vendredi 24 février 2017

Mars 2017 - Magellan de Stefan Zweig





22 commentaires:

  1. Je relis tous les commentaires que vous avez écrits après la lecture de Bauchau, avant de me lancer dans celui de Magellan. Ils m’ont aidée après cette lecture qui avait été bien ardue pour moi !
    Aujourd’hui je l’avoue, je retrouve un vrai plaisir à lire avec vous. Oui avec ce Magellan de Zweig je me sens dans mon élément. Je jubile comme quand j’étais en Fac et que je me passionnais pour ce siècle des explorateurs ; comme quand j’avais lu avec vous, il y a une dizaine d’années, « Le procès des étoiles » de Florence Tristram.
    Le saut dans le total inconnu, me laisse sans voix. La prise de risques, l’invention, la recherche de la vérité au prix de sa vie. Le plaisir, l’émotion que suscite la surprise, la connaissance nouvelle, la compréhension du nouveau, du jamais vu. La volonté d’aller jusqu’au bout de ses rêves, de son intuition. Les expériences jamais éprouvées…. Toute cette lecture me procure une grande joie.
    Bon vous l’avez compris je n’ai pas assez de mots pour dire mon enthousiasme. Je ne veux pas être trop longue, j’aurais tellement à dire sur : les cartes géographiques dessinées, gommées, redessinées… l’ambiance politique espagnole et portugaise, les croisades, les grands voyageurs du monde islamique, les épices et la nouvelle cuisine… Stefan Zweig excelle dans toute cette première partie de présentation du contexte du voyage..
    Aujourd’hui je retiens particulièrement la tentative de Zweig, ami de Freud de percer au travers du récit de Pigafetta, la psychologie du jeune héros. Au début du livre, par exemple : « Magellan n’avait jamais espéré cela dans ses rêves les plus hardis » et aussi « il ne lui a jamais été donné de mettre le pied dans l’Eldorado qui restera un rêve pour lui, mais un rêve créateur ». Et durant le voyage, face à l’insoumission de Juan de Cartagena « Magellan se tait dans l’insulte, comme lui seul sait se taire, avec l’ardeur d’un fanatique, l’opiniâtreté d’un paysan, la passion d’un joueur ». Pigafetta raconte ce qu’il voit, entend, comprend, ressent, mine d’or pour le romancier Zweig qui interprète, associe, extrapole forcément. Ces trois là Pigafetta (jusqu’ici illustre inconnu pour moi !), Magellan et Zweig resteront intimement liés dans ma mémoire.
    Et pour terminer deux aspects du caractère de Stefan Zweig qui me touchent. D’abord je note que c’est la honte de son impatience sur un navire qui le pousse à écrire, cette très belle biographie. Où va se nicher le désir de savoir, le désir de connaître, le désir d’écrire ! Et à la fin, Zweig le grand désespéré du « Monde d’hier » (premier livre de notre club !). « Les morts ont toujours tort ». C’est au Brésil, après avoir conté l’exploit de celui qui avait enfin trouvé le « Paso » que Zweig se suicidera.

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    1. Très touchée par ton commentaire, et cette remarque sur le désir de savoir, le désir d'écrire...

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  2. Pas évident de succeder à une plume aussi allègre et enthousiaste comme celle de Claire !..Mais puisque c'est le sujet de la qualité de la plume qui ouvre le bal pour faire écrire la mienne, je vais aussi louer celle de Zweig qui sait si bien nous faire prendre le large pour nous raconter l'aventure de Magellan.Oui ce texte est clair précis , plein de détails sans être pour autant pénible en quoique ce soit.
    J'ai aimé lire toutes les tractations avec le gouvernement avec une précision qui amène notre homme à penser à l'héritage de ses enfants à propos de terres dont il ne sait rien et à propos d'aventures dont il n'a pas la moindre idée puisque, bien que navigateur ayant de l'expérience il va affronter des épreuves qui dépassent bien tout ce qu'il ait pu imaginer !Et puis toutes ces précisions à propos des problèmes qui naissent du fait d'être portugais et d'avoir à voguer sous pavillon espagnol.Je n'ai pas l'habitude de ce genre de recit et j'ai du coup appris plein de choses qui précisent pour moi les conditions de cette expédition.Oui cette aventure m'a été plaisante avec toutes les péripéties qui surgissent !
    C'est sûr que découvrir ce personnage et sa volonté d'aller de l'avant est tout à fait plaisant.Mais n'ayant pas l'habitude, je le répète, de ce genre de littérature j'ai plutôt comme réaction de n'avoir rien à ajouter si complet est ce texte.
    Merci pour ce voyage.


