J'ai retenu ce paragraphe : "il n'y a rien de plus vrai que l'amour d'Antigone, c'est grâce à lui que j'ai survécu, mais s'il doit être tout, ce tout qui serait seul à donner un sens à la vie, cela ne me suffit pas. L'amour d'Antigone est une voie parmi d'autres qui n'annule pas la démarche rampante, l'activité de fourmi et les passions qui ont été les miennes". Dixit Œdipe...alors que pour Antigone, c'est le bonheur total. Bon, je rejoins quand même Claire, dans un grand besoin d'explications !
J’avais très envie de lire du Bauchau. J’étais loin d’imaginer combien cela allait être difficile pour moi. J’ai eu beau faire des efforts répétés pour lire « Œdipe sur la route », être avec vous dans cette nouvelle déambulation… rien à faire, peine perdue . Cette lecture m’ennuie, me laisse froide, ne fait quasiment pas naître en moi d’images ou d’émotions… pas de plaisir dans cette lecture. Si, tout de même, une exception le chapitre du récit de Clios, avec la guerre entre le clan des danseurs et celui des musiciens, la communication non verbale, entre Clios et Alcyon. J’ai trouvée très originale, sensible, émouvante, cette exploration proposée par Bauchau, de la communication par la musique mais encore plus par la danse. Maintenant que ma lecture est terminée, je m’interroge. Pourquoi je n’aime pas ce livre ? Plusieurs pistes. D’abord dès le début du livre, cette marche d’un vieil aveugle, qui avance droit devant lui, sans guide, obstinément me parait totalement invraisemblable. Il en va de même de toute la séquence de la sculpture de la vague sur la falaise, par ce vieil aveugle suspendu dans le vide au dessus de la mer. Et tous ces gens qui passent leur temps à se soigner… ça ne me parle pas. J’imagine que je suis trop rationnelle, incapable de lire au second voire troisième degré… tout serait métaphore ? symbolique ? Et puis on dit qu’il y a de la poésie la dedans… je ne la ressens pas ! En fin de compte, je pense que me manquent des clés de compréhension. Des clés de connaissance de la mythologie, mais encore et surtout de la psychologie, de la psychanalyse, de l’interprétation des rêves etc…
J’ai énormément aimé ce livre que j’ai relu avec la même intensité que la première fois. Ce fut presque une lecture « suffocante » par moments tant les mots pouvaient provoquer d’images intérieures et d’émotions. En le refermant, j’ai pensé, au-delà de la psychanalyse, qu’il s’agissait d’un voyage intérieur, d’une initiation : confrontation à la solitude, aux éléments, au mariage des opposés, à la naissance à soi même. Et tous ces aspects se déploient au fur et à mesure des rencontres que fait Œdipe. Même si certains moments paraissent presque improbables (sculpture de la falaise), j’ai trouve que ces moments révélaient la capacité qu’à l’Homme d’aller chercher intérieurement sa puissance créatrice qui fait qu’il ne sera plus tout à fait le même après.
