lundi 22 décembre 2014

Janvier 2015 - Livre proposé par Odile



Christine Lavransdatter, de Sigrid Undset

J’ai choisi ce roman écrit au début du XXème siècle et qui se déroule dans la Norvège du XIVème siècle parce qu’il me semble qu’il nous fait pénétrer dans un monde nordique un peu déroutant. On y trouve d’abord la peinture d’un destin de femme entière, combative et sensuelle, mais aussi un rapport à la nature et aux légendes que l’on rencontre chez d’autres écrivains nordiques.
Tout cela crée une sensation étrange et donne un sentiment d’inexorabilité. Le destin de Christine Lavransdatter semble marqué, dès son enfance, par des accidents, des obstacles, des difficultés et, parallèlement des moments de grâce, des révélations. On sent que rien ne lui sera donné, que rien ne se passera facilement.
Ce qui porte le livre, c’est l’énergie de cette femme, déterminée, ouverte, courageuse. Et ce qui est intéressant pour nous aujourd’hui, me semble-t-il, c’est de voir s’accomplir ce destin, où la femme n’est pas forcément sans pouvoir, mais où elle devra payer le prix fort pour son accomplissement.
Il y a trois tomes, qui balayent toute sa vie. Je ne vous ai proposé que de lire le premier (il ne faut pas exagérer), mais j’espère que ça vous donnera envie de lire les trois. Le premier porte sur sa jeunesse, le second sur sa maturité et le troisième sur la fin de sa vie.

lundi 25 août 2014

Septembre 2014 - Livre proposé par Catherine

Ilustrado Michel SYJUCO



C’est la présentation ci-dessous qui m’a donné envie de vous le proposer, je cherchais un auteur asiatique qui ne soit ni chinois, ni japonais et j’ai choisi Michel Syjuco pour découvrir avec vous un auteur Philippin, je n’ai pas été déçue, quel talent ! 
« Le cadavre du grand écrivain philippin Crispin Salvador est repêché dans l’Hudson, à New York, et le manuscrit du livre qu’il était en train d’écrire a disparu. Le narrateur d’Ilustrado, qui, comme son auteur, s’appelle Miguel Syjuco [voir le prologue], a été l’étudiant et l’ami de Salvador ; il retourne à Manille pour retrouver le manuscrit perdu et enquêter sur la vie et la mort de Salvador, à qui il veut consacrer une biographie. Crispin Salvador n’a jamais existé, ce qui n’empêche pas Miguel Syjuco, dans son premier roman, de brosser un portrait dense et émouvant de cet écrivain imaginaire, portrait auquel se mêlent l’histoire et l’actualité des Philippines, des fragments de la vie de l’écrivain lui-même, des extraits de sa biographie en cours, des extraits des livres de Salvador... ». (Site du magazine littéraire, 29/06/2011)
Je ne suis pas entrée si facilement dans ce roman (je m’y suis reprise à deux fois) tant il a une forme originale et tortueuse. S’y mêlent, servis par de nombreux personnages, fiction, politique, réflexion sur la création, sur la transmission, sur les secrets de famille, sur l’enfance, sur l’amour, etc. Il ne ressemble à rien de ce que j’ai déjà lu. Ce texte polyphonique et exubérant m’a évoqué un jeu de l’oie. Comme on sauterait de case en case un peu au hasard on passe d’un récit à un autre, d’extraits d’œuvres de Crispin Salvador (avec les références complètes : éditeur, année, etc.) à des interviews de lui, de son enfance à celle de Miguel le narrateur, du récit des rêves du narrateur au récit de ce qu’il vit aux Philippines, de la transcription de mails à des extraits de la biographie de Crespin Salvador que Miguel est en train de rédiger, de New York à Manille, du présent au passé. On avance de case en case pour tenter d’arriver à celle de la vérité. Romans dans le roman qui forment un patchwork très coloré où se retrouvent pêle-mêle corruption, drogue, sexe. L’auteur nous propose une construction complexe et brillante avec aussi une bonne dose d’humour. Erning Isip, personnage comique philippin, est le héros de blagues qui ponctuent le roman.


