dimanche 20 décembre 2015

Janvier 2016 - Livre et film proposés par Geneviève



Syngué sabour d'ATIQ RAHIMI


Je vous propose de lire ce livre comme la partition d’un opéra: le tempo est scandé par le souffle de l’homme, qui donne le rythme sur lequel vont jouer, les gouttes de la perfusion et les grains du chapelet dans la main de la femme.
Au début tout semble immobile. Homme et femme sont confondus dans cette scansion répétitive. Mais par la modification du comptage, quelque chose se détraque, pour s’emballer dans un rythme fou.
Posée sur ce tempo nait une mélodie. Elle aura plusieurs voix. A celles des hommes, de la voisine, des enfants, répondra celle de la femme.
Vous allez l’entendre dans un étonnant solo. La femme ne fait pas un récit, elle improvise. Les mots la traversent et cela la libère. C’est en ça que le film et le livre se différencient. A mesure que se déploie ce mouvement au cœur de la femme, par son discours, son interlocuteur va lui aussi gagner en humanité. Il deviendra Syngué Sabour. C’est là que l’on peut mesurer le poids que joue l’imaginaire dans une relation amoureuse.
J’ai aimé ce type d’écriture et de mise ne scène, car tout a son rôle : les différents acteurs mais aussi les rideaux, le vent, les objets, le comptage de la perfusion et du chapelet. Sans pour cela ne pas s’arrêter sur ce que dit la femme, qui bouleverse.
Le film ne peut pas reprendre toutes ces dimensions. Nous sommes dans le domaine du scopique avec de véritables images qui éliminent les subtilités de l’écriture. Mais le film est très fidèle, quant au cadre matériel. J’ai apprécié qu’il commence par un plan sur les rideaux aux oiseaux, par exemple.
A lui seul, ce film met en scène cette belle histoire, avec des images que j’ai trouvées de grande qualité. La femme est très belle et le côté tragique du livre s’y retrouve. C’est très rare que j’aime et le film, et le livre. C’est le cas ici.

jeudi 3 décembre 2015

Décembre 2015 - Livre proposé par Olaf


Cochon d'allemand de Knud Romer



Roman autobiographique relatant le vécu du fils d'une allemande dans une petite ville danoise juste quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'histoire de sa famille et de ses parents devient prétexte à une suite de brèves séquences qui font défiler les personnages dans l'Allemagne des années 1930 et durant la guerre. 
(Résumé d'une bibliothèque municipale)

lundi 2 novembre 2015

Novembre 2015 - Livre proposé par Nicole



Les oreilles de Buster de Maria Ernestam



Ce livre choisi un peu par hasard, je le lisais au moment de l'appel de nos choix et alors que j'avais pensé à d'autres ouvrages, celui-ci s'est imposé. Et finalement je trouve qu'il inscrit bien dans l'ensemble de notre année.
L'héroïne du récit est une femme qui révèle de multiples facettes, certaines appelant tendresse et compassion, d'autres peur et rejet comme plusieurs héroïnes de cette année.
Les roses jouent, ici aussi un rôle essentiel dans la narration. Et surtout ce qui m'a plu c’est cette remémoration du passé. Passé tragique écrit avec lenteur, presque douceur au fil des jours.
J'ai eu l’impression d’accompagner Eva dans son nécessaire face à face avec elle même, emmenée par elle sur des pistes multiples pour découvrir finalement une étrange réalité.
Un roman au fil du rasoir entre raison et folie.

mardi 29 septembre 2015

Octobre 2015 - Livre proposé par Evelyne


PAN - de Knut Hamsun

Couverture de PanKnut Hamsun est un auteur norvégien "classique", et même si son engagement politique pendant la deuxième guerre mondiale - sa préférence pour le nazisme par haine de l'Angleterre - gène beaucoup les autorités norvégiennes pour lui rendre un culte national au niveau littéraire, il est classé parmi les grands de la littérature norvégienne et scandinave.
Vous pouvez aller lire sa vie sur Internet.