A dire vrai, j'appréhendais cette lecture, qui m'apparaissait trop classique pour ce que je sais de mes gouts littéraires. Quelle bonne surprise de découvrir ce livre, cet auteur. Une fois commencé -tardivement il est vrai- impossible de le reposer. D'abord, le style et l'émotion provoquée par les phrases. par exemple : "clios souhaite, ce soir, lui parler de ce qu'il ne voulait dire à personne. le silence d'Oedipe aggrave la difficulté qu'il éprouve et c'est avec une sorte de frayeur qu'il s'entend dire soudain : "je voudrais te raconter ma jeunesse et te parler de mon ami. Il y a quelques instants de silence dans lesquels il pénètre comme dans un jour de froid intense, puis la voix d'oedipe qui dit: commence." J'ai vibré à voir se tisser ces relations à trois, qui aime qui, qui soutient qui, qui accepte la vérité de ses sentiments. J'ai aimé ces poupées gigogne des récits dans le récit, ces flashbacks. l'amitié amoureuse de Clios avec l'autre garçon de la communauté ennemie, la résistance du peuple des collines et cette reine ailleurs dans sa tête, détruite et présente, victorieuse finalement à sa façon. J'ai aimé aussi sans me lasser ces moments de reviviscence,de restauration à soi même et aux autres, par la sculpture de la falaise, les danses et les chants. J'ai aimé cette errance partagée avec oedipe, dont les yeux aveugles sont de si peu d'utilité qu'ils imposent de trouver autrement le chemin. Les pieds suffisent, l'attention corporelle aux chemins, à la terre suffisent, une autre boussole se conquière ainsi. J'ai été déconcertée aussi par ce passage énigmatique de cette union d'Antigone et d'Oedipe. J'ai regretté qu'Antigone soit si peu distinguée de sa soeur par Oedipe à la fin. Nous qui savons qu'Antigone aura une autre bataille à mener pour réparer l'honneur d'un de ces frères,Antigone qui osera faire valoir ce qui doit être fait, la justice et l'honneur, contre les ordres de son oncle. Alors s'éclaire le sens de cette énergie qu'elle mobilisera plus tard. Antigone a parcouru le chemin. Antigone se tient droite. Antigone n'obéira plus aux ordres de la cité ou de son tyran mais à ceux de son coeur. Antigone a dompté le courage au fil de ses peurs et épuisements, mais aussi par tous les gens de bien qu'elle a croisé et qui l'ont secourue. Jolie parabole.
Merci Marie Anne pour cet enthousiasme que j'avais ressenti quand j'ai découvert ce texte...Au point de me dire que j'ai du mal à vieillir en ce moment car j'ai du mal à le retrouver et cet enthousiasme n'a pas d'âge': Bauchau à été comme cela jusqu'à très tard dans sa vie,du moins il permettait qu'on le pense...
Bonjour les filles,je me sentais en "reste" de vos avis prolixes sur Homère... Mais j'ai été trop déroutée sur la forme , les chants et les redondances sans doute.Qu'importe, car là dans ce récit ,j'ai plongé dedans avec délice, grâce à sa fluidité et à ce parcours initiatique de renoncement de soi et la libération de sa faute. J'ai souffert avec Oedipe , j'ai chanté avec lui , et j'ai rit aussi.J'ai aimé sa conscience aîgue des choses et des éléments.Je l'ai accompagné quand il sculpte sa "vague", quand il s'adresse aux gens, quand il trébuche,quand il chante et quand il danse..Sa fille Antigone est magnifique d'abnégation
RépondreSupprimeret d'amour pour lui psychique m'a aussi beaucoup touché, j'aurais voulu être Io pour partager sa vie..C'est un conte philosophique , métaphysique , métaphorique diraient certaines..Merci aussi Geneviève pour ce voyage hors réalité qui m'a fait un bien fou.
Bisous à vous
Anny le 25 Février
vous aurez compris le blanc après Antigone..pour lui. Clios est impressionnant aussi par sa force physique et psychique
RépondreSupprimerMerci de votre indulgence et bon dimanche ...rebiz Anny
D’Ulysse à Oedipe, je prends plaisir à retrouver les récits de la Grèce antique, à retrouver une lecture magique du monde où les dieux, les héros accompagnent les Hommes.
RépondreSupprimerLa lecture d’Henry Bauchau est agréable, même fascinante. Accompagner Oedipe, Antigone et Clios sur la route, traverser avec eux les multiples épreuves, rencontrer des hommes et des femmes aux histoires bien campées, lire des récits de vie incroyables, tout cela m’a tenu en haleine, m’a ravi.
J’ai eu plus de mal avec le côté initiatique, psychanalytique du livre.
J’ai trouvé fatigant d’essayer de comprendre le message sous-jacent à certaines situations, de chercher le code de certains discours des uns ou des autres.
Parfois je me disais, « tu ne comprends rien Nicole », d’autres fois « il se la raconte un peu trop Bauchau » !
Mais tout cela n’a pas terni le charme de cette lecture pleine de poésie, d’images très belles, de paroles fortes.