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  3. Aujourd’hui où on ne voyage même plus confortablement dans des paquebots au long cours, aujourd’hui où, en 8, 12 ou 20 heures, on se retrouve à l’autre bout du monde, aujourd’hui où on a une mappemonde ou un planisphère exact dans notre maison, aujourd’hui où notre placard à épices est bien rempli pour pas cher, eh bien aujourd’hui, avec tout ça, j’ai éprouvé un grand plaisir à voyager à la cadence du XIVe siècle avec Magellan.
    Ce livre m’a plu, d’abord parce qu’il rappelle ce que d’autres ont fait, peut-être pas vraiment pour nous, mais qui nous est si utile, ensuite parce que le récit est tellement bien fait, de mon point de vue, que j’ai suivi (voire participé) aux préparatifs – j’adore la liste des produits emportés sur les bateaux, nourriture, réparations, cadeaux, etc – et j’ai été passionnée du voyage, sauf que, comme je n’avais pas de mappemonde sous les yeux, parfois, je ne savais plus bien où il était, et notamment où exactement se trouvait le détroit.
    J’ai beaucoup apprécié le fait, qu’au départ Stefan Zweig nous resitue l’état du monde occidental, de la société, ses connaissances et ses envies avant de commencer le récit et aussi que l’on puisse voir la difficulté de l’organisation du voyage.
    En ce qui concerne la personnalité de Magellan, austère, convaincu, n’avouant jamais ses doutes, mis dans une situation délicate comme portugais chez les Espagnols (et ce partage délirant du monde par le pape !), je pense que ça n’a pas dû être drôle pour ceux qui l’ont rencontré et même qui ont voyagé avec lui !
    Enfin, le style : moi qui n’aime pas bien les biographies, j’ai apprécié celle-ci. Je reproche en général au biographe de « se mettre à la place de… », et de vouloir nous faire partager les pensées de la personne biographée avec sa propre subjectivité, de construire des dialogues avec les autres, etc… Et je trouve que Stefan Zweig ne fait jamais ça : pas de dialogues inventés, pas d’état d’âme reconstitué… Quand il fait des hypothèses, et il en fait, il dit qu’il en fait. Et, ça, je trouve que c’est… honnête !
    Du coup, j’ai envie de lire des livres d’autres explorateurs…

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  4. Je sors plutôt déçue de la lecture de Magellan.

    Zweig fait pourtant partie des mes auteurs aimés et voilà bien son premier livre qui me laisse si songeuse.

    Difficile de dire ce qui m'a le plus ennuyé, peut être le manque d'élan dans le récit, comme si Zweig n'était pas parvenu à bien cerner ou définir son personnage. La dimension historique de Magellan disparaît sous le portrait d'un homme taciturne, froid, solitaire mais qui reste tout de même très flou.

    Le récit de l'expédition ne tient pas en haleine ce qui est quand même bien dommage compte tenu de l'extraordinaire de ce projet.

    Le récit historique manque à mon sens de consistance. Difficile ce comprendre les sources utilisées par Zweig, sur quels documents a t il travaillé?

    Il se perd parfois dans des détails de listes de matériel mais ne redonne pas les échanges sûrement très importants liés aux préparatifs de l'expédition puis aux procés qui ont suivi.

    J'avais la sensation d'un livre de commande, alimentaire sans la belle écriture de Zweig et la passion qu'il peut faire partager dans d'autres biographies.

    Ceci dit, j'ai appris sur cette période historique, sur les relations des hommes de la mer, sur les découvertes des nouveaux peuples, sur les données scientifiques du voyage mais sans passion.