Quant au choix de "Pan", écrit en 1894, c'est pour l'hymne à la nature nordique bien sûr que je vous le propose, pour ce rapport à la nature que nous, nous ne connaîtrons jamais, mais aussi pour la complexité des sentiments, entre amour et haine. Le vocabulaire employé par Hamsun n'est pas violent, mais il y a une vraie violence dans ce texte. Je vous laisse la découvrir.
L'auteur montre à travers son héros - qui n'est pas franchement sympathique - ce besoin d'être à la fois un être social, et un être asocial. J'aime bien cet aspect-là dans le texte .
Ce qui m'a beaucoup emballée, c'est son écriture. Le style est à la fois simple et recherché. Il permet de rendre tout ce qui est décrit - la nature et les sentiments - comme consistant, profond. Beaucoup de pudeur, ce qui fait qu'il se passe plein de choses entre les lignes, entre chaque chapitre.
Cela me fait l'effet d'une écriture "en plein et en délié", comme on disait autrefois, avec une plume en délié qui se traduit à la lecture en plein. Même le côté un peu suranné de cette écriture me comble.

lundi 14 septembre 2015

Septembre 2015


LE FESTIN DE BABETTE - Karen Blixen








Babette est une Française devenue domestique en Norvège, après la Commune qui l'a contrainte à l'exil. Ses patronnes sont deux vieilles filles austères. Le jour où elle gagne dix mille francs or à une loterie, elle leur demande de la laisser préparer un dîner fin, dans la grande tradition française. Sa fortune y passe, mais une soirée aura effacé des années de carême. 

"D'une histoire, elle faisait une essence, de l'essence, elle faisait un élixir, et avec l'élixir, derechef, elle se mettait à composer l'histoire », expliqua un jour la romancière du Sud américain Eudora Welty, qui mettait Blixen au panthéon des génies.»

mardi 4 août 2015

Août 2015 - Livre proposé par Véronique

Le livre de Dina - Herbjorg Wassmo

 
Affiche Le livre de Dina

Le livre de Dina est une saga en trois volumes qui s’ouvre sur « Les limons vides », suivi de « Les vivants" et enfin « Mon bien aimé est à moi ». Le récit se déroule au nord de la Norvège au XIX siècle. 
Dina, jeune femme farouche et indomptable a été marquée par le décès précoce de sa mère et s’est élevée seule, préférant la présence de son cheval Lucifer et de son violoncelle à celle de ses semblables. Prématurément veuve, Dina  prend en charge les affaires du domaine familial, et gère efficacement la boutique de son défunt mari. Son sens du commerce combiné à une grande intelligence et à un pouvoir de séduction envers la gente masculine, en fait un personnage qui peut être intraitable, se moquant des convenances de l’époque. Pourtant, son humanité se manifeste, entre autres, à travers la musique. En effet, quand elle joue du violoncelle, elle fait corps avec son instrument qu’elle considère alors comme un être humain.
Au-delà de ce portrait haut en couleurs de cette femme qui va se transformer au cours des années et aussi  grâce à la rencontre d’un homme, l’histoire se déroule dans une zone rurale isolée du nord de la Norvège, entre mer et montagne, monde de glace et de vent. On découvre aussi une société avec ses habitudes et ses règles et on plonge dans la vie quotidienne au goût des mures jaunes, du vin et des repas pour des grandes tablées.

mercredi 24 juin 2015

Juillet 2015 - Livre proposé par Claire



Rosa Candida  - Audur Ava Olafsdottir



Vous vous souvenez, en décembre dernier, il y a eu débat entre nous, pour savoir  si on faisait figurer Rosa Candida dans notre programme des pisteurs de 2015. Allait-on céder à la mode de l’époque ? Livre facile, livre léger… on pouvait chercher davantage dans la littérature nordique.  Moi, je l’avais lu, influencée par mon entourage, et je l’avais aimé pour la délicatesse, la douceur de cette histoire de roses, de jardinier, de moines, de jeune homme simple qui apprend à devenir père. 


Aujourd’hui je vous propose de le lire, ou relire. En même temps que vous je vais le relire et en dirai davantage dans un commentaire. Je verrai si mon enthousiasme est resté intact.

jeudi 11 juin 2015

Juin 2015 - Livre proposé par Marie-Anne



L'analphabète qui savait compter - Jonas Jonasson


J'avais déjà apprécié l'auteur de "le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire", et pour ce 2ème roman, je n'ai pas été déçue.