En voici quelques unes que j’ai particulièrement retenues sur un carnet:
Diotime à Antigone :
« Il ne faut pas qu’ils enferment leur malheur en eux mêmes, il vaut mieux qu’ils le vivent »
Diotime à Antigone :
« Oedipe écrit des choses qu’on ne pourrait pas dire. Peut être que l’écriture va devenir plus humaine que la parole. »
Antigone à Oedipe :
« Chante ! Les corps et les cœurs souffrent ! »
Quelle place magnifique d’ailleurs pour le chant , la danse, la sculpture et la peinture dans ce récit.
L’auteur redonne une dimension superbe à l’art. Le chapitre de la vague avec ce travail extraordinaire autour de la falaise pour sculpter cette vague ou celui du récit de Clios sur la montagne, cette amitié qui naît et grandit par la musique et la danse sont particulièrement envoûtants.
Et puis ce chemin sans fin, cette marche qui permet les rencontres, mais surtout le cheminement de la pensée et une certaine forme de liberté, de paix qui revient en chaque être.
Et que dire des ces femmes guérisseuses, de cette bienveillance qu’elles portent et qui traverse d’ailleurs de très nombreux personnages.
Oui, un beau livre, un livre qui fait du bien même s’il irrite parfois.
Un beau chemin de lecture à parcourir….
Moi au contraire j'ai aimé le supplément version thérapeute psychologue oblige..
Supprimermais on peut ne pas s'y arrêter
comme dans une préface Bonne soirée Anny
J’ai fini « Œdipe sur la route », mais j’ai un peu de mal à dire un avis.
RépondreSupprimerAu départ, au premier chapitre, j’ai été tout à fait rebutée par la manière dont l’histoire s’engage et dont Œdipe refuse l’aide d’Antigone. Il faut dire que j’ai toujours adoré le personnage d’Antigone, sa loyauté, sa clarté et sa manière d’aller jusqu’au bout de son idéal.
Par la suite, j’ai aimé l’écriture un peu mystique, son lien à la nature, les épisodes un peu obscurs qui amènent à s’interroger, comme des étapes d’initiation pour les trois personnages, Œdipe, Antigone et Clios. J’ai aussi aimé des personnages secondaires comme Diotime. J’ai relu l’histoire d’Œdipe depuis le début, cette fatalité qui lui fait tuer son père et épouser sa mère sans le savoir, mauvaise farce !
Toutes les étapes que doit franchir Œdipe, qui demeure en colère (et on peut le comprendre un peu), mais aussi ses comparses, qui paraissent sinon initiatrices, du moins rédemptrices m’ont embarquée dans cette errance qui apporte rencontres, épreuves et satisfactions. Car, là, on peut vraiment parler de déambulation : aller de l’avant, sans savoir où, revenir sur ses pas… on est tout à fait dans le thème de l’année.
Mais mon côté féministe reprend le dessus et je ne suis pas très satisfaite de la part fait à Antigone. Et je sais qu’Henri Bauchau a écrit une « Antigone » que j’ai lu autrefois et pas aimé… et que je ne relirai donc pas.
En bref, j’ai aimé une bonne partie de ce livre, mais sans être d’accord. Et les chants m’ont barbée !
Il y a très longtemps que j'ai lu ce livre.Cest vrai que déjà j'avais un peu eu du mal avec le style de Bauchau.Et je ne l'ai pas relu ce qui me fait me demander ce que j'en penserais maintenant.Mais des amis m'avaient fait connaître ce vieux monsieur qui a un discours bien à lui et un trajet philosophique.Alors je lui ai laissé ses représentations et sa façon de voir les choses sans me soucier de la"véritable Antigone" et j'ai beaucoup aimé ce vieux penseur qui m'a appris plein de choses.
SupprimerEt j'ai choisi ce livre en me disant que ça risquait de faire une façon de de déambuler qui serait une façon de voir peut-être pas courante.
Je suis contente que vous le mettiez bien dans ce registre car j'avais un peu peur d'être hors sujet !.. Et quand il s'est agit de lire les livres dans un ordre chronologique je me suis dit que ça ne voulait pas dire grand chose pour ce livre la!..