    Il y avait là tant de thèmes à développer, tant de questions à soulever.

    je crois que finalement ma déception est à la mesure de mon amour pour Zweig!!!!

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  5. J’ai aussi été déçue, peut-être à un moindre degré que Nicole, mais j’étais restée sur un Zweig biographe d’une Marie-Antoinette qui m’avait vraiment intéressée, et dont la lecture a été un vrai plaisir. J’aime toujours son écriture et son enthousiasme, mais il n’avait manifestement pas beaucoup de sources à se mettre sous la dent, et sans être un « historien » pur et dur, il a, je pense, une honnêteté intellectuelle à laquelle il se tient. Ce qu’il dit, c’est à partir d’écrits, de courriers (qu’il indique parfois mais pas toujours !), je ne pense pas qu’il extrapole. Ce qui fait un récit un peu léger à mon avis sur le personnage historique de Magellan. J’ai bien aimé les descriptions pratiques des conditions de ce voyage extraordinaire, le contexte des deux puissances coloniales du moment ; ce qui m’a souvent agacé, ce sont ses envolées lyriques sur le génie créateur, j’ai trouvé ça répétitif et du coup lassant.
    N’empêche qu’il permet quand même de se rendre compte de l’exploit que cela a représenté, et de l’effervescence que cet exploit a dû provoquer ensuite.
    Bon, je suis donc un peu déçue d’avoir conseillé cette biographie là, moi qui voue une admiration sans borne à l’écrivain Zweig ! Tant pis, c’est la loi de cette année de proposer des livres qui n’ont pas forcément été lus ! Il paraît que la meilleure biographie qu’il a faite est celle de Fouché ! j’irai peut-être un jour m’y attarder.

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  6. Ne sois pas déçue evelyne. Claire, Odile et Geneviève sont enthousiastes, je me demande si
    notre formation d'historienne ne nous rend plus exigeantes pour la lecture d'une biographie.
    Moi aussi j'ai envie de relire celle de Fouché qui m'avait beaucoup plu à l'époque.

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    1. Eh... C'est pas un peu la grosse tête, par là ! Moi aussi, j'ai fait beaucoup d'histoire pendant mes études et, ce que je retiens, c'est la réserve de Stefan Zweig sur les questions qui ne sont pas étayées par des textes. Bien préférable à beaucoup de biographes qui romancent...

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    2. Oui, c'est encore moi qui me répond à moi-même, ou plutôt qui répond à Nicole... J'ai réagi, un peu vivement, je crois aux mots "plus exigeantes" qui renvoie les autres à un statut de gogos.
      Et puis je ne voudrais pas que, de livre en livre, il y ait trop d'interventions "en tant que spécialistes". Je sais, ça fait partie de nous et ça nous construit, mais... Et puis, je l'ai aimé ce livre, justement pour ce qui n'y est pas, parce qu'il y a peu de choses sur Magellan, et me revient notamment l'information qu'il n'a même pas de tombe quelque part !

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  7. Ne soyez pas avec la peur de la"grosse tête"!À chacun sa spécialité.C'est ce qui fait la force de ce groupe, nous Les Pisteurs!Moi ça m'intéresse vos réflexions et votre façon de lire ce texte sinon il n'y aurait rien de plus​ à en dire,si c'est seulement l'histoire de Magellan ! Et justement je me demandais ce que ça allait donner comme commentaires,moi qui suis au ras des pâquerettes avec l'histoire.Du coup je me trouvais assez pauvre pour en dire plus que le texte n'en dit sinon à faire des interprétations"psy" de pourquoi Magellan à écrit cela, de cette façon là,que vous éclairez de vos lectures d'historiennes, ce qui m'intéresse beaucoup car, sans avoir lu Zweig comme biographe, je m'étais questionnée sur ses sources.Et par pitié, ne faites pas l'économie de vos connaissances car aujourd'hui vous m'avez donné des lectures à faire et peut-être à toutes les personnes qui lisent ce blog.C'est cela le partage de la lecture !