D'abord j'ai beaucoup ri, avec jubilation parfois, des stratégies grâce auxquelles Nombéko, une jeune femme qui ne s'en laisse pas compter, fait face à l'adversité. Tout ceci se passe, pour l'essentiel, en Afrique du Sud, à notre époque, et l'air de rien, nous apprenons aussi quelques subtilités géostratégiques sur un sujet tout ce qu'il y a  de plus sérieux : la possession de l'arme nucléaire. Et pour les féru-e-s de mathématiques, comme pour ceux ou celles qui sont passées à côté de leurs beautés, je vous promets quelques découvertes ou révisions assez intéressantes!
Les personnages sont improbables, les situations aussi, mais il est facile de se laisser emporter. Les titres de chaque chapitre sont parfois des petites merveilles... 

Allez je vous laisse découvrir.

mercredi 15 avril 2015

Mai 2015 - Livre proposé par Anny



IL PLEUT DES ÉTOILES DANS NOTRE LIT  - Cinq poètes du Grand Nord


Je vous ai proposé ce choix de poèmes qui sont à déguster
Autour d’un thé, d’un chocolat chaud ou d’un whisky
Ou d’une tisane. …

Saisir certaines pensées, images, rêves mis en rime
Se laisser aller en cette période de printemps
Où nous avons secoué la neige de nos manteaux 
Plongé dans l’eau glacée, encaissé le froid et la solitude avec les lectures précédentes …

Le premier livre de INGER CHRISTENSEN a été publié 17 ans après HIROSHIMA
C’est dire … «  Le corps de ses poèmes devient le corps de l’univers ».
« On peut dans le mot reconnaitre la lumière, acte incroyable de l’homme à la femme ( ?)
A vous de deviner plus c’est métaphorique mieux c’est, non ? 

Le second poème de PENTTI HOLAPPA a de la poésie « un besoin,
un pneu de voiture aussi et une centrale nucléaire abandonnée »
« La poésie donne des droits, on peut marcher, ramper et caquer, on peut voler.
L’amour est permis sous toutes ses formes» …

TOMAS TRANSTROMER  « opère une fusion entre la grande portée et l’exactitude sensorielle »
Et  « quelque chose voulait être dit, quelque chose qui ne peut être dit aphasie, il n’y a pas de mots mais peut être un style.

JEAN ERIK VOLD impulse une méditation active, lucide, sur un rythme syncopé, sans langueur .
«Qui est écrit dans la pierre
Tu le
Brûleras aussi .Et pour finir ce qui
N’est écrit »
C’est mon préféré c’est saccadé, tranchant, en morceaux des mots et des images.

SIGURDUR PALSSON «ses poèmes sont là pour exorciser le monde, pour le nier magiquement en usant d’armes immatérielles».
Et son  poème « le miracle infini cercle de l’horizon prend fin
Nous nous réveillons  en sursaut
De la transe maritime
Terre en vue ! »

Qui résume assez bien ce que j’ai vécu jusque là à travers ces livres et ce n’est pas fini !!
Vivement la terre ferme et arrêtons de tanguer !!! (Je charrie bien sûr)



jeudi 19 mars 2015

Avril 2015 - Livre proposé par Alberte-Marie


Pas facile de voler des chevaux de Per Petterson  (Norvège)
Chez Folio, 304 pages


C’est un récit plein de sève. Il a l’acuité, la fraîcheur, l’alacrité de certains moments de jeunesse.
Il s’agit d’un homme à la retraite, qui s’installe dans un coin un peu retiré de la Norvège car il souhaite s’isoler. Mais ce nouveau lieu ressemble étrangement au chalet d’alpage où son père l’emmenait en vacances dans son adolescence.
Il revit en mémoire l’été 1948 qui fut si particulier. Et il nous le raconte. Mais en même temps on assiste à son installation dans sa nouvelle vie.

Récit simple, sans fioriture, allant à l’essentiel.
Juste des situations, des observations, des actions.
Et puis tous les non-dits, tous les mystères que l’on croise sur sa route quand on est tout jeune, dont certains trouveront une réponse, d’autres pas.
C’est par cette simplicité de ton que ce livre m’a touchée.
Le narrateur se souvient juste de l’été où pour lui tout bascula.

Mais j’aime aussi la netteté de son présent : le rapport qu’il entretient avec son chien par exemple.
Et puis le fait que ce récit touche à des questions essentielles, l’amitié, le lien entre parents et enfants, le rapport aux femmes, la vieillesse qui se pointe avec la retraite, et on comprend que, au fond, rien n’a été tout à fait résolu.