Jeu de l’oie, kaléidoscope, puzzle ou patchwork (je ne sais quel mot choisir et chaque mot convient) qui m’ont semblé faire écho aux plus de 7000 îles qui constituent la république des Philippines et à une histoire mouvementée : période espagnole, période américaine, occupation japonaise, dictature et corruption jusqu’en 1986, sans parler des typhons et des tempêtes tropicales qui y sévissent. C’est si foisonnant qu’il est préférable de le lire à un bon rythme sans l’abandonner trop longtemps au risque de se perdre dans les personnages et dans la dissémination des différents morceaux qui composent ce roman. Une fois qu’on a dépassé le côté déroutant et qu’on a intégré la construction baroque de ce livre audacieux et inventif on se délecte, on a des surprises jusqu’au bout et on s’attache à cet écrivain imaginaire qu’est Crispin Salvador (ainsi qu’à l’auteur/narrateur).

dimanche 27 juillet 2014

Août 2014 - Livre proposé par Claire

Des amis - BAEK Nam-Ryong

Des amisEn septembre dernier il fallait piocher un livre dans la littérature d’un pays asiatique… un peu au hasard j’ai choisi de regarder vers la littérature coréenne qui m’était totalement inconnue. Mais vers laquelle des deux Corée aller ? Je parcourais plusieurs romans de Corée du Sud lorsqu’une amie bibliothécaire m’a parlé du seul (l’est-il encore aujourd’hui ?) roman de Corée du nord traduit en français.

Dans la préface on comprend les enjeux politiques d’une telle traduction-publication. Tout ça parait compliqué et pas très distrayant pendant l’été !
Aujourd’hui j’en suis à la moitié du livre. On est loin de l’enchantement du dernier roman japonais. L'écriture est plus froide, le thème austère. Mais je trouve quand même le livre intéressant… je vous propose là un petit pas dans un univers qui je l’imagine vous est étranger, mais sur lequel pour ma part au moins j’ai un certain nombre de préjugés. Je trouve intéressant de se laisser déstabiliser.
C’est du divorce, en Corée du  nord qu’il s’agit ici. Le divorce là-bas n’est pas une affaire privée, c’est un acte social. Et quand une jeune cantatrice, ancienne ouvrière vient devant le juge pour demander le divorce d’avec son mari ouvrier, elle trouble l’ordre social établi. Oui, puisque le système communiste s’appuie sur le mariage et la famille dans laquelle chacun a un rôle bien déterminé.

Parallèlement à l’enquête on voit le juge s’interroger sur sa propre vie de couple… je ne vous en dis pas plus. Il y a des longueurs mais la connaissance de cette société est intéressante ainsi que le rôle tout à fait surprenant (pour nous, bien sûr !) que joue le juge dans l’enquête.

mercredi 4 juin 2014

Juillet 2014 - Livre proposé par Evelyne

Le convoi de l'eau - Akira YOSHIMURA


L'histoire est celle d'un homme au passé plus que trouble, qui s'engage comme ouvrier sur un chantier pour construire un barrage dans une montagne très isolée. Or, il y a un village dans la vallée qui va être englouti. C'est donc le contact – ou plus exactement les difficultés de contact - entre l'équipe de travail et les habitants, qui fait l'objet du roman.
Le côté très sombre de cet auteur m'apparaît vertigineux et me crée un grand trouble.
Au fur et à mesure du texte, les contrastes se révèlent de manière très violente : la splendeur de la nature, entre eau et brouillard, et son abominable érosion par l'homme, la souffrance individuelle et collective, la bêtise et l'intelligence, la vie et la mort. La manière dont l'auteur nous fait petit à petit comprendre les réactions de ces habitants de ce village si spécial, est magnifique.
C'est écrit au couteau, mais avec infiniment de nuances, et la mort peut être tragique, ou vengeresse,  ou libératoire, en étant incarnée par un squelette éternellement suspendu à un arbre, ou dans un petit sac au fond d'une poche, ou dans un ruisseau.
J'aime beaucoup ce héros anti héros, qui se déteste. Le voir plonger dans un monde qui pourrait  aussi bien être qualifié de très réaliste que relevant du  registre du mythe éternel, m'a séduite.

J'aime beaucoup l'intemporalité de cette histoire et de cette écriture.
Pour moi, un texte fort.

samedi 31 mai 2014

Juin 2014 - Livre proposé par Olaf

Conte d'amour un soir de pluie - Huy Thiep NGUYEN


C’est le libraire chez qui je vais acheter tous les livres qui se rapportent à notre thème de l’année et à qui je demandais conseil qui m’a fait découvrir ce livre qu’il semblait aimer.
Il m’a transmis le virus.

Puissiez-vous aussi partager cette envie.