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  8. Anny Le 10 avril à8H45...
    Moi qui ne suis pas historienne..Je charries et suis d'accord avec Genevieve apportez nous vos connaissances d'historiennes moi j'aime ! Je suis la presque dernière à répondre , normal j'ai prêté mon livre aux copines..C'est
    un beau livre de conquêtes du monde , c'est enthousiaste On y apprend plein de choses sur le Portugal : d'ailleurs ça ne vous direz pas LISBONNE ,à la prochaine rencontre annuelle ? J'ai apprécié les stratégies pour aborder toutes ces terres inconnues, le pouvoir des uns et des autres de s'en emparer..Bon je ne vais pas refaire tout ce que vous avez dit et sans les Pisteuses je n'aurais pas lu ce livre alors Merci . Bisous .

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  9. J'ai beaucoup aimé ce livre et je me suis laissée emmener sur les flots. J'ai été captivée par la préparation minutieuse avant l'embarquement (nourriture, outils etc...), les règles de vie sur les bateaux, la navigation, les doutes sur la route maritime...Bref, c'étaient des sacrés aventuriers...J'ai été très intéressée par les enjeux géopolitiques de cette époque et cette division du monde avec ces routes commerciales.
    Et puis, l'expression "sac de poivre" pour désigner un homme riche m'a beaucoup plu...

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  10. Moi, non historienne et gardant le souvenir de cours d'histoire trop souvent ennuyeux je remercie vivement ce cher Stephan ZWEIG car la vie de Magellan racontée par lui m'a passionnée!Cette biographie est un roman d'aventures formidable. J'ai beaucoup apprécié le portrait que l’auteur dresse de l'époque et des pays qui se partageaient le reste du monde. Je me suis sentie toute petite devant ces navigateurs qui au risque de leur vie ont permis de grandes découvertes et ont dessiné la carte du monde (pas de carte d’ailleurs dans mon édition, merci pour celle qui a été mise sur le site). Étonnée de voir à quel point l'objectif économique de rapporter des épices tropicales tant appréciées (et qu'on utilise tous les jours sans penser à tout ça...mais j'avoue que le regard sur mon poivrier a changé...)leur donnait toutes les audaces. J'ai embarqué avec Magellan et c'était bien mieux qu'un cours d'histoire.

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  11. Quelle étonnante découverte que ce Magellan. Très appréciée…
    D’abord pour le style de Zweig. Des phrases courtes, souvent, avec cette concision qui autorise tout de même le rêve ; l’approche poétique et psychologique de ces marins, de Magellan m’a souvent arrêtée pour noter tel ou tel propos, interprétation.
    Mes préférées :
    « Mais servir est l’affaire de la jeunesse, et à l’approche de la 36ème année Magellan trouve qu’il s’est assez longtemps sacrifié pour l’intérêt et la gloire des autres. Comme tous les créateurs, il aspire vers le milieu de l’existence à voler de ses propres ailes et à vivre pour lui-même. Sa patrie l’a abandonné, il se trouve dégagé de toute charge et de tout devoir envers elle. Tant mieux ! le voilà libre. Souvent la main qui veut repousser un homme le rend en réalité à lui-même. »p 78
    « Une erreur acceptée de bonne foi, tel fut en définitive le secret du grand navigateur. Mais on aurait tort d’en rire. Quand elle est touchée par le génie et conduite par le hasard, une folle erreur peut donner naissance à la plus haute vérité » p88
    Quel lyrisme de la part de Zweig !
    Ainsi, cette tendresse qui se veut nuancée dont témoigne Zweig à l’égard de ce navigateur hors pair, cette admiration pour sa force morale m’ont captivée.
    « Dès le début, il s’est efforcé d’obtenir l’annexion de nouvelles provinces plutôt au moyen de traités d’amitié qu’en recourant à la violence. Rien ne confère plus à la figure de Magellan une supériorité morale sur tous les autres conquérants de son siècle que cette volonté d’humanité. C’était une nature rude, il faisait régner une discipline de fer dans sa flotte et son attitude face à la mutinerie a montré qu’il ne connaissait ni indulgence ni retenue. Mais s’il a été dur, il faut cependant lui rendre cette justice qu’il n’a jamais été cruel. » p 235