C’est étrange que ce livre, qui est par ailleurs truffé d’histoires plutôt tristes, dures, ce que j’en retiens c’est sa tonicité, sa chanson d’inoubliable jeunesse. Oui, c’est un livre qui compte beaucoup pour moi.
À vous de me dire.

mardi 24 février 2015

Mars 2015 - Livre proposé par Geneviève

LE GARÇON QUI VOULAIT DEVENIR UN ETRE HUMAIN par Jorn Riel


Voilà une livre qui m’a laissée ambivalente, car je ne savais pas si j’allais vous donner à lire quelque chose prévu pour « tout lecteur à partir de dix ans ». Mais finalement je me suis dit que, pourquoi pas, un coup de jeune ne nous ferait pas de mal, et puis les lectures que vous aviez concoctées seraient surement à même de nous faire travailler à un niveau tel, que permettre ce moment de repos serait peut-être bienvenu.
Et puis, quelles sont les caractéristiques des lectures pour enfants?
Voilà une question que l’on peut aborder, avec ce livre, qui, soit-dit en passant, n’est pas réservé aux enfants, mais peut être lu à partir de dix ans.
Enfin, cet auteur est parait-il un auteur incontournable pour qui s’intéresse à la littérature des pays de l’Europe du nord.
Bien sûr, j’aurais pu choisir un livre écrit par Jorn Riel, pour adultes. J’en avais pris deux. J’ai eu du mal avec cet humour qui est le sien, mais qui, parait-il est bien le reflet de l’humour dans ces régions-là. Si cela vous tente, vous avez donc la possibilité de le faire.
Ce livre m’a paru intéressant car il contient, dans un récit assez court, un tas de termes qui caractérisent les objets et autres éléments qui reviennent quotidiennement dans la vie des hommes habitant ces contrées au climat rude. De plus il nous donne une représentation de ce que peuvent penser des enfants nés là-bas, peut-être moins actuellement, car l’école et la télévision doivent être passées par là maintenant.
J’ai choisi le tome 1 car la suite m’a parue remplie d’idées moralisantes. Mais si vous voulez lire tous les tomes, ne vous gênez pas, cela fait un tout.

Vous l’aurez certainement compris, je n’ai pas eu le coup de foudre en me baladant dans cette littérature des pays d’Europe du nord, ou du moins, je n’ai pas trouvé la perle rare. Alors, j’attends les lectures que vous avez proposées, et vos commentaires de ce petit livre qui trouvera certainement du relief sous vos plumes !...

lundi 19 janvier 2015

Février 2015 - Livre proposé par Catherine


Entre ciel et terre  de Jón Kalman Stefánsson

Pour continuer ce début d’année à l’actualité et au temps glacials, je vous propose « Entre ciel et terre » de Jón Kalman Stefánsson.


Une histoire de pêcheurs à la morue, de marins perdus dans la rudesse des jours et des nuits. Bardur trop épris de poésie oublie sa vareuse (parce qu’il voulait absolument retenir quelques vers du Paradis perdu de Milton). En pleine mer d’Islande, par un matin glacial, cet oubli est fatal et Bardur meurt de froid Cette tragique disparition bouleverse l’ami indéfectible de Bardur, un jeune pêcheur de 20 ans. Il décide de rapporter le livre maudit à son propriétaire, un vieux capitaine aveugle.

Nous voilà plongés en Islande pays du froid. Entre ciel et terre il y a la mer mais ce roman est aussi fait de neige, de glace et de vent. Je me suis laissé emporter par cette histoire de gelures, de deuil et de solitude. On va cheminer avec ce gamin dans un récit initiatique qui parle d'amitié meurtrie, de souffrances et de croyances, de trahison et de rédemption.


Mon amie Agnès qui m’a conseillé ce roman l’année dernière a écrit ces mots si justes :

« On la sent, cette eau salée qui poisse les vareuses, on la voit cette mer qui nourrit les hommes autant qu'elle s'en nourrit, on l'entend ce silence peuplé, et c'est haletant qu'on le respire ce paysage sans verticales qu'est l'Islande, pays de lecteurs à qui il n'est nul besoin d'expliquer le mot poésie. La poésie tient lieu d'intrigue dans ce roman, et c'est un tour de force, il faut l'admettre ».


Ce roman fut pour moi une révélation… je suis heureuse de vous le proposer.