J’ai beaucoup aimé ce livre qui actualise un mythe dont on a tant entendu parlé (merci Freud !). Henri Bauchau nous offre une proximité avec Oedipe, Antigone et tous les autres personnages. C’est aussi accentué par l’utilisation du présent. J’ai presque oublié la Grèce antique et Oedipe au fil des pages m’est apparu ecomme un homme d’aujourd’hui. J’ai été impressionnée par ses personnages mythiques qui deviennent véritables, si proches et pour lesquels j’ai éprouvé de l’empathie. J’ai aimé cette façon qu’a eu l’auteur ne nous faire partager leur dimension humaine, leurs doutes, leurs inquiétudes, leurs faiblesses
RépondreSupprimerAntigone est touchante, on la voit grandir, s’ouvrir, comprendre et affronter la réalité de cette condition de vagabonde.
Je trouve que la part qui lui est faite est belle (je ne suis pas d’accord sur ce point avec Odile). C’est une femme incroyablement forte et déterminée, elle choisit de devenir le guide de son père, on sait aussi qu’elle défiera plus tard la loi patriarcale et je me suis demandée si ce qu’elle a vécu pendant cette démabulation ne l’a pas aidée à devenir une rebelle, et à trouver la force pour défier plus tard son oncle, patriarche et dominateur. Une femme libre, qu’on ne peut s’empêcher d’admirer et d’aimer.
Le trio avec son père et Clios est vraiement intéressant, la place qui est accordée à l’art m’a aussi beaucoup intéressée : l’art pour continuer à vivre, l’art pour se réhabiliter, chant, danse, sculpture.
Dans les compétences que déploie Oedipe (pour combrattre, pour sculpter, etc.) malgré, ou à cause de sa cécité, m’ont fait penser au livre étonnant de Jacques Lusseyran (je ne sais pas si je vous en avais déjà parlé : c’est un grand résistant qui est devenu aveugle à 10 ou 11 ans et dans son livre «Et la lumière fut» .il explique comment il voit encore mieux, de l’intérieur depuis qu’il est aveugle. Livre très impressionnant)
Bon après dans les points négatifs il y a ce style, cette écriture poétique qui séduisent d’abord et puis comme l’a dit Odile on s’en lasse, les descriptions détaillées nous plongent dans l’histoire, les lieux, l’action mais deviennent un peu étouffantes au fur et à fur qu’on avance dans le récit. J’ai eu du mal à arriver à la fin de ce livre (mais la bibliothèque m’a rappellée à l’ordre...il me fallait le rendre très vite).
J’ai bien retrouver les thèmes psychanalytiques : la culpabilité, le sacrifie et puis bien sûr le mythe d’Œdipe que Freud a utilisé pour parler de son fameux complexe, et finalement je me demande : ce complexe est-ce un passage obligé, est-il universel ? ou est-ce une lecture freudienne qui nous influence depuis si longtemps ?
En tout cas comme ouvrage sur la déambulation ce livre se pose un peu là, déambulation initiatique, déambulation mythique, déambulation qui humanise ces héros de la Grèce antique.
Tout au long de ma lecture, j’ai eu le sentiment d’avoir du mal à comprendre le sens exact voulu par Bauchau ; Et ce sentiment est un peu désagréable. La postface de Robert Jouanny m’a quand même un peu éclairé. Mais le personnage d'Antigone me reste totalement mystérieux : pourquoi suit-elle son père/demi frère avec cette abnégation-là ; quelle quête a-t-elle, pourquoi tant d'humilité, je dirais d'abaissement, pourquoi se laisse-t-elle battre par Oedipe sans réagir, et pourquoi à la fin, quand Oedipe retrouve Ismène et qu'il la traite de la même manière qu'elle, n'est-elle pas indignée ? Moi, je l'aurais assurément été ! Je n'ai pas bien compris je pense la relation du couple Oedipe / Antigone ! Contrairement à Catherine, je ne trouve pas qu'elle soit libre, ou alors pas encore, forte et déterminée oui, mais pas libre.