    Oui, nous mesurons à la fin que Zweig a finalement beaucoup extrapolé, et que ses sources devaient ma foi être assez pauvres puisque le journal de Pigaffetta n’a pas été conservé. J’aime aussi le portrait dressé de ce petit noble, assez naïf et parfois aveugle aux luttes intestines déchirant la flotte, aux roueries de certains capitaines espagnols. Mais Pigafetta reste fidèle, va jusqu’au bout de son projet de rendre compte, de rendre hommage à son capitaine.
    La précision historique est elle le vrai projet de Zweig ? A l’époque de son écriture, quand l’Europe se déchire par la virulence du nazisme, le contraignant lui l’écrivain à fuir cette Europe désespérante et sa patrie, ne lui importe-t-il pas avant tout de retrouver ancrage en des personnalités valeureuses, capables de grands projets ?

    J’ai été fascinée par les préparatifs du voyage, ces listes de biens à charger, aussi le testament incroyablement précis de Magellan.
    Aussi, par la redécouverte de l’extrème importance des épices ; de l’essor extraordinaire de ce petit pays, le Portugal ; de ce moment crucial dans l’histoire où les savoirs oubliés des marins de l’Antiquité sont reconquis, malgré l’église catholique hostile à une révision de ses croyances géographiques, malgré le bras armé de l’Inquisition, malgré un Ptomélé obtus.
    Enfin, ce vocabulaire marin : Portulan, astrolabe, poix et étoupe... je n’ai pu m’empêcher d’être fascinée, de lire et relire pour m’en imprégner.
    En toute fin, je m’interroge. Puisque les morts ont toujours tort, il me reste mystérieux ce point. Comment se fait-il que Magellan soit finalement entré dans l’histoire ? Mesdames les historiennes, ou non historiennes, qu’en pensez-vous ?

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    1. Le contenu de son testament, et sa précision permettent de comprendre qu'il ne veut rien oublier, ni personne, alors qu'il a grandement conscience qu'il risque de ne pas revenir de ce voyage. Le fait que rien ne sera accompli comme il l'avait souhaité a un aspect tragique, d'autant plus qu'il s'agit aussi de l'avenir d'hommes fidèles qui ont risqué à ses côtés leur vie.

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  12. Ayant à peu près les mêmes sensations que celles qui ont aimé ce titre, je trouve plus intéressant de commenter à partir des déceptions d’Evelyne et de Nicole.
    C’est vrai que ce récit, un peu sec, sans gras comme on dit, n’est encadré ni d’une bibliographie, ni d’une préface de l’auteur, juste une note pour dire que cet homme que nous appelons avec simplicité Magellan, se cachait sous pas moins de 5 orthographes différentes !
    Et peut-être n’avons-nous pas été assez attentives à ce détail. Alors si je repense au portrait de l’homme « taciturne, froid, solitaire » comme dit Nicole, oui certes, mais ne faut-il pas ajouter : souple, adaptable, prévoyant et même avec un sens de l’anticipation assez remarquable ma foi !
    Ce qui m’a manqué, à ce stade, et sans doute Zweig n’avait-il pas les éléments pour nous le peindre, c’est le portrait du mari, du père, du gendre… Il a tout de même fallu qu’il soit assez séducteur pour emporter l’adhésion d’une famille espagnole bien placée, non ?! Et pourtant, on a tant de mal à se l’imaginer comme ça.