On hésite entre, succomber à la beauté de la simplicité, ou se fourrer la tête dans un pot de miel. Les apparences sont souvent trompeuses dit-on ; c’est le cas ici. Je ne fais pas de résumé complet, d’abord parce que c’est des nouvelles, ensuite parce que je n’en n’ai pas envie. Par contre, je vais parler d’une ou deux nouvelles particulièrement intéressantes.
Nguyên Huy Thiêp est, dit-on, un écrivain ayant participé à la renaissance littéraire du Viêt-Nam dans les années 1980. Renaissance effectivement, les pages de l’histoire du pays ne cessèrent de brûler sous le napalm et autres fioritures, dont les Américains et les Français gardent jalousement le secret, qu’à partir de 1975.

On sent dans ces nouvelles le désir aussi bien de renouer que de reconstruire, une histoire poétique d’un pays qui s’en est pris plein la gueule. On trouve alors une force à l’œuvre dans ces pages, belle de mélancolie et puissante arborescence, qui croît dans le cœur et l’esprit du lecteur pour y déposer une sincérité poignante et crue. Dans cette poétique historique s’avance aussi un constat social, celui de la pauvreté, de la violence conjugale, de l’exploitation au travail, ce qui donne assez souvent au lecteur d’être pris dans les brisures du texte, balloté de l’un à l’autre en un sentiment de folie réaliste et très figurative.

Une voix qui raconte sans trémolos et sans apitoiement les meurtrissures du cœur, les incertitudes de l'âme, où s'exhalent tour à tour la plainte de la solitude et l'impatience du désir ; une voix pleine, sans cesse sur le point de se briser telle une eau dans un récipient trop étroit, une voix d'où les mots tombent comme du miel.

NB : C’est drôle comme souvent on parle de miel et de douceur quand on parle du style de cet auteur. J’ai trouvé cela à plusieurs reprises dans mes voyages internet…

Allez je vous laisse à votre lecture…

Je vous promets de réagir à vos commentaires. Ce sera pour moi une façon de m’impliquer davantage en ce mois de juin à nos lectures communes.

mercredi 23 avril 2014

Mai 2014 - Livre proposé par Marie

Balzac et la petite tailleuse chinoise - Dai Sijie


Après les récits de ces derniers mois ce livre apparaîtra d’une grande légèreté au parfum de la jeunesse. Il m’en reste une impression de lecture vivante et pleine de fraîcheur.

En Chine, dans le contexte des années de la  révolution culturelle, deux amis de 17 et 18 ans se connaissent depuis l'enfance. Ils sont envoyés en rééducation dans les montagnes du Sichuan en 1971, considérés comme des « intellectuels » du fait des métiers de dentiste et de médecin de leurs parents. Ils devront être rééduqués par des paysans - mineurs. 
La vie est rude et laborieuse. Leurs talents, de conteur pour  Luo et de musicien  pour le narrateur, leur permettent des relations  particulières avec les villageois qui les surveillent comme « ennemi du peuple » engendrant des situations parfois cocasses.

Leur quotidien s’éclaircit de deux rencontres. La « Petite Tailleuse », une jeune fille dite « la plus belle de la montagne », pleine de vie mais sans aucune instruction et de Binoclard, un autre garçon lui aussi en rééducation dans un village voisin, qui a enfreint la loi en cachant chez lui une valise pleine de livres contenant les romans de grands auteurs occidentaux du XIXe siècle. La lecture de ceux-ci, à trois, éprouvée comme moyen d’émancipation à une condition répressive est un bel appel au voyage par la lecture, autre sujet de cette histoire.

En souhaitant que vous passiez un bon moment. 

mardi 25 mars 2014

Avril 2014 - Livre proposé par Véronique

COMPARTIMENT POUR DAMES   -  Anita NAIR


Compartiment pour dames par Nair
Anita Nair est une écrivaine indienne, qui après une enfance à Madras, a voyagé à travers l’Angleterre et les Etats Unis avant de revenir s’établir à Bangalore en Inde. 

Son héroïne, Akhila, fille ainée d’une famille dont elle a la charge à la mort de son père, décide de partir seule en voyage pour l’extrémité sud de l’Inde. Dans ce compartiment pour dames, elle fait la connaissance de six femmes et va partager avec elles leur intimité pendant ce parcours. Chacune raconte son histoire et Akhila, qui est en plein questionnement sur elle-même, va être amenée à réfléchir sur son passé, sur ses renoncements et ses sacrifices. Peu à peu, Akhila, en côtoyant le destin de ces six femmes va comprendre qu’elle seule peut trouver une issue à ses interrogations « existentielles ».


Les six récits mettent aussi en avant des questions sur la société indienne et la place de la femme ainsi que son rôle. Petit détour indien intéressant car ce sont des voix de femmes qui se font entendre…Bonne lecture à tous et toutes