Syngué sabour d'ATIQ RAHIMI
Je vous
propose de lire ce livre comme la partition d’un opéra: le
tempo est scandé par le souffle de l’homme, qui donne le rythme
sur lequel vont jouer, les gouttes de la perfusion et les grains du
chapelet dans la main de la femme.

Posée
sur ce tempo nait une mélodie. Elle aura plusieurs voix. A celles
des hommes, de la voisine, des enfants, répondra celle de la femme.
Vous
allez l’entendre dans un étonnant solo. La femme ne fait pas un
récit, elle improvise. Les mots la traversent et cela la libère.
C’est en ça que le film et le livre se différencient. A mesure
que se déploie ce mouvement au cœur de la femme, par son discours,
son interlocuteur va lui aussi gagner en humanité. Il deviendra
Syngué Sabour. C’est là que l’on peut mesurer le poids que joue
l’imaginaire dans une relation amoureuse.
J’ai aimé
ce type d’écriture et de mise ne scène, car tout a son rôle :
les différents acteurs mais aussi les rideaux, le vent, les objets,
le comptage de la perfusion et du chapelet. Sans pour cela ne pas
s’arrêter sur ce que dit la femme, qui bouleverse.
Le film ne
peut pas reprendre toutes ces dimensions. Nous sommes dans le
domaine du scopique avec de véritables images qui éliminent
les subtilités de l’écriture. Mais le film est très fidèle,
quant au cadre matériel. J’ai apprécié qu’il commence par un
plan sur les rideaux aux oiseaux, par exemple.
A lui
seul, ce film met en scène cette belle histoire, avec des images que
j’ai trouvées de grande qualité. La femme est très belle et le
côté tragique du livre s’y retrouve. C’est très rare que
j’aime et le film, et le livre. C’est le cas ici.