    L’expédition maintenant, dont le récit, semble-t-il, ne tient pas en haleine. Alors, il n’a pas du parcourir les mêmes circuits neuronaux sous nos calottes crâniennes. Car moi, j’étais pendue à la prochaine étape. Par trois fois Magellan s’imagine qu’il a le passage, et non, ce n’est pas ça. Mais il reste têtu, inébranlable, obstiné, plein d’espoir, son instinct ne peut pas l’avoir trompé à ce point. Et malgré les avanies en tous genres, le temps qui passe, ce mangeur de raison, de vraisemblance, il persiste jusqu’à cet incroyable imbroglio de glaces, de parois rocheuses, de changement de cap, d’invisibilité que représente ce fameux passage !
    Ah quand ces marins voient enfin devant eux l’horizon dégagé d’une mer étale et infinie, quelle délivrance, quelle victoire !
    Oui mais pour tant de privations à venir, de doutes encore, d’obéissances réticentes.
    Franchement, tout cela m’a fait vibrer mais aussi prendre conscience, grâce à Zweig, à son insistance à nous servir « ses envolées lyriques » sur l’opiniâtreté d’un dessein dans la tête d’un homme, que l’exploit était surhumain.
    … et nous voici au passage le plus triste du livre, celui où le corps de Magellan « pourrit sur une plage étrangère où la horde sauvage de Silapulapu hurle sa joie au dessus de ce corps mutilé »
    Ce n’est pas assez réaliste ? On ne la voit pas se dérouler cette scène inattendue ? Bêtement conclusive d’un destin hors norme.
    On pleure de rage toute la fin du livre, tellement les éléments s’acharnent même contre un homme mort.
    Et Zweig le restitue sobrement mais sans rien omettre des incohérences de la destinée, y compris la disparition du journal du trop naïf Pigafetta, la vente des îles aux Portugais, etc.
    Moi, j’ai été époustouflée par ce récit, par sa précision, par la façon dont Stephan Zweig sait se faire oublier grâce à une plume qui ne bavarde pas, qui n’invente rien mais qui relate d’un manière vivante autant que faire se peut.
    Et puis, la portée héroïque de l’entreprise m’a profondément touchée et me fait réfléchir encore.
    Le résumé est à peu près ça : Seul contre Tous. Chapeau !

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    1. Et si Zweig n'avait pas eu envie de faire une"vraie"biographie mais le récit d'un voyage qui l'aiderait à faire le sien dans la période durant laquelle se déroulait sa vie ? L'une d'entre vous l'a déjà évoqué.Mais ce sont les éléments que tu relèves,Alberte,qui me ramène à cette idée... Et merci à celles qui ont proposé d'autres biographie s écrites par lui..

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  13. Et bien quand je lis tous vos commentaires, je ne peux que me réjouir, et vous inviter à lire d'autres biographies de notre cher Stephan Zweig. Je veux aussi vous signaler un hors série du journal Le Monde qui vient de paraître sur lui... si ça vous dit...

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    1. Merci à Geneviève et Evelyne de ces dernières touches.
      Oui, je vais voir pour le hors série du Monde.
      Peut-être pour d'autres biographies. Je ne sais pas si SZ avait cette intention de côtoyer l'héroïsme pour pouvoir s'y abreuver ?... Ça n'a pas marché, la dépression morbide l'a emporté. Dommage pour nous.
      Le film sur lui, sorti l'été dernier, rendait tellement bien cette atmosphère déliquescente qui ne cessait de se creuser autour de lui, malgré lui...

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  14. Qu'il est difficile, par écrit de donner des nuances à sa pensée!
    J'ai déjà eu avec Odile un bel échange mais je perçois à la lecture de quelques messages qu'une réponse collective s'avère nécessaire pour dissiper tout malentendu.
    En faisant référence à ma formation d'histoire, je voulais seulement réagir au texte d'Evelyne. Je regrettais ma critique trop longue du livre et je ne voulais pas qu'elle reste sur une note triste.
    Je cherchais par ma réponse, à la réconforter par cet argument de la méthode que nous avons apprise en histoire.
    Mais en cherchant à la rassénérer et à diminuer ma dissonance, j'ai manifestement heurté certaines d'entre vous.
    J'en suis désolée car vraiment, si oui, l'histoire m'habite et me passionne y compris en tant que prof, je reste très consciente de toutes mes lacunes, de mes manques face à elle.
    Donc, dans ma maladroite expression de "l'exigence historique" il n'y avait qu'une appréciation technique, de méthode et non de valeur ou de jugement et encore moins d'experte en histoire.
    Voilà, il nous reste des livres et des livres à partager pour mieux nous connaître, donner sens à ces mots et bien nous faire confiance .
    Je vous embrasse
    Nicole

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  15. Quel estle titre du film sur Magellan ? Merci
    Biz Anny

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    1. je voulais parler d'un film sur la période d’exil de Stéphan Zweig au Brésil.
      Excusez moi si ce n'était pas clair.

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