RépondreSupprimerMais j’ai tenu le coup, car l'idée du livre m'a séduite : partir d'un moment précis d'un mythe et le conduire, l'étirer jusqu'à la fin ; l'auteur a d'ailleurs mis du temps dans cette déambulation puisqu'il lui a fallu plusieurs années pour achever ce texte. L'écriture est limpide . Comme le fait remarquer Robert Jouanny, l’emploi des pronoms personnels est intensif et permet de rappeler au lecteur que tous ces personnages sont à la recherche de leur identité, et l’emploi fréquent du présent est fait pour marquer l’intemporalité du temps !
J’aime beaucoup ces récits dans l’histoire, comme dans le périple d’Ulysse avec des histoires comme celle des Hautes Collines qui fait divaguer notre lecture et renforce la notion de déambulation en nous faisant nous-mêmes, lecteurs, déambuler à travers le texte. L’histoire des Hautes Collines mériterait qu’on s’y attarde, c’est une histoire magnifique.
J'ai aussi beaucoup aimé la profondeur des personnages. Quelle diversité et richesse dans les approches des personnages « secondaires » tels Nestiade, Calliope, Diotime, Antiopia, Narsès, ou Adraste.. . Tous ces personnages « secondaires » peuplent de fantaisie et d’humanité ce parcours initiatique plutôt rude. Sans eux, il n’y aurait pas eu de rédemption possible.
Remarquable aussi, ce mélange de dureté, de tendresse et d’amour entre les trois principaux protagonistes : Oedipe, Antigone et Clios, qu’arrive à rendre par son écriture Henry Bauchau,.
Et tout le livre fait une belle part à l’oral, aux chants, à la danse, à la sculpture et à la peinture, mais aussi à la force physique, à la matière, au maniement des piques et des outils!
C'est vrai que cette déambulation / recherche de soi, menée à plusieurs, humanise ces héros antiques, et que l'on pourrait transposer cette quête dans l'espace et le temps d'aujourd'hui.
Je retrouve dans vos commentaires beaucoup de mes propres impressions. C’est assez agréable je dois dire.
RépondreSupprimerParesseuse, je dirais que vous avez écrit ce que je pensais, pas besoin d’en ajouter.
Mais il y a quelques nuances dont j’aimerais vous faire part.
Donc il y a ce texte, si dense, si détaillé que de temps en temps il nous impatiente, il en dit trop, trop savamment bavard.
Et même, certains partis pris de Bauchau m’ont carrément agacée. J’ai trouvé que parfois ces héros jouent trop la carte des grands sentiments, bien-pensants, ils en deviennent mièvres, des BCBG roots quoi ! Ça sonnait faux pour moi.
Et puis, des passages trop longs : la sculpture de la falaise en vague à la manière d’Hokusaï n’en finit pas .
Ne suis pas capable d’analyser si le présent rend le texte plus vivant, oui, sans doute, mais en tout cas, à l’inverse d’Evelyne, je ne vois pas cette histoire possiblement transposée à aujourd’hui. Au contraire, elle est restée enracinée dans sa mythologie, en des temps bibliques.
Et même ce lien bizarre, inouï, contre nature qu’ Evelyne mentionne, père/demi-frère de sa fille/sœur, n’est pas évoqué chez Bauchau, mais donnerait lieu aujourd’hui, dans la vraie vie, à du non-dit, du caché et ne pourrait bénéficier de cette forme de rédemption par le cheminement et l’aveu aux autres. Il me semble.
A ce propos, qu’avez-vous pensé de la dernière scène d’intimité entre Œdipe et Antigone ? Ces quelques jours ultimes, seul à seule, et où la nuit ne sert pas qu’à dormir ? Si j’ai bien lu, Œdipe et Antigone créent entre eux un lien d’amour d’une autre teneur encore, ils se fondent l’un en l’autre, ils s’épousent. (p 272 et plus de l’édition actes sud) Ils rajoutent un degré de parenté.
Pour faire écho à l’interrogation de Catherine, que je reprends à mon compte (est-ce que le complexe dit d’Œdipe a une quelconque réalité, légitimité ?), je pousserais le bouchon un peu plus loin. Car il ne s’agit pas ici d’un récit mythologique mais de la saga des Labdacides. N’est-ce pas un moyen de faire passer d’une manière exemplaire un fait social bien réel, à savoir l’inceste ? On sait que toutes les sociétés ne l’ont pas regardé du même œil. Les différentes dynasties égyptiennes s’en sont abondamment servies par exemple.
Ici, ça tourne au drame. Jocaste se suicide. Œdipe se crève les yeux d’horreur. Et il est chassé.
Mon impression, quand il part, n’est pas qu’il renonce, (d’ailleurs il garde sa superbe, même quand il mendie,) mais qu’il est en colère. Odile dit ça je crois. Et qu’il ne sait pas quoi faire avec. Il ne sait plus comment penser à tout ça. Il fait face à un chaos intérieur. Je le ressens très fort comme ça.
Bon enfin, j’ai aimé retrouver, à l’instar d’Homère, le récit dans le récit (j’ai préféré la poésie du premier : la vie de Clios).
J’ai aimé qu’on me raconte encore cette terrible histoire des Labdacides.
Retrouver les fondements d’une vie qui n’a plus cours : la ruralité quasi biblique, la simplicité, la possibilité de l’errance. (que je ne pense plus possible de cette façon maintenant).
Cette possibilité aussi d’être roi ET mendiant ; la faculté de garder, sous les haillons, toute l’éducation royale : le maniement de la langue, des armes …
J’ai aimé enfin les paysages comme des décors de théâtre, surtout à la toute fin.
Voilà.
Et je ne pouvais pas faire plus court pour le dire.
Je me sens obligée de réagir :1/Oui le complexe d'oreille ça existe mais c'est plus compliqué que ça !
Supprimer2/je ne vois rien de ce que tu écris Alberte à la page 272?
J'ai bien sûr écrit"Oedipe"mais ma tablette doit avoir des problèmes avec ça et elle a préféré en faire quelque chose qui intéresse les othorinos !!!
Supprimerp272 chez Actes Sud, c'est le début d'une scène d'amour entre Oedipe et Antigone. Elle se poursuit sur 2 pages.
SupprimerJ'avais été très étonnée par cette scène, et je l'ai relue en ayant l'impression qu'il se passait quelque chose d'essentiel entre Oedipe et Antigone mais quoi ? J'ai retenu ce paragraphe : "il n'y a rien de plus vrai que l'amour d'Antigone, c'est grâce à lui que j'ai survécu, mais s'il doit être tout, ce tout qui serait seul à donner un sens à la vie, cela ne me suffit pas. L'amour d'Antigone est une voie parmi d'autres qui n'annule pas la démarche rampante, l'activité de fourmi et les passions qui ont été les miennes".
SupprimerDixit Œdipe...alors que pour Antigone, c'est le bonheur total. Bon, je rejoins quand même Claire, dans un grand besoin d'explications !
J’avais très envie de lire du Bauchau. J’étais loin d’imaginer combien cela allait être difficile pour moi. J’ai eu beau faire des efforts répétés pour lire « Œdipe sur la route », être avec vous dans cette nouvelle déambulation… rien à faire, peine perdue . Cette lecture m’ennuie, me laisse froide, ne fait quasiment pas naître en moi d’images ou d’émotions… pas de plaisir dans cette lecture. Si, tout de même, une exception le chapitre du récit de Clios, avec la guerre entre le clan des danseurs et celui des musiciens, la communication non verbale, entre Clios et Alcyon. J’ai trouvée très originale, sensible, émouvante, cette exploration proposée par Bauchau, de la communication par la musique mais encore plus par la danse.
RépondreSupprimerMaintenant que ma lecture est terminée, je m’interroge. Pourquoi je n’aime pas ce livre ? Plusieurs pistes. D’abord dès le début du livre, cette marche d’un vieil aveugle, qui avance droit devant lui, sans guide, obstinément me parait totalement invraisemblable. Il en va de même de toute la séquence de la sculpture de la vague sur la falaise, par ce vieil aveugle suspendu dans le vide au dessus de la mer. Et tous ces gens qui passent leur temps à se soigner… ça ne me parle pas. J’imagine que je suis trop rationnelle, incapable de lire au second voire troisième degré… tout serait métaphore ? symbolique ?
Et puis on dit qu’il y a de la poésie la dedans… je ne la ressens pas !
En fin de compte, je pense que me manquent des clés de compréhension. Des clés de connaissance de la mythologie, mais encore et surtout de la psychologie, de la psychanalyse, de l’interprétation des rêves etc…
J’ai énormément aimé ce livre que j’ai relu avec la même intensité que la première fois. Ce fut presque une lecture « suffocante » par moments tant les mots pouvaient provoquer d’images intérieures et d’émotions. En le refermant, j’ai pensé, au-delà de la psychanalyse, qu’il s’agissait d’un voyage intérieur, d’une initiation : confrontation à la solitude, aux éléments, au mariage des opposés, à la naissance à soi même. Et tous ces aspects se déploient au fur et à mesure des rencontres que fait Œdipe. Même si certains moments paraissent presque improbables (sculpture de la falaise), j’ai trouve que ces moments révélaient la capacité qu’à l’Homme d’aller chercher intérieurement sa puissance créatrice qui fait qu’il ne sera plus tout à fait le même après.
RépondreSupprimerTu dis les choses comme je les ai senties et en plus bref c'est bien !
RépondreSupprimerA dire vrai, j'appréhendais cette lecture, qui m'apparaissait trop classique pour ce que je sais de mes gouts littéraires. Quelle bonne surprise de découvrir ce livre, cet auteur.
RépondreSupprimerUne fois commencé -tardivement il est vrai- impossible de le reposer.
D'abord, le style et l'émotion provoquée par les phrases. par exemple : "clios souhaite, ce soir, lui parler de ce qu'il ne voulait dire à personne. le silence d'Oedipe aggrave la difficulté qu'il éprouve et c'est avec une sorte de frayeur qu'il s'entend dire soudain : "je voudrais te raconter ma jeunesse et te parler de mon ami. Il y a quelques instants de silence dans lesquels il pénètre comme dans un jour de froid intense, puis la voix d'oedipe qui dit: commence."
J'ai vibré à voir se tisser ces relations à trois, qui aime qui, qui soutient qui, qui accepte la vérité de ses sentiments.
J'ai aimé ces poupées gigogne des récits dans le récit, ces flashbacks. l'amitié amoureuse de Clios avec l'autre garçon de la communauté ennemie, la résistance du peuple des collines et cette reine ailleurs dans sa tête, détruite et présente, victorieuse finalement à sa façon.
J'ai aimé aussi sans me lasser ces moments de reviviscence,de restauration à soi même et aux autres, par la sculpture de la falaise, les danses et les chants.
J'ai aimé cette errance partagée avec oedipe, dont les yeux aveugles sont de si peu d'utilité qu'ils imposent de trouver autrement le chemin. Les pieds suffisent, l'attention corporelle aux chemins, à la terre suffisent, une autre boussole se conquière ainsi.
J'ai été déconcertée aussi par ce passage énigmatique de cette union d'Antigone et d'Oedipe.
J'ai regretté qu'Antigone soit si peu distinguée de sa soeur par Oedipe à la fin.
Nous qui savons qu'Antigone aura une autre bataille à mener pour réparer l'honneur d'un de ces frères,Antigone qui osera faire valoir ce qui doit être fait, la justice et l'honneur, contre les ordres de son oncle. Alors s'éclaire le sens de cette énergie qu'elle mobilisera plus tard. Antigone a parcouru le chemin. Antigone se tient droite. Antigone n'obéira plus aux ordres de la cité ou de son tyran mais à ceux de son coeur. Antigone a dompté le courage au fil de ses peurs et épuisements, mais aussi par tous les gens de bien qu'elle a croisé et qui l'ont secourue. Jolie parabole.
Merci Marie Anne pour cet enthousiasme que j'avais ressenti quand j'ai découvert ce texte...Au point de me dire que j'ai du mal à vieillir en ce moment car j'ai du mal à le retrouver et cet enthousiasme n'a pas d'âge': Bauchau à été comme cela jusqu'à très tard dans sa vie,du moins il permettait qu'on le pense